“ Le temps, le temps, le temps et rien d’autre, le tien, le mien, celui qu’on veut nôtre ”

Dossier : Dossier FFEMagazine N°731 Janvier 2018
Par Philippe SAUVAGE (96)

En com­men­çant aujourd’hui le déve­lop­pe­ment d’un nou­veau médi­ca­ment, vous le com­mer­cia­li­se­rez peut-être en 2027. Aller plus vite est dif­fi­cile, du fait des contraintes régle­men­taires ou tout sim­ple­ment du temps néces­saire pour que les effets soient obser­vables (et les effets secon­daires mesu­rés) sur une popu­la­tion suf­fi­sam­ment large. 

À l’incertitude de la recherche scien­ti­fique s’ajoute celle de condi­tions finan­cières qui ne seront pas défi­nies avant 10 ans. Le nombre de patients néces­saires pour mener un essai cli­nique et sa durée expliquent le coût très éle­vé de déve­lop­pe­ment des médi­ca­ments, pour un retour incer­tain. Il n’a pour équi­valent que les grands pro­jets dans le domaine des matières pre­mières ou des infrastructures. 

Il s’agit donc d’un inves­tis­se­ment de long terme fort ris­qué. À titre de repère, il y a 10 ans, l’année 2007 a connu le lan­ce­ment du Kindle et de l’iPhone, qui en sont res­pec­ti­ve­ment à leurs 9e et 10e générations. 

Un tel déca­lage tem­po­rel existe aus­si entre le chan­ge­ment sou­vent annuel de leur assu­rance par les Amé­ri­cains — ou dans un autre contexte le prin­cipe d’annualité bud­gé­taire — et les consé­quences finan­cières par nature plu­ri-annuelles de la pré­ven­tion ou des trai­te­ments chro­niques. Pour un assu­reur qui ne vous couvre qu’une année, l’investissement de long terme pour votre san­té ne se tra­dui­ra pas for­cé­ment en éco­no­mies futures, même si elles sont posi­tives pour le sys­tème assu­ran­tiel tout entier. 

Nous expé­ri­men­tons aus­si ces contra­dic­tions entre nos com­por­te­ments quo­ti­diens (exer­cice, nutri­tion) et les risques à long terme qu’ils repré­sentent pour notre santé. 

La dif­fi­cul­té de l’observation de consé­quences à long terme explique d’autres déca­lages plus dra­ma­tiques, comme l’impact des poli­tiques de pré­ven­tion de la dou­leur mises en place aux États-Unis dans les années 90 sur les over­doses aux opioïdes, aujourd’hui res­pon­sables de deux fois plus de décès que les acci­dents de la route. 

Iden­ti­fier cer­tains méca­nismes sur de très larges échan­tillons et dis­tin­guer cau­sa­li­té et cor­ré­la­tion est, encore aujourd’hui, fort difficile. 

CONSTRUIRE AUJOURD’HUI LE SYSTÈME DE SANTÉ DE DEMAIN

Le sys­tème de san­té que nous construi­sons aujourd’hui sera uti­li­sé dans un contexte démo­gra­phique dif­fé­rent. Seul l’investissement dans la recherche et la pré­ven­tion des patho­lo­gies chro­niques per­met­tra de limi­ter les consé­quences du vieillis­se­ment démo­gra­phique sur nos infrastructures. 

Le temps de construc­tion et d’usage de ces infra­struc­tures signi­fie qu’elles doivent être pen­sées pour tout futur pos­sible, au risque de n’en pou­voir amor­tir le coût de construction. 

Que dira-t-on des centres Alz­hei­mer si, par miracle, le déve­lop­pe­ment phar­ma­ceu­tique devait en rendre l’existence caduque ? Pour­ront-ils être trans­for­més comme les ser­vices de chi­rur­gie baria­trique après le déve­lop­pe­ment des anti-ulcéreux ? 

Le déve­lop­pe­ment des géné­riques a per­mis des éco­no­mies signi­fi­ca­tives mal­gré des volumes crois­sants. Ce méca­nisme ne se repro­dui­ra pas for­cé­ment de la même manière pour les médi­ca­ments issus de la bio­lo­gie, plus chers à pro­duire. Com­ment accé­lé­rer le déve­lop­pe­ment thé­ra­peu­tique pour en réduire le coût ? 

Il serait mer­veilleux que le déve­lop­pe­ment phar­ma­ceu­tique puisse pro­gres­ser aus­si vite que d’autres tech­no­lo­gies, ou que nos bâti­ments hos­pi­ta­liers soient tous ins­tan­ta­né­ment transformables. 

Les contraintes archi­tec­tu­rales ou le temps néces­saire pour explo­rer en pro­fon­deur un méca­nisme bio­lo­gique rendent une telle pers­pec­tive illu­soire. Cepen­dant, cela ne signi­fie pas que toute pos­si­bi­li­té d’accélération ou de flexi­bi­li­té soit hors de por­tée, grâce aux rapides évo­lu­tions technologiques. 

Les exemples abondent cer­tai­ne­ment, mais j’en men­tion­ne­rai quelques-uns, qui iront tous dans le sens de davan­tage d’efficacité dans le déve­lop­pe­ment et l’usage des biens de santé. 

INTÉGRER LES ÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES POUR UNE PLUS GRANDE EFFICACITÉ…

Tout d’abord, les tech­niques ins­pi­rées des réseaux sociaux peuvent per­mettre d’améliorer le recru­te­ment de patients pour des études cliniques. 

Elles peuvent aus­si per­mettre d’observer le com­por­te­ment des patients trai­tés « en vie réelle », met­tant fin aux doutes sur l’impact réel d’une thé­ra­pie en dehors de l’univers ultra contrô­lé des études cliniques. 

Si ces tech­niques sont bien uti­li­sées, elles devraient éga­le­ment per­mettre — dans cer­tains cas — de repen­ser l’équilibre entre la sécu­ri­té sani­taire qui ne peut se mesu­rer que dans la durée et les besoins urgents de nou­velles thérapies. 

Dans le même ordre d’idée, le sui­vi en temps réel de cer­tains para­mètres bio­lo­giques des patients ouvre de nou­velles pers­pec­tives, notam­ment dans le trai­te­ment de patho­lo­gies comme le dia­bète. C’est notam­ment l’objet du par­te­na­riat Onduo entre Sano­fi et Veri­ly (ex Google Life Science). 

Ce sont aus­si de nou­velles tech­niques finan­cières — d’ailleurs lar­ge­ment connues, mais encore peu uti­li­sées dans le domaine de la san­té — comme la réas­su­rance, qui per­met­tront de faire face aux coûts des thé­ra­pies géniques, par construc­tion payées immé­dia­te­ment et non dans la durée comme les thé­ra­pies chro­niques tra­di­tion­nelles, ou qui peuvent per­mettre plus géné­ra­le­ment d’absorber le coût d’un trai­te­ment cura­tif, dont les béné­fices ne s’observent que sur quelques années. 

Face à un « risque » très peu pro­bable, mais extrê­me­ment coû­teux, votre assu­reur sous­cri­ra une réas­su­rance. Pour­quoi ne le ferait-il pas face au déve­lop­pe­ment de trai­te­ments plus ciblés et plus chers qui l’exposent au même type de risque ? 

… ET UNE PLUS GRANDE FLEXIBILITÉ

De mon pas­sé hos­pi­ta­lier, je retiens le besoin de pen­ser les struc­tures de soins en tenant compte d’une néces­saire flexi­bi­li­té, y com­pris avec les nou­velles tech­no­lo­gies, quitte à ce que l’investissement ini­tial soit supérieur. 

À PROPOS DE SANOFI

La vocation de Sanofi est d’accompagner celles et ceux confrontés à des difficultés de santé.
Entreprise biopharmaceutique mondiale spécialisée dans la santé humaine, nous prévenons les maladies avec nos vaccins et proposons des traitements innovants.
Nous accompagnons tant ceux qui sont atteints de maladies rares, que les millions de personnes souffrant d’une maladie chronique.
Sanofi et ses plus de 100 000 collaborateurs dans 100 pays transforment l’innovation scientifique en solutions de santé partout dans le monde.
Sanofi, Empowering Life, donner toute sa force à la vie.

À l’instar de cer­taines usines, un « double numé­rique » per­met­trait d’envisager leurs évo­lu­tions et de tra­vailler, dès la construc­tion, autour d’utilisations futures. 

Enfin, j’espère que la conver­gence de cer­taines tech­no­lo­gies — notam­ment d’intelligence arti­fi­cielle — avec la recherche bio­mé­di­cale, per­met­tra de renouer le lien entre les 1,2 mil­lion articles publiés en recherche bio­mé­di­cale chaque année (pour un stock de 26 mil­lions) et la capa­ci­té moyenne d’un cher­cheur d’en lire 250 par an. 

C’est en fai­sant levier de l’immense savoir quo­ti­dien­ne­ment accu­mu­lé par des ins­ti­tu­tions de recherche à tra­vers le monde que nous pour­rons rele­ver les défis de san­té de demain.

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