Faut-il brûler la science ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°571 Janvier 2002Par : André ROUSSET (51)Rédacteur : Extrait de la Préface d’Hubert CURIEN, président de l’Académie des sciences

Ce livre est un témoignage et un plaidoy­er. Il est aus­si devenu un tes­ta­ment : son auteur, notre ami regret­té André Rous­set, nous a quit­tés juste après l’avoir écrit.

C’est le témoignage d’un expert qui a con­nu, de l’intérieur, les trois volets du sujet dont il traite : la recherche fon­da­men­tale, la tech­nolo­gie indus­trielle et les mécan­ismes poli­tiques et admin­is­trat­ifs de ges­tion de la sci­ence et de la technologie.

André Rous­set fut en effet un physi­cien très appré­cié dans le domaine de la physique des par­tic­ules élé­men­taires. Au lab­o­ra­toire de l’École poly­tech­nique, au Com­mis­sari­at à l’énergie atom­ique (CEA) et au Cen­tre européen de recherche nucléaire (le CERN, à Genève), il a don­né toute la mesure de son tal­ent et de sa capac­ité de décou­verte. […] André Rous­set fut l’un des bril­lants équip­iers du pelo­ton mené par Louis Lep­rince-Ringuet à l’assaut des mys­tères de la nature ultime de la matière.

André Rous­set con­sacra aus­si une dizaine d’années à la recherche et à la tech­nolo­gie, d’abord comme con­seiller à la Délé­ga­tion à la Recherche sci­en­tifique et tech­nique (DGRST), puis en qual­ité de con­seiller sci­en­tifique auprès du min­istre de la Défense. Les mécan­ismes de sou­tien pub­lic à la recherche civile et mil­i­taire lui étaient donc bien con­nus. Il fut un acteur engagé au meilleur niveau dans les instances officielles.

Enfin, André Rous­set a, pen­dant une dizaine d’années encore, apporté ses com­pé­tences à la com­pag­nie indus­trielle “ Aérospa­tiale ”, où l’on fait appel aux tech­niques les plus avancées.

De ces expéri­ences inten­sé­ment vécues, l’auteur tire des con­clu­sions cri­tiques : les poli­tiques qui régis­sent le monde con­tem­po­rain n’apportent pas à la sci­ence et à la tech­nolo­gie l’attention qu’elles méri­tent, ou du moins ne les con­sid­èrent pas de la meilleure manière. Notre vie quo­ti­di­enne est imbibée de tech­nolo­gie, mais ce qu’il est encore con­venu d’appeler “ cul­ture ” n’a pas vrai­ment inté­gré la science. […]

J’ai lu l’ouvrage d’André Rous­set avec intérêt, bien sûr, mais aus­si avec émo­tion. Voilà un savant qui n’a pas voulu quit­ter notre monde sans laiss­er un mes­sage fort : l’homme est doué de rai­son, puisse-t-il s’en servir !

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