La recherche française, un projet d’avenir

Dossier : Le financement de l'enseignement supérieur et de la rechercheMagazine N°634 Avril 2008
Par Valérie PÉCRESSE

La récente attri­bu­tion du prix Nobel au phy­si­cien fran­çais, Albert Fert, témoigne du dyna­misme de la recherche fran­çaise et de sa recon­nais­sance méri­tée au plan inter­na­tio­nal. Mais il est temps de s’interroger sur l’état et les pers­pec­tives de la recherche fran­çaise, dont l’excellence, dans un monde tou­jours plus glo­ba­li­sé, condi­tionne l’avenir du pays tout entier.

Ne pas faire table rase de notre patrimoine scientifique

Aujourd’hui, il est par­fois dif­fi­cile de se repé­rer dans un sys­tème carac­té­ri­sé par son cloi­son­ne­ment : entre uni­ver­si­tés et grandes écoles, ou entre acteurs pri­vés et acteurs publics. La recherche fran­çaise a ten­dance aus­si à pri­vi­lé­gier l’invention aux dépens de l’innovation.

Néan­moins, les points forts de la recherche fran­çaise ne doivent pas être mino­rés. La qua­li­té de notre sys­tème d’enseignement supé­rieur est un atout bien réel. De nom­breux éta­blis­se­ments témoignent au plus haut point de la grande tra­di­tion d’excellence fran­çaise en matière scien­ti­fique. De grandes entre­prises ou de jeunes pousses font sou­vent les efforts néces­saires pour être lea­ders sur leur mar­ché, en demeu­rant à la pointe du pro­grès ou en s’efforçant de gagner des places dans la com­pé­ti­tion mondiale.

Renforcer la coopération entre public et privé

En cinq ans, 27 mil­liards d’euros sup­plé­men­taires vont être consa­crés à l’enseignement supé­rieur et la recherche. Mais, au-delà de cet effort excep­tion­nel de l’État, il faut sou­li­gner l’apport déci­sif que peut four­nir le monde de l’entreprise à la recherche fran­çaise. De fait, la France inves­tit dans la recherche, en pour­cen­tage de son pro­duit inté­rieur brut, autant que les États-Unis, mal­gré une rela­tive insuf­fi­sance de l’investissement pri­vé. Cepen­dant, les signes du chan­ge­ment sont là : les exemples de réus­sites fran­çaises au niveau inter­na­tio­nal, du prix Turing au prix Nobel, s’expliquent lar­ge­ment par la coopé­ra­tion entre par­te­naires publics et pri­vés. Cette coopé­ra­tion sera désor­mais faci­li­tée et encou­ra­gée, grâce d’une part à la loi sur les liber­tés et res­pon­sa­bi­li­tés des uni­ver­si­tés et d’autre part grâce au cré­dit d’impôt recherche qui, étant l’instrument le plus per­for­mant en matière d’investissement dans l’innovation, a été tri­plé pour atteindre 30 % des dépenses en recherche et développement.

Un engagement collectif et les moyens de réussir

Le Plan Cam­pus doit per­mettre d’injecter cinq mil­liards dans dix éta­blis­se­ments d’avenir situés sur tout le ter­ri­toire fran­çais. La construc­tion et la réno­va­tion de labo­ra­toires, de biblio­thèques, de lieux de vie et d’échange per­met­tront de faire évo­luer la recherche fran­çaise et la per­cep­tion que tous, en France et à l’étranger, ont de la science française.

En der­nier lieu, le deve­nir des jeunes diplô­més va être amé­lio­ré. D’un côté, avec le sta­tut de la jeune entre­prise uni­ver­si­taire, nous don­nons les moyens de réus­sir à ceux qui veulent valo­ri­ser leurs études ou leurs tra­vaux de recherche dans un pro­jet d’entreprise. Pour ceux qui veulent s’engager dans la recherche aca­dé­mique, un contrat de post­doc­to­rat long sera pro­po­sé afin que les jeunes cher­cheurs fran­çais ne soient pas contraints, leurs études finies, de cher­cher du tra­vail à l’étranger, cau­sant par là des dom­mages irré­pa­rables à notre pays.

La recherche ne sera puis­sante que si on lui en donne les moyens, mais les moyens ne sont pas tout : la rup­ture n’est pas pos­sible sans un enga­ge­ment col­lec­tif et une réforme pro­fonde du système.

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