Hubert Jacquet (64) : le calme fait homme

Dossier : TrajectoiresMagazine N°751 Janvier 2020
Par Pierre LASZLO

C’est d’abord son regard : il vous dévis­age, atten­tif. Car ­l’attention est l’une de ses grandes qual­ités. Il vous jauge, ce faisant. Puis, tout de suite et sans un mot, vous offre son ami­tié. Il restera fidèle à cette pre­mière intuition.

C’est un mod­este. Il ne se met jamais en avant. C’est un ­tra­vailleur aus­si, d’une grande effi­cac­ité. Il affec­tionne par­ti­c­ulière­ment le tra­vail en équipe.

Surtout, c’est un sage.

Agricole ou Populaire ?

Après la taupe au lycée du Parc, à Lyon, il inté­gra l’X en 3/2. Après sa sor­tie de l’École, il opta pour l’informatique et les métiers de la banque. La banque ? Il suiv­it le con­seil d’un ami de son père, car « on peut y exercer toutes sortes de métiers ».

Mais on lui con­seille aus­si de se for­mer en infor­ma­tique, car elle promet de révo­lu­tion­ner le méti­er de ban­quier. A pos­te­ri­ori, son choix de l’informatique n’a rien de sur­prenant, du fait de sa qual­ité d’attention ; et du soin qu’il met à tout tra­vail. Il entre donc chez IBM France, dans la divi­sion mil­i­taire. Il y restera de 1967 à 1970 seule­ment. En effet se crée alors CII, qui siphonne les marchés mil­i­taires d’IBM. De plus, le chef direct d’Hubert Jacquet est un fou.

En 1967, juste­ment, Serge Kampf avait créé Capgem­i­ni Sogeti à Greno­ble. Cette auda­cieuse start-up est fort atti­rante, c’est alors un groupe de copains : Hubert Jacquet opte pour s’y join­dre en 1970, dans divers­es fonc­tions de direc­tion. Ce n’est encore qu’une PME de 60–80 per­son­nes. Il la quit­tera en 1978, lorsqu’elle sera dev­enue une grosse boîte, d’environ 8 000 per­son­nes ; car il n’aime pas les gross­es structures.

De 1978 à 1982, il devient directeur « infor­ma­tique et ­organ­i­sa­tion » à la caisse régionale du Crédit Agri­cole Mutuel d’Île-de-France : le Crédit Agri­cole est con­sti­tué de mul­ti­ples caiss­es indépen­dantes, à taille humaine.

En décem­bre 1982, il rejoint les Ban­ques Pop­u­laires. Puis, en févri­er 1987, il retourne au Crédit Agri­cole, comme directeur adjoint chargé de la tech­nolo­gie et de la moné­tique. En mars 1991, Hubert Jacquet prend la direc­tion des affaires inter­na­tionales du Groupe­ment des cartes bancaires.

“L’attention est l’une
de ses grandes qualités.”

Coup de jeune pour la rédaction

Début 2008, la rédac­tion de La Jaune et la Rouge prend un coup de jeune, avec l’arrivée à sa tête de Jean-Marc Cha­banas, presque immé­di­ate­ment flan­qué d’Hubert Jacquet. Hubert restera donc douze ans dans ces nou­velles fonc­tions que, man­i­feste­ment, il ­affec­tionne. L’équipe est à taille humaine, comme il aime.

Le tra­vail a ses côtés ingrats, des dossiers prévus de longue date dont le coor­don­na­teur se défile au dernier moment, un ­défer­lement de langue de bois de la part d’auteurs d’articles que la haute fonc­tion publique a habitués à ce non-style. Mais ­Cha­banas est jovial et endurant, à ses côtés Jacquet s’installe peu à peu dans une fonc­tion où il excellera, lorsqu’à son tour il devien­dra ­rédac­teur en chef.

Hubert Jacquet, ou le calme fait homme. Le mod­este aus­si : je le revois, sur un quai de la sta­tion Saint-Michel, atten­dant le RER C pour ren­tr­er chez lui à Ver­sailles ; un Fran­cilien habitué des trans­ports en com­mun. Dans sa servi­ette, sans doute ­Auto-Mag­a­zine, dont il est friand. Et puis des textes à relire et éditer pour La J & R.

Ses loisirs, chez lui à Ver­sailles, ou dans sa mai­son de vacances, à Rasteau, dans le Vau­cluse : le bridge, avec des amis, il y est très fort. Et tailler ses rosiers.

Nous te souhaitons, cher Hubert, de cul­tiv­er ton jardin durant de longues années. Ce nous fut un bon­heur de tra­vailler avec toi !

Poster un commentaire