L’Europe en crise : Que faire ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°613 Mars 2006Par : Maurice Allais (31) Prix Nobel de sciences économiquesRédacteur : JR

Dans ce sep­tième ouvrage sur l’Europe depuis 1960, l’auteur, Mau­rice Allais, présente une analyse appro­fondie des caus­es de la crise actuelle et des réformes qu’il con­vient de met­tre en œuvre.

Pour l’essentiel la crise actuelle de l’Europe et la crise pro­fonde de la Société française résul­tent de la poli­tique libre-échangiste pour­suiv­ie depuis 1974 par l’Organisation de Bruxelles.

Pour la France, cette poli­tique a entraîné un chô­mage mas­sif et une destruc­tion pro­gres­sive de l’industrie, de l’agriculture et de la crois­sance. Aujourd’hui la diminu­tion du pro­duit intérieur brut réel par habi­tant qui en a résulté est d’au moins 30 %, et cette diminu­tion con­sid­érable explique les pro­fondes dif­fi­cultés aux­quelles nous devons faire face aujourd’hui.

Que faire ? Tout d’abord il con­vient de fonder la con­struc­tion poli­tique de l’Europe sur une Con­fédéra­tion d’États sou­verains asso­ciant étroite­ment les pop­u­la­tions à toute déci­sion, et lim­itée à l’Est par ses lim­ites tra­di­tion­nelles, à l’exclusion notam­ment de la Turquie.

En sec­ond lieu il faut fonder l’Europe économique sur le rétab­lisse­ment d’une préférence com­mu­nau­taire per­me­t­tant d’assurer dans chaque secteur la cou­ver­ture à au moins 80 % de la con­som­ma­tion com­mu­nau­taire par une pro­duc­tion com­mu­nau­taire, ce qui est possible.

Si ces réformes se révélaient irréal­is­ables en rai­son de l’opposition aveu­gle et dog­ma­tique de cer­tains États, sous l’influence notam­ment des sociétés multi­na­tionales, seules béné­fi­ci­aires du libre-échangisme, la France et les États souf­frant de la même crise devraient faire séces­sion et fonder une autre Europe.

Face à la con­cur­rence des pays à bas salaires et à capac­ités tech­nologiques le rétab­lisse­ment de la préférence com­mu­nau­taire est une néces­sité absolue qui tran­scende la com­péti­tion de tous les par­tis poli­tiques si jus­ti­fiée qu’elle puisse être. Il en va de la survie de la France et de la survie de la Con­struc­tion européenne.

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