Le grand uniforme des élèves de l’École polytechnique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°590 Décembre 2003Par : Marie-Christine Thooris, Madeleine de Fuentes, Claudine Billoux et Jérémy Barande du service Patrimoine de la Bibliothèque de l’École polytechniqueRédacteur : Madeleine de FUENTES, Conservateur général de la Bibliothèque de l’École polytechniqueEditeur : Charles-Lavauzelle – 2003 - 1. B. P. 8, 87350 Panazol. Tél. : 05.55.58.45.00. Télécopie : 05.55.58.45.25

La Révo­lu­tion abo­lit tout ce que la monar­chie avait créé au cours des siècles : ins­ti­tu­tions, sym­boles, orga­ni­sa­tion de la socié­té, etc.

L’uniforme des armées royales dis­pa­rut ain­si. Lorsque les conven­tion­nels arri­vèrent au pou­voir, il fal­lait construire de nou­velles ins­ti­tu­tions puisque tout avait été sup­pri­mé, c’est ain­si que l’École poly­tech­nique vit le jour : il fal­lait don­ner des cadres de haut niveau à la nation, la sélec­tion s’effectuant sur les capa­ci­tés intel­lec­tuelles plus que sur la nais­sance. Bien que civils les élèves de l’École furent dotés d’un uni­forme : celui de la garde nationale.

C’est Napo­léon qui don­na à l’École son sta­tut mili­taire ain­si que le pre­mier uni­forme original.

Les hommes de la Révo­lu­tion avaient comme réfé­rence et idéal de gou­ver­ne­ment les ins­ti­tu­tions de la Rome antique ain­si que son orga­ni­sa­tion sociale. La socié­té romaine, sur­tout celle de l’Empire, était extrê­me­ment hié­rar­chi­sée et les signes d’appartenance à un groupe social se lisaient sur les vête­ments : toge pré­texte pour les ado­les­cents, tunique bor­dée d’un galon pourpre pour les séna­teurs, cou­leur rouge sombre réser­vée à l’empereur et à son épouse, tunique noire pour les lic­teurs, toge longue pour les pro­fes­seurs, etc.

Napo­léon mit ain­si la France en uni­forme : civils comme mili­taires, par réfé­rence au monde romain, et aus­si pour répondre à la pénu­rie ves­ti­men­taire qui a accom­pa­gné la période révo­lu­tion­naire. Il remit ain­si de l’ordre dans une socié­té qui n’en avait plus guère, le nou­vel ordre deve­nait visible grâce à l’uniforme.

Dans cet ouvrage, nous décri­rons l’évolution de l’uniforme de céré­mo­nie de l’École poly­tech­nique, qui peu à peu a pris la déno­mi­na­tion de grand uniforme.

L’institution a résis­té au temps, aux aléas de l’histoire : ses élèves ont four­ni à la nation d’éminents ser­vi­teurs de l’État qu’ils soient hommes de sciences, indus­triels, mili­taires ou grands ser­vi­teurs de l’État.

Le port de l’uniforme est le lien visible entre toutes les géné­ra­tions de poly­tech­ni­ciens, entre tous les élèves quelle que soit leur pro­ve­nance sociale ou natio­nale. L’attachement au grand uni­forme a d’autant plus aug­men­té que l’institution se démi­li­ta­ri­sait, que la socié­té per­dait ses repères. Lorsque les élèves por­taient un uni­forme durant toute leur sco­la­ri­té, le grand uni­forme était la plus belle tenue, main­te­nant il est la seule tenue, signe visible de l’appartenance à une com­mu­nau­té vieille de plus de deux cents ans, née pra­ti­que­ment avec la Révo­lu­tion et dont la dyna­mique ne s’est jamais démentie.

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