Les Neurosciences : de l’étude du système nerveux à celle de la pensée

Dossier : Les NeurosciencesMagazine N°654 Avril 2010
Par Bruno FALISSARD (82)

LES NEUROSCIENCES SONT A LA MODE.

LES NEUROSCIENCES SONT A LA MODE.

On dit même qu’elles sont “l’avenir”. Mais de quoi s’ag­it-il ? À l’o­rig­ine, le terme neu­ro­sciences con­cerne l’é­tude sci­en­tifique du sys­tème nerveux ; les neu­ro­sciences seraient ain­si une branche de la biolo­gie. Aujour­d’hui ce sens est large­ment dépassé puisque les neu­ro­sciences englobent égale­ment l’é­tude sci­en­tifique de la pen­sée (rien que ça…), ou peut-être plus pré­cisé­ment l’é­tude des modal­ités de traite­ment de l’in­for­ma­tion par le cerveau humain.

La biolo­gie n’est donc plus la seule dis­ci­pline à revendi­quer ce champ de con­nais­sances et la psy­cholo­gie, l’in­for­ma­tique, la philoso­phie, la physique par­mi bien d’autres s’en sont égale­ment emparées avec le plus grand intérêt. Les poly­tech­ni­ciens sont donc intéressés au pre­mier plan.

Les neu­ro­sciences sont à l’o­rig­ine de décou­vertes récentes de tout pre­mier plan. On a ain­si décou­vert que :
1) des gènes sont impliqués dans l’ex­pres­sion de com­porte­ments de haut niveau (en rap­port avec la social­i­sa­tion par exem­ple) ; à l’op­posé, l’en­vi­ron­nement ou des événe­ments de vie peu­vent influ­encer l’ex­pres­sion de ces gènes ;
2) de l’en­fance à l’âge adulte le cerveau est en per­pétuels remaniements ;
3) le nou­veau-né dis­pose de capac­ités cog­ni­tives sophis­tiquées (iden­ti­fi­ca­tion de la voix mater­nelle, cap­ta­tion du regard) ;
4) l’ad­min­is­tra­tion de molécules de syn­thèse ou la stim­u­la­tion élec­trique de petites zones du cerveau peu­vent amélior­er con­sid­érable­ment la symp­to­ma­tolo­gie de cer­taines mal­adies men­tales. Etc.

Mais beau­coup reste encore à faire. Si l’on con­sid­ère des phénomènes aus­si impor­tants que la con­science, l’at­ten­tion, le lan­gage, le som­meil et le rêve, la phys­iopatholo­gie des mal­adies men­tales : les quelques pistes intéres­santes dont on dis­pose actuelle­ment sont bien loin de con­stituer des théories abouties étayées par des résul­tats expéri­men­taux solides.

Des remaniements épisté­mologiques, ou tout au moins des échanges avec d’autres champs dis­ci­plinaires seront à coup sûr indis­pens­ables pour avancer. Ces col­lab­o­ra­tions fleuris­sent d’ores et déjà et l’on par­le ain­si couram­ment, pour le meilleur et pour le pire, de neu­roé­conomie, neu­rolin­guis­tique ou de neuropsychanalyse.

Les sci­ences de l’ingénieur peu­vent et doivent, elles aus­si, par­ticiper à cette aven­ture. Des retombées sont envis­age­ables dès main­tenant ; les années à venir sont par­ti­c­ulière­ment promet­teuses. On peut évo­quer par exem­ple : des par­a­digmes inno­vants pour la ges­tion des réseaux ou plus générale­ment en infor­ma­tique, des inter­faces hommes- machines repen­sées, la prise en compte rationnelle du fac­teur humain dans l’élab­o­ra­tion de proces­sus com­plex­es et, bien plus cer­taine­ment, des rup­tures tech­nologiques que nous n’imag­i­nons même pas actuellement.

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