La restructuration du monde bancaire et financier avance à grands, l’évolution de la profession vers les modèles ouverts s’affiche et s’accélère

Dossier : La banqueMagazine N°580 Décembre 2002
Par Thomas de BELLAIGUE (75)

Le monde bancaire change et le modèle de la banque éclatée s’affiche ouvertement.
Quelles en sont les raisons ?

Au cours de la dernière décen­nie, les étab­lisse­ments ban­caires se sont mis en con­cur­rence à tous les niveaux : accueil, pro­duits, suivi de la clien­tèle… Pour eux, désor­mais, le temps est venu d’op­ti­miser chaque élé­ment de l’of­fre, indépendamment.

L’ob­jec­tif est d’at­tein­dre l’ef­fi­cac­ité max­i­male de chaque con­sti­tu­ant et la con­trainte de maîtris­er tant la cohérence que les coûts opérationnels.

Le mod­èle ouvert est la décli­nai­son con­crète du make or buy des indus­triels appliqué à chaque méti­er voire fonction.

À l’ex­trême, ce principe devient sell or buy, où une fonc­tion doit soit être trans­for­mée en cen­tre de prof­it soit être exter­nal­isée, respectivement.

Bien que le mou­ve­ment s’ef­fectue pro­gres­sive­ment, cette sit­u­a­tion a naturelle­ment un impact sur le man­age­ment des ressources humaines et a pour con­di­tion que l’or­gan­i­sa­tion, et donc les sys­tèmes qui la sup­por­t­ent, soient mod­u­laires et rel­a­tive­ment autonomes.

Le passage au modèle ouvert est-il simple ?

Non. Par analo­gie, les dix doigts d’une main sem­blent naturels mais le sys­tème nerveux (cir­cuit d’in­for­ma­tion et d’échange) et l’ensem­ble mus­cu­laire (énergie) sont très com­plex­es. Met­tre en place un mod­èle ouvert est très coû­teux, de l’or­dre de la dizaine de mil­lions d’eu­ros par exem­ple pour une société de ges­tion d’OPCVM de taille moyenne ou de la cen­taine de mil­lions d’eu­ros pour une banque retail (de ” vente au détail ”) offrant une gamme large de pro­duits. Cela n’a donc d’in­térêt que pour s’ou­vrir réelle­ment et à grande échelle.

Le principe du modèle ouvert est-il la seule voie possible ?

Le pre­mier frein est lié à la néces­sité d’avoir une vision sta­ble, claire, homogène dans le découpage de chaque con­sti­tu­ant (fonc­tion, méti­er, service…).

Chaque par­tie doit avoir bien défi­ni les objec­tifs et périmètres pour que, dans le partage, l’opéra­tion soit rentable.

Autre cause de réserve, sa mise en place a un coût et les grands mon­tages sont des œuvres de per­sévérance sur plusieurs années.

Des étab­lisse­ments spé­cial­isés, tels que les e‑brokers ou les étab­lisse­ments de crédit à la con­som­ma­tion, ont fait le choix d’une approche cen­trée sur un mode de dis­tri­b­u­tion, un type de pro­duit ou une clien­tèle. Plus sim­ple, elle est plus facile à opti­miser, donc moins coû­teuse et sou­vent plus réac­tive. Ce mod­èle aus­si est pertinent.

Comment le modèle ouvert se met-il en marche ?

Les exem­ples ci-dessous de mis­es en place con­crètes du mod­èle ouvert illus­trent cette tendance.

Le pre­mier con­cerne un ges­tion­naire d’ac­t­ifs. Ses com­mis­sions dimin­u­ent au rythme de la baisse des encours gérés, tan­dis que les charges admin­is­tra­tives sont pour par­tie fix­es (Mid­dle Office, infor­ma­tique) ; ceci amène le gérant à pro­pos­er à ses con­frères ses capac­ités de traite­ment pour mutu­alis­er les coûts. Cogent avait été con­sti­tué par AMP dans ce but et Axeltis est né de la néces­sité d’ad­min­istr­er les mul­ti­ples con­ven­tions distributeurs/gestionnaires.

Un deux­ième exem­ple est fourni par la Caisse des Dépôts et Consigna­tions et le Crédit Lyon­nais, qui ont totale­ment mis en com­mun leurs activ­ités de ser­vices aux émet­teurs, avec une mar­que nou­velle : EEF.

Des groupes ban­caires mon­di­aux font coex­is­ter des réseaux nationaux de dis­tri­b­u­tion, soumis aux con­traintes locales régle­men­taires et de marchés, avec une approche mon­di­ale de la clien­tèle ; HSBC avec le CCF en est une illustration.

L’émer­gence du con­cept d’ar­chi­tec­ture ouverte pénètre pro­gres­sive­ment le monde de l’é­pargne salar­i­ale après celui de la dis­tri­b­u­tion des OPCVM. Ce sys­tème cor­re­spond à un nou­veau mode de dis­tri­b­u­tion des OPCVM, dans lequel les entre­pris­es clientes, et indi­recte­ment les salariés, se voient pro­pos­er plusieurs types de fonds orig­i­naires d’étab­lisse­ments financiers dis­tincts et indépen­dants du teneur de registres.

Ce phénomène tend à devenir une réal­ité de marché et induit des con­séquences très opéra­tionnelles sur la façon dont le méti­er de l’é­pargne salar­i­ale va s’ex­ercer. Sous l’im­pul­sion de la mise en place de l’ar­chi­tec­ture ouverte, la chaîne de valeur se frag­mente (de la tenue de compte-con­ser­va­tion à la dis­tri­b­u­tion), faisant naître de nou­veaux métiers et de nou­velles fonc­tions indis­pens­ables à la cohérence d’un nou­veau mod­èle d’organisation.

Quel rôle joue Synagir dans ce mouvement ?

Sur ce type de prob­lé­ma­tique, nous appor­tons nos com­pé­tences et surtout notre expéri­ence au niveau stratégie ou mar­ket­ing, et au niveau opéra­tionnel, qu’il s’agisse des attentes de la clien­tèle, de la régle­men­ta­tion, des procé­dures, des rap­ports avec les autorités de tutelle ou de l’im­plan­ta­tion physique.

L’ex­péri­ence des meilleures pra­tiques et la recherche de mod­èles qui innovent tout en restant réal­istes appor­tent une valeur ajoutée, un savoir-faire pour le développe­ment de l’ef­fi­cac­ité. Nous inter­venons sur des dossiers de réflex­ion mais aus­si sur la mise en œuvre con­crète et prag­ma­tique des stratégies. 

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