La pratique de la Chine

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°623 Mars 2007Par : André Chieng (73)Rédacteur : Jacques Bertrand (77)

La Chine fascine, attire, effraie, en ces temps de crois­sance effrénée qui la trans­for­ment à pas accélérés en pre­mière puis­sance du xxie siècle.

Et que dire des Chi­nois ! Com­bi­en de ques­tions à leur égard, com­bi­en d’idées reçues, com­bi­en de méfi­ances inhibi­tri­ces (« On ne peut savoir ce qu’ils pensent ») au moment de nouer des partenariats !

Notre cama­rade André Chieng est dou­ble : français et chi­nois. Vivant sans déchire­ment les deux cul­tures, il sait qu’elles sont com­pat­i­bles et nous amène à com­pren­dre com­ment dépass­er l’horizon de leurs appar­entes con­tra­dic­tions. Pour entrou­vrir cette porte de la com­préhen­sion, il abor­de ces ques­tions sous une forme nou­velle, tout aus­si loin des traités de soci­olo­gie, trop éru­dits et abstraits, que des livres de recettes des cours de man­age­ment (Do’s & Don’t), trop super­fi­ciels et anecdotiques.

La forme choisie par l’auteur est celle d’un dia­logue à dis­tance avec François Jul­lien, agrégé de philoso­phie, auteur d’ouvrages de référence sur la philoso­phie chi­noise. Il ne s’agit pas d’un essai, mais d’une approche impres­sion­niste autour de sept thèmes en autant de chapitres. Dans ce livre à deux voix, André Chieng com­mente et illus­tre par des exem­ples tirés de son expéri­ence, sou­vent pro­fes­sion­nelle, des savants pro­pos puisés dans l’un des nom­breux livres écrits par François Jul­lien sur la philoso­phie chinoise.

Et l’on en vient à com­pren­dre l’un par l’autre, au fil d’une lec­ture agréable, sur­pris de décou­vrir que l’esprit chi­nois n’est pas impéné­tra­ble. Si l’on con­state qu’il peut être à bien des égards proche du nôtre (pri­mauté de l’esprit d’une rela­tion sur la let­tre d’un con­trat), on prend aus­si con­science que l’on peut com­pren­dre ce qui l’en sépare, alors même que cette dif­férence paraît incom­préhen­si­ble (voire inad­mis­si­ble) à l’analyse de nos seuls out­ils cartésiens (pour un esprit chi­nois, « la » vérité n’existe pas, tout est trans­for­ma­tion). On en sort hum­ble devant la grandeur de la pen­sée chi­noise, impres­sion­né par sa force his­torique (la Chine de Hu Jin­tao est une éton­nante con­ti­nu­ité de la Chine impéri­ale), sidéré par sa capac­ité à épouser sans rup­ture notre monde en muta­tion rapi­de, et ras­suré à l’idée qu’un parte­nar­i­at solide avec un Chi­nois est possible.

Lisez-le en prenant l’avion pour la Chine !

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