La réforme des retraites expliquée... au gouvernement

La réforme des retraites expliquée… au gouvernement

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°790 Décembre 2023Par : Hervé Le Bras (63)Rédacteur : François Xavier Martin (X63)Editeur : Éditions Flammarion, septembre 2023

Ou… à Her­vé Le Bras ? Et par l’Élysée ? Pen­dant son pre­mier quin­quen­nat, Emma­nuel Macron veut mettre en place un sys­tème uni­fié de retraites à points par répar­ti­tion. Ses pré­vi­sions alar­mistes sont fra­gi­li­sées par un rap­port du COR (Conseil d’orientation des retraites) : le sys­tème actuel serait béné­fi­ciaire. La réforme est sus­pen­due pen­dant la Covid puis par les élec­tions de 2022. Réélu, Emma­nuel Macron aban­donne le sys­tème à points et pro­pose de « sau­ver le sys­tème par répar­ti­tion » en repous­sant à 64 ans l’âge mini­mum de départ en retraite. 

Démo­graphe recon­nu, Her­vé Le Bras écrit alors dans Le Monde que la réforme pro­po­sée ne repose pas sur des bases scien­ti­fiques. Un haut res­pon­sable de l’Élysée le ren­contre et lui reproche de ne pas tenir compte d’un élé­ment essen­tiel : les comptes du COR n’intègrent pas le défi­cit réel des retraites publiques (30 mil­liards par an !) car il est effa­cé par des ver­se­ments de l’État. Her­vé Le Bras en déduit que l’extinction de cette charge bud­gé­taire est l’objectif prin­ci­pal inavoué de la réforme. N’osant pas uti­li­ser cette infor­ma­tion dans le débat public, le gou­ver­ne­ment est ame­né à accep­ter des conces­sions. D’ « inutile et injuste », une réforme en fait néces­saire devient « inef­fi­cace et injuste ». Ce der­nier qua­li­fi­ca­tif, inévi­ta­ble­ment sub­jec­tif, est lon­gue­ment endos­sé par Her­vé Le Bras dans une deuxième moi­tié du livre tota­le­ment à charge et pas tou­jours convain­cante, en par­ti­cu­lier au niveau de contre-pro­po­si­tions par­fois irréalistes. 

Un point amu­sant : Her­vé Le Bras vante, page 84, un sys­tème basé moins sur l’âge et plus sur le nombre d’années au tra­vail. Des esprits mali­cieux pour­raient l’accuser de cor­po­ra­tisme en lui fai­sant remar­quer qu’une telle option favo­ri­se­rait poly­tech­ni­ciens et nor­ma­liens qui com­mencent à coti­ser très jeunes (il y a quelques années, un ancien Pre­mier ministre a pu liqui­der sa retraite avant d’avoir 60 ans…).  

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