La fête du Point Gamma à l'école polytechnique à diverses époques.

Le Point Gamma

Dossier : La Tradition et les Traditions de l'X des origines à nos joursMagazine N°331 Juin 1978
N° 331 Juin 1978
Mes chers amis, si j’ou­vre le bec
c’est afin de chanter avec
l’œil humide et le gosier sec
toute la splen­deur d’un mot grec.
La fête du « point gam­ma » a été imag­inée par le Poly­tech­ni­cien Emile Lemoine1, de la pro­mo­tion 1861, et célébrée pour la pre­mière fois en 1862. Voici ce qu’écrit Lemoine à ce sujet :

La fête du « point gam­ma » a été imag­inée par le Poly­tech­ni­cien Emile Lemoine1, de la pro­mo­tion 1861, et célébrée pour la pre­mière fois en 1862. Voici ce qu’écrit Lemoine à ce sujet :

« Notre pro­fesseur d ‘astronomie, le cap­i­taine Laussé­dat, ne pas­sait pour ain­si dire pas de leçon sans nous par­ler du point gam­ma, par où passe la terre à l’équinoxe de print­emps. J’avais lu les réc­its des fêtes religieuses antiques par lesquelles nos pères célébraient ce pas­sage et, pour nous dédom­mager de l’en­nui que nous cau­sait le point gam­ma, je m’é­tais dit : célébrons aus­si son pas­sage ; voilà tout.

J’avais fait partager mon idée à la pro­mo­tion. Les jours de sor­tie, j’a­chetai des papiers d’or et de couleur, dra­peaux divers, étoffes néces­saires aux déguise­ments, je for­mai un orchestre qui répé­tait pen­dant la récréation.

Cor­nu fit l’ou­ver­ture avec les airs de l’É­cole ; j’a­chetai des valses, polkas, quadrilles… L’au­torité lais­sa faire. J’ou­vris la fête et con­dui­sis l’orchestre. Col­in, notre pro­fesseur de dessin dessi­na le défilé initial ».

La fête du point Γ , rem­plaçant le bal bur­lesque des « fruits secs » dis­paru en 1848, eut dès le début un très grand succès.

A par­tir de 1875, elle se célèbra avec beau­coup de faste.

On ne se con­tenta plus des cos­tumes prim­i­tifs en papi­er, dont la con­fec­tion n’avait exigé que du goût, de l’imag­i­na­tion et qui pro­dui­saient le plus grand effet : on voulut des cos­tumes véri­ta­bles, faits d’étoffes bar­i­olées, aux couleurs écla­tantes, des cos­tumes de femmes, de nour­rices, de danseuses.

Alors on s’adres­sa aux mag­a­sins de nou­veautés ; le Lou­vre et le Bon Marché con­fec­tion­nèrent les trav­es­tisse­ments. Une année, le déco­ra­teur Bel­loir mon­ta, en deux heures, une immense salle de danse dans la cour.

La fab­ri­ca­tion des guir­lan­des de fleurs et de feuil­lages, l’exé­cu­tion des tableaux peints, les essayages, les répéti­tions, les pré­parat­ifs divers avaient fini par absorber une péri­ode de quinze jours durant laque­lle tous les travaux ces­saient, toutes les études étaient sus­pendues, toutes les têtes étaient en délire.

L’au­torité s’é­mut de la perte de temps, des lour­des dépens­es que cette fête occa­sion­nait et en 1880, le Min­istre de la Guerre l’interdit.

La tra­di­tion fut reprise en 1919. Inter­rompue à nou­veau pen­dant la dernière guerre, elle a été rétablie en 1947 ; elle est l’une des très rares qui aient survécu au trans­fert des élèves à Palaiseau ; la fête a en effet été célébrée, dès 1977, dans le cadre de la nou­velle École.

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1. C’est Lemoine qui fon­da plus tard le club musi­cal. La Trompette. qui eut à son époque une influ­ence sur le mou­ve­ment musi­cal à Paris. Il créa par ailleurs des branch­es nou­velles de la géométrie, « la géométrie récente du tri­an­gle », et la géomé­togra­phie (Jaune et Rouge,février 1975).

La fête du Point Gam­ma à divers­es épo­ques.

Le Mardi-gras (1851) à l'école Polytechnique.
Le Mar­di-gras (1851) à l’École Poly­tech­nique, (Gravure d’o­rig­ine incon­nue)..

La fête du Point Gamma, en 1903, à l'école polytechnique à diverses époques.
le Point Gam­ma vers 1903..

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