La catastrophe ou la vie.
Pensées par temps de pandémie.

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°768 Octobre 2021Par : Jean-Pierre Dupuy (60)Rédacteur : Hubert Lévy-Lambert (53)Editeur : Éditions du Seuil, mars 2021

Après Une guerre qui ne peut avoir lieu, essai de méta­physique nucléaire, Jean-Pierre Dupuy vient de pub­li­er ce livre où il égrène les pen­sées qui lui sont venues pen­dant la crise Covid du 10 mai au 15 décem­bre 2020. Son ambi­tion est de ‑com­pren­dre com­ment des intel­lectuels ont pu et peu­vent encore déraison­ner au sujet de cette pandémie. Bien qu’intellectuel lui-même, Jean-Pierre Dupuy se démar­que des autres car il a l’avantage d’avoir une for­ma­tion scientifique.

C’est ain­si que Jean-Pierre Dupuy con­sacre un chapitre à descen­dre en flammes le covi­doscep­ti­cisme d’André Comte-Sponville qui con­fond moyenne et médi­ane et ceux qui dénon­cent une pré­ten­due sacral­i­sa­tion de la vie, en dis­tin­guant entre la vie nue et l’authentique vie humaine. Il y revient dans un autre chapitre sur la vie biologique, grandeur et déclin, après une diver­sion sur le con­cept de cat­a­strophisme éclairé, qui procède d’une réflex­ion sur le rôle du prophète de mal­heur, comme Jonas à Ninive.

Le sophisme de l’an 2000 est un exem­ple d’événement prévu par tous mais qui ne s’est pas pro­duit, preuve selon cer­tains que le soi-dis­ant bug de l’an 2000 était une illu­sion et qu’il ne fal­lait rien faire ! Jean-Pierre Dupuy retrou­ve ce sophisme dans le dis­cours des intel­lectuels français à pro­pos de la pandémie.

Il s’insurge con­tre l’indécence du tri entre les per­son­nes à soign­er. Ce tri a tou­jours existé car les moyens disponibles sont lim­ités et la seule autre solu­tion, le tirage au sort, n’est vrai­ment pas opti­male. Un chapitre sur le prix de la vie rap­pelle que si des écon­o­mistes avaient attribué un prix aux vies sauvées par les investisse­ments routiers, ce n’était pas du tout un juge­ment de valeur mais une vari­able traduisant la con­trainte budgétaire.

Jean-Pierre Dupuy con­clut que nous n’avons décidé­ment pas été à la hau­teur de notre passé ni de nos capacités.

Ce livre a eu un grand reten­tisse­ment dans les médias. 

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