Flamanville 3, un chantier majeur pour préparer l’avenir

Dossier : L'électricité nucléaireMagazine N°643 Mars 2009
Par Bernard SALHA (X81)

Depuis le 3 décem­bre 2007, avec le coulage du pre­mier béton du réac­teur EPR de Fla­manville 3, le Cotentin est le théâtre d’un chantier d’une ampleur excep­tion­nelle en France. Plus de 1 500 per­son­nes s’ac­tivent quo­ti­di­en­nement sur le site de Fla­manville dans la Manche, pour don­ner forme à ce futur réac­teur nucléaire de troisième génération.

REPÈRES
EDF exploite 58 réac­teurs nucléaires depuis plus de vingt-cinq ans. Elle a conçu et réalise un réac­teur EPR de nou­velle généra­tion avec Fla­manville 3.

Un site en bord de mer

Le chantier bat son plein aujour­d’hui avec les radiers des prin­ci­paux bâti­ments qui sont ter­minés et les pre­miers murs qui com­men­cent à être con­stru­its au rythme des trois cen­trales à béton qui tour­nent à plein régime sur le site.

Inté­gr­er la com­pé­tence des con­struc­teurs et l’expérience des exploitants

Au total, ce sont plus de 400 000 m³ de béton qui seront néces­saires pour con­stru­ire ce réac­teur évo­lu­tion­naire dont les per­for­mances tech­niques et envi­ron­nemen­tales sont encore supérieures à ses prédécesseurs actuelle­ment en exploita­tion dans le monde, les réac­teurs à eau pres­surisée ou REP (PWR pour les Anglo-Saxons).

EDF, archi­tecte ensem­bli­er pour la réal­i­sa­tion de l’ou­vrage, a choisi ce site nor­mand pour des raisons tech­niques : c’est un site en bord de mer qui rend plus aisée la réal­i­sa­tion d’un pre­mier exem­plaire de réac­teur nucléaire et son implan­ta­tion sur des ter­rains dont EDF est déjà pro­prié­taire en sim­pli­fie les autori­sa­tions admin­is­tra­tives. De plus, la région s’est mon­trée très pos­i­tive­ment intéressée pour accueil­lir ce chantier et accom­pa­g­n­er sa réus­site sur le territoire.

Des enjeux cruciaux
La sécu­rité d’ap­pro­vi­sion­nement du pays, en inté­grant les con­traintes dues au change­ment cli­ma­tique et la néces­sité de pro­duire de l’élec­tric­ité sans émis­sion de CO2, con­duit à pré­par­er dès aujour­d’hui la con­struc­tion de nou­veaux réac­teurs nucléaires.
Par ailleurs, la réal­i­sa­tion d’une cen­trale nucléaire est un pro­jet de longue haleine puisque près de cinq ans sont néces­saires à sa con­struc­tion pro­pre­ment dite, sans oubli­er env­i­ron trois ans de procé­dures de con­cer­ta­tion et de deman­des d’au­tori­sa­tions administratives.

Le réac­teur EPR, de con­cep­tion fran­co-alle­mande, a été conçu dans les années 1990 sur la base de plus de 1 300 années réac­teurs de retour d’ex­péri­ence entre les fil­ières français­es à eau pres­surisée (les 58 réac­teurs du parc nucléaire EDF en France) et en par­ti­c­uli­er le dernier palier mis en ser­vice, les réac­teurs dits N4, et la fil­ière alle­mande avec le Konvoi.

L’ob­jec­tif de ce pro­jet de réac­teur de troisième généra­tion était de con­cevoir un réac­teur qui, en inté­grant toute la con­nais­sance des con­struc­teurs et exploitants français et alle­mands, offrirait les meilleures per­for­mances en matière de com­péti­tiv­ité, de sûreté et réduirait au min­i­mum son impact sur l’environnement. 

Une phase de concertation

Fla­manville 3 a fait l’ob­jet, entre octo­bre 2005 et févri­er 2006, d’un débat pub­lic con­for­mé­ment à la régle­men­ta­tion en matière de démoc­ra­tie de prox­im­ité et d’amé­nage­ment du ter­ri­toire (loi Barnier de 1995 et loi Démoc­ra­tie de prox­im­ité de 2002).

Les emplois du ” Grand chantier ”
Plus de 2 500 emplois sur le chantier, 300 emplois pérennes ensuite pour son exploita­tion pen­dant soix­ante ans… autant d’en­jeux partagés avec les acteurs économiques et poli­tiques de la région au sein d’un pro­gramme coor­don­né par l’É­tat appelé ” Grand chantier “.

Durant ces qua­tre mois, une ving­taine de réu­nions publiques ont été organ­isées dans les prin­ci­pales villes de France pour expli­quer le pro­jet, ses raisons et ses con­séquences et surtout écouter les inter­ro­ga­tions du pub­lic et ten­ter de répon­dre aux quelque 1 000 ques­tions qui ont été posées par plus de 4 000 participants.

EDF a tiré une expéri­ence très riche de ce débat pub­lic, prenant, à son issue, des engage­ments forts en matière de trans­parence sur la réal­i­sa­tion même du pro­jet et sur les per­for­mances tech­niques du réac­teur, mais égale­ment en prenant con­science de la néces­sité de bâtir un véri­ta­ble pro­jet avec le ter­ri­toire du Cotentin en matière d’emplois et d’in­ser­tion économique et sociale.


Vue générale ouest-est du chantier en octo­bre 2008.

Cohérence avec le territoire avec 40% de main d’oeuvre locale

Favoris­er l’emploi local et l’insertion des per­son­nes en difficulté

En coopéra­tion avec les col­lec­tiv­ités locales, les ser­vices publics de l’emploi et de la for­ma­tion, le chantier de con­struc­tion de Fla­manville 3 béné­fi­cie au max­i­mum à la région et à ses habi­tants. Les prin­ci­paux con­trats ont été con­clus avec les four­nisseurs en inté­grant des claus­es par­ti­c­ulières pour favoris­er l’emploi local et l’in­ser­tion des per­son­nes en dif­fi­culté : Bouygues, sur le con­trat de génie civ­il prin­ci­pal, qui représente près de la moitié de la main-d’oeu­vre du chantier, s’est engagé sur 40 % de main-d’oeu­vre locale et près de 5 % d’emplois réservés à des per­son­nes en dif­fi­culté. Ain­si, avec des opéra­tions telles que le ” Bus de l’emploi “, en coopéra­tion avec l’ANPE et le Con­seil général de la Manche, ce sont plus de 400 habi­tants de la région qui ont ain­si été recrutés, for­més et employés sur le chantier de Fla­manville 3. Une démarche équiv­a­lente est lancée pour les métiers de l’élec­tromé­canique qui débuteront leurs activ­ités sur le chantier en 2009.

Un creuset de compétences

La con­struc­tion de Fla­manville 3 est effec­tive­ment une oppor­tu­nité pour toute la fil­ière nucléaire française de démon­tr­er et de con­solid­er son savoir-faire. Ain­si, les four­nisseurs ont pu se posi­tion­ner sur près de 150 con­trats rel­a­tive­ment impor­tants, leur con­férant une véri­ta­ble respon­s­abil­ité indus­trielle sur le chantier.

Par ailleurs, les enjeux sont de taille en matière de com­pé­tences dans un con­texte de renou­velle­ment des salariés avec les nom­breux départs à la retraite et le renou­veau du nucléaire dans le monde qui amène de nom­breux pays à se tourn­er vers ceux qui pos­sè­dent déjà ces com­pé­tences d’ingénierie nucléaire.

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