La start-up qui démocratise l’accès au plastique recyclé

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Édouard GARREAU
Par Marine CHARRIER

Alors que le plas­tique recy­clé représente un véri­ta­ble avan­tage sur le plan envi­ron­nemen­tal et économique, les indus­triels font face à de nom­breuses dif­fi­cultés afin de sécuris­er l’approvisionnement de cette matière qui s’impose de plus en plus comme un sub­sti­tut du plas­tique vierge. Face à ce con­stat, Marine Char­ri­er et Édouard Gar­reau ont créé Poly­topoly en 2018 afin de faciliter l’approvisionnement en plas­tique recy­clé.

La chaîne de valeur du recy­clage du plas­tique se com­pose de pro­duc­teurs de plas­tique, de col­lecteurs de déchets, de trieurs, de recy­cleurs et de dis­trib­u­teurs de plas­tique recy­clé. Pour divers­es raisons, les indus­triels ont de nom­breuses dif­fi­cultés à s’approvisionner en plas­tique recyclé :

  • le sourc­ing, l’identification et l’audit des four­nisseurs (plus de 1 500 en Europe) ;
  • La maîtrise de la qual­ité du plas­tique recy­clé : con­traire­ment au plas­tique vierge qui a une qual­ité con­nue et con­stante, celle du plas­tique recy­clé dépend de plusieurs critères, dont l’intrant (le déchet trié) qui dif­fère d’un lot à un autre, les process de recy­clage, les con­di­tions de stockage… ;
  • le prix : vari­able d’un pays à un autre, le prix dépend égale­ment de divers fac­teurs, notam­ment le coût du plas­tique vierge, le prix du déchet, de l’énergie… Par ailleurs, l’absence de vis­i­bil­ité dans le temps sur le prix des plas­tiques recy­clés com­plex­i­fie, la mise en place de con­trats d’approvisionnement sur le long terme. 

Sécuriser et faciliter l’approvisionnement en plastique recyclé

Pour aider les indus­triels à sécuris­er leur appro­vi­sion­nement en plas­tique recy­clé, Poly­topoly a dévelop­pé une offre glob­ale adossée à des ser­vices à forte valeur ajoutée. Grâce à son lab­o­ra­toire, Poly­topoly apporte, tout d’abord, une solu­tion con­crète à la car­ac­téri­sa­tion et à l’évaluation de la qual­ité des matéri­aux. Dans cette démarche, la jeune pousse française con­tribue égale­ment à la créa­tion d’un grand nom­bre de don­nées stan­dard­is­ées, en un temps record tout en respec­tant les normes en vigueur.

Autour de cette don­née, Poly­topoly a dévelop­pé un écosys­tème glob­al qui s’appuie sur une plate­forme dig­i­tale pour le stock­age et l’exploitation des don­nées pro­duites par le lab­o­ra­toire ; un CRM pour opti­miser la ges­tion de l’approvisionnement ; et un site de vente en ligne pour les plas­tiques recyclés. 

Con­crète­ment, à par­tir de cette plate­forme dig­i­tale, les indus­triels vont pou­voir indi­quer les spé­ci­ficités tech­niques de leur besoin pour trou­ver les matéri­aux les plus adap­tés en fonc­tion de leur appli­ca­tion indus­trielle. Dans cette démarche, ils peu­vent, au besoin, mobilis­er les ser­vices d’un ingénieur Poly­topoly pour affin­er ou repenser leur per­cep­tion du besoin. Une fois la com­mande con­fir­mée, les équipes de Poly­topoly pren­nent en charge tout le volet logis­tique ain­si que le con­trôle de la qual­ité des matériaux.

Un modèle à très forte valeur ajoutée

Chaque année, l’Europe pro­duit plus de 30 mil­lions de tonnes de déchets plas­tiques. Seuls 17 % sont recy­clés et réin­té­grés dans l’industrie. Pour Poly­topoly, ces mon­tagnes de plas­tiques ne représen­tent pas des déchets, mais des ressources écologiques et économiques ! En se posi­tion­nant comme un acteur expert de la matière plas­tique recy­clée, Poly­topoly a fait un pari dif­féren­ciant : en stan­dard­is­ant la don­née autour du plas­tique recy­clé et en la ren­dant plus lis­i­ble, acces­si­ble et trans­par­ente, elle facilite ain­si la cir­cu­la­tion et l’usage indus­triel de ces matières.

Véri­ta­ble tiers de con­fi­ance, tech­nique, financier et logis­tique auprès d’entreprises et d’industriels du monde du BTP, de l’emballage et de l’automobile notam­ment, Poly­topoly garan­tit le sourc­ing, la car­ac­téri­sa­tion, la sécuri­sa­tion des flux, le con­trôle qual­ité en lab­o­ra­toire, du déchet jusqu’à la résine prête à l’emploi. L’entreprise pro­pose actuelle­ment un choix de 470 matéri­aux analysés (rHDPE, rLDPE, rPP, rPS, rPA66, rPET) four­nis par 150 recy­cleurs européens et con­tin­ue d’étoffer régulière­ment son offre pour répon­dre aux besoins des PME et des groupes de l’industrie du plas­tique en France et plus large­ment en Europe.

Dans ce con­texte incer­tain et volatile, Poly­topoly apporte donc une vis­i­bil­ité néces­saire sur un large choix d’offres d’approvisionnement sur toute l’Europe afin que l’achat du plas­tique recy­clé soit aus­si sim­ple que pour le plas­tique vierge.

Polytopoly, une entreprise lauréate de la French Tech 2030

Sélec­tion­née par le gou­verne­ment pour accom­pa­g­n­er la tran­si­tion écologique et lau­réate de la French Tech 2030, Poly­topoly vient de finalis­er une lev­ée de fonds de plusieurs mil­lions d’euros qui va lui per­me­t­tre d’accélérer son développe­ment et de pour­suiv­re ses pro­jets de R&D sur le plas­tique recyclé.

La start-up a d’ores et déjà de nom­breux pro­jets dans les car­tons. Elle développe actuelle­ment un out­il de cal­cul de l’empreinte car­bone induite par le choix des matières. Jusque-là, dans le cadre de leur appro­vi­sion­nement en plas­tique recy­clé, les indus­triels se con­cen­traient essen­tielle­ment sur la qual­ité, la disponi­bil­ité dans le temps et le prix des matéri­aux. Dans un con­texte où l’empreinte car­bone s’impose comme un nou­veau paramètre dans leur proces­sus de prise de déci­sion, la mise en place d’un cal­cu­la­teur automa­tique leur per­me­t­tra d’obtenir, en plus des autres don­nées disponibles sur Polytopoly.com, une idée pré­cise de l’empreinte car­bone générée par le choix d’une matière.

“Polytopoly apporte une visibilité nécessaire sur un large choix d’offres d’approvisionnement sur toute l’Europe afin que l’achat du plastique recyclé soit aussi simple que pour le plastique vierge. ”

En par­al­lèle, l’entreprise tra­vaille égale­ment sur les lois d’additivation des polymères recy­clés pour inté­gr­er le plas­tique recy­clé en plus grosse pro­por­tion, notam­ment sur des marchés où il est encore trop rarement util­isé. D’autres travaux sont égale­ment en cours sur les appli­ca­tions de hautes con­traintes tech­niques ; une col­lab­o­ra­tion avec un groupe de la pétrochimie afin qu’ils s’adaptent pro­gres­sive­ment aux besoins des pro­duc­teurs dans un con­texte de pres­sion envi­ron­nemen­tale… Pour financer ces pro­jets de R&D, Poly­topoly béné­fi­cie du sou­tien de l’Ademe, via son con­cours I‑Nov.

À l’instar de toutes les start-up, Poly­topoly fait aujourd’hui face à l’enjeu de l’accélération et de la crois­sance. En passe de se posi­tion­ner comme l’acteur incon­tourn­able de l’approvisionnement et de la con­nais­sance des plas­tiques recy­clés, la start-up pour­suit sa crois­sance et tra­vaille sur sa struc­tura­tion pour péren­nis­er son activité. 

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