Ludwig von Mises

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°606 Juin/Juillet 2005Par : Sélection, assemblage, traduction et préface de Gérard Dréan (54)Rédacteur : Pierre-Noël GIRAUD (67), professeur d’économie à l’École des mines

Cer­tains pensent que la pen­sée éco­no­mique et sociale de l’École autri­chienne, dont les deux repré­sen­tants les plus célèbres sont Frie­drich Hayek et Lud­wig von Mises, reste d’une très grande actua­li­té et a été mal­heu­reu­se­ment enfouie sous le défer­le­ment de la syn­thèse néo­clas­sique de l’après-guerre. Elle méri­te­rait donc d’être repu­bliée, afin que cha­cun puisse se faire sa propre opi­nion, à l’heure où le dis­cours éco­no­mique, même contes­té, est roi. Si les textes de Hayek sont rela­ti­ve­ment dis­po­nibles, l’oeuvre majeure de ce cou­rant est pour Gérard Dréan (54) L’Action humaine de Mises, une somme de plus de 900 pages publiée en anglais en 1949, et tra­duite en fran­çais par Raoul Audoin en 1985 (actuel­le­ment épui­sée). Un ouvrage, donc, qui risque d’en rebu­ter plus d’un.

Gérard Dréan, fin connais­seur de la pen­sée de Mises, et dési­rant faire par­ta­ger son inté­rêt pour elle, aurait pu adop­ter la voie rela­ti­ve­ment facile du court trai­té contem­po­rain sur le gros trai­té his­to­rique. Il a choi­si une voie bien plus ris­quée : sélec­tion­ner et ordon­ner des frag­ments cohé­rents du texte de Mises, avec le mini­mum de com­men­taires, en sup­pri­mant les par­ties qui rele­vaient du débat poli­tique de l’époque et qui, bien qu’instructives, pré­sentent moins d’intérêt aujourd’hui.

C’est un exer­cice très dif­fi­cile et j’avoue avoir ouvert le livre avec appré­hen­sion. Mais je suis sor­ti très satis­fait de sa lec­ture : l’essentiel des thèses de Mises y est expo­sé clai­re­ment, le livre est un abré­gé convain­cant de sa pen­sée, on peut en effet se faire une opi­nion de son actua­li­té. Per­son­nel­le­ment, j’ai mieux per­çu les racines phi­lo­so­phiques du libé­ra­lisme, appré­cié la vision dyna­mique de l’économie qui est pri­vi­lé­giée, et j’ai pu aus­si mieux com­prendre mes réti­cences, dont le noyau est le refus (fon­dé pour eux en théo­rie) de toute mathé­ma­ti­sa­tion de la pen­sée éco­no­mique. Bref un pari remar­qua­ble­ment réus­si et un petit livre indis­pen­sable à qui veut réflé­chir sur l’économie de notre temps.

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