La vraie nature du marché

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°687 Septembre 2013Par : Jean-Pierre HANSENRédacteur : Thomas-Olivier LÉAUTIER (88)Editeur : Bruxelles – De Boeck – 2012 – rue des Minimes, 39, 1000 Bruxelles, Belgique – Tél. : 00 32 2 548 07 11 Fax : 00 32 2 513 90 09

Livre : La vraie nature du marché par JP HANSENJean-Pierre Han­sen est un authen­tique huma­niste. Capi­taine d’industrie, il a diri­gé Elec­tra­bel et siège au comi­té exé­cu­tif de GDF-Suez. Ingé­nieur et éco­no­miste, il donne le cours d’économie de l’énergie à l’École polytechnique.

Il vient de publier un petit ouvrage que tout hon­nête homme devrait avoir lu. Il s’agit tout sim­ple­ment de la syn­thèse la plus brillante – et la plus agréable à lire – de la pen­sée éco­no­mique parue récemment.

L’auteur pose la ques­tion sui­vante, cen­trale pour nos socié­tés : le mar­ché, ou plus exac­te­ment le modèle éco­no­mique néo­clas­sique, per­met-il d’atteindre la « vie bonne » à laquelle aspire l’honnête homme ?

Pour y répondre, il retrace l’histoire de la pen­sée éco­no­mique d’Adam Smith à nos jours, montre com­ment dif­fé­rentes géné­ra­tions ont pro­gres­si­ve­ment déve­lop­pé les concepts et le for­ma­lisme uti­li­sés aujourd’hui, expose les hypo­thèses qui sous-tendent le modèle néo­clas­sique, et met en évi­dence leurs limites.

D’autres se sont essayés à cet exer­cice avant lui. Aucun avec autant de brio et de talent, com­bi­nant pro­fon­deur intel­lec­tuelle et ala­cri­té du style. De nom­breux exemples, issus de domaines variés comme le ciné­ma et la lit­té­ra­ture, mais aus­si de situa­tions concrètes, per­mettent d’illustrer les hypo­thèses et les résul­tats clés de l’analyse économique.

Ce pano­ra­ma amène l’auteur à conclure que le mar­ché est une condi­tion néces­saire mais non suf­fi­sante pour atteindre la « vie bonne ». À l’individualisme maté­ria­liste il faut ajou­ter les sen­ti­ments moraux et le sens de la col­lec­ti­vi­té. À l’efficacité froide et for­mi­dable du mar­ché, il faut ajou­ter la modé­ra­tion exi­gée par la vie en socié­té. Les ins­ti­tu­tions col­lec­tives comme l’État et les régu­la­teurs sont donc néces­saires pour com­plé­ter le marché.

On aime­rait que l’auteur applique sa remar­quable capa­ci­té d’analyse et de syn­thèse et le brio de son style à l’analyse de ces ins­ti­tu­tions collectives.

Nous atten­dons donc son pro­chain ouvrage avec impatience.

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