La rénovation urbaine sur l’agglomération

Dossier : Lyon et la région Rhône-AlpesMagazine N°656 Juin/Juillet 2010
Par Guy LÉVI

La loi du 1er août 2003 a insti­tué un vaste plan de réno­va­tion urbaine, le Pro­gramme nation­al de réno­va­tion urbaine (PNRU). L’A­gence nationale pour la réno­va­tion urbaine (ANRU) met en oeu­vre ce pro­gramme en approu­vant des pro­jets globaux qu’elle finance sur des fonds publics et privés. L’A­gence apporte son sou­tien financier aux col­lec­tiv­ités locales, aux étab­lisse­ments publics et aux organ­ismes privés ou publics qui con­duisent des opéra­tions de réno­va­tion urbaine. À l’hori­zon 2013, env­i­ron 500 quartiers répar­tis dans la France entière seront rénovés amélio­rant le cadre de vie de près de 4 mil­lions d’habitants.

La réno­va­tion urbaine est par­ti­c­ulière­ment impor­tante dans l’ag­gloméra­tion lyon­naise, en rai­son du nom­bre de quartiers con­cernés, en par­ti­c­uli­er dans les ban­lieues. Les pro­grammes en cours sont portés par 13 con­ven­tions pluri­an­nuelles signées avec l’ANRU.

Qua­tre con­ven­tions con­cer­nent de “grands pro­jets de villes”, à savoir : Vaulx-en-Velin, Lyon Duchère, Vénissieux Les Minguettes et Ril­lieuxla- Pape. Engagées à mi-2005, ces opéra­tions vont s’achev­er mi-2010 en dehors de celle de Vaulx-en-Velin qui a fait l’ob­jet d’un avenant éten­dant son périmètre sur le quarti­er emblé­ma­tique du Mas du Tau­reau. Début 2007, le plan de réno­va­tion s’est enrichi de sept con­ven­tions con­cer­nant Saint-Priest cen­tre, Lyon Mer­moz, Givors, Saint-Fons, Villeur­banne- Poudrette, Bron Par­il­ly et Fontaines La Noren­chal. La dernière de ces con­ven­tions a été établie en févri­er 2008 et con­cerne le secteur de Bron Terraillon.

Mixité sociale

HLM préservées et améliorées
La con­ven­tion glob­ale d’ag­gloméra­tion de recon­sti­tu­tion HLM de l’of­fre de loge­ments démo­lis (con­ven­tion habi­tat) con­cerne 11 bailleurs soci­aux, avec un excel­lent tra­vail inter­bailleur pour sat­is­faire aux souhaits de rel­o­ge­ment des locataires. Dans une aggloméra­tion en marché immo­bili­er ten­du, sig­nalons que la total­ité des loge­ments soci­aux démo­lis est recon­stru­ite à l’u­nité près.

L’o­rig­i­nal­ité du plan de réno­va­tion de l’ag­gloméra­tion lyon­naise est que les con­ven­tions de quarti­er sont accom­pa­g­nées d’une con­ven­tion glob­ale de recon­sti­tu­tion de l’ensem­ble de l’of­fre des loge­ments soci­aux démo­lis. Celle-ci per­met en par­ti­c­uli­er de répar­tir la recon­sti­tu­tion sur toutes les com­munes de l’ag­gloméra­tion au lieu de lim­iter la recon­struc­tion sur les sites ini­ti­aux. Le gain en ter­mes d’e­space sert ain­si à y créer des loge­ments privés en acces­sion ou loca­tion et par­ticipe ain­si à la mix­ité sociale de ces quartiers.

5 000 logements reconstruits

En ter­mes d’in­vestisse­ment, l’ensem­ble du pro­gramme représente aujour­d’hui un investisse­ment glob­al, tous maîtres d’ou­vrage con­fon­dus, d’en­v­i­ron 1,3 G€, pour 323 M€ de par­tic­i­pa­tion de l’AN­RU (soit 27 %). Les pro­jets sont de dimen­sions très vari­ables selon les sites, mais ils mobilisent glob­ale­ment l’ensem­ble des out­ils opéra­tionnels et financiers exis­tants et con­cer­nent tous les champs de la réno­va­tion urbaine y com­pris des restruc­tura­tions com­mer­ciales lour­des (Vénissieux, Ril­lieux, Lyon Duchère, Bron Ter­rail­lon, Vaulx-en-Velin, etc.), des restruc­tura­tions d’îlots anciens (Givors) ain­si que des démo­li­tions de dégradées (Saint-Priest cen­tre et Bron Terraillon).

Répar­tir la recon­sti­tu­tion sur toutes les com­munes de l’agglomération

En matière de loge­ments, ce pro­gramme cor­re­spond à un peu plus de 5000 démo­li­tions de loge­ments, qui sont ou seront tous recon­sti­tués, sur site ou hors site. La recon­sti­tu­tion de l’of­fre de loge­ments démo­lis inscrite dans la con­ven­tion ” habi­tat ” porte sur le même nom­bre de loge­ments. Enfin, le pro­gramme des réha­bil­i­ta­tions de loge­ments soci­aux con­cerne 7 400 logements.

Quelques chiffres
L’in­vestisse­ment de 1,3 G€ et les finance­ments ANRU cor­re­spon­dants — chiffres entre par­en­thès­es — se répar­tis­sent sur les postes les plus impor­tants de la manière suiv­ante : 90 M€ pour la démo­li­tion (55,7 M€) ; 368 Me pour la recon­sti­tu­tion de l’of­fre HLM (56,5 M€) ; 96,5 M€ pour la réha­bil­i­ta­tion (23,5 M€) ; 307 M€ pour les amé­nage­ments (92 M€) ; et enfin 140 M€ pour les équipements (44,2 Me). 

Engage­ments des col­lec­tiv­ités Les engage­ments financiers au niveau de la Région por­tent sur un pro­gramme glob­al de 2,5 G€ d’in­vestisse­ment, avec un apport de la Région de 200 M€ et de l’AN­RU de 715 M€. Au plan départe­men­tal a été établi un principe de sub­sti­tu­tion totale ou par­tielle aux par­tic­i­pa­tions finan­cières de l’AN­RU sur cer­taines opéra­tions des con­ven­tions en cours ou à venir pour un mon­tant de 55,5 M€. Sur un vol­ume glob­al de sub­ven­tions ANRU-Con­seil général d’en­v­i­ron 420 M€ sur la péri­ode 2004–2013, la par­tic­i­pa­tion du départe­ment attein­dra 130 M€.

Zones urbaines sensibles

En com­plé­ment de ces grandes opéra­tions, les crédits ” isolés ” de l’AN­RU per­me­t­tent d’ac­com­pa­g­n­er l’évo­lu­tion des ZUS de l’ag­gloméra­tion lyon­naise qui n’ont pas con­trac­tu­al­isé de con­ven­tion pluri­an­nuelle avec l’AN­RU mais qui dévelop­pent néan­moins des pro­jets, que ce soit en matière de réha­bil­i­ta­tion de loge­ments soci­aux, d’amé­nage­ment urbain, d’amélio­ra­tion de la qual­ité de ser­vice (mise en œuvre des con­ven­tions locales de GUSP) ou de petits équipements. Une enveloppe de 12 M€ est réservée à cet effet pour le Rhône pour la péri­ode 2006–2013.

La région et les départements partenaires

Une con­ven­tion régionale signée par l’AN­RU et la Région Rhône-Alpes (une des pre­mières signées par l’AN­RU) a per­mis de for­malis­er les engage­ments récipro­ques des deux parte­naires sur le pro­gramme de réno­va­tion urbaine à l’échelle régionale pour la péri­ode 2004–2013. L’ANRU a égale­ment signé une con­ven­tion avec le départe­ment du Rhône en sep­tem­bre 2007, par laque­lle le départe­ment s’en­gage à s’im­pli­quer finan­cière­ment très forte­ment sur le pro­gramme de réno­va­tion urbaine du Rhône.

Organiser la gouvernance des projets


La Duchère

Le Grand Lyon, en accord avec l’É­tat, les com­munes et les acteurs de la poli­tique de la ville, a mis en place, depuis les années 1990, un mode de pilotage tech­nique et poli­tique de l’ac­tion col­lec­tive en matière de poli­tique de la ville assez homogène d’un quarti­er de l’ag­gloméra­tion à l’autre. La poli­tique de réno­va­tion urbaine n’a pas con­duit à le remet­tre pro­fondé­ment en cause étant don­né son effi­cac­ité glob­ale et la sat­is­fac­tion assez générale des parte­naires. Le Grand Lyon est ain­si copor­teur de cha­cun des pro­jets avec le maire de la com­mune con­cernée (ou avec les bailleurs soci­aux pour ce qui est de la con­ven­tion de recon­sti­tu­tion de l’of­fre d’ag­gloméra­tion). De ce fait, il existe une dynamique, un suivi et une ani­ma­tion d’ag­gloméra­tion sur de nom­breuses thé­ma­tiques de la réno­va­tion urbaine : la recon­sti­tu­tion de l’of­fre HLM, le rel­o­ge­ment (avec notam­ment l’élab­o­ra­tion de la charte rel­o­ge­ment d’ag­gloméra­tion, le pré­po­si­tion­nement de ménages à rel­oger sur les loge­ments neufs et le suivi du rel­o­ge­ment). L’ensem­ble des parte­naires de la réno­va­tion urbaine (Grand Lyon, État, ABC HLM, Con­seil général et Région) y participe.

Le pro­gramme des réha­bil­i­ta­tions de loge­ments soci­aux con­cerne 7400 logements

Sur chaque site, un Comité de pilotage coprésidé par le maire et le préfet délégué à l’É­gal­ité des chances et réu­nis­sant l’ensem­ble des parte­naires (tech­niques et financiers), dont le vice-prési­dent du Grand Lyon en charge de la poli­tique de la ville et de la réno­va­tion urbaine, con­stitue l’in­stance de pilotage poli­tique de chaque pro­jet. Le pilotage tech­nique des pro­jets est con­fié à chaque directeur de pro­jet poli­tique de la ville en place sur les quartiers. Son rôle est de garan­tir la cohérence d’ensem­ble des opéra­tions con­sti­tu­tives du pro­jet et de leur avance­ment. Il ani­me en con­séquence des groupes tech­niques thé­ma­tiques avec les dif­férents maîtres d’ou­vrage et les parte­naires financiers. Les bailleurs soci­aux par­ticipent aux dif­férentes instances poli­tiques et tech­niques précédem­ment décrites.

Revues de projets
Sur les opéra­tions aidées par l’AN­RU, la DDE (main­tenant DDT : Direc­tion départe­men­tale des ter­ri­toires) a pro­gres­sive­ment mis en place des revues de pro­jets au cours de l’an­née 2007. Ces revues de pro­jets sont un temps fort pour les parte­naires d’analyse exhaus­tive de l’a­vance­ment des opéra­tions avec l’ensem­ble des maîtres d’ou­vrage et ont enclenché l’élab­o­ra­tion d’avenants lorsque des réa­juste­ments étaient nécessaires.

Solu­tions adap­tées aux besoins
Les ménages rel­ogés le sont pour un peu plus du tiers sur leur quarti­er d’o­rig­ine, un autre tiers est rel­ogé sur un autre secteur de la com­mune d’o­rig­ine, et les autres ménages ont été rel­ogés en dehors de leur com­mune de départ. Les rel­o­ge­ments ont à 70% été pris en charge par le bailleur d’o­rig­ine des ménages. Cela reflète notam­ment la mobil­i­sa­tion de l’of­fre de loge­ments au niveau de l’ag­gloméra­tion qui a per­mis de trou­ver des solu­tions de rel­o­ge­ments adap­tées aux souhaits et besoins de cer­tains ménages que le bailleur d’o­rig­ine ne pou­vait trou­ver sur son pro­pre parc de logements.

Des relogements adaptés


Vénissieux Dar­naise

À la mi-2010, 70 % des démo­li­tions HLM prévues dans les con­ven­tions signées auront été réal­isées (soit 3 797 loge­ments), et 81 % des rel­o­ge­ments effec­tués (soit 3500 ménages). Début 2010, le nom­bre total de recon­struc­tions de loge­ments ayant fait l’ob­jet d’une déci­sion de finance­ment représen­tait env­i­ron 65% du pro­gramme. En ce qui con­cerne les loge­ments livrés ou en chantier, le total atteint représente 58% du pro­gramme. Des équipements, prin­ci­pale­ment portés par les com­munes, sont aujour­d’hui égale­ment livrés : MJC, écoles, gym­nase, cen­tre choré­graphique. Citons aus­si le Cen­tre de san­té Jean Goulard (con­stru­it par la Fon­da­tion dis­pen­saire général de Lyon) à Vaulx-en-Velin, l’é­cole de Musique et le cen­tre Bio­force à Vénissieux. En matière d’of­fre com­mer­ciale, les pro­jets prévoient des restruc­tura­tions- démo­li­tions de cen­tres com­mer­ci­aux exis­tants. Si les études, les modes opéra­toires, voire les acqui­si­tions sont réal­isés ou bien engagés à ce jour, le bouclage financier et la mise en oeu­vre de ces pro­jets sont encore par­ti­c­ulière­ment complexes.


Vaulx-en-Velin

Le nou­veau tramway

Établir le bilan de ces actions

Comme en témoigne l’am­pleur de ce pro­gramme, l’ag­gloméra­tion de Lyon s’est engagée très volon­taire­ment dans la réno­va­tion urbaine de ses grands quartiers.

Le bouclage financier et la mise en œuvre de ces pro­jets sont complexes

Cette poli­tique est con­duite dans une syn­ergie forte avec d’autres poli­tiques telles que celle des déplace­ments avec l’ex­ten­sion ou la créa­tion de lignes (tramway, trol­ley) pour désen­claver ces sites, celle de l’habi­tat avec l’in­té­gra­tion de la recon­sti­tu­tion de l’of­fre de loge­ments soci­aux dans les objec­tifs du pro­gramme local de l’habi­tat ou de la ville avec une forte artic­u­la­tion du volet urbain avec le volet social des CUCS (Con­trats urbains de cohé­sion sociale) grâce à des direc­tions de pro­jet unique pour ces deux volets. Les pre­miers bilans de cette poli­tique vont être lancés par l’AN­RU, ce qui don­nera des élé­ments d’ap­pré­ci­a­tion pré­cieux pour décider des modal­ités de pour­suite de ces actions.

Au cœur de Lyon, deux grandes opérations
La réno­va­tion des ban­lieues ne doit pas faire oubli­er les deux grands pro­grammes qui touchent d’une part la “presqu’île” entre Saône et Rhône au sud de Per­rache (voir le site www.lyon-confluence.fr/) et d’autre part le quarti­er de Ger­land sur la rive gauche du Rhône (voir http://www.grandlyon.com/Le-Parc-de-Gerland.1460.0.html). Deux opéra­tions qui don­nent un vis­age totale­ment nou­veau des quartiers qui bor­dent le Rhône au sud de Lyon.

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