Centre nucléaire du Bugey : la salle de contrôle avant Three Mile Island.

Faut-il des surdoués pour exploiter les centrales nucléaires ?

Dossier : Le dossier nucléaireMagazine N°569 Novembre 2001
Par Laurent STRICKER

Les deux acci­dents — en fait les deux seuls cas réelle­ment acci­den­tels qui se soient pro­duits dans le nucléaire civ­il, une fois passés les temps héroïques — mon­trent du doigt l’ex­ploitant et dis­ent le rôle incon­tourn­able de l’homme dans la con­duite des cen­trales. Sans doute celles-ci sont-elles bardées d’au­toma­tismes de sécu­rité qui lim­i­tent et peu­vent même annuler les con­séquences de l’er­reur humaine. Mais aucun con­cep­teur ne s’est résolu à met­tre sur le marché une instal­la­tion entière­ment automa­tique, une instal­la­tion qui serait réelle­ment ” fool­proof “. Est-ce d’ailleurs possible ?

Une cen­trale nucléaire ne saurait donc être jugée sûre indépen­dam­ment de son équipe d’ex­ploita­tion. C’est la com­bi­nai­son d’un matériel conçu suiv­ant les critères rigoureux de la sûreté et d’un per­son­nel con­ven­able­ment qual­i­fié qui per­met de dire qu’une cen­trale fonc­tionne de façon sûre. C’est l’ensem­ble que doit con­trôler l’au­torité de sûreté et c’est une des raisons pour lesquelles elle con­serve le droit d’en stop­per à tout instant le fonctionnement.

Il est donc essen­tiel de con­fi­er les cen­trales nucléaires à un per­son­nel haute­ment qual­i­fié, sachant bien sûr tra­vailler en équipe, com­prenant le fonc­tion­nement de son instal­la­tion, à la fois en con­di­tions nor­males et en con­di­tions acci­den­telles, et apte à réa­gir cor­recte­ment, y com­pris à qua­tre heures du matin, après une longue péri­ode de calme plat, sans être tétanisé par la per­spec­tive de se trou­ver impliqué juridique­ment et per­son­nelle­ment dans une cat­a­stro­phe de grande ampleur. Il est essen­tiel aus­si de faire en sorte qu’à tout instant l’ex­ploitant soit con­va­in­cu que la con­signe qu’il doit appli­quer, c’est de faire pass­er la sécu­rité avant tout autre impératif. Ne pas le faire, ne pas le réus­sir serait con­damn­er le nucléaire à dis­paraître à terme rapproché.

Ne dou­tons pas que cette néces­sité n’ait été déjà présente dans l’e­sprit des pio­nniers du nucléaire. Mais ce qui n’é­tait alors qu’une sim­ple exi­gence de qual­ité est devenu au fil du temps, et en fonc­tion de l’ex­péri­ence, une véri­ta­ble dis­ci­pline, per­me­t­tant d’as­sur­er et de con­trôler la très haute qual­ité des exploitants nucléaires. Et ceci, puisque rien n’est jamais acquis de façon défini­tive en matière de qual­ités humaines, tout au long de leur vie pro­fes­sion­nelle. En par­ti­c­uli­er les événe­ments de 1979 et 1986 ont été suiv­is d’une prise de con­science générale de la néces­sité d’aller encore plus loin dans la cul­ture de sûreté, et surtout de l’im­pératif de hiss­er cette cul­ture de sûreté à un niveau suff­isant, partout dans le monde, là où il y a des cen­trales en exploitation.

Le fait que non seule­ment, il n’y ait plus eu, nulle part dans le monde, depuis quinze ans, d’ac­ci­dent réelle­ment sérieux, même bien inférieur à ce qui s’est passé en Ukraine, mais que, pen­dant la même péri­ode, le nom­bre de ce que l’on appelle des ” événe­ments sig­ni­fi­cat­ifs “, des précurseurs en quelque sorte, ait dimin­ué de façon con­stante (voir l’ar­ti­cle de Pierre Tan­guy à pro­pos de l’échelle de grav­ité) mon­tre que les efforts faits ont payé. Il en est résulté par ailleurs des amélio­ra­tions de la disponi­bil­ité des cen­trales tout à fait impor­tantes dans de nom­breux pays, comme par exem­ple les États-Unis ; tant il est vrai que sûreté et disponi­bil­ité ne sont pas en oppo­si­tion l’une avec l’autre. Cela n’a pas été assez dit, peut-être tout sim­ple­ment parce que c’est une bonne nou­velle, le parc nucléaire a atteint aujour­d’hui une matu­rité en ter­mes de sûreté et de disponi­bil­ité, dis­ons glob­ale­ment en ter­mes de per­for­mances, sans com­mune mesure avec ce qu’il était il y a seule­ment dix ans. Et cela, nous le devons essen­tielle­ment à nos exploitants.

Le démarrage du parc nucléaire français

Après la généra­tion des cen­trales ura­ni­um naturel graphite gaz (UNGG), nées du pro­gramme mil­i­taire, le gou­verne­ment Mess­mer décide au lende­main du pre­mier choc pétroli­er de 1973 le lance­ment de l’équipement du pays en cen­trales de grande puis­sance. Le choix se porte rapi­de­ment, dès 1975, sur une fil­ière unique, celle des réac­teurs à eau sous pres­sion (REP), elle aus­si issue de pro­grammes mil­i­taires d’équipements en sous-marins à propul­sion nucléaire, mais qui s’est déjà dévelop­pée ” civile­ment “, notam­ment aux États-Unis. La fil­ière à eau bouil­lante, alter­na­tive pos­si­ble, est rapi­de­ment aban­don­née au prof­it d’un parc stan­dard­isé. Ce pro­gramme aujour­d’hui réal­isé fait la puis­sance, dans toute l’ac­cep­tion du terme, du parc de pro­duc­tion nucléaire français avec 58 réac­teurs en ser­vice total­isant 63 000 mégawatts.

La rapid­ité du rythme d’en­gage­ment et de con­struc­tion (jusqu’à 6 tranch­es par an au milieu des années qua­tre-vingt) a obligé à relever plusieurs défis : bien sûr celui des out­ils indus­triels capa­bles d’aboutir en quinze ans à une refonte com­plète de notre parc de pro­duc­tion d’élec­tric­ité, celui de la stan­dard­i­s­a­tion, qui n’é­tait pas dans la cul­ture de l’en­tre­prise et qui a donc néces­sité une volon­té sans faille, celui de la mise en place des capac­ités tech­niques et indus­trielles pour l’ensem­ble du cycle du com­bustible, mais aus­si et peut-être surtout, celui de la créa­tion et de la for­ma­tion d’équipes d’ex­ploita­tion adap­tées aux exi­gences de la nou­velle tech­nique. Oui, il appa­raît bien rétro­spec­tive­ment que le plus grand défi à relever était celui de l’humain.

Ce défi humain était énorme, néces­si­tant au fur et à mesure de la mise en ser­vice des paliers suc­ces­sifs des embauch­es mas­sives et des réaf­fec­ta­tions de per­son­nel provenant des instal­la­tions de pro­duc­tion con­ven­tion­nelles à char­bon et à fioul déclassées. Mal­gré ces réaf­fec­ta­tions, le Ser­vice de la pro­duc­tion ther­mique (SPT), ser­vice en charge de l’ex­ploita­tion de l’ensem­ble des cen­trales ther­miques, y com­pris le nucléaire, passe de 10 500 à 23 300 per­son­nes entre 1975 et 1985. Le parc actuel a ain­si été démar­ré par un per­son­nel très jeune (la moyenne d’âge dans les cen­trales en démar­rage était inférieure à trente ans) peu ou pas expéri­men­té, mais ent­hou­si­aste et volontaire.

Il était clair pour les respon­s­ables de l’époque qu’une telle muta­tion ne pou­vait réus­sir qu’en y asso­ciant un pro­gramme absol­u­ment con­sid­érable de for­ma­tion : for­ma­tion au proces­sus et à l’ex­ploita­tion pro­pre­ment dite, for­ma­tion à la radio­pro­tec­tion, for­ma­tion à la sûreté nucléaire. Notons-le au pas­sage : si cet enjeu était con­sid­érable, le suc­cès en fut grande­ment facil­ité par la stan­dard­i­s­a­tion du parc autour d’une fil­ière unique. Au cours des années de démar­rage, chaque unité fut l’é­cole des exploitants des unités suiv­antes, le retour d’ex­péri­ence fut glob­al, les exploitants purent pass­er d’une unité à une autre sans dif­fi­culté d’ac­cli­mata­tion. Sur ce plan aus­si, le choix de 1975 fut le bon choix.

Un outil privilégié : le simulateur

Out­re les cours et travaux pra­tiques adap­tés à ces dif­férentes for­ma­tions, l’outil priv­ilégié fut dès l’o­rig­ine le sim­u­la­teur. En réal­ité plusieurs sortes de sim­u­la­teurs, cer­tains repro­duisant et per­me­t­tant de mieux com­pren­dre les proces­sus physiques en cause, d’autres repro­duisant les out­ils de con­duite de façon plus ou moins com­plète et met­tant les exploitants ” en sit­u­a­tion “. Dès le lance­ment du pro­gramme furent prévus des sim­u­la­teurs dits ” pleine échelle “, l’un pour les unités de 900 MW au Bugey, l’autre pour les 1 300 MW à Paluel.


Cen­tre nucléaire de pro­duc­tion d’électricité du Bugey la salle de con­trôle avant TMI.

L’usage de ces sim­u­la­teurs s’in­spi­ra très large­ment de l’ex­péri­ence acquise par les avi­a­teurs avec qui des liens étroits furent tis­sés. Il est clair qu’au cours des péri­odes passées sur sim­u­la­teurs, les exploitants vivent leur pro­pre méti­er, peu­vent analyser leurs défi­ciences et en tir­er les leçons. Alors qu’heureuse­ment, par la sim­ple loi des prob­a­bil­ités, la plu­part d’en­tre eux ne con­naîtront jamais les affres d’un inci­dent sérieux, ils peu­vent en ” virtuel ” en vivre le déroule­ment et tester leurs réac­tions sur le sim­u­la­teur. Enfin, last but not least, ils réagis­sent en équipe aus­si bien qu’in­di­vidu­elle­ment : aujour­d’hui la for­ma­tion en équipe de quart est large­ment priv­ilégiée par rap­port à la for­ma­tion individuelle.

C’est au beau milieu de la mise en place de ces for­ma­tions que nous parv­in­rent, à par­tir de mars 1979, les échos de l’ac­ci­dent de la cen­trale de Three Mile Island. Si cet acci­dent ne remet pas en cause la tech­nolo­gie REP puisqu’au con­traire il est la démon­stra­tion de la per­ti­nence des mesures de sûreté pris­es sur ce type de cen­trale, il est à l’o­rig­ine d’un énorme retour d’ex­péri­ence, con­nu sous le nom ” d’ac­tions post-TMI “.

L’im­por­tance de la for­ma­tion, avec en par­ti­c­uli­er la con­nais­sance du procédé et sa com­préhen­sion en temps réel, est alors con­fir­mée. Les sim­u­la­teurs sont per­fec­tion­nés pour per­me­t­tre la sim­u­la­tion de phas­es acci­den­telles de plus en plus poussées et ce dans toutes les con­fig­u­ra­tions d’ex­ploita­tion. Par exem­ple, c’est à par­tir de cette époque que le per­son­nel est entraîné à la perte totale ou par­tielle des ali­men­ta­tions élec­triques (événe­ment bien sûr très rare mais qui vient juste­ment de se pro­duire à la cen­trale de Maan­shan à Tai­wan en mars 2001).

Répar­ti­tion des 12 sim­u­la­teurs en pleine échelle d’EDF
Sites Simulateurs Type
Bugey 4 (dont 3 de 900 MW et 1 de 1300 MW)
Cattenon 1 1 300 MW
Chinon 2 900 MW
Chooz 1 1 450 MW
Fessenheim 1 900 MW
Gravelines 1 900 MW
Paluel 2 1 300 MW

De même un énorme tra­vail est entre­pris sur l’in­ter­face homme-machine afin de per­me­t­tre à l’opéra­teur d’avoir une meilleure vue de l’é­tat réel de l’in­stal­la­tion, y com­pris en phase acci­den­telle avec notam­ment la mesure physique de l’in­ven­taire en eau dans la cuve en cas de brèche pri­maire. Et c’est aus­si sur sim­u­la­teur que sont testées les amélio­ra­tions apportées jour après jour aux tableaux de con­trôle et de com­mande des instal­la­tions. Plus tard, quand sera prise la déci­sion d’équiper les cen­trales du palier N4 de com­man­des entière­ment infor­ma­tisées, l’ensem­ble des équipements cor­re­spon­dants seront con­sti­tués en un grand sim­u­la­teur que les opéra­teurs vien­dront tester sur une péri­ode de plus de deux ans. De même l’amélio­ra­tion jour après jour des procé­dures de con­duite, élé­ment essen­tiel de la rigueur et de la traça­bil­ité de l’ex­ploita­tion, sera testée sur sim­u­la­teur avant de l’être ” in vivo “.

En ce qui con­cerne la for­ma­tion néces­saire pour pilot­er une cen­trale nucléaire, le cur­sus de pro­fes­sion­nal­i­sa­tion d’un jeune tech­ni­cien tit­u­laire d’un bac + 2 com­prend trois grandes étapes que sont la for­ma­tion au méti­er de tech­ni­cien d’ex­ploita­tion, l’ex­er­ci­ce du méti­er de tech­ni­cien d’ex­ploita­tion, la for­ma­tion au méti­er d’opérateur.

La formation au métier de technicien d’exploitation

Il s’ag­it d’un proces­sus qui s’é­tale sur env­i­ron seize mois et qui alterne des apports théoriques sur la descrip­tion et le fonc­tion­nement des dif­férents cir­cuits com­posant la cen­trale nucléaire, des apports pra­tiques sur la visu­al­i­sa­tion des matériels et leur fonc­tion­nement, des péri­odes de com­pagnon­nage avec un agent habil­ité pour l’ap­pren­tis­sage des gestes pro­fes­sion­nels. Cette pre­mière étape débouche sur l’ha­bil­i­ta­tion ” tech­ni­cien d’ex­ploita­tion ” au terme d’une éval­u­a­tion des com­pé­tences acquises.

L’exercice du métier de technicien d’exploitation

Cette étape dure de douze à trente mois en fonc­tion des com­pé­tences mis­es en œuvre et des oppor­tu­nités de for­ma­tion pro­gram­mées. L’ex­er­ci­ce du méti­er de tech­ni­cien d’ex­ploita­tion est une étape néces­saire dans l’ap­pro­pri­a­tion et l’ap­pro­fondisse­ment des com­pé­tences de ” ter­rain ” qui sont néces­saires à l’ac­qui­si­tion des com­pé­tences de pilotage depuis la salle de com­mande centralisée.

La formation au métier d’opérateur

Elle s’é­tale sur env­i­ron dix-huit mois, elle com­prend une par­tie théorique et une par­tie pra­tique sur sim­u­la­teur qui se réalisent en alter­nance avec des péri­odes d’ob­ser­va­tion et de com­pagnon­nage en salle de commande.

Centre nucléaire de Cruas : la salle de contrôle après Three Mile Island.
Cen­tre nucléaire de pro­duc­tion d’électricité de Cruas : la salle de con­trôle après TMI.

La par­tie théorique est cen­trée sur le fonc­tion­nement et l’in­ter­dépen­dance des cir­cuits, sur la com­préhen­sion des phénomènes physiques qui ont lieu dans le réac­teur et sur la sûreté des instal­la­tions. Elle est réal­isée en alter­nance avec des immer­sions dans une équipe de con­duite pour observ­er et appro­fondir le rôle et les actions des opéra­teurs en salle de commande.

La par­tie pra­tique se réalise sur dif­férents types de sim­u­la­teurs afin de per­me­t­tre une pro­gres­sion dans l’ac­qui­si­tion et la struc­tura­tion des com­pé­tences. Les sim­u­la­teurs util­isés sont d’abord des sim­u­la­teurs qui mod­élisent dif­férentes par­ties de l’in­stal­la­tion (le réac­teur, le cir­cuit pri­maire, le groupe tur­bo-alter­na­teur) puis un sim­u­la­teur d’ensem­ble (dont la salle de com­mande est iden­tique à la réal­ité) sur lequel sont dévelop­pés dif­férents mod­ules de fonc­tion­nement nor­mal (deux semaines), de fonc­tion­nement inci­den­tel (deux semaines), de fonc­tion­nement acci­den­tel (deux semaines) et de perte des sources élec­triques (deux semaines). Ces mod­ules sont réal­isés en alter­nance avec une for­ma­tion par com­pagnon­nage d’un opéra­teur exerçant son méti­er en salle de com­mande. Cette étape débouche sur l’ha­bil­i­ta­tion ” opéra­teur ” suite à l’é­val­u­a­tion des com­pé­tences acquises.

Ensuite, l’en­tre­tien des con­nais­sances des opéra­teurs est réal­isé au tra­vers de deux semaines de for­ma­tion annuelle sur sim­u­la­teur d’ensem­ble et de qua­tre semaines de for­ma­tion locale structurée.

Le retour d’expérience

L’im­por­tance don­née à la sim­u­la­tion ne doit pas nous faire oubli­er un autre out­il con­tribuant à l’amélio­ra­tion de l’ex­ploita­tion : le retour d’expérience.

L’analyse sys­té­ma­tique de toute anom­alie, si min­ime soit-elle, est pra­tiquée sys­té­ma­tique­ment tant au niveau local qu’au niveau nation­al après collationnement.

La pre­mière phase de cette analyse n’en est pas la moin­dre ; c’est celle qui con­siste à com­pren­dre en pro­fondeur ce qui s’est passé, à décou­vrir ce que les Anglo-Sax­ons appel­lent les ” root caus­es ” de l’in­ci­dent. Une autre phase n’est pas moins enrichissante : celle qui con­siste à met­tre cette analyse en ter­mes facile­ment trans­mis­si­bles aux col­lègues des autres centrales.

Cette analyse a con­duit dans le passé à mod­i­fi­er bien des matériels, mais aus­si des procé­dures, des pro­grammes de for­ma­tion, etc.

La ges­tion de ces mod­i­fi­ca­tions au niveau d’un parc stan­dard­isé n’est pas une mince affaire ; c’est pour­tant une néces­sité, si l’on veut garder les avan­tages de la stan­dard­i­s­a­tion ; c’est pourquoi, alors que l’idée de base est bien que l’analyse et le retour d’ex­péri­ence doivent d’abord se faire sur le ter­rain, il est apparu rapi­de­ment indis­pens­able qu’un organe cen­tral gère ces évo­lu­tions de façon coor­don­née sur l’ensem­ble du parc.

Un autre exem­ple, directe­ment dérivé du pro­gramme post-TMI et de notre pro­pre retour d’ex­péri­ence, a été la déci­sion prise en 1982 de dou­bler l’analyse de chaque sit­u­a­tion per­tur­bée grâce à la mise en place d’un ingénieur sûreté-radio­pro­tec­tion util­isant une méthode indépen­dante de celle de l’équipe de quart en charge de la con­duite de l’installation.

Ain­si le con­cept de défense en pro­fondeur se retrou­ve tant sur le plan tech­nique (la redon­dance des voies de sauve­g­arde) que sur les plans humain (la dou­ble analyse) et organ­i­sa­tion­nel (dou­bles procé­dures accidentelles).

Une maintenance de qualité

Une poli­tique de qual­ité, cela sig­ni­fie entre autres : pré­pa­ra­tion rigoureuse des tâch­es, redon­dance des exper­tis­es, traça­bil­ité des actions effec­tuées, trans­mis­sion des infor­ma­tions partout où elles sont néces­saires. Et ceci doit s’ap­pli­quer dans l’ensem­ble des fonc­tions de l’ex­ploita­tion. La main­te­nance se doit d’être en tous ces domaines au même niveau que la con­duite. C’est la con­di­tion pour que soient évitées les con­séquences fâcheuses, par­fois observées dans le passé, de main­te­nances mal gérées, sur la suite de l’exploitation.

La main­te­nance des cen­trales nucléaires par­ticipe de manière déter­mi­nante à l’at­teinte des objec­tifs de per­for­mance du parc, en matière de sûreté, disponi­bil­ité, coûts, radio­pro­tec­tion, durée de vie. Elle se car­ac­térise par :

  • un niveau d’ac­tiv­ités de main­te­nance (1,2 mil­liard d’eu­ros) et de mod­i­fi­ca­tions d’in­stal­la­tions à hau­teur totale d’en­v­i­ron 1,8 mil­liard d’eu­ros en 2000, dont 1,2 mil­liard d’eu­ros sont exter­nal­isés, avec 20 000 prestataires,
  • une répar­ti­tion deux tiers, un tiers entre main­te­nance préven­tive sys­té­ma­tique et corrective.

Les grands axes de la poli­tique tech­nique con­sis­tent en :

  • une évo­lu­tion, en cours de mise en œuvre sur les sites de pro­duc­tion, d’une main­te­nance opti­misée tirée par les per­for­mances, val­orisant à la fois l’ex­ploita­tion d’un parc stan­dard­isé et la maîtrise locale de l’outil de pro­duc­tion, et s’adap­tant aux évo­lu­tions d’ex­ploita­tion (cycles allongés…) ain­si qu’aux con­traintes réglementaires,
  • la déf­i­ni­tion d’un référen­tiel décen­nal visant à con­forter le niveau de sûreté et réalis­er les évo­lu­tions fonc­tion­nelles néces­saires aux performances.

Les prin­ci­paux leviers de cette poli­tique sont les suivants :

  • l’op­ti­mi­sa­tion de la main­te­nance par la fia­bil­ité (OMF) a été réal­isée sur 50 sys­tèmes act­ifs à forts enjeux, elle s’ap­puie sur les études prob­a­bilistes de sûreté, le retour d’ex­péri­ence, l’analyse fonc­tion­nelle des caus­es et des con­séquences de défail­lance. Une démarche équiv­a­lente est en cours sur les sys­tèmes passifs,
  • le développe­ment de la main­te­nance préven­tive con­di­tion­nelle et l’in­ter­com­para­i­son en interne et à l’international,<
  • enfin, le proces­sus de main­te­nance excep­tion­nelle con­sis­tant, à par­tir d’une analyse prospec­tive des événe­ments à con­séquences génériques lour­des, à définir des mesures préven­tives allant de l’é­tude de fais­abil­ité de rem­place­ment (pres­suriseur, par exem­ple) jusqu’à la capac­ité opéra­tionnelle de faire (répa­ra­tion d’une liai­son bimé­tallique, par exem­ple). Cette démarche a été appliquée notam­ment sur les zones en alliage 600 des réac­teurs, suite aux prob­lèmes ren­con­trés sur les tubes GV, les piquages de pres­suriseurs 1 300, les cou­ver­cles de cuve.


La maîtrise de la main­te­nance asso­cie étroite­ment les com­pé­tences internes EDF et celles des con­struc­teurs et prestataires. Des for­ma­tions ini­tiales et de recy­clage sont en place. Elles con­cer­nent non seule­ment les aspects tech­niques liés aux métiers mais aus­si la sûreté et la radio­pro­tec­tion. Là aus­si règ­nent des espèces de sim­u­la­teurs sous forme de bancs d’en­traîne­ment, sou­vent en taille réelle, où la grandeur simulée est la con­trainte de radio­pro­tec­tion. Pour être cer­tain que ces for­ma­tions sont effec­tuées, y com­pris chez les sous-trai­tants extérieurs, EDF les prend directe­ment en charge et met en place un ” car­net indi­vidu­el d’ac­cès ” oblig­a­toire pour pénétr­er sur un chantier et men­tion­nant entre autres choses les habil­i­ta­tions acquis­es et les for­ma­tions suiv­ies. Le con­trôle est sys­té­ma­tisée pour les étapes clés de la main­te­nance avec la créa­tion de ” chargés de con­trôle ” appuyant les ” chargés d’af­faires ” eux-mêmes don­neurs d’or­dres aux prestataires sollicités.

Des étapes de progrès : les visites décennales

Ain­si le parc de pro­duc­tion nucléaire a pu, après un bon démar­rage, pass­er le cap des pre­mières vis­ites décen­nales avec des per­for­mances tout à fait remar­quables tant en matière de sûreté nucléaire (aucun acci­dent en plus de 1 000 années-réac­teur d’ex­ploita­tion) que de com­péti­tiv­ité, de vol­ume de pro­duc­tion et de coût du kWh, par­mi les plus bas d’Eu­rope, per­me­t­tant 70 TWh d’ex­por­ta­tion chaque année. Aujour­d’hui les pre­mières tranch­es du palier 900 MW achèvent leur deux­ième vis­ite décennale.

Ces vis­ites, après exa­m­en atten­tif de l’au­torité de sûreté, per­me­t­tent dix années sup­plé­men­taires de fonc­tion­nement. Elles com­por­tent un nom­bre impor­tant de con­trôles néces­si­tant un arrêt de pro­duc­tion de trois à qua­tre mois. Cet investisse­ment pénalise la disponi­bil­ité présente des tranch­es con­cernées mais est le gage de l’ex­ploita­tion pérenne de l’outil nucléaire.

Ces vis­ites com­por­tent essen­tielle­ment deux étapes : l’ex­a­m­en de con­for­mité et le réex­a­m­en de sûreté. Ce type de démarche con­siste à véri­fi­er la con­for­mité de l’in­stal­la­tion aux critères de con­cep­tion, à réé­val­uer ces critères à l’aune de l’ex­péri­ence acquise et des nou­velles con­nais­sances sci­en­tifiques (par exem­ple la tenue au séisme) et à met­tre l’in­stal­la­tion en con­for­mité avec un référen­tiel de sûreté réé­val­ué. Ce proces­sus est, pour l’in­stant, unique au monde. En effet, les autorités de sûreté se con­tentent sou­vent de véri­fi­er la con­for­mité aux critères de con­cep­tion ini­ti­aux, sans réé­val­u­a­tion systématique.

Il est le garant d’un haut niveau de sûreté, répon­dant au haut niveau d’ex­i­gences du pub­lic en matière d’in­dus­trie à risque, en par­ti­c­uli­er dans le domaine nucléaire. Il est le garant égale­ment de la longévité du parc de pro­duc­tion et donc de son effi­cac­ité économique : les investisse­ments s’amor­tis­sent sur une péri­ode plus longue.

C’est ain­si qu’EDF engage d’ores et déjà la pré­pa­ra­tion des troisièmes vis­ites décen­nales en y con­sacrant une part impor­tante de ses forces d’ingénierie. Ces troisièmes vis­ites décen­nales com­porteront à nou­veau un réex­a­m­en de sûreté et une remise à niveau ten­ant compte notam­ment de l’âge de cer­tains com­posants (câbles élec­triques, con­trôle com­mande, pièces mécaniques actives ou sta­tiques…) et des per­spec­tives de durée de vie ” résidu­elle “. La plu­part des pays occi­den­taux affichent déjà aujour­d’hui des durées de vie de soix­ante ans pour leurs instal­la­tions de con­cep­tion com­pa­ra­ble à celle des cen­trales françaises.

Au plan international

Les experts et les poli­tiques ont beau­coup débat­tu des orig­ines de l’ac­ci­dent de la cen­trale ukraini­enne de Tch­er­nobyl le 26 avril 1986 : défauts de con­cep­tion ou erreurs humaines ? La réponse est pour­tant sim­ple : les deux à la fois. Côté exploitant, il sem­ble qu’il y ait eu un véri­ta­ble oubli des impérat­ifs de sûreté : inter­dic­tion de met­tre la cen­trale dans cer­tains domaines de fonc­tion­nement, pri­mauté absolue des sys­tèmes de sécu­rité, mau­vaise pré­pa­ra­tion de l’es­sai en cause, arrivant tout droit de Moscou sans con­cer­ta­tion ni expli­ca­tion préalable.

Claire­ment, en 1986, le per­son­nel de Tch­er­nobyl avait per­du la con­science d’avoir en mains une instal­la­tion à risques ; et peut-être était-il plus préoc­cupé du malaise poli­tique et social qui envahis­sait alors l’URSS et des dif­fi­cultés économiques qui pesaient de plus en plus sur les bud­gets et même les salaires. La cul­ture de sûreté, qui n’avait d’ailleurs jamais été au niveau de celle des pays de l’OCDE, s’é­tait totale­ment évaporée.

Les exploitants de ces pays de l’OCDE ne purent que con­stater à quel point la défail­lance d’un seul exploitant quelque part dans le monde pou­vait génér­er partout doute et défi­ance à l’é­gard de l’in­dus­trie nucléaire dans son ensem­ble. Comme on l’a dit plus tard à Wano : ” We are as weak as the weak­est among our members. ”

Après les événe­ments de Three Mile Island, les élec­triciens améri­cains avaient fondé l’IN­PO, l’In­sti­tute of Nuclear Pow­er Oper­a­tors, mutu­al­isant en quelque sorte l’ex­péri­ence d’ex­ploita­tion et la for­ma­tion entre les mul­ti­ples petits exploitants nucléaires améri­cains. Il suff­i­sait de trans­pos­er à l’échelle mon­di­ale, ce qui fut fait, grâce aux efforts essen­tielle­ment des Améri­cains et des Français, avec l’ac­cord des Sovié­tiques, aboutis­sant en mai 1989 à la créa­tion de la World Asso­ci­a­tion of Nuclear Oper­a­tors (WANO).

Le but de WANO, asso­ci­a­tion libre­ment con­sen­tie d’ex­ploitants de cen­trales nucléaires est de met­tre à la dis­po­si­tion de tous l’ex­péri­ence acquise par cha­cun de façon à hiss­er les plus faibles au niveau des meilleurs. Le pre­mier acte de WANO fut de provo­quer une vis­ite d’une équipe de cha­cune des cen­trales de l’Eu­rope de l’Est dans une cen­trale ” à l’Ouest “. Puis l’as­so­ci­a­tion encour­agea les jume­lages, les échanges sous toutes leurs formes (sémi­naires, ban­ques de don­nées, etc.). Enfin un cer­tain nom­bre de pro­grammes furent for­mal­isés. Par­mi eux, les deux plus impor­tants sont :

  • les event reports : chaque fois que quelque chose qui sort de la rou­tine se pro­duit dans une cen­trale, celle-ci analyse l’événe­ment et dif­fuse un rap­port. À cha­cun d’en tir­er les enseigne­ments, éventuelle­ment de le repro­duire sur son sim­u­la­teur, de pro­pos­er des parades, d’en­tretenir si néces­saire un dia­logue avec la cen­trale orig­ine, etc.,
  • les peer reviews : péri­odique­ment chaque cen­trale reçoit une équipe (spé­ciale­ment con­sti­tuée) d’ex­ploitants, col­lègues expéri­men­tés, pen­dant une ou deux semaines pour un check-up appro­fon­di des points forts et des points faibles de son exploita­tion. Un rap­port est ensuite établi et remis à la cen­trale ; celle-ci est invitée à recevoir dix-huit mois ou deux ans plus tard une nou­velle vis­ite per­me­t­tant de véri­fi­er la mise en appli­ca­tion des recom­man­da­tions faites.


En étab­lis­sant des indi­ca­teurs de per­for­mance, WANO per­met à cha­cun de se situer par rap­port aux autres et de mesur­er son évo­lu­tion dans le temps.

Tout cela peut paraître sim­ple et évi­dent. En réal­ité la mise en œuvre se heurte à de nom­breuses dif­fi­cultés : out­re la sus­cep­ti­bil­ité des uns et des autres, prob­lèmes de langue, de cul­ture, de disponi­bil­ité des experts, etc. Après plus de dix ans d’ex­is­tence WANO a démon­tré que c’é­tait pos­si­ble. Aujour­d’hui tous les exploitants du monde, qui se répar­tis­sent dans 32 pays, font par­tie de l’as­so­ci­a­tion et les quelques-uns qui envis­agent de met­tre en ser­vice une nou­velle instal­la­tion souhait­ent y entr­er et en béné­fici­er le plus en amont possible.

Le bilan de cette action est sans aucun doute très posi­tif. Le niveau de la cul­ture de sûreté a incon­testable­ment fait un bond en avant au cours des quinze dernières années ; WANO s’at­tache à le mesur­er en par­ti­c­uli­er chez les exploitants qui en avaient le plus besoin.

Faut-il fer­mer les réac­teurs RBMK encore en exploita­tion ? Oui, car ils ont des défauts de con­cep­tion qu’il est impos­si­ble de cor­riger ; mais l’amélio­ra­tion de la qual­ité de l’ex­ploita­tion devrait per­me­t­tre, et de fait per­met, de le faire ” calme­ment ” en ten­ant compte des besoins qui sont der­rière et qu’il faut bien con­tin­uer à satisfaire.

Bien enten­du, l’ac­tion de WANO est loin d’être ter­minée. Elle doit se pour­suiv­re. Aura-t-elle jamais une fin ?

Quel est le risque résidu­el qui men­ace le bon fonc­tion­nement des cen­trales nucléaires répar­tis dans les 32 pays déjà men­tion­nés ? C’est celui de voir l’un de ces pays oubli­er le pri­mat de la sûreté au prof­it de tel autre impératif, le plus évi­dent étant de sat­is­faire des besoins en énergie qui, pour une rai­son quel­conque, ne pour­raient pas être sat­is­faits autrement.

Que peut faire un exploitant qui reçoit l’or­dre de con­tin­uer à fonc­tion­ner mal­gré les réserves que peut avoir l’au­torité de sûreté com­pé­tente ou l’ex­ploitant lui-même ? Et ce point à lui seul, et plus que tout autre, jus­ti­fie l’at­ti­tude de ceux qui soulig­nent que l’on ne peut installer des cen­trales nucléaires dans des sociétés qui ne sont pas gérées cor­recte­ment. C’est à par­er ce dan­ger que s’est attachée l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie atom­ique, organ­i­sa­tion inter­gou­verne­men­tale (à la dif­férence de WANO), en deman­dant aux pays nucléaires de sign­er l’In­ter­na­tion­al Safe­ty Convention.

Cette con­ven­tion, aujour­d’hui en vigueur, donne un droit d’au­dit aux pays sig­nataires, leur per­me­t­tant de s’as­sur­er que tous les mem­bres dis­posent d’une organ­i­sa­tion de sûreté per­ti­nente et en par­ti­c­uli­er que les autorités de sûreté y ont la com­pé­tence, l’indépen­dance et l’au­torité néces­saires. Il est tout à fait impor­tant que cette con­ven­tion fonc­tionne efficacement.

L’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie atom­ique (AIEA) a par ailleurs fait un tra­vail con­sid­érable pour définir, au plan mon­di­al, ce qu’est la cul­ture de sûreté, indis­pens­able à tous pour per­me­t­tre une exploita­tion fiable des instal­la­tions nucléaires. Comme le dit la pub­li­ca­tion de l’In­ter­na­tion­al Nuclear Safe­ty Advi­so­ry Group con­nue sous le nom d’IN­SAG 4 : ” La cul­ture de sûreté est l’ensem­ble des car­ac­téris­tiques et des atti­tudes qui, dans les organ­ismes et chez les indi­vidus, font que les ques­tions rel­a­tives à la sûreté des cen­trales nucléaires béné­fi­cient, en pri­or­ité, de l’at­ten­tion qu’elles méri­tent en rai­son de leur impor­tance. Elle doit se traduire par : une atti­tude inter­rog­a­tive, une démarche rigoureuse et pru­dente, et la com­mu­ni­ca­tion nécessaire. ”

Nul dans le monde ne peut plus pré­ten­dre ignor­er ces grands principes. L’AIEA et WANO tra­vail­lent ensem­ble à faire en sorte qu’ils soient appliqués avec rigueur, partout et à tout instant.

Conclusion

Compte tenu à la fois des tech­niques en cause et du con­texte d’ex­i­gences accrues de la société, l’ex­ploita­tion nucléaire néces­site l’excellence.

Cette exi­gence d’ex­cel­lence impose une respon­s­abil­ité claire de l’ex­ploitant nucléaire, ce que les textes régle­men­taires français définis­sent parfaitement.

Elle impose égale­ment une puis­sance publique forte, capa­ble de con­trôler l’ex­ploitant respon­s­able de la sûreté nucléaire : c’est le cas en France avec hier le SCSIN, aujour­d’hui la DSIN et ses appuis tech­niques, demain la DGRSN.

Il faut qu’il en soit de même partout où des instal­la­tions nucléaires sont en exploita­tion. Les efforts des organ­ismes inter­na­tionaux vont en ce sens.

L’ex­cel­lence impose enfin le fait d’avoir pour cha­cune des respon­s­abil­ités req­ui­s­es et pour cha­cun des postes de tra­vail des hommes et des femmes con­scients de leur rôle, for­més et entraînés à tra­vailler sere­ine­ment en milieu dif­fi­cile, par­fois hostile.

Faut-il des sur­doués pour relever ce défi quo­ti­di­en ? Des sur­doués non, mais des hommes et des femmes bien for­més, com­pé­tents tech­nique­ment, por­teurs de valeurs exigeantes, motivés et recon­nus pour cette dif­fi­cile et exal­tante mission. 

2 Commentaires

Ajouter un commentaire

lam­bertrépondre
29 décembre 2016 à 12 h 18 min

sûreté nucléaire
Toute chaine n’a de force que son mail­lon le plus faible. Un ingénieur, des ingénieurs, fussent-ils les plus com­pé­tents ont besoin d’exé­cu­tants. Or, ceux-ci ne sont pas dans les têtes de ces ingénieurs et n’ont ni leurs com­pé­tences, ni leurs salaires. Ils sont donc les mail­lons faibles de la chaine. La dégra­da­tion de la sûreté pren­dra des années mais elle arrive douce­ment mais sure­ment. Et per­son­ne ne com­pren­dra com­ment elle est arrivée, les orig­ines se per­dant dans les mil­liers d’opéra­tions réal­isées au fil du temps.

Guerinrépondre
13 octobre 2021 à 8 h 18 min

Et le sim­u­la­teur de civaux fait par Gérard guerin copie par­tielle de daya bay

Répondre