La médaille de bronze du CNRS pour un chercheur du laboratoire de biochimie

Dossier : ExpressionsMagazine N°705 Mai 2015
Par Virginie BOURDAIS

Alex­ey Alek­sAn­drov manip­ule l’ordinateur aus­si bien que les éprou­vettes. À l’aide de pro­grammes infor­ma­tiques, ses travaux de recherche con­sis­tent à mod­élis­er de nom­breux sys­tèmes biologiques, tels que les pro­téines, l’acide ribonu­cléique (ARN) ou l’ADN.

Pour son tra­vail, Alex­ey Alek­san­drov a obtenu la médaille de bronze 2015 du CNRS. Cette dis­tinc­tion récom­pense le pre­mier tra­vail d’un chercheur.

Mieux comprendre le corps humain

Alex­ey Alek­san­drov cherche à con­naître le fonc­tion­nement des molécules et leurs inter­ac­tions avec d’autres, pour mieux com­pren­dre le corps humain et ain­si le guérir plus facile­ment. Le chercheur est devenu un expert sur le fonc­tion­nement des enzymes, ces pro­téines qui régis­sent la qua­si-total­ité des réac­tions chim­iques dans les cel­lules vivantes.

Au sein du Lab­o­ra­toire de biochimie (BIOC) de l’École poly­tech­nique, il étudie notam­ment les inter­ac­tions entre les pro­téines et la tré­tra­cy­cline, un antibi­o­tique util­isé pour lut­ter con­tre cer­taines infec­tions bactériennes.

En sim­u­lant des expéri­ences de réac­tions biochim­iques sur son ordi­na­teur, il a ain­si pu prou­ver que ces pro­téines adoptent une forme spé­ci­fique per­me­t­tant aux médica­ments d’interagir avec elles.

Créer des anticancéreux “sélectifs”

Le tra­vail d’Alexey Alek­san­drov pos­sède d’importantes appli­ca­tions poten­tielles. Ses recherch­es per­me­t­traient de créer des médica­ments anti­cancéreux « sélec­tifs », c’est-à-dire des médica­ments ciblant unique­ment les cel­lules cancéreuses.

Autre appli­ca­tion pos­si­ble : obtenir des antibi­o­tiques plus puis­sants per­me­t­tant de sur­mon­ter la résis­tance bac­téri­enne à ces médica­ments. La résis­tance aux antibi­o­tiques est en effet une pri­or­ité de san­té puisqu’elle est actuelle­ment respon­s­able de 700 000 décès par an dans le monde.

Depuis les années 1970, les tech­niques de mod­éli­sa­tion infor­ma­tique de molécules com­plex­es ont ain­si révo­lu­tion­né la recherche phar­ma­ceu­tique et médi­cale. Grâce à elles, il est pos­si­ble de prévoir si un médica­ment se fix­era bien sur la pro­téine ciblée, ou encore de pro­duire des molécules capa­bles de localis­er plus pré­cisé­ment les tumeurs can­céreuses sans détru­ire, autour, les tis­sus sains des patients.

Plus encore, « les sim­u­la­tions infor­ma­tiques per­me­t­tent aus­si d’effectuer des expéri­ences plus facile­ment et à moin­dre coût », souligne Alex­ey Aleksandrov.

Alex­ey Alek­san­drov est diplômé en physique théorique de l’Université d’État de Kazan en Russie. En 2008, il a effec­tué son doc­tor­at au Lab­o­ra­toire de biochimie de l’École poly­tech­nique sous la direc­tion de Thomas Simon­son, avec comme sujet de recherche « Antibi­o­tiques tétra­cy­cline et leurs cibles : études par modélisation ».

Cette pub­li­ca­tion est tirée de DIXIT, la newslet­ter de l’École polytechnique

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