La Démocratie à l’épreuve des Marchés

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°586 Juin/Juillet 2003Par : Philippe AUBERGER (61)Rédacteur : Alain THOMAZEAU (56)

Rares sont nos cama­rades qui ont le cou­rage de se lan­cer dans la poli­tique. Dans cet ouvrage, l’auteur, fervent démo­crate, maire de Joi­gny, dépu­té de l’Yonne et membre de la Com­mis­sion des Finances de l’Assemblée natio­nale détaille une ana­lyse du pré­sent qui mérite d’être prise en considération.

La démo­cra­tie est deve­nue désor­mais le modèle poli­tique uni­ver­sel : elle s’est géné­ra­li­sée pro­gres­si­ve­ment à la plu­part des pays, comme l’économie de mar­ché, et a su résis­ter à toutes les ten­ta­tives de déstabilisation.

Mais à mesure qu’elle gagnait du ter­rain, la démo­cra­tie s’est peu à peu affai­blie, son champ d’action s’est réduit face à la libé­ra­li­sa­tion des mar­chés, à la réduc­tion du sec­teur public, à une pro­tec­tion de plus en plus minu­tieuse du consom­ma­teur et de l’environnement et à l’extension des mesures à carac­tère social. Beau­coup de déci­sions lui échappent désor­mais dans les faits et son rôle de contrôle du pou­voir exé­cu­tif s’est sin­gu­liè­re­ment réduit.

Plus encore que dans le domaine inté­rieur, c’est face aux mar­chés inter­na­tio­naux que la démo­cra­tie s’est révé­lée impuis­sante : l’organisation des rela­tions com­mer­ciales inter­na­tio­nales, la maî­trise des crises finan­cières, le contrôle des inves­tis­se­ments étran­gers, la lutte contre l’argent sale lui échappent lar­ge­ment. Au plan euro­péen, des poli­tiques aus­si essen­tielles que celles concer­nant la concur­rence ou la mon­naie sont pra­ti­que­ment hors du champ de la démocratie.

Il est temps de réagir si on veut que l’économie reste au ser­vice de l’homme et non l’inverse. Le renou­veau démo­cra­tique passe par une nou­velle gou­ver­nance : le recours à la démo­cra­tie délé­guée doit être mieux enca­dré, la cir­cu­la­tion des élites assu­rée, le pou­voir des groupes de pres­sion et des médias effec­ti­ve­ment maî­tri­sé. Sur­tout la démo­cra­tie doit dépas­ser désor­mais le cadre natio­nal : les mar­chés s’internationalisent chaque jour davan­tage, la démo­cra­tie doit s’exercer de plus en plus dans un cadre inter­na­tio­nal si elle ne veut pas conti­nuer à perdre de son influence, mais sa capa­ci­té d’investir per­met de res­ter optimiste.

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