Face aux concurrents étrangers : la cécité des médias français

Dossier : Formations scientifiques : regards sur l’internationalMagazine N°666 Juin/Juillet 2011
Par François Xavier MARTIN (63)

REPÈRES

REPÈRES
Après la fin de la Deux­ième Guerre mon­di­ale, les États-Unis furent le pre­mier pays à organ­is­er l’ac­cès d’une frac­tion impor­tante de sa pop­u­la­tion à l’en­seigne­ment supérieur. Cette poli­tique leur a per­mis d’ac­quérir une posi­tion tout à fait dom­i­nante, en par­ti­c­uli­er dans les domaines sci­en­tifiques et tech­niques. À par­tir de 1980, l’Eu­rope et plusieurs pays d’Asie se sont organ­isés pour rat­trap­er leur retard, et les pour­cent­ages de jeunes obtenant au moins un diplôme de l’en­seigne­ment supérieur sont main­tenant assez voisins dans de nom­breux pays dévelop­pés. Simul­tané­ment la désaf­fec­tion des jeunes Améri­cains pour les matières sci­en­tifiques et tech­niques est dev­enue telle que leur jeunesse est main­tenant peu diplômée dans ces dis­ci­plines ; en revanche la France est le pays dévelop­pé qui a le mieux résisté à cette ten­dance générale.

Les jeunes Améri­cains se dés­in­téressent des matières scientifiques

De nom­breux médias français, des rap­ports de think tanks, des blogs d’u­ni­ver­si­taires et de poli­tiques dif­fusent régulière­ment des images très néga­tives de la sit­u­a­tion quan­ti­ta­tive de l’en­seigne­ment supérieur de notre pays, en par­ti­c­uli­er quand on la com­pare à celle des États-Unis : faib­lesse sup­posée de l’ef­fec­tif de diplômés du supérieur, con­cen­tra­tion exces­sive d’é­tu­di­ants dans des dis­ci­plines aux débouchés pro­fes­sion­nels incer­tains, taux impor­tant d’a­ban­don en cours d’é­tudes, for­ma­tion d’un nom­bre insuff­isant d’ingénieurs et de sci­en­tifiques. Or les com­para­isons inter­na­tionales per­me­t­tent de rel­a­tivis­er ces affirmations.

Le pour­cent­age de jeunes Français diplômés de l’en­seigne­ment supérieur (41% selon l’OCDE pour les 25–34 ans) a pra­tique­ment rat­trapé celui des jeunes Améri­cains (42%) et l’a même dépassé au niveau du doc­tor­at et surtout du mas­ter, en par­ti­c­uli­er dans les matières scientifiques.

Le rattrapage français

Diplômes sci­en­tifiques décernés aux étu­di­ants nationaux
Les diplômes d’ingénieurs (mas­ters of engi­neer­ing) décernés annuelle­ment à des étu­di­ants nationaux sont au nom­bre de 20 000 aux États-Unis (307 mil­lions d’habi­tants) et de 25 000 en France (64 mil­lions d’habi­tants). Les doc­tor­ats sci­en­tifiques (PhD sci­en­tifiques) sont respec­tive­ment de 13 000 aux États-Unis et de 4 000 env­i­ron en France.

Le rap­port 2010 de l’OCDE donne le pour­cent­age en 2008 de jeunes âgés de 25 à 34 ans qui ont obtenu un diplôme d’en­seigne­ment supérieur (page suiv­ante). Dans de nom­breux pays (dont les États-Unis et la France) ce pour­cent­age est voisin de 40 %. Le rap­pel des chiffres pour la généra­tion des 55–64 ans (États-Unis : 40%, France : 17 %) mon­tre l’am­pleur du rat­tra­page français des trente dernières années (qui dépasse celui de tous les autres pays de l’OCDE, à l’ex­cep­tion de la Corée).

Pour­cent­age de jeunes ayant obtenu un diplôme d’en­seigne­ment supérieur en 2008
Corée Japon États-Unis France Roy.-Uni Alle­magne Moyenne
25–34 ans 58% 55% 42% 41% 38% 24% 35%
55–64 ans 12% 26% 40% 17% 27% 24% 20%
(source : OCDE 2010)

Le tableau ci-dessous indique le niveau max­i­mum atteint (edu­ca­tion­al attain­ment) par les Améri­cains âgés de 25 à 29 ans en 2009. Pour obtenir le nom­bre total de Bach­e­lors, il faut bien enten­du ajouter au chiffre de la colonne Bach­e­lor ceux des colonnes suivantes.

Niveau max­i­mum atteint par les Améri­cains en 2009
Pop­u­la­tion des 25–29 ans (en milliers) Sans diplôme du supérieur Asso­ciate Bach­e­lor Mas­ter Professional Doc­tor­al
Nom­bre 21 256 12 894 1 856 4 927 1 258 204 117
% 100% 60,7% 8,7% 23,2% 5,9% 1% 0,6%
(source : Cen­sus Bureau américain)

Des chiffres globaux comparables

Selon la DEPP, par rap­port à la classe d’âge : 66 % des jeunes Français sont reçus au bac­calau­réat, 54 % entrent dans l’en­seigne­ment supérieur, 27 % obti­en­nent un diplôme de niveau au moins égal à la licence, 15% obti­en­nent un diplôme de DUT ou de BTS sans obtenir ensuite de diplôme de niveau supérieur. En croisant divers­es sources, on peut établir le tableau ci-dessous, qui n’in­clut pas les étu­di­ants venus de l’é­tranger pour obtenir des mas­ters et des doctorats.

Diplômes obtenus par les class­es d’âge récentes
USA France Source USA Source France
- Ayant com­mencé des études supérieures 60% 54% Cen­sus B DEPP
- Ayant obtenu au moins un diplôme supérieur 42% 41% OCDE OCDE
- Au moins un diplôme Bach­e­lor ou licence 31/34% 27% Cen­sus B / NSF DEPP
- Au moins un diplôme de niveau master 13% 16% NSF DEPP
- Ayant obtenu un doctorat 0,9% 1% NSF DEPP
(sources : Cen­sus Bureau, Nation­al Sci­ence Foun­da­tion, OCDE, DEPP)

À par­tir du niveau mas­ter, nous n’avons pas util­isé les sta­tis­tiques du Cen­sus Bureau rel­a­tives à la tranche d’âge 25–29 ans, car cette lim­ite pénalis­erait les USA en rai­son des nom­breux mas­ters tardifs (dont les MBA) ; d’autre part, pour les deux pays, cette lim­ite est trop basse pour la prise en compte de l’ensem­ble des doc­tor­ats. Nous avons donc reporté les nom­bres de mas­ters et de doc­tor­ats obtenus annuelle­ment qui sont four­nis par la NSF (pour 2006) et la DEPP (pour 2008).

Licence ou Bachelor

D’après les sta­tis­tiques de la Nation­al Sci­ence Foun­da­tion sont décernés chaque année aux États-Unis env­i­ron 1 500 000 diplômes de Bach­e­lor (dont 50 000 à des étrangers), ce qui cor­re­spond à 34% de la classe d’âge

Env­i­ron un tiers des Améri­cains atteint le niveau Bachelor

Par­mi ces diplômes : 70 000 Bach­e­lors en engi­neer­ing ; 60 000 en math­é­ma­tiques et infor­ma­tique ; 17 000 en sci­ences physiques ; 95 000 en biolo­gie, agronomie et sci­ences de la terre (un peu plus de 10 000 de ces Bach­e­lors sci­en­tifiques étant décernés à des étrangers).

Les Bach­e­lors sci­en­tifiques obtenus par des Améri­cains cor­re­spon­dent à env­i­ron 5,6% de la classe d’âge.

La com­para­i­son avec la France est ren­due dif­fi­cile par le fait qu’une grande par­tie du flux annuel d’élèves de grandes écoles ne reçoit aucun diplôme lorsqu’elle passe par le niveau licence (le diplôme d’ingénieur ou de com­merce-man­age­ment n’é­tant obtenu qu’à “bac + 5”). On peut estimer qu’en­v­i­ron 35 000 Français obti­en­nent une licence sci­en­tifique (LMD ou pro­fes­sion­nelle) et 25 000 passent par le niveau licence sci­en­tifique en école d’ingénieurs, ce qui con­duit à un total d’en­v­i­ron 8% de la classe d’âge.

Master

Les sta­tis­tiques Science&Engineering de la Nation­al Sci­ence Foun­da­tion améri­caine inclu­ent la psy­cholo­gie et les sci­ences sociales qui dans les autres pays sont classées dans les sci­ences humaines. Dans les com­para­isons inter­na­tionales, les diplômes de ces dis­ci­plines doivent donc être exclus.

De nom­breux ingénieurs français cumu­lent plusieurs diplômes

Le tableau ci-dessous donne pour cer­tains pays le nom­bre de diplômes de niveau mas­ter décernés annuelle­ment à des nationaux et à des étrangers (qui ont sou­vent fait leurs études jusqu’au niveau Bach­e­lor-licence dans leur pays d’origine).

Not­er le très faible nom­bre de jeunes Améri­cains ayant un mas­ter sci­en­tifique (47 000 par an), chiffre à peine supérieur à celui des jeunes Français obtenant un diplôme du même niveau (43 000 par an pour une pop­u­la­tion et une classe d’âge cinq fois moins nom­breuses). Les autres États européens et le Japon se situent à des niveaux intermédiaires.

En France, le nom­bre des mas­ters inclut 29 000 ingénieurs dont 25 000 français. Par pru­dence, nous avons indiqué un total inférieur à la somme des mas­ters uni­ver­si­taires et des diplômes d’ingénieurs, car cer­tains ingénieurs obti­en­nent un mas­ter sci­en­tifique uni­ver­si­taire au cours de leurs études. De même cer­tains ingénieurs cumu­lent deux diplômes d’ingénieurs (cas de nom­breux polytechniciens).

Com­para­i­son inter­na­tionale des masters
Pays

Pop­u­la­tion

mil­lions

Mas­ters

par an

Mas­ters scientifiques

maths, phys., chimie, ing., bio.

Mas­ters scientifiques

par mil­lion d’habitants

États-Unis 307 600 000 73 000 dont 47 000 Américains 238 dont 154 Américains
Alle­magne 82 140 000 35 000 427
France 64 140 000 51 000 dont 43 000 Français 707 dont 680 Français
Roy­aume-Uni 61 141 000 36 000 590
Chine 1339 327 000 150 000 112
Inde 1157 ? 125 à 250 000 (?) 108 à 216 (?)
Japon 127 74 000 38 000 299

Doctorat — PhD

Les trois pays les plus inno­vants ont des poli­tiques de for­ma­tions doc­tor­ales dif­férentes : beau­coup de doc­teurs en Alle­magne, peu au Japon, sit­u­a­tion inter­mé­di­aire (proche de celle de la France) aux États-Unis.

Comme pour les mas­ters sci­en­tifiques, il faut enlever, avant toute com­para­i­son inter­na­tionale, les doc­tor­ats en psy­cholo­gie et en sci­ences sociales qui fig­urent dans les Science& Engi­neer­ing Fields.

Le tableau mon­tre égale­ment le faible nom­bre de jeunes Améri­cains obtenant un doc­tor­at sci­en­tifique (PhD : 13 200 par an).

À pop­u­la­tion égale, ce chiffre est inférieur au chiffre de doc­teurs sci­en­tifiques français (estimé à un peu plus de 4 000 par an) et surtout aux chiffres alle­mand et britannique.

Com­para­i­son inter­na­tionale des doctorats
Pays

Pop­u­la­tion

mil­lions

Doc­tor­ats

par an

Doc­tor­ats scientifiques

maths, phys., chimie, ing., bio.

Doc­tor­ats scientifiques

par mil­lion d’habitants

États-Unis 307 49 600 25 200 dont 13 200 Américains 82 dont 43 Américains
Alle­magne 82 25 000 13 600 166
France 64 10 700 6 050 dont plus de 4 000 Français 95 dont plus de 60 Français
Roy­aume-Uni 61 17 600 8 500 139
Chine 1339 111 000 66 000 49
Inde 1157 ? env­i­ron 10 000 env­i­ron 9
Japon 127 17 400 5 800 46
Com­para­i­son internationale
Pour­cent­age de la classe d’âge ayant obtenu États-Unis France
• Au moins licence-
Bach­e­lor scientifique
5,6% 8%
• Au moins
Mas­ter scientifique
1,2% 6%
• Doc­tor­at-PhD scientifique 0,3% 0,5%

En sci­ences et ingénierie, on note un avan­tage français par­ti­c­ulière­ment mar­qué au niveau du mas­ter. En n’in­clu­ant pas les étu­di­ants venus de l’é­tranger (essen­tielle­ment pour obtenir des mas­ters et des doc­tor­ats) on con­state claire­ment la désaf­fec­tion des jeunes Améri­cains pour les études sci­en­tifiques et d’ingénierie, en par­ti­c­uli­er au niveau du mas­ter (fuite des Bach­e­lors sci­en­tifiques vers les MBA).

Le pour­cent­age de jeunes Français diplômés de l’en­seigne­ment supérieur (entre 40 et 45%) a enfin rat­trapé celui des jeunes Américains
Il l’a même dépassé au niveau du doc­tor­at et surtout du mas­ter, en par­ti­c­uli­er dans les matières scientifiques
En rai­son de la désaf­fec­tion des jeunes Améri­cains, l’en­seigne­ment sci­en­tifique améri­cain est devenu le plus malthusien de tous ceux du monde développé

Quelques réussites méconnues

Les con­sid­éra­tions qui précè­dent ne sig­ni­fient pas que le sys­tème d’en­seigne­ment supérieur français est exempt de faib­less­es (en par­ti­c­uli­er au niveau de la licence). Elles en mon­trent sim­ple­ment quelques réus­sites méconnues.

Les cham­pi­ons du doc­tor­at sont les Alle­mands, suiv­is des Britanniques

Au terme d’un rat­tra­page qui a duré plusieurs décen­nies, cet enseigne­ment amène main­tenant 41 % des jeunes Français à l’ob­ten­tion d’un diplôme du supérieur, ce qui met notre pays à un niveau com­pa­ra­ble à celui des États- Unis (42 %) et des pays d’Eu­rope du Nord (Dane­mark : 43%, Fin­lande : 38%, Suède : 41%, Norvège : 46 %). Le taux de mas­ters (16% des jeunes Français, dont par exem­ple 100% des ingénieurs et bien­tôt 100 % des enseignants) est excep­tion­nelle­ment élevé.

La France a été jusqu’à main­tenant beau­coup moins touchée que l’ensem­ble des autres pays dévelop­pés par la désaf­fec­tion générale pour les études sci­en­tifiques et tech­niques (à pop­u­la­tion égale, elle forme actuelle­ment par­mi ses nationaux 4,4 fois plus de mas­ters sci­en­tifiques et tech­niques que les États-Unis par­mi les leurs). Plusieurs raisons à cette sit­u­a­tion favor­able : l’au­ra des grandes écoles d’ingénieurs tra­di­tion­nelles (et en par­ti­c­uli­er des meilleures d’en­tre elles) qui con­tin­ue à attir­er de nom­breux jeunes vers la ter­mi­nale S puis les fil­ières sci­en­tifiques ; la volon­té des uni­ver­si­taires de mon­tr­er qu’ils sont capa­bles de met­tre en place des écoles internes d’ingénieurs, des mas­ters et des doc­tor­ats con­cur­ren­tiels pour des débouchés qui ne se lim­i­tent plus à l’en­seigne­ment ou à la recherche publique.

Les points que nous venons de met­tre en évi­dence sont peu con­nus, car ils ont tou­jours été éclip­sés par des déc­la­ra­tions sys­té­ma­tique­ment néga­tives sur notre enseigne­ment supérieur, qu’elles provi­en­nent de médias général­istes ou spé­cial­isés, de think tanks, des blogs d’u­ni­ver­si­taires ou de poli­tiques qui ne sem­blent pas être remon­tés directe­ment aux sources d’in­for­ma­tion étrangères.

Deux souhaits et une mise en garde
Quelle que soit l’inévitable réforme des années d’é­tudes suiv­ant le bac, elle ne doit pas réduire l’at­trac­tiv­ité glob­ale des études sci­en­tifiques visà- vis des jeunes Français, car il s’ag­it là d’un avan­tage his­torique excep­tion­nel (mais frag­ile) dans la con­cur­rence inter­na­tionale qu’il con­vient absol­u­ment de préserver.
Les employeurs indus­triels français et surtout les sociétés dites de ” con­seil en tech­nolo­gie” doivent cess­er de se lamenter sur le pré­ten­du malthu­sian­isme des for­ma­tions français­es d’ingénieurs et pro­pos­er à ce type de diplômés des salaires et des per­spec­tives de car­rières réduisant leur fuite vers d’autres activ­ités ou d’autres pays qui savent se ren­dre plus attrayants.
L’a­ban­don des études sci­en­tifiques et tech­niques par les jeunes Améri­cains incite déjà les États- Unis à organ­is­er à une échelle mas­sive une ” impor­ta­tion ” de per­son­nel sci­en­tifique, actuelle­ment surtout asi­a­tique. Le développe­ment rapi­de de l’Asie risque de réduire la disponi­bil­ité de per­son­nel venant de cette zone, et de faire d’une Europe qui com­bin­erait de façon durable une faible crois­sance et une forte pro­duc­tion de diplômés un réser­voir idéal de main-d’oeu­vre sci­en­tifique qual­i­fiée où puis­er. Il serait para­dox­al que l’im­por­tant investisse­ment que nous faisons actuelle­ment dans notre enseigne­ment supérieur trou­ve là son prin­ci­pal débouché.

BIBLIOGRAPHIE

Repères et références sta­tis­tiques (RERS 2010) — Min­istère de l’É­d­u­ca­tion nationale et Min­istère de l’En­seigne­ment supérieur et de la Recherche

Regards sur l’é­d­u­ca­tion 2010 — OCDE

Sites de la Nation­al Sci­ence Foun­da­tion, du Nation­al Cen­ter for Edu­ca­tion Sta­tis­tics et du Cen­sus Bureau américain

ILS ONT DIT LA RÉALITÉ
La France n’est pas assez inno­vante parce qu’elle forme beau­coup moins de doc­teurs que les autres pays dévelop­pés (sous-enten­du : beau­coup moins de doc­teurs scientifiques).

Com­men­taire fréquent des médias

À pop­u­la­tion égale, la France forme plus de doc­teurs que les États-Unis. La pro­por­tion de doc­teurs sci­en­tifiques est plus impor­tante en France (55 % con­tre 50 %). Il n’y a pas de lien automa­tique entre le nom­bre de doc­teurs et la capac­ité à innover.
(En France) le privé n’est pas assez porté sur l’in­no­va­tion car les dirigeants d’en­tre­prise n’y sont pas for­més, con­traire­ment aux États-Unis où ils ont tous des PhD.

Ancien min­istre

Par­mi les dirigeants des 500 plus grandes sociétés mon­di­ales, une seule société améri­caine (sur env­i­ron 150) est dirigée par un PhD sci­en­tifique. (source : banque de don­nées de l’É­cole des Mines, classe­ment 2008)
(En France) 37% seule­ment d’une classe d’âge accède à la licence con­tre 66 % aux États-Unis. La moyenne des pays de l’OCDE s’élève à 53%.

Jour­nal­iste du Point dans un ouvrage sur l’enseignement

Les trois chiffres sont faux. La moyenne OCDE (rap­port 2010) est de 35% pour un pre­mier diplôme du supérieur (au moins bac + 2). La France et les États-Unis se situent respec­tive­ment à 41 et 42%.
Les trois cinquièmes (des jeunes Français) sont boutés hors du sys­tème entre la fin du col­lège et l’ob­ten­tion d’une licence. Plus de six Améri­cains sur dix sor­tent, eux, diplômés du supérieur.

Le Monde de l’éducation

Pour les généra­tions récentes, les chiffres OCDE pour la France et les États-Unis sont très voisins : 41 à 42 % obti­en­nent un diplôme du supérieur (au moins bac + 2).
Alors que le niveau “bac + 5” impose sa norme auprès des employeurs, la France ne mas­térise qu’une frange étroite de sa jeunesse.

Le Monde de l’éducation

C’est juste­ment au niveau du mas­ter (en par­ti­c­uli­er sci­en­tifique) que la France a le meilleur posi­tion­nement par rap­port aux autres pays.
La France manque d’ingénieurs. La rai­son la plus pro­fonde tient sans doute à la con­cep­tion de ce que l’on appelle la for­ma­tion d’ingénieur “à la française”. Aux États-Unis, la for­ma­tion des futurs ingénieurs peut com­mencer seule­ment dans l’en­seigne­ment supérieur, dans les col­lèges. L’ac­cès aux engi­neer­ing schools se fait seule­ment après qua­tre années d’é­tudes supérieures.

Directeur d’In­sti­tut d’é­tudes politiques

dans édi­to­r­i­al de Challenges

L’at­trac­tiv­ité des études d’ingénieur sur les jeunes Améri­cains est très faible. En engi­neer­ing on ne compte que 70 000 Bach­e­lors améri­cains par an (qua­tre ans d’é­tudes supérieures) dont seuls 20 000 pour­suiv­ent jusqu’au mas­ter, à com­par­er à 25 000 diplômes d’ingénieurs tous bac + 5 pour les jeunes Français (pour une pop­u­la­tion 5 fois moins nombreuse).
Nous n’avons tou­jours pas démoc­ra­tisé notre enseigne­ment supérieur.

À peine 35 % d’une classe d’âge sort diplômée de l’en­seigne­ment supérieur en France. Plus de 50% est diplômée de l’u­ni­ver­sité aux États-Unis, 80% dans les pays nordiques, en Corée du sud, au Japon.

Think Tank (Ter­ra Nova)

Les chiffres ont déjà été don­nés ci-dessus. Pour les généra­tions récentes, les chiffres OCDE pour la France et les États-Unis sont très voisins : 41–42% des jeunes généra­tions obti­en­nent un diplôme du supérieur (au moins bac + 2). Les pays nordiques sont à des niveaux voisins. Le chiffre de 80 % ne peut être que la recopie d’un hoax.
Notre sys­tème édu­catif, cen­tré sur le lycée, con­tin­ue à for­mer les emplois d’hi­er, les con­tremaîtres. Il ne forme pas les emplois de demain, les ingénieurs, les cadres, les tech­ni­ciens supérieurs.

Think Tank (Ter­ra Nova)

À “bac + 5”, en sci­ences et ingénierie, le taux de for­ma­tion des jeunes Français est l’un des plus élevés du monde, si ce n’est le plus élevé : 6% de la classe d’âge, soit 4,4 fois le taux américain.
Sans oubli­er les prob­lèmes impor­tants aux­quels doit faire face notre sys­tème édu­catif. Ce dernier pro­duit chaque année une élite trop faible com­parée aux autres pays de l’OCDE.

Insti­tut Montaigne

Notre élite de 16% des jeunes généra­tions atteignant “bac + 5 “, dont 6% dans les matières sci­en­tifiques se com­pare avan­tageuse­ment à celle de la plu­part des autres pays de l’OCDE, en par­ti­c­uli­er les États- Unis (13 % dont 1,2 % en sci­ences et ingénierie).
Chaque année, des mil­liers de places restent libres dans les écoles les plus pres­tigieuses comme les Mines, les Ponts ou Polytechnique.

Cap­i­tal

Sans com­men­taire…

3 Commentaires

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jean-michel rey-robertrépondre
17 juin 2011 à 6 h 36 min

La paille et la poutre
Et si “Face aux con­cur­rents étrangers : la céc­ité des médias français” n’avait d’é­gale que celle qui pré­side au sys­tème actuel des grandes écoles, dont notam­ment l’X : la seule con­cur­rence accep­tée est celle des monopoles, des activ­ités à comp­teurs et la car­rière de “hauts” fonc­tion­naires … le tout sous la ges­tion … de l’an­nu­aire des anciens … avec sans doute quelques ser­ments “secrets” autour d’une val­ori­sa­tion ini­ti­a­tique d’une coop­ta­tion de haute volée. Est-ce réelle­ment un mod­èle à l’épreuve de tout … notam­ment sous son car­ac­tère “mil­i­taire” ?
Trés cor­diale­ment … le change­ment ne peut venir que de l’in­térieur et par l’ex­em­ple, les preuves ! pas par les sem­blants et le convenu !

Fançois Xavier Martinrépondre
20 juin 2011 à 19 h 15 min

Avis de l’au­teur sur le com­men­taire précé­dent : Hors sujet
Réponse bien sec­taire à un arti­cle qui s’in­téresse unique­ment aux per­for­mances quan­ti­ta­tives glob­ales de l’en­seigne­ment supérieur français (inclu­ant les uni­ver­sités et les grandes écoles, et ne cri­ti­quant ni les unes ni les autres). Je doute que J.M. Robert ait prêté la moin­dre atten­tion au con­tenu de l’ar­ti­cle avant de dévers­er son fiel par un réflexe anti-grandes écoles bien pavlovien.

Jean-Michel Rey-Robertrépondre
12 avril 2013 à 7 h 58 min

ha cette sus­cep­ti­bil­ité de
ha cette sus­cep­ti­bil­ité de technicien !! .…
Il est pos­si­ble de con­sid­ér­er qu’il y a des sujets plus impor­tants que le nom­bril­isme, que les classe­ments “mon­di­aux” ne valent pas tripette, sont pipotés par les US et bien d’autres, que nos écoles d’élites ( mais aus­si éli­tistes) n’ont pas besoin du juge­ment des autres pour savoir ce qu’elles valent … et met­tre à prof­it un titre racoleur (pour un arti­cle trés savam­ment doc­u­men­té) pour ten­ter d’at­tir­er des regards vers des réels prob­lèmes autrement plus importants !
Et sans la réso­lu­tion desquels, les élites n’en seront rapi­de­ment plus … pour en arriv­er à ce qui se passe aujour­d’hui “déjà” … être des con­tre-exem­ples qui font l’ac­tu­al­ité, suiv­ant la règle de pare­to.… qui ira jusqu’à s’inverser !
Trés cor­diale­ment “aus­si” .…

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