MICHEL SAILLARD (48)

Michel SAILLARD (48), le sens du service public

Dossier : TrajectoiresMagazine N°713 Mars 2016Par : Jean Chapon (48), ancien vice-président du Conseil général des ponts et chaussées

Dans le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées, Michel Sail­lard choisit pour pre­mier poste, en 1953, celui de chef de l’arrondissement du ser­vice ordi­naire de Sfax, en Tunisie.

“ Le terrain, la meilleure façon d’apprendre et d’exercer son métier d’ingénieur des Ponts ”

Un choix très sage, puisque « sur le ter­rain, la meilleure façon d’apprendre et d’exercer son méti­er d’ingénieur des Ponts et Chaussées » ; et plus encore dans son cas puisque son patron était à Tunis, à plusieurs cen­taines de kilo­mètres, oblig­eant l’ingénieur d’arrondissement débu­tant à faire large­ment preuve d’initiative.

En 1957, Michel revient en France, « tou­jours sur le ter­rain » ; il est chargé d’un arrondisse­ment au ser­vice de la nav­i­ga­tion de la Seine, pen­dant deux ans.

Du logement au gaz

En 1958, Michel quitte l’administration – mais non le ser­vice pub­lic : il est nom­mé directeur à la Société cen­trale pour l’équipement du ter­ri­toire (la SCET, fil­iale de la Caisse des dépôts et des consignations).

Il est chargé du secré­tari­at général de la SCIC (Société cen­trale immo­bil­ière de la Caisse) en 1964, puis pro­mu directeur général en 1967.

Son sens des autres le con­duit à s’engager, de 1978 à 1983, dans une activ­ité d’enseignement du cours d’initiation au bâti­ment à l’ENPC, enseigne­ment tou­jours très appré­cié par ses élèves.

En 1982, Michel se voit con­fi­er le man­dat de directeur général de Sofregaz. Cette société française d’ingénierie est un acteur mon­di­ale­ment con­nu sur le marché gazier, ce qui a con­duit Michel à négoci­er – dure­ment mais équitable­ment – avec les grands four­nisseurs étrangers, notam­ment le russe Gazprom. En 1990, il est nom­mé prési­dent-directeur général de la Com­pag­nie française du méthane (CFM), jusqu’à l’âge de la retraite dans le secteur pub­lic, en 1993.

Une implication internationale

Michel reste pour­tant act­if : en 1992, tou­jours respon­s­able de la CFM, il devient prési­dent de Transen­erg, poste qu’il con­serve jusqu’en 1997, à l’âge de 69 ans.

Il con­tin­ue à servir bénév­ole­ment par ses impor­tantes respon­s­abil­ités comme prési­dent de l’UATI (Union inter­na­tionale des asso­ci­a­tions et organ­i­sa­tions sci­en­tifiques et tech­niques, une ONG créée par l’Unesco) ain­si qu’à l’UISF (Union inter­na­tionale des ingénieurs et sci­en­tifiques util­isant la langue française).

Mem­bre de l’Académie de l’eau en 1999, il pré­side le comité Inde du Cen­tre nation­al du pat­ri­moine français de 1991 à 1996 et le comité Asie du Sud du Medef Inter­na­tion­al à par­tir de 1997.

Par­al­lèle­ment, il a pour la pre­mière fois des activ­ités dans le secteur privé, notam­ment comme admin­is­tra­teur de Leonar­do Finance Part­ners (rachetée depuis par Natixis).

Un humaniste

La car­rière de Michel Sail­lard est révéla­trice de son tem­péra­ment et de ses grandes qual­ités humaines : une nette préférence pour le ser­vice pub­lic, mais dans des entités à car­ac­tère indus­triel, et une fidél­ité sans faille à l’entreprise qui l’employait, acquérant ain­si de l’expérience dans son secteur d’activité sans pour autant « s’y incruster » pour éviter tout risque d’enlisement et garder la capac­ité d’innover.

Il était offici­er de la Légion d’honneur et com­man­deur de l’ordre nation­al du Mérite.

Il écrivait en 1998 : « La réus­site tech­nologique du XXe siè­cle est for­mi­da­ble […] mais le XXIe siè­cle ne sera béné­fique pour l’humanité que s’il se trou­ve un équili­bre har­monieux entre un libéral­isme tem­péré et nor­mal­isé, un développe­ment tech­nologique bien ori­en­té et des objec­tifs généraux à long terme et bien concertés. »

Près de vingt ans plus tard, sa con­vic­tion appa­raît comme aus­si juste que sage.

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