FRANÇOIS KOSCIUSKO-MORIZET (60)

François KOSCIUSKO-MORIZET (60), un ingénieur de terrain aux multiples carrières

Dossier : TrajectoiresMagazine N°708 Octobre 2015Par : Jean CHAPON (48), ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées, ancien vice-président du conseil général des Ponts et Chaussées

François est né le 16 août 1940 à Paris. Son père, Jacques Kosciusko, Français descen­dant d’une grande famille polon­aise, a été un grand résis­tant, un haut fonc­tion­naire de l’État et un ambas­sadeur de France. Sa mère, Mar­i­anne Morizet, était pharmacienne.

C’est parce qu’il se sen­tait per­son­nelle­ment attiré par les activ­ités aux­quelles for­mait l’École poly­tech­nique qu’il a choisi de « faire cette École ».

“ Dès son entrée dans la vie active, François choisit d’exercer sur le terrain ”

Élève de la pro­mo­tion 1960, il est entré dans le Corps des Ponts et Chaussées.

Mais, déjà intéressé par les mis­sions « poli­tiques », François a égale­ment obtenu un diplôme de l’Institut d’études poli­tiques de Paris. Il a ajouté à son bagage une licence ès sciences.

Sur le terrain des Ponts et Chaussées

Dès sa sor­tie de l’École nationale des ponts et chaussées en 1965, François choisit d’exercer dans des ser­vices extérieurs du min­istère de l’Équipement « sur le ter­rain, près des hommes et des choses », dans des postes en région parisi­enne où il s’occupe aus­si bien d’infrastructures que d’urbanisme.

Dans les cabinets ministériels

Nom­mé directeur de cab­i­net d’Albin Cha­lan­don, min­istre de l’Équipement, en 1971, j’ai pen­sé au jeune poly­tech­ni­cien que j’avais hébergé à Rouen et dont je savais la qual­ité de son activ­ité sur le ter­rain. Je lui ai donc pro­posé de rejoin­dre notre équipe où il s’occuperait prin­ci­pale­ment d’économie.

AU SERVICE DU SPORT

François Kosciusko-Morizet est président du Stade français de 1981 à 1995. Son engagement pour le sport et son sens du service public lui valent en 1993 le mandat de délégué interministériel de la Coupe du monde de football.

François s’impliqua très effi­cace­ment dans cette activ­ité nou­velle pour lui mais où il pou­vait met­tre à prof­it ce qu’il avait appris pen­dant sa sco­lar­ité et surtout sur le terrain.

La qual­ité de son tra­vail de con­seiller tech­nique était d’une telle évi­dence qu’Olivier Guichard, suc­cesseur d’Albin Cha­lan­don, lui pro­posa de la pour­suiv­re dans son cab­i­net. Robert Gal­ley en fit autant, si bien que François servit les trois min­istres de 1971 à 1976.

C’est alors qu’il déci­da de retourn­er sur le ter­rain pour y exercer les respon­s­abil­ités les plus opéra­tionnelles en tant que directeur de l’Équipement du Loiret de 1976 à 1978.

Entre administration de l’État et secteur privé

Dès 1978, François est appelé à exercer de hautes respon­s­abil­ités dans l’administration cen­trale du min­istère de l’Industrie, comme directeur de la qual­ité et de la sécu­rité indus­trielle et com­mis­saire à la nor­mal­i­sa­tion, puis en 1982 comme directeur adjoint au directeur général de l’Industrie.

AU BAL DE LA CROIX-ROUGE

C’est lorsqu’il était élève de l’École polytechnique que nous nous sommes connus. J’étais ingénieur au port de Rouen. Les organisateurs rouennais du bal de la Croix-Rouge avaient invité des « polytechniciens en GU », demandant aux anciens résidant dans la région de bien vouloir les héberger.
François fut mon hôte. J’ai apprécié d’emblée sa riche personnalité, marquée par une grande vivacité d’esprit mais aussi sa simplicité et sa gentillesse.

En 1983, il se tourne vers le secteur privé : directeur au secteur inter­na­tion­al de Fram­atome, directeur général de Tech­nip, directeur du développe­ment du groupe d’ingénierie Setec, et enfin directeur général de la Fon­cière des Champs-Élysées Pro­mo­tion (banque Suez). Autant d’activités où il met en œuvre les con­nais­sances acquis­es au cours de ses man­dats du secteur public.

En 1995, François revient à l’administration de l’Équipement comme mem­bre per­ma­nent de la 4e sec­tion (affaires économiques) et du col­lège des spé­cial­ités mar­itimes au con­seil général des Ponts et Chaussées : il est à ce titre, de 1995 à 2004, com­mis­saire du gou­verne­ment auprès des Ports autonomes de Paris, Rouen et Le Havre.

Il est égale­ment, depuis 2003, prési­dent de la com­mis­sion inter­min­istérielle de la qual­ité des con­struc­tions publiques – organe ayant un statut par­ti­c­uli­er sous l’autorité d’un direc­toire con­sti­tué par plusieurs min­istères con­cernés par les con­struc­tions publiques. François sait coor­don­ner, impulser et informer, en liai­son étroite avec les admin­is­tra­tions de l’État, des col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales et des étab­lisse­ments publics.

Un engagement politique

RÉCOMPENSES

L’engagement de François Kosciusko- Morizet dans ses mandats professionnels et politiques a été récompensé par de hautes décorations : une croix d’officier de la Légion d’honneur, une croix de commandeur de l’Ordre national du mérite, sans oublier la Médaille d’or de la Jeunesse et des Sports que lui a valu son engagement au service du sport.

En 2006, François Kosciusko-Morizet, ingénieur général du nou­veau Corps des ponts, des eaux et des forêts, atteint l’âge de la retraite dans la fonc­tion publique d’État, mais il pour­suit d’importantes activ­ités d’élu local.

Con­seiller munic­i­pal depuis 1989 de la ville de Sèvres où il résidait depuis longtemps, il en est devenu maire en 1995, exerçant ce man­dat jusqu’en 2014, date à laque­lle son état de san­té lui a inter­dit de renou­vel­er sa candidature.

Il a été con­seiller région­al d’Île-de-France de 2004 à 2006 ; puis con­seiller départe­men­tal des Hauts-de-Seine depuis 2006 et, depuis 2008, vice-prési­dent du con­seil général de ce département.

Assurer l’équilibre

Le rap­pel des « car­rières » de François Kosciusko-Morizet ne saurait omet­tre le con­stant équili­bre qu’il a su con­serv­er entre les dif­férentes respon­s­abil­ités qu’il a exer­cées par­fois simul­tané­ment, sans jamais sac­ri­fi­er ses devoirs du temps présent à la recherche d’un quel­conque avan­tage per­son­nel, pro­fes­sion­nel ou politique.

“ Il n’a jamais sacrifié ses devoirs du temps présent à la recherche d’un quelconque avantage ”

Son épouse Béné­dicte et lui-même ont tou­jours con­sti­tué un ménage d’une solid­ité sans faille, fondé sur la plus sincère et pro­fonde affec­tion. Ils ont su met­tre leurs qua­tre enfants (Car­o­line, Nathalie, Pierre et Éti­enne) sur la « bonne voie » et ces derniers ont su combler leurs par­ents. Leur bon­heur aurait été vrai­ment com­plet s’ils n’avaient pas été frap­pés par le départ pré­maturé d’Étienne, à l’âge de 25 ans.

REMETTRE À FLOT LE MONT-SAINT-MICHEL

À la demande du Premier ministre, François Kosciusko-Morizet a été chargé du rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Il a donné un nouvel élan à ce projet (enfin passé au stade de la réalisation) en conjuguant le développement touristique avec le nécessaire respect de l’urbanisme et de l’environnement d’un site exceptionnel.

Cette volon­té et cette capac­ité d’assurer l’équilibre, François a su les met­tre effi­cace­ment en œuvre dans l’exercice de ses mis­sions pro­fes­sion­nelles et de ses man­dats poli­tiques : il était encore en activ­ité dans l’entreprise privée puis au con­seil général des Ponts et Chaussées lorsqu’il s’est engagé au ser­vice de la com­mune de Sèvres et du départe­ment des Hauts-de-Seine. Il a tou­jours su faire l’effort néces­saire et con­sacr­er le temps qu’il fal­lait pour exé­cuter pleine­ment et bril­lam­ment toutes ses mis­sions et man­dats, sans man­quer à ses respon­s­abil­ités familiales.

François nous a quit­tés le 4 août dernier après avoir lut­té pen­dant près de deux ans con­tre les con­séquences d’un grave acci­dent vas­cu­laire cérébral, subi le 23 novem­bre 2013.

Une lutte con­duite avec le courage et la volon­té qui le car­ac­téri­saient. Il pour­rait dire, comme Voltaire : « J’ai fait un peu de bien, c’est mon meilleur ouvrage. » En réal­ité, c’est beau­coup de bien qu’il a fait durant toute sa vie.

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