La France défend son industrie

Dossier : La DéfenseMagazine N°639 Novembre 2008
Par Bruno RAMBAUD (70)

L’in­dus­trie de la défense ne peut pas se dévelop­per comme les autres indus­tries. Elle doit garan­tir le développe­ment inter­na­tion­al en maîtrisant totale­ment les techniques.

GICAT
Le Groupe­ment des indus­tries français­es de défense ter­restre (GICAT) représente 176 sociétés spé­cial­isées qui ont réal­isé en 2007 un chiffre d’affaires de 3,84 mil­liards d’euros, avec un effec­tif de 15800 personnes.
Le GICAT, au tra­vers de sa fil­iale le COGES, organ­ise toutes les années paires le salon de référence mon­di­ale Eurosato­ry, pre­mier rassem­ble­ment inter­na­tion­al de l’industrie de défense ter­restre, aéroter­restre et de sécurité.

La France, mem­bre per­ma­nent du Con­seil de sécu­rité des Nations unies, fait par­tie du cer­cle très fer­mé des pays capa­bles d’être autonomes et de faire enten­dre leur voix sur la scène inter­na­tionale. Notre indus­trie de défense est une des meilleures au monde et peut se tar­guer de rivalis­er dans cer­tains domaines avec celle des États-Unis.

À titre d’ex­em­ple, la France est une des deux puis­sances mon­di­ales à pou­voir dévelop­per la sim­u­la­tion nucléaire avec le Laser méga­joule (LMJ) et la détec­tion élec­tro­mag­né­tique et sous-marine. Un noy­au d’en­tre­pris­es français­es — telles que Safran, EADS, MBDA ou Thales — se posi­tionne au meilleur niveau mon­di­al. Ces groupes se sont dévelop­pés à l’in­ter­na­tion­al en com­mençant par l’Eu­rope. Afin de respecter les con­traintes nationales de sécu­rité des États, les entre­pris­es inter­na­tion­al­isées ont dû organ­is­er un solide sys­tème de pro­tec­tion et de cloi­son­nement des échanges tech­niques. Le ” secret défense ” reste, donc, une réal­ité bien ancrée. 

Politique industrielle et politique tout court

Il est dif­fi­cile de con­cevoir une poli­tique indus­trielle européenne de la défense sans poli­tique européenne de la défense.

CIDEF
Le CIDEF regroupe le GIFAS (Groupe­ment des indus­tries français­es aéro­nau­tiques et spa­tiales), le GEAD (équipements), le GICAT et le GICAN (con­struc­tions et arme­ments navals).
Il étudie les ques­tions com­munes aux indus­tries de défense français­es dans leur envi­ron­nement nation­al et européen. Il les représente auprès des autorités compétentes.

Et, par exten­sion, il est ardu de con­stru­ire une poli­tique européenne de la défense sans poli­tique étrangère com­mune. Néan­moins, depuis 2004, l’U­nion européenne dis­pose d’une Agence européenne de défense (AED). En matière de poli­tique indus­trielle com­mune, on peut citer de belles réal­i­sa­tions : l’avion de trans­port mil­i­taire européen A400M, l’héli­cop­tère d’at­taque Tigre, sans oubli­er le pro­gramme européen ” NH90 ” qui regroupe cinq nations : Alle­magne, France, Ital­ie, Pays-Bas et Portugal. 

Les ambitions industrielles du Livre blanc

Inter­net, la nav­i­ga­tion iner­tielle ou le GSM sont issus des recherch­es avancées menées par les lab­o­ra­toires de l’industrie de la défense

Le récent Livre blanc définit la stratégie pour la défense et la sécu­rité nationale du pays mais il pré­cise, égale­ment, les ambi­tions gou­verne­men­tales dans le domaine de l’in­dus­trie de la défense. Un pre­mier cer­cle de tech­nolo­gies con­serve à la France son autonomie stratégique notam­ment sur la dis­sua­sion nucléaire, la sécu­rité des sys­tèmes d’in­for­ma­tions ou encore les avions-mis­sions. Un sec­ond cer­cle rassem­ble toutes les tech­nolo­gies qu’elle accepte de partager avec ses parte­naires européens. Un troisième cer­cle regroupe l’ensem­ble des tech­nolo­gies et savoir-faire pou­vant être ouvert à la con­cur­rence internationale.

Compte tenu de la force et des posi­tions acquis­es par l’in­dus­trie française de la défense, les indus­triels se sont mon­trés favor­ables à toutes ces ini­tia­tives sus­cep­ti­bles de ren­forcer les coopéra­tions et d’en­cour­ager l’ou­ver­ture du marché.

Propos recueillis par Émilie Vidaud

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