Guy Yeung

Guy Yeung (X63) polynésien de naissance et de cœur

Dossier : TrajectoiresMagazine N°778 Octobre 2022Par Jean-François VIVIER (X63)

Décédé bru­tale­ment le same­di 30 avril 2022 à Papeete, Guy Yeung a été le pre­mier Polynésien admis à l’École poly­tech­nique. Fidèle à ses orig­ines, il a fait l’essentiel de sa car­rière dans les ser­vices polynésiens de l’aviation civile, où il a large­ment con­tribué à l’essor des activ­ités aériennes.

Né le jour de Noël 1942, Guy Yeung était issu d’une famille d’immigrants orig­i­naires de la région de Can­ton. Il a effec­tué ses études pri­maires en Polynésie et ses études sec­ondaires comme pen­sion­naire à Châteaulin. Élève de la pro­mo­tion 1963, je l’ai d’abord ren­con­tré sou­vent sur les tatamis des séances de judo, car nos car­rures réduites favori­saient un com­bat équilibré.

À la sor­tie de l’École, son classe­ment lui avait per­mis d’intégrer le corps des « Ingénieurs de la nav­i­ga­tion aéri­enne » alors peu nom­breux (ce corps pren­dra ultérieure­ment l’appellation « Ingénieurs de l’aviation civile » puis sera inté­gré dans le corps des Ponts et Chaussées). J’avais fait le même choix, et nous avions aus­si décidé de faire notre année mil­i­taire dans la Marine nationale. Cela nous don­na l’occasion de partager pen­dant trois mois une cham­bre à bord du vénérable cuirassé Riche­lieu, alors immo­bil­isé dans la petite rade de Brest. 

Nous nous sommes côtoyés à l’École nationale de l’aviation civile (Enac alors à Orly), où Guy a notam­ment présen­té après une mis­sion aux USA un mémoire de fin d’études sur les futurs sys­tèmes de satel­lites pour la nav­i­ga­tion aéri­enne, met­tant en évi­dence le poten­tiel d’un pro­jet alors futur­iste qui devien­dra quelques années plus tard le GPS.

De Marseille à Papeete

Les événe­ments de Mai 68 sont venus pimenter la fin des études et en août 1968 il obtient sa pre­mière affec­ta­tion à l’aéroport de Mar­seille-Marig­nane comme chef du ser­vice de l’exploitation aéro­por­tu­aire. Après un pas­sage par le Ser­vice des études économiques et du Plan du Secré­tari­at général à l’aviation civile, il obtient en 1972 une affec­ta­tion au Ser­vice d’État de l’aviation civile en Polynésie, où il effectuera tout le reste de sa car­rière, d’abord comme chef du ser­vice de la nav­i­ga­tion aéri­enne, puis directeur adjoint, et enfin directeur en 1979. Il tien­dra ce poste vingt-neuf ans, ce qui est tout à fait excep­tion­nel. Il prit sa retraite le 25 décem­bre 2008.

La durée très longue de son affec­ta­tion en Polynésie lui a per­mis de jouer un rôle essen­tiel dans le développe­ment de l’activité aéri­enne à l’intérieur de cet espace, dont les dimen­sions géo­graphiques sont équiv­a­lentes à celles de l’Europe et qui compte une cinquan­taine d’aéroports ayant un traf­ic sig­ni­fi­catif, dont les deux tiers un traf­ic commercial.

L’avion est sou­vent le seul moyen de liai­son avec Papeete pour toutes les activ­ités courantes, et le trans­port aérien inter­na­tion­al joue un rôle fon­da­men­tal dans le développe­ment de l’activité touris­tique qui con­stitue le cœur de l’économie du territoire.

Une forte implication dans la vie culturelle et sociale de Polynésie 

Il dis­po­sait d’une con­nais­sance très fine des tra­di­tions polynési­ennes et chi­nois­es, qui lui per­mit de gér­er avec beau­coup de diplo­matie les rela­tions avec les élus du ter­ri­toire et lui fut très utile pour men­er à bien des dossiers com­plex­es comme la con­struc­tion de la route de con­tourne­ment de l’aéroport de Faaa, et trois acci­dents d’avion de trans­port pub­lic dont deux ayant don­né lieu à une enquête judiciaire. 

Il a tou­jours été très impliqué dans l’action asso­cia­tive pour dévelop­per les liens entre Polynésiens exilés à Paris, quand il était étu­di­ant, et plus tard à Tahi­ti au sein de la com­mu­nauté d’origine chi­noise dont il prési­da deux asso­ci­a­tions cul­turelles. Il fut égale­ment très act­if au sein du Lions Club local.

Grand ama­teur de golf et de gas­tronomie chi­noise, il était aus­si très présent auprès de sa famille, de sa femme Flo­rence et de leurs deux enfants. 

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