Michel Molbert (48), Spécialiste de la séparation isotopique et historien

Dossier : ExpressionsMagazine N°652 Février 2010
Par Maurice BERNARD (48)

Michel qui nous a quit­tés cet été laisse à tous ceux qui l’ont con­nu le sou­venir d’un homme sincère et chaleureux, fin et cultivé. 

Nos routes ont fail­li se crois­er pen­dant et après la guerre, à Alger où il fit ses études sec­ondaires comme moi, avec un an d’in­ter­valle. Mais plus tard nous avons sou­vent évo­qué les sou­venirs d’Al­ger, du lycée Bugeaud, de la ” Taupe arabe “. C’est à l’X où il entre en 3/2 dans la même pro­mo que moi, 1948, et où il sera un ” mis­saire “, que nous nous ren­con­trons, puis à l’ENS des Télécoms. 

En 1959, après son départ de l’ar­mée de l’Air, il entre au CEA et est chargé par Robert Gal­ley de con­stru­ire et de diriger la sta­tion de ” crit­i­cal­ité ” (ou crit­ic­ité) hébergée dans un cen­tre de la DAM (direc­tion des appli­ca­tions mil­i­taires) en Bour­gogne, à Valduc. 

En 1963, après la réus­site des pre­mières expéri­men­ta­tions (sur plu­to­ni­um) il est appelé au cen­tre CEA de Pier­re­lat­te. Michel Mol­bert par­ticipera au démar­rage et à l’ex­ploita­tion des usines d’en­richisse­ment iso­topique de l’u­ra­ni­um comme chef du ser­vice usines, puis chef des ser­vices de pro­duc­tion jusqu’en 1968. Il est alors nom­mé directeur du cen­tre de Mar­coule et revien­dra quelques années plus tard comme directeur du cen­tre de Pierrelatte. 

Lorsque sera décidée la con­struc­tion d’une usine civile de grande taille sur le site voisin, la future Eurodif, il sera impliqué dans sa con­cep­tion, en assur­era le démar­rage et le début d’ex­ploita­tion comme directeur général. Après le décès de son épouse en 1982, Michel Mol­bert souhaite s’éloign­er du Sud-Est. La DAM lui con­fie alors la direc­tion du cen­tre de Bruyères-le-Châ­tel, puis le poste de directeur adjoint à son siège. 

Depuis les années qua­tre-vingt-dix j’ai eu le grand plaisir de le voir fréquenter le groupe X‑Histoire et Archéolo­gie. Au nom de la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne qui gardera de Michel Mol­bert le sou­venir d’un cama­rade exem­plaire je veux dire à sa famille nos con­doléances attristées. 

Les Ger­main, du Puy Bartalard
C’est en décou­vrant un fonds d’archives con­servé depuis des généra­tions par une branche de sa famille que Michel Mol­bert, dans le cadre d’une maîtrise d’histoire, se lance dans un tra­vail de recherche. Aus­si haut qu’on puisse remon­ter dans les textes, la famille Ger­main était implan­tée dans le nord de la Dor­dogne. Les chefs de famille ont tous été des paysans jusqu’au milieu du XXe siè­cle et leur his­toire témoigne de l’évolution économique et sociale de la France de Louis XIV à nos jours. En 1999, La Jaune et la Rouge pub­lie le résumé de ses travaux 

Une lignée d’enseignants
Extrait du livre de famille de Michel Molbert :
« N’est-il pas curieux de voir, un siè­cle après la fin de la dynas­tie des Mol­bert, maîtres d’école en Franche-Comté, renaître dans la famille, cette voca­tion ? Bien sûr, le sou­venir des Ger­vais, Antoine, Gérard ou Richard, instru­isant les petits Francs-Com­tois, au milieu des prob­lèmes religieux du dix-huitième siè­cle, était bien oublié. Mais quelle coïn­ci­dence, de retrou­ver là, en Algérie, et sur une généra­tion née autour de 1860, une accu­mu­la­tion d’instituteurs dans la même famille : mon grand-père Edmond, son cousin Charles, mais aus­si, mes deux grands-mères, Vir­ginie, femme d’Edmond, et Maria, mère de ma mère ; et ma grand-tante, Marie-Thérèse, son mari Pierre Lacoste, et mon grand-père mater­nel, secré­taire d’Académie. Et encore, chez nos cousins protes­tants, Paul, pro­fesseur à Dijon, et son neveu Georges, insti­tu­teurs en retraite à Sainte-Marie. Et puis enfin ma mère, Robert Gornès et ma sœur Suzanne qui seront professeurs. » 

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