Virtualisurg

La réalité virtuelle au service de la formation chirurgicale

Dossier : Vie des EntreprisesMagazine N°737 Septembre 2018
Par Nicolas MIGNAN

VIRTUALISURG est le fruit de votre propre expérience professionnelle et personnelle. Dites-nous-en plus.

J’ai tra­vaillé pen­dant plus d’une quin­zaine d’années dans le monde uni­ver­si­taire, et notam­ment celui de la san­té, en lien étroit avec des facul­tés de méde­cine et des hôpi­taux uni­ver­si­taires. J’ai tou­jours eu un très fort attrait et inté­rêt pour le domaine de la trans­mis­sion du savoir, ses pro­blé­ma­tiques et ses enjeux. Dans le cadre de mon der­nier poste à Paris Des­cartes, je me suis plus par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sé au déve­lop­pe­ment de la simu­la­tion médi­cale dans la for­ma­tion ini­tiale et conti­nue des per­son­nels médi­caux et para­mé­di­caux. La ten­dance inter­na­tio­nale actuelle est véri­ta­ble­ment celle du ren­for­ce­ment des obli­ga­tions de for­ma­tion et de cer­ti­fi­ca­tion des pra­ti­ciens. Aujourd’hui, les nou­velles tech­no­lo­gies, notam­ment la réa­li­té vir­tuelle et l’intelligence arti­fi­cielle, ouvrent de nou­velles pers­pec­tives pour conce­voir des outils d’aide à la for­ma­tion très per­for­mants. La réa­li­té vir­tuelle est deve­nue un cadre de réfé­rence pour la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, notam­ment des métiers à risques. J’ai fon­dé VIRTUALISURG après avoir lon­gue­ment échan­gé avec des méde­cins et des chi­rur­giens qui m’ont confor­té dans mon approche. VIRTUALISURG est une jeune start-up qui regroupe une dizaine de col­la­bo­ra­teurs et qui s’appuie sur un réseau inter­na­tio­nal de chi­rur­giens et médecins. 

Vous êtes donc positionnés sur la formation immersive pour la chirurgie. De quoi s’agit-il ?

Nous tra­vaillons sur des simu­la­teurs de chi­rur­gie ins­pi­rés des simu­la­teurs de vol. L’objectif est de per­mettre l’apprentissage opti­mal d’un savoir­faire, de connais­sances, de com­pé­tences autour d’un pro­ces­sus chi­rur­gi­cal. En effet, en chi­rur­gie, l’instrumentation tech­nique et tech­no­lo­gique occupe une place de plus en plus impor­tante. Les maté­riels sont très inno­vants et évo­luent très rapi­de­ment. La chi­rur­gie assis­tée par robot se déve­loppe très rapi­de­ment dans les blocs opé­ra­toires du monde entier. Les besoins de for­ma­tion sont nom­breux et récur­rents. Nos simu­la­teurs per­mettent éga­le­ment d’apprendre à bien maî­tri­ser l’ensemble des dis­po­si­tifs médi­caux qu’il convient d’utiliser avec pré­ci­sion dans la pra­tique quo­ti­dienne. L’idée est que les jeunes chi­rur­giens, mais aus­si des méde­cins plus expé­ri­men­tés, puissent se per­fec­tion­ner en res­pec­tant le prin­cipe « Jamais la pre­mière fois sur le patient ». Pour cela, nous com­bi­nons deux nou­velles tech­no­lo­gies : la réa­li­té vir­tuelle et l’intelligence arti­fi­cielle. Notre solu­tion mobile s’adresse à tous les acteurs du bloc opé­ra­toire et peut être uti­li­sée n’importe où et n’importe quand. Elle per­met un entraî­ne­ment de manière indi­vi­duelle ou col­la­bo­ra­tive. La chi­rur­gie est un tra­vail d’équipe, il est pri­mor­dial de pou­voir for­mer simul­ta­né­ment plu­sieurs per­sonnes sur une opé­ra­tion. La solu­tion a éga­le­ment néces­si­té une ingé­nie­rie plu­ri­dis­ci­pli­naire. En pre­mière mon­diale, nous avons déve­lop­pé un simu­la­teur de chi­rur­gie en immer­sion 4D. L’utilisateur a un casque de réa­li­té vir­tuelle en 3D pour se pro­je­ter dans un bloc vir­tuel. Mais, il va aus­si tenir dans ses mains de véri­tables ins­tru­ments de chi­rur­gie. Cette inter­ac­ti­vi­té inédite accen­tue le réa­lisme de la mise en situa­tion pro­fes­sion­nelle et ren­force la per­for­mance de la for­ma­tion. Notre public cible montre un très grand enthou­siasme autour de cette nou­velle solu­tion qui va per­mettre aux plus jeunes d’optimiser leur temps dans les blocs opé­ra­toires en ayant déjà décou­vert de nom­breux enjeux. Actuel­le­ment, il y a un très fort inté­rêt de la com­mu­nau­té hos­pi­ta­lière mon­diale et des retours très favo­rables. À cela s’ajoute un très bel accueil de la part des jeunes géné­ra­tions qui sont conscientes que le monde évolue ! 

Plus particulièrement, quel est votre positionnement ?

Nous ne nous carac­té­ri­sons pas comme une entre­prise tech­no­lo­gique, mais plu­tôt comme un déve­lop­peur de conte­nus péda­go­giques qui a recours aux meilleures tech­no­lo­gies. Dans la conti­nui­té de notre posi­tion­ne­ment, nous sommes par­te­naires du Centre de Recherche Inter­dis­ci­pli­naire (CRI) qui dis­pose d’une exper­tise impor­tante sur les EdTech. Nos clients sont prin­ci­pa­le­ment les com­pa­gnies qui pro­duisent et com­mer­cia­lisent les ins­tru­ments de chi­rur­gie et qui ont des obli­ga­tions de for­ma­tion. La for­ma­tion consti­tue, en effet, un fac­teur de dif­fé­ren­cia­tion impor­tant pour les acteurs de ce marché. 

Qu’en est-il de la place de l’innovation et de la R&D ?

Nous sommes foca­li­sés sur tous les enjeux tech­no­lo­giques qui aug­mentent le réa­lisme de l’immersion. Nous déve­lop­pons éga­le­ment un pro­gramme de recherche afin de mon­trer scien­ti­fi­que­ment le gain de confiance, de savoir­faire des uti­li­sa­teurs. Le mesure de la per­for­mance de notre solu­tion est une prio­ri­té. Cela implique le recours aux sciences cog­ni­tives ain­si que des rele­vés phy­sio­lo­giques pour pou­voir mon­trer l’acquisition de nou­velles com­pé­tences et connais­sances plus rapi­de­ment et effi­ca­ce­ment qu’à tra­vers d’autres pro­cé­dés de for­ma­tion. Nous déve­lop­pe­rons très pro­chai­ne­ment l’adaptive lear­ning afin que l’intelligence arti­fi­cielle puisse assis­ter l’utilisateur pen­dant sa for­ma­tion, le chal­len­ger en lui envoyant par exemple des inci­dents à gérer en fonc­tion de son niveau, le gui­der ou bien lui expli­quer ses erreurs. Notre objec­tif est de créer un Medi­cal Intel­li­gence Advi­sor pour accom­pa­gner le pra­ti­cien pen­dant la séquence immer­sive. Ce fai­sant, il béné­fi­cie­ra de l’expertise de chi­rur­giens expé­ri­men­tés. Enfin, la pro­chaine étape est de nous diri­ger et nous posi­tion­ner sur la cer­ti­fi­ca­tion pro­fes­sion­nelle en mon­trant que la réa­li­té vir­tuelle peut être non seule­ment un outil de for­ma­tion, mais aus­si de vali­da­tion des com­pé­tences qui repré­sente un véri­table chal­lenge aux États-Unis, et très pro­chai­ne­ment en Europe également. 

Qu’en est-il de vos enjeux ?

Parce que nous sommes une jeune start-up, notre pre­mier défi est d’aller rapi­de­ment à la ren­contre de nos clients et de nous posi­tion­ner sur des mar­chés à l’international. En effet, les grands acteurs du dis­po­si­tif médi­cal sont sur­tout des com­pa­gnies mon­diales. Sur ce mar­ché en pleine muta­tion à la croi­sée de quatre sec­teurs extrê­me­ment dyna­miques (la san­té, la réa­li­té vir­tuelle, la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle ain­si que les data et l’intelligence arti­fi­cielle), notre ambi­tion est d’être recon­nu comme le lea­der fran­çais et de valo­ri­ser le savoir­faire natio­nal dans le domaine de la chi­rur­gie, un pôle d’excellence recon­nu à tra­vers le monde. Pour cela, nous nous appuyons sur un autre domaine d’expertise fran­çais : celui de la réa­li­té vir­tuelle issu notam­ment des jeux vidéo. La France dis­pose de très belles réfé­rences en la matière comme Ubi­soft, par exemple.

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