Il pleut des planètes

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°547 Septembre 1999Par : Alfred VIDAL-MADJAR (61)Rédacteur : Marcel RAMA (41)

Voici un ouvrage inso­lite. Par le titre d’abord Il pleut des planètes. Par la forme, le ton employés par notre cama­rade pour traiter sérieuse­ment d’un sujet com­plexe qu’il maîtrise par­faite­ment en saupoudrant ses 260 pages – plus 40 d’annexes, essen­tielle­ment des références – de quelques pro­pos imagés et autres digres­sions à tout le moins divertissantes.

Ce n’est pas un ouvrage de vul­gar­i­sa­tion facile. Je le con­firme : le sujet et – sous la réserve ci-dessus – son développe­ment sont des plus sérieux, étayés sur les avancées les plus récentes de l’astrophysique : un pas de géant vient d’être franchi dans notre quête de la vie extrater­restre grâce aux décou­vertes d’une quin­zaine de planètes autour d’autres étoiles que notre Soleil. En fait, le nom­bre de sys­tèmes plané­taires dans l’Univers devrait être, pré­cisé­ment, “ astronomique ”.

Les pre­miers chapitres don­nent quelques élé­ments de “cul­ture” astronomique, quelques règles pour se met­tre en con­di­tion pour la suite – laque­lle abor­de les décou­vertes pro­pre­ment dites par un crescen­do allant des étoiles nais­santes à ces nou­velles planètes extrasolaires.

Dans son préam­bule, l’auteur écrit : “ Bien sûr, tout (toute la lec­ture) ne sera pas facile. (Mais) si un chapitre vous déroute, aucune impor­tance, passez au suiv­ant. Pour vous, il n’est pas essen­tiel : cha­cun con­stru­it sa pro­pre per­cep­tion à par­tir des élé­ments aux­quels il est le plus sen­si­ble ; ces élé­ments seront peut-être, juste­ment, dans le chapitre suiv­ant (…). La ques­tion n’est pas ici de tout com­pren­dre (…). Lais­sez-vous aller sans retenue dans ce flot d’images nou­velles : le plaisir d’avoir un autre regard sur le monde sera, je l’espère, présent au bout du chemin. ”

Le préam­bule insiste par ailleurs sur la démarche d’une décou­verte, ses tâton­nements, ses évo­lu­tions, les allers et retours entre l’idée pré­conçue qu’on se fait d’un phénomène et ce qu’on observe véri­ta­ble­ment, la remise en ques­tion per­ma­nente de la sorte de mod­èle qui prend forme et dont le désac­cord avec les obser­va­tions se révélera source de richesse. Alors, ami lecteur, lancez-vous dans la… décou­verte de cet ouvrage.

Et partez de notre sys­tème solaire réduit et mis à plat dans un pré vert de 300 m de côté au milieu duquel une orange fig­ure le Soleil, notre Terre n’étant alors qu’un grain de sable à près de cinq mètres de l’orange, pour arriv­er à la con­clu­sion, p. 245 : “ Il pleut donc des planètes, et ces pre­mières gouttes se chang­eront très rapi­de­ment en une pluie torrentielle. ”

Le dernier chapitre est une sorte d’épilogue : “ Quinze mil­liards d’années… et après ? ” avec rap­pel du cal­en­dri­er cos­mique ramené à l’échelle d’une année, le Soleil naît seule­ment le 10 sep­tem­bre, les planètes peu de jours après ; les dinosaures appa­rais­sent à Noël ; quant aux pre­miers humains (Lucie) ils n’arrivent que le 31 décem­bre à 21 h 30 ! L’auteur imag­ine que le 1er jan­vi­er de l’année suiv­ante en fin d’après-midi l’humanité aura ren­du vis­ite à tous les sys­tèmes plané­taires de notre Galax­ie. Mais le 1er avril, le Soleil devient une géante rouge : fin de la Terre !

En fil­igrane peut alors se pos­er la ques­tion de l’existence de la vie, ailleurs. “ Mais où sont-ils ? ” s’écrie-t-on avec Enri­co Fermi.

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