Jean Chapon (48), une grande figure du monde maritime et fluvial

Dossier : TrajectoiresMagazine N°749 Novembre 2019Par Georges DOBIAS (56)

Décédé en juil­let dernier, Jean Chapon, ingénieur général hon­o­raire des Ponts et Chaussées, a été un grand servi­teur de l’État, avec une car­rière surtout con­sacrée à la mer et aux voies fluviales.

Né à Alès en 1928, il a vécu à Bône et à Con­stan­tine où il a passé la pre­mière par­tie de son bac. De retour en France, il a inté­gré l’École poly­tech­nique (48) et l’École nationale des ponts et chaussées (53). En 1953, il est affec­té au ser­vice des bases aéri­ennes à Toulouse, puis au ser­vice mar­itime du port de Rouen (1965–1966), ce qui va ori­en­ter défini­tive­ment sa car­rière vers le domaine flu­vial et mar­itime. Il est d’abord chargé du main­tien de la nav­i­ga­bil­ité du chenal d’accès au port, puis des ques­tions d’exploitation.

Retour à Paris 

En 1966, il rejoint la direc­tion des ports mar­itimes et des voies nav­i­ga­bles au min­istère de l’Équipement, d’abord comme adjoint au directeur, puis de 1968 à 1975 comme directeur. C’est l’époque de la créa­tion de divers ports autonomes, Dunkerque, Rouen, Nantes et Mar­seille. De 1970 à 1972, il dirige en même temps le cab­i­net du min­istre de l’Équipement Albin Cha­lan­don. En 1974 il est nom­mé ingénieur général. Jean arrivait tou­jours en réu­nion avec une pile de dossiers. Tout en inter­venant dans les dis­cus­sions, il les étu­di­ait et sig­nait son cour­ri­er. Belle efficacité !

Ensuite il devient, en 1975, secré­taire général de la Marine marchande, fonc­tion déli­cate qu’il con­serve jusqu’en 1978. Puis, nou­veau change­ment, il devient vice-prési­dent du con­seil général des Ponts et Chaussées de 1978 à 1981. Il a pris soin de main­tenir le lien avec Anne-Marie Lev­raut, vice-prési­dente du Con­seil de l’environnement et du développe­ment durable. En 1981, il quitte l’administration pour devenir prési­dent-directeur général de Elf Aquitaine jusqu’en 1989. Enfin, il revient dans son domaine pour présider l’établissement pub­lic Voies nav­i­ga­bles de France nou­velle­ment créé.

De multiples engagements

Jean Chapon fut aus­si act­if comme pro­fesseur à l’École nationale des ponts et chaussées, à l’École nationale des travaux publics de l’État et à l’École spé­ciale des travaux publics, du bâti­ment et de l’industrie (ESTP). Son cours de travaux mar­itimes con­stitue une référence. Prési­dent du con­seil de per­fec­tion­nement de l’ESTP pen­dant plus de dix ans, il y était encore présent ces derniers mois.

Mem­bre de mul­ti­ples organ­ismes, il a été le prési­dent très appré­cié de l’Institut pour la recherche appliquée et l’expérimentation en génie civ­il (1989–2010), de l’Association des util­isa­teurs de trans­port de fret (1983–1999), de l’Académie de marine (2000–2002), dont il était mem­bre depuis 1977, et de l’Institut océanographique de Paris (1999–2007).

Comme l’a indiqué Anne-Marie Lev­raut, « Jean restera comme une illus­tre fig­ure du monde mar­itime et flu­vial en France. Beau­coup d’entre nous se sou­vi­en­nent de l’ingénieur, de son intérêt con­stant pour les sujets tech­niques 1. » 

Jean Chapon a égale­ment été de 1989 à 2014 un con­seiller munic­i­pal assidu et appré­cié à Châteauneuf-de-Gadagne dans le Vau­cluse, où son épouse avait des attach­es familiales.

Com­man­deur de la Légion d’honneur, grand-croix du Mérite, il a été mem­bre du con­seil de l’ordre.

Jean était par ailleurs un excel­lent dessi­na­teur et aquarel­liste ; ses cartes de vœux et ses cro­quis de per­son­nes étaient fort appré­ciés. De même, il con­stru­i­sait des maque­ttes de vil­lages et d’autres lieux, qui ornaient son salon.

Ses dernières années ont mal­heureuse­ment été assom­bries par la mal­adie – surtout celle de son épouse – mal­gré la présence de sa famille, mais il ne se mon­trait pas abattu.

Au-delà du grand fonc­tion­naire, tra­vailleur et rigoureux, c’était un homme sen­si­ble, d’une grande sim­plic­ité, d’une réelle human­ité, par­ti­c­ulière­ment attachant.


1. Le texte com­plet de l’allocution don­née par Anne-Marie Lev­raut est acces­si­ble ici.

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