Hubert Jacquet (64) : le calme fait homme

Dossier : TrajectoiresMagazine N°751 Janvier 2020
Par Pierre LASZLO

C’est d’abord son regard : il vous dévi­sage, atten­tif. Car ­l’attention est l’une de ses grandes qua­li­tés. Il vous jauge, ce fai­sant. Puis, tout de suite et sans un mot, vous offre son ami­tié. Il res­te­ra fidèle à cette pre­mière intuition.

C’est un modeste. Il ne se met jamais en avant. C’est un ­tra­vailleur aus­si, d’une grande effi­ca­ci­té. Il affec­tionne par­ti­cu­liè­re­ment le tra­vail en équipe.

Sur­tout, c’est un sage.

Agricole ou Populaire ?

Après la taupe au lycée du Parc, à Lyon, il inté­gra l’X en 32. Après sa sor­tie de l’École, il opta pour l’informatique et les métiers de la banque. La banque ? Il sui­vit le conseil d’un ami de son père, car « on peut y exer­cer toutes sortes de métiers ».

Mais on lui conseille aus­si de se for­mer en infor­ma­tique, car elle pro­met de révo­lu­tion­ner le métier de ban­quier. A pos­te­rio­ri, son choix de l’informatique n’a rien de sur­pre­nant, du fait de sa qua­li­té d’attention ; et du soin qu’il met à tout tra­vail. Il entre donc chez IBM France, dans la divi­sion mili­taire. Il y res­te­ra de 1967 à 1970 seule­ment. En effet se crée alors CII, qui siphonne les mar­chés mili­taires d’IBM. De plus, le chef direct d’Hubert Jac­quet est un fou.

En 1967, jus­te­ment, Serge Kampf avait créé Cap­ge­mi­ni Soge­ti à Gre­noble. Cette auda­cieuse start-up est fort atti­rante, c’est alors un groupe de copains : Hubert Jac­quet opte pour s’y joindre en 1970, dans diverses fonc­tions de direc­tion. Ce n’est encore qu’une PME de 60–80 per­sonnes. Il la quit­te­ra en 1978, lorsqu’elle sera deve­nue une grosse boîte, d’environ 8 000 per­sonnes ; car il n’aime pas les grosses structures.

De 1978 à 1982, il devient direc­teur « infor­ma­tique et ­orga­ni­sa­tion » à la caisse régio­nale du Cré­dit Agri­cole Mutuel d’Île-de-France : le Cré­dit Agri­cole est consti­tué de mul­tiples caisses indé­pen­dantes, à taille humaine.

En décembre 1982, il rejoint les Banques Popu­laires. Puis, en février 1987, il retourne au Cré­dit Agri­cole, comme direc­teur adjoint char­gé de la tech­no­lo­gie et de la moné­tique. En mars 1991, Hubert Jac­quet prend la direc­tion des affaires inter­na­tio­nales du Grou­pe­ment des cartes bancaires.

“L’attention est l’une
de ses grandes qualités.”

Coup de jeune pour la rédaction

Début 2008, la rédac­tion de La Jaune et la Rouge prend un coup de jeune, avec l’arrivée à sa tête de Jean-Marc Cha­ba­nas, presque immé­dia­te­ment flan­qué d’Hubert Jac­quet. Hubert res­te­ra donc douze ans dans ces nou­velles fonc­tions que, mani­fes­te­ment, il ­affec­tionne. L’équipe est à taille humaine, comme il aime.

Le tra­vail a ses côtés ingrats, des dos­siers pré­vus de longue date dont le coor­don­na­teur se défile au der­nier moment, un ­défer­le­ment de langue de bois de la part d’auteurs d’articles que la haute fonc­tion publique a habi­tués à ce non-style. Mais ­Cha­ba­nas est jovial et endu­rant, à ses côtés Jac­quet s’installe peu à peu dans une fonc­tion où il excel­le­ra, lorsqu’à son tour il devien­dra ­rédac­teur en chef.

Hubert Jac­quet, ou le calme fait homme. Le modeste aus­si : je le revois, sur un quai de la sta­tion Saint-Michel, atten­dant le RER C pour ren­trer chez lui à Ver­sailles ; un Fran­ci­lien habi­tué des trans­ports en com­mun. Dans sa ser­viette, sans doute ­Auto-Maga­zine, dont il est friand. Et puis des textes à relire et édi­ter pour La J & R.

Ses loi­sirs, chez lui à Ver­sailles, ou dans sa mai­son de vacances, à Ras­teau, dans le Vau­cluse : le bridge, avec des amis, il y est très fort. Et tailler ses rosiers.

Nous te sou­hai­tons, cher Hubert, de culti­ver ton jar­din durant de longues années. Ce nous fut un bon­heur de tra­vailler avec toi !

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