LE GÉNÉRAL J. B. E. ESTIENNE « PÈRE DES CHARS »

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°669 Novembre 2011Par : Arlette Estienne MondetRédacteur : Charles Pautrat (54)Editeur : Paris – L’Harmattan 5-7, rue de L’École-Polytechnique, 75005 Paris

Couverture du livre Le général ESTIENNE, père des charsLe général Esti­enne (1860–1936), X1880, est inscrit dans notre mémoire comme le « père des chars », créa­teur et organ­isa­teur de l’artillerie d’assaut, ayant con­sid­érable­ment con­tribué à la vic­toire de 1918. Mais il est beau­coup plus que cela et sa vie fut celle d’un offici­er savant, inno­vant et réal­isa­teur, et d’un ingénieur de tal­ent en bien des domaines. C’est ce qui appa­raît à l’évidence dans l’admirable biogra­phie que Madame Arlette Esti­enne Mon­det a con­sacrée à son grand-père.

Ce livre nous fait par­ticiper à l’Histoire du pre­mier tiers du XXe siècle.

Reçu cinquième à l’École poly­tech­nique, il en sort artilleur. Au cours de ces pre­mières années de ser­vice, il mène des études sur l’optique de pointage des canons et mon­tre un esprit sci­en­tifique qui, d’abord, trou­ble un peu sa hiérar­chie mil­i­taire qui, rapi­de­ment, saura recon­naître sa réelle valeur. À par­tir de la fin de 1909, il va devenir l’un des créa­teurs de l’aviation mil­i­taire qu’il pro­pose aux artilleurs comme « instru­ment » d’observation, plus effi­cace et moins vul­nérable que les bal­lons dirige­ables. Il a dirigé l’établissement de Vin­cennes où il eut sous ses ordres une pépinière d’officiers issus de l’X. Perce­vant l’avenir du com­bat aérien, il priv­ilé­gia le mono­plan et expéri­men­ta les amélio­ra­tions dont il fal­lait dot­er les appareils.

L’aventure du char d’assaut, né pen­dant la guerre de 1914- 1918, occupe une part impor­tante du livre : ce ne fut pas le fruit d’une mis­sion con­fiée par le haut com­man­de­ment mil­i­taire au général Esti­enne, mais c’était son idée, qu’il pen­sa impos­er à ses supérieurs, et pour cela court-cir­cui­ta sa hiérar­chie en s’adressant directe­ment au général en chef. Le char Renault est donc né d’une ini­tia­tive privée : celle du colonel Esti­enne et de Louis Renault qui coopèrent en secret pour le met­tre au point ; son appari­tion sur le champ de bataille en 1918 don­nera alors l’avantage à la France. Lors des débats relat­ifs à l’avenir de l’arme blind­ée, la vision lucide et prophé­tique du général Esti­enne, partagée par le colonel de Gaulle, fut, hélas, plus enten­due par le général Gud­er­ian que par les gou­verne­ments paci­fistes de l’époque.

On trou­ve égale­ment dans ce livre des por­traits d’hommes de l’époque : Clemenceau avec qui le général Esti­enne eut des rap­ports d’une grande cor­dial­ité, Pétain qui a soutenu les chars durant toute la Grande Guerre, même si, ensuite, il n’a pas com­pris le rôle qu’ils tien­dront dans la guerre moderne.

Enfin, une biogra­phie de notre Ancien, qui fut prési­dent de l’AX de 1930 à 1933, nous rap­pelle qu’en mars 1933 il fit un dis­cours sur la défense de notre École où il dis­ait qu’il espérait que « la morale et la sci­ence, à mesure qu’elles fer­ont des pro­grès, sauront s’adapter l’une à l’autre ».

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