Itinéraire de l’égarement

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°589 Novembre 2003Par : Olivier Rey (83)Rédacteur : JR

L’idéal mod­erne de lib­erté, l’affranchissement de la tra­di­tion pour men­er sa vie pro­pre et pour être soi-même ; com­ment cela a‑t-il pu déchoir en lib­erté de choisir le lieu de ses prochaines vacances ? Les ques­tions de fond – la vie telle qu’on aimerait vrai­ment la vivre, le sens d’une exis­tence humaine – dis­parais­sent de l’horizon.

Com­ment en sommes-nous arrivés à cette insignifi­ance ? Com­ment avons-nous pu à ce point nous four­voy­er ? La chose paraît si incom­préhen­si­ble qu’elle nous invite à par­courir à nou­veau le chemin, comme lorsqu’on a per­du ses clés et qu’on repasse dans sa tête faits et gestes pour se sou­venir où on les a posées. Alors on se heurte à ce fait mas­sif : la sci­ence mod­erne a peu à peu cap­té l’essentiel des forces spir­ituelles et matérielles de la cul­ture occi­den­tale. Mais pourquoi l’Europe s’est-elle lancée à corps per­du dans l’aventure sci­en­tifique, du temps où la sci­ence ne ser­vait pra­tique­ment à rien ? Pourquoi Pas­cal, plein d’éloignement pour la sci­ence après sa con­ver­sion, reprit sous l’empire d’une rage de dents l’étude de la cycloïde ?

Pour quelle rai­son, aujourd’hui, cer­tains biol­o­gistes tien­nent si fort à ce que l’homme soit une sim­ple machine à survie pour ses gènes, ou une machine neu­ronale. Quels sont les rap­ports ambi­gus entre l’individu autonome, libre, et la pen­sée objec­ti­vante qui nie son autonomie et sa lib­erté ? Que demande-t-on ultime­ment à la science ?

C’est à de telles ques­tions que ce livre, en suiv­ant pas à pas l’itinéraire de l’égarement, cherche à répondre.

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