Biotechnologies greentech

La révolution biotechnologique est en marche !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°766 Juin 2021
Par Jean-Yves BRETHON

Les biotech­nolo­gies sont aujourd’hui util­isées dans pra­tique­ment tous les domaines. Elles offrent égale­ment de nom­breuses per­spec­tives en matière de développe­ment durable et de pro­tec­tion de l’environnement. Jean-Yves Berthon, PDG du groupe Green­tech, nous en dit davan­tage sur les métiers de Green­tech, l’expert des biotech­nolo­gies végétales.

À la croisée des mondes, Greentech est pionnier de la biotechnologie végétale. Quels sont vos métiers ? Et dans quels domaines êtes-vous présents ?

Green­tech développe et pro­duit des ingré­di­ents de haute tech­nolo­gie, issus des mécan­ismes pro­fonds des plantes, algues, microalgues et micro-organ­ismes. Notre cœur de méti­er est l’application des biotech­nolo­gies dans les domaines de la san­té, du bien-être, de la nutri­tion, de l’agronomie et de l’environnement. Avec la col­lab­o­ra­tion active de 225 per­son­nes, présents sur les cinq con­ti­nents, nous réal­isons un chiffre d’affaires de l’ordre de 49 mil­lions euros. Le groupe dis­pose de deux fil­iales com­mer­ciales en Alle­magne et aux États-Unis, est com­posé de cinq sociétés :

  • Green­tech, la pre­mière et la plus impor­tante société du groupe, qui à par­tir de plantes pro­duit des ingré­di­ents pour la cos­mé­tique, l’industrie phar­ma­ceu­tique et la nutraceutique ;
  • Biovi­tis, récem­ment renom­mée Green­cell, spé­cial­isée dans la fer­men­ta­tion des bio-organ­ismes notam­ment pour des appli­ca­tions agroal­i­men­taires, cos­mé­tiques, agronomiques et envi­ron­nemen­tales. Green­cell lance égale­ment sa mar­que Greenalvia pour toute sa gamme agroécologique ;
  • Greensea qui tra­vaille pour l’aquaculture et four­nit des extraits d’algues ou de microalgues pour l’industrie cos­mé­tique, agroal­i­men­taire et pour les pig­ments flu­o­res­cents pour le diagnostic ;
  • Green­tech Brasil, notre société au Brésil, qui est spé­cial­isée dans l’extraction végé­tale et la pro­duc­tion d’huile et de beurre végé­taux pour l’industrie cos­mé­tique et phar­ma­ceu­tique à par­tir de plantes brésiliennes ;
  • Solac­tis, notre dernière acqui­si­tion, société spé­cial­isée dans la pro­duc­tion de prébi­o­tiques et qui forme le nou­veau pôle de nutri­tion humaine et ani­male du groupe grâce aux dif­férents ingré­di­ents agroal­i­men­taires pro­duits par les autres sociétés tels que les pro­bi­o­tiques, les pro­téines d’algues, le DHA, EPA, des omé­gas 3 végé­taux et des extraits végé­taux titrés.

“Nourrir le mieux possible avec des produits sains et naturels.”

Par ailleurs, nous allons ren­forcer notre présence en Asie avec la créa­tion d’une fil­iale en Inde et l’ouverture de deux bureaux, à Tai­wan et en Chine. Cette démarche s’inscrit dans un cer­cle vertueux dont le point de départ est l’agronomie et la volon­té de pro­duire mieux sans impact sur l’environnement en mis­ant sur des pro­duits bios­tim­u­lants et de bio­con­trôles qui per­me­t­tront de mieux nour­rir et pro­téger le sol et les cultures.

Au niveau de la nutri­tion ani­male et humaine, cela sig­ni­fie nour­rir le mieux pos­si­ble avec des pro­duits sains et naturels. Dans le domaine de la san­té, de la cos­mé­tique et du bien-être, nous nous intéres­sons ain­si au micro­biote intesti­nal et cutané et plus par­ti­c­ulière­ment à ses effets posi­tifs sur les mal­adies neu­rodégénéra­tives (Parkin­son, Autisme, Alzheimer…).

D’ailleurs, plusieurs arti­cles doc­u­mentent le lien entre le micro­biote et ces patholo­gies. Dans le monde envi­ron­nemen­tal, nous tra­vail­lons sur les déchets et le traite­ment de l’eau dans une logique d’économie cir­cu­laire et de développe­ment durable. Par exem­ple, nous traitons les efflu­ents que nous trans­for­mons en eau grise qui est forte­ment déchargée de ses con­t­a­m­i­nants et qui va pou­voir être util­isée pour l’irrigation des espaces verts et des cul­tures. Et là, on se retrou­ve au point de départ, l’agronomie ! Nous par­lons ain­si de fer­til­i­sa­tion croisée qui revient à s’inspirer et à cap­i­talis­er sur les champs d’application des autres domaines pour pro­mou­voir un envi­ron­nement durable.

Quelles sont les principales évolutions qu’a connu le domaine des biotechnologies au cours de ces dernières décennies ?

Notre secteur a par­ti­c­ulière­ment évolué au cours de ces dernières années. D’ailleurs, son évo­lu­tion impacte forte­ment notre crois­sance. Green­tech a vu le jour le 1er octo­bre 1992 et depuis 1997 nous réal­isons une crois­sance moyenne annuelle de 17 %. En 1993, il y avait 13 sociétés opérant dans le domaine des biotech­nolo­gies con­tre plus d’un mil­li­er aujourd’hui en France qui sont posi­tion­nées dans la san­té, la cos­mé­tique, l’agronomie, la nutri­tion. C’est donc un univers en plein essor et nous sommes per­suadés que la prochaine révo­lu­tion sera biotechnologique !

Aujourd’hui, la biotechnologie ouvre de nombreuses portes…

En effet, et ce dans tous les domaines ! Par exem­ple, dans le monde de la médecine, les biotech­nolo­gies ouvrent de très larges per­spec­tives. Au-delà du micro­biote que nous avons déjà men­tion­né, elles con­tribuent au développe­ment des immunothérapies dans le cadre du traite­ment des can­cers. En agronomie, elles sont des solu­tions alter­na­tives béné­fiques pour entretenir les espaces verts des parcs et jardins des collectivités.

En nutri­tion, elles appor­tent des solu­tions de rem­place­ment aux pro­téines ani­males. Ces pro­téines peu­vent ain­si être rem­placées par celles qui sont extraites des microalgues. Le seg­ment des pro­téines végé­tales a voca­tion à se dévelop­per rapi­de­ment et nous sommes, par ailleurs, le pre­mier pro­duc­teur européen de microalgues. Au niveau des traite­ments des déchets, les biotech­nolo­gies vont per­me­t­tre d’apporter des solu­tions et des procédés de frag­men­ta­tion qui utilisent des micro-organ­ismes et des enzymes. Nous nous diri­geons aus­si vers le développe­ment des matières biosour­cées comme le plastique.

D’ailleurs, nous tra­vail­lons sur cette dimen­sion et avons démar­ré les travaux pour une usine pilote pour dévelop­per du plas­tique biosour­cé à par­tir d’algues qui sera plus facile­ment biodégradable.

Vous accordez également une attention particulière au développement durable et au commerce équitable. Qu’en est-il ?

Le développe­ment durable et le com­merce équitable ont tou­jours été au cœur de notre activ­ité et de notre ADN.

Nous col­laborons avec nos pro­duc­teurs pour qu’ils pren­nent aus­si en compte ces dimen­sions : pro­duire plus pro­pre­ment en préser­vant la bio­di­ver­sité. Notre ambi­tion est d’aider tous nos parte­naires à suiv­re des itinéraires cul­tur­aux les plus vertueux pos­si­ble. S’ajoute à cela la dimen­sion RSE et sociétale.

Notre col­lab­o­ra­tion s’inscrit dans le long terme. Prenons l’exemple de la cos­mé­tique qui est sujette aux effets de mode : quand une mode rel­a­tive à une plante ou une molécule passe, nous aidons nos parte­naires à se repo­si­tion­ner pour pour­suiv­re la col­lab­o­ra­tion et main­tenir ain­si les emplois.

Proposez-vous des produits naturels issus des biotechnologies ?

Bien sûr ! Con­traire­ment aux pro­duits chim­iques, il est plus com­plexe d’en détailler la com­po­si­tion exacte notam­ment dans le cadre des éval­u­a­tions tox­iques. Cela entraîne donc des délais plus longs pour les autori­sa­tions et les homolo­ga­tions alors qu’il s’agit de solu­tions qui ont voca­tion à pro­téger l’environnement. Ain­si, obtenir une homolo­ga­tion ou une AMM à par­tir de micro­biote est dif­fi­cile. D’ailleurs, depuis plus de 30 ans, aucune homolo­ga­tion n’a été accordée pour des ingré­di­ents ali­men­taires à par­tir de micro-organ­ismes revendi­quant des béné­fices santé.

Nous pour­suiv­ons notre inter­na­tion­al­i­sa­tion avec l’ouverture de notre fil­iale en Inde. Et comme toutes les indus­tries, nous avons été forte­ment chal­lengés par la crise de la Covid-19. Nous avons essayé de soutenir et d’accompagner nos parte­naires et four­nisseurs dans cette sit­u­a­tion inédite. Si nous n’avons pas atteint les niveaux de crois­sance habituelle, nous avons tout de même lim­ité les dégâts, car les biotech­nolo­gies restent une indus­trie d’avenir. Sur un plan plus opéra­tionnel, un enjeu stratégique con­stant reste celui de l’innovation pour con­tin­uer à pro­duire des ingré­di­ents qui per­me­t­tent aux indus­tries de lim­iter leur impact envi­ron­nemen­tal à toutes les étapes de leur chaîne de valeur.


En bref

Pio­nnier de la biotech­nolo­gie végé­tale à sa créa­tion en 1992, Green­tech développe et pro­duit pour la cos­mé­tique, la phar­ma­cie et la nutraceu­tique des ingré­di­ents de haute tech­nolo­gie, issus des mécan­ismes pro­fonds des plantes, algues, microalgues et micro-organ­ismes sour­cés dans le monde entier. Green­tech maîtrise toutes les biotech­nolo­gies végé­tales, marines et micro­bi­ennes grâce à ses dif­férentes sociétés dédiées : Green­tech, Greensea, Biovi­tis et dernière­ment Solac­tis, nou­velle société de nutri­tion ani­mal et humaine du groupe Green­tech et Green­tech Brasil, expert de la bio­di­ver­sité brésilienne.


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