Europe de la Recherche

L’Europe de la recherche et de l’innovation : un demi-siècle de gestation

Dossier : Croire en l'EuropeMagazine N°759 Novembre 2020
Par Patrice LAGET

L’Europe de la recherche existe-t-elle ? Dans la com­péti­tion mon­di­ale pour le développe­ment économique, on sait que l’excellence en R & D est une con­di­tion essen­tielle du main­tien dans la course sci­en­tifique et indus­trielle ; une perte d’excellence en la matière ne fait pas sen­tir des effets immé­di­ate­ment, mais elle a des con­séquences dra­ma­tiques à moyen terme. L’avenir de l’UE se joue notam­ment dans ce domaine.

L’Europe de la recherche existe. Elle s’est con­stru­ite lente­ment, par à‑coups, emprun­tant des voies var­iées. Aujourd’hui encore, c’est un patch­work de struc­tures qui se super­posent sur la diver­sité des mod­èles nationaux. Mais der­rière cette appar­ente com­plex­ité il y a une réal­ité sim­ple : l’intégration fonc­tionne ; les coopéra­tions inter­na­tionales sont beau­coup plus dens­es à l’intérieur de l’Europe qu’avec les États-Unis ; la mobil­ité durable des chercheurs, jeunes ou con­fir­més, est très impor­tante. En d’autres ter­mes, l’Europe de la recherche est bâtie par ceux et celles qui la pra­tiquent. Une leçon d’humilité !

Le Programme-cadre de recherche et de développement technologique (PCRD)

Après une phase de créa­tion d’organismes européens dis­per­sés, les choses changent lors de la relance de la con­struc­tion européenne avec l’Acte unique (1986) qui con­féra, enfin, une com­pé­tence en R & D à ce qui allait devenir l’Union européenne. Le pro­to­type du PCRD lancé en 1984 fut inté­gré au traité. La R & D devint une com­pé­tence partagée entre l’Union et les pays mem­bres. Mais les choses furent bien encadrées.

La Com­mis­sion ne pour­rait financer que des pro­jets de coopéra­tion. Les grands pays croy­aient encore à leur toute-puis­sance ! Et, comme l’un des élé­ments déclencheurs était le besoin de réa­gir à la mon­tée en puis­sance du Japon, on priv­ilé­gia les pro­jets impli­quant l’industrie. Il fal­lait donc au moins trois pays et un assem­blage de lab­o­ra­toires académiques et indus­triels. Mais il fal­lait aus­si respecter la sacro-sainte poli­tique de con­cur­rence. On inven­ta donc le con­cept de recherche pré­com­péti­tive. Ni trop fon­da­men­tale, ni trop appliquée. La pro­tec­tion de la pro­priété intel­lectuelle et de sa val­ori­sa­tion, l’essence même du PCRD, était réglée en amont par une solide annexe aux con­trats de coopération.

Plus tard, on util­isa cet out­il pour faciliter l’intégration des nou­veaux pays mem­bres de l’Est, comme on l’avait fait pour les pays du Sud. La par­tic­i­pa­tion d’une entité de ces pays à un pro­jet devint un atout. On fit donc du PCRD la boîte à out­ils de plusieurs objec­tifs poli­tiques. Mais glob­ale­ment ce fut un suc­cès. La mise en œuvre du PCRD suiv­it deux logiques dif­férentes. Pour les TIC on ampli­fia les pro­grammes Esprit et Race lancés en 1984 et on en lais­sa la ges­tion à la direc­tion générale, égale­ment chargée des aspects régle­men­taires et de la poli­tique indus­trielle dans ces domaines.

Il y avait donc une inté­gra­tion ver­ti­cale des com­pé­tences. Sans doute cela n’est-il pas étranger au suc­cès du GSM. La même inté­gra­tion n’exista pas pour les autres domaines (énergie, trans­port, san­té, etc.). La DG recherche s’occupa de la R & D et plus tard de l’innovation à côté des DG sec­to­rielles qui traitaient de normes et d’affaires indus­trielles. Cela n’empêchera pas de belles suc­cess sto­ries de voir le jour.


REPÈRES

Au com­mence­ment étaient le char­bon et l’acier avec la Ceca. Ce traité com­pre­nait une petite com­posante de R & D. Puis, en 1957, vint Euratom, en par­al­lèle avec la créa­tion du Marché com­mun. Là, il y eut plus de R & D et même l’installation du CCR (Cen­tre com­mun de recherche) à Ispra en Ital­ie. Las ! Le change­ment du choix des fil­ières et la défense des cham­pi­ons nationaux furent fatals à l’approche com­mu­nau­taire. Mais on gar­da le CCR qui se diver­si­fia. Il res­ta donc quelque chose. En réal­ité, l’Europe préféra la coopéra­tion inter­gou­verne­men­tale qui, sans doute, per­me­t­tait mieux aux États de garder la main. 

La pre­mière pierre du pres­tigieux Cern fut posée en 1955 à la suite d’un accord signé par douze pays. Il s’agissait de don­ner à la physique européenne les moyens de faire jeu égal avec les États-Unis. Puis vin­rent l’ESO (astronomie), l’EMBL (biolo­gie molécu­laire), l’ESA (espace) et bien d’autres. À chaque fois, la taille des moyens engagés néces­si­tait un parte­nar­i­at. On avait donc au début des années 1980 une con­stel­la­tion d’organismes européens opérant indépen­dam­ment d’une véri­ta­ble poli­tique de recherche européenne. Les États, tou­jours les États ! 


L’intégration par la mobilité

La recherche académique ne fut pas totale­ment oubliée dans le PCRD. Il n’était pas pos­si­ble, pas encore, de financer des équipes indi­vidu­elles. La dif­fi­culté fut con­tournée avec la mise en place d’un vaste pro­gramme de mobil­ité des jeunes chercheurs, en par­ti­c­uli­er des post­docs, qui sont les forces vives des lab­o­ra­toires. Cette ini­tia­tive était déclinée selon deux modes : des bours­es indi­vidu­elles liées à l’exécution du pro­jet dans un autre pays que le sien, et des réseaux d’échange entre des cen­tres de plusieurs pays.

Cette approche com­mu­nau­taire vint s’ajouter à la mul­ti­tude de pro­grammes nationaux déjà en place. Aujourd’hui encore le pro­gramme Marie Sklodows­ka-Curie rem­porte un franc suc­cès. D’ailleurs une étude (NetRe­Act) de la mobil­ité européenne dans les sci­ences du vivant pro­duite par l’IPTS (Insti­tute for Prospec­tive Tech­no­log­i­cal Stud­ies – Séville) l’a bien mon­tré. Moins de 60 % des post­docs sont des chercheurs nationaux. Les autres vien­nent pour moitié d’Europe et pour moitié du reste du monde. C’est un con­traste fort avec les don­nées glob­ales sur la mobil­ité fournies par Euro­stat : moins de 10 % des chercheurs sont hors de leur pays d’origine et, par­mi eux, un tiers seule­ment sont des Européens.

La stratégie de Lisbonne

Au tour­nant du XXIe siè­cle, l’Europe se lamente une nou­velle fois sur ses retards tech­nologiques. Lors du som­met de Lis­bonne de 2000 elle se lance dans une ambitieuse stratégie : « Faire de l’Union européenne l’économie de la con­nais­sance la plus com­péti­tive et la plus dynamique du monde d’ici 2010. » Une fois encore c’est la pri­mauté de l’économie au tra­vers d’une amélio­ra­tion de la com­péti­tiv­ité industrielle.

In fine, il faut plus d’innovation. Dans ce but, l’UE crée un Espace européen de la recherche (EER, ou ERA en anglais) avec un objec­tif sim­ple : une dépense européenne de R & D de 3 % du PIB, 1 % pour la sphère publique et 2 % pour le privé. Cela pour se rap­procher de ce que font ses grands con­cur­rents. Mais ce chiffre mag­ique cache une réal­ité plus com­plexe qui, une fois com­prise, con­duira à une mod­i­fi­ca­tion du dis­cours poli­tique. En bref, les dépens­es publiques de R & D atteignent à peu près les 1 % mais le secteur privé est loin des 2 %. Le EU Indus­tri­al R & D Invest­ment Score­board pro­duit par l’IPTS ain­si que d’autres études académiques per­me­t­tent de com­pren­dre d’où vient cette con­tre-per­for­mance apparente.

Com­ment résoudre alors le para­doxe d’un sup­posé sous-investisse­ment ? Sim­ple­ment par le poids des secteurs indus­triels dans l’addition finale. En d’autres ter­mes, c’est la taille des parts de marché cap­tées par les dif­férents ensem­bles géo­graphiques qui compte. L’Europe est faible dans le hard­ware et le soft­ware qui sont des secteurs à très grande inten­sité de R & D. Elle est forte dans l’automobile, secteur d’intensité moyenne en R & D. En 2005, le rap­port Aho (du nom de l’ancien Pre­mier min­istre fin­landais) fait le même con­stat. Il insiste alors sur la néces­sité de créer les con­di­tions opti­males pour la crois­sance rapi­de des indus­tries du futur à forte inten­sité de recherche. C’est le marché qui tire les dépens­es de R & D pas l’inverse !


Le EU Industrial R & D Investment Scoreboard

Le Score­board analyse l’intensité des dépens­es pro­pres de R & D des entre­pris­es cotées à par­tir de leurs rap­ports annuels. Glob­ale­ment, le con­stat est celui d’un manque d’investissement en Europe. L’intensité glob­ale est, en effet, moin­dre qu’aux États-Unis ou au Japon. Mais, si les don­nées sont désagrégées par secteur (FTSE), les firmes européennes font mieux que leurs con­cur­rentes améri­caines ou asi­a­tiques ! C’est vrai du médica­ment ou de l’automobile ; c’est aus­si vrai dans le soft­ware ou le hard­ware ; cela est cri­ant pour l’aéronautique (à cause des finance­ments du DoD (Depart­ment of Defense) aux États-Unis puisqu’on par­le ici de fonds propres). 


La création de l’ERC

La créa­tion au milieu des années 2000 du Con­seil européen de la recherche (ERC en anglais) n’est pas seule­ment la dernière étape d’un long chem­ine­ment dans la con­struc­tion de l’Europe de la recherche. C’est une véri­ta­ble rup­ture idéologique, un change­ment réel de par­a­digme. En clair, on passe d’une logique de coopéra­tion à une approche com­péti­tive du finance­ment de la recherche. Plus de pro­jets impli­quant plusieurs pays. Plus de parte­naires indus­triels. Et un déplace­ment du curseur vers le haut, vers la recherche fon­da­men­tale. D’abord pro­duire de la con­nais­sance et voir, plus tard, com­ment on pour­ra l’appliquer.

Nul doute qu’il y eut des réti­cences. Mais la pres­sion des chercheurs fut plus grande. Après tout, l’une des caus­es du suc­cès des États-Unis est la coévo­lu­tion des agences fédérales et des uni­ver­sités depuis des décen­nies. Ces dernières attirent les tal­ents qui vont ensuite obtenir des finance­ments de la NSF, des NIH ou d’autres agences. Un tel sys­tème de com­péti­tion-sélec­tion man­quait au niveau européen. La com­mu­nauté sci­en­tifique le désir­ait. L’ERC lui don­na sat­is­fac­tion avec, en plus, une atten­tion par­ti­c­ulière pour les jeunes chercheurs. Ceux-là mêmes qui ont le plus de mal à s’émanciper.

“La création du Conseil européen de la recherche
a été une véritable rupture idéologique.”

En 2007, le pre­mier appel d’offres pour les Start­ing Grants fut un peu le cauchemar prédit par les Cas­san­dre : plus de dix mille propo­si­tions pour quelques cen­taines de pro­jets ! Mais la sélec­tion se fit et les pre­miers con­trats furent signés. Fut-elle juste ? Sans doute, puisque la moitié de ces grantees obtint un deux­ième con­trat dans une nou­velle com­péti­tion cinq ans plus tard. Quant aux autres, ils firent une belle car­rière. Et beau­coup de ceux qui étaient dans la liste de réserve eurent un con­trat au deux­ième essai. En 2008, la com­péti­tion pour les Advanced Grants fut déjà plus calme et, à par­tir de 2009, le pro­gramme était sur de bons rails. On y ajou­ta ensuite une caté­gorie de Con­firmed Grants et de nou­veaux out­ils comme les Proof of Con­cept Grants.

Mais l’essentiel est peut-être ailleurs. Les don­nées de l’ERC (UE et pays asso­ciés) four­nissent une source unique d’informations pour com­pren­dre le paysage de la recherche européenne et en véri­fi­er le dynamisme et le degré d’intégration. Une étude détail­lée du domaine des sci­ences du vivant (l’un des trois piliers de l’ERC avec la physique et l’ingénierie et avec les sci­ences économiques et sociales) mon­tre plusieurs choses. Une pre­mière infor­ma­tion cap­i­tale émerge rapi­de­ment : un tiers des grantees tra­vail­lent en dehors de leur pays d’origine. Et la plu­part sont européens. C’est donc plus que pour les post­docs. C’est égale­ment beau­coup plus que pour l’ensemble du per­son­nel sci­en­tifique. Donc les très bons chercheurs vont là où ils trou­vent les meilleures con­di­tions pour met­tre en œuvre leurs pro­jets. Point de bar­rière donc.

En deux­ième lieu, quelques points forts émer­gent dans le paysage de la recherche européenne. Là où la den­sité de grantees par rap­port aux chefs d’équipe est forte, par exem­ple à Pas­teur ou à Curie, à l’ETH ou à l’EPFL en Suisse, dans des petites struc­tures, sou­vent de créa­tion récente, en Autriche ou en Espagne. Bien sûr, Cam­bridge est au som­met du classe­ment, mais c’est grâce à quelques insti­tuts dédiés ! En d’autres ter­mes, là où on fait de la recherche à plein temps. Mais la sit­u­a­tion n’est pas figée. Au bout de dix ans on voit à la fois une sat­u­ra­tion des cen­tres his­toriques et l’émergence de nou­veaux foy­ers d’excellence. Observerait-on une forme de coévo­lu­tion entre le fédéral et le local, induite par l’ERC ?

Le fil directeur de l’innovation

Pour l’Insee : « L’innovation désigne l’introduction sur le marché d’un pro­duit ou d’un procédé nou­veau ou sig­ni­fica­tive­ment amélioré par rap­port à ceux précédem­ment élaborés par l’unité légale. » C’est donc bien l’affaire des entre­pris­es. Ce sont elles qui assem­blent les con­nais­sances, internes ou externes, pour créer ou amélior­er leurs pro­duits ou procédés afin d’en tir­er un avan­tage com­para­tif. Et c’est bien dans cet esprit que les autorités com­mu­nau­taires ont artic­ulé leurs ini­tia­tives pen­dant un demi-siècle.

Le fil directeur fut de faciliter la créa­tion de con­nais­sances et leur dif­fu­sion dans le tis­su indus­triel. On le vit dès le début avec un PCRD cen­tré sur de grands pro­jets coopérat­ifs pub­lic-privé. Puis on créa en son sein un pro­gramme pour les PME inno­vantes (tou­jours en coopéra­tion). Ce fut ensuite, dans le cadre du nou­veau PCRD « Hori­zon 2020 », le tour de l’EIT, une sorte de MIT européen mais dis­séminé, qui se décline en une série de com­mu­nautés d’acteurs (les KIC pour Knowl­edge and Inno­va­tion Com­mu­ni­ties) dans dif­férents domaines !

À la même péri­ode, l’Union a mis en place une autre ini­tia­tive, celle des FET Flag­ships (pour tech­nolo­gies émer­gentes ou futures). Un peu dans le droit fil du rap­port Aho cité plus haut. Enfin, un Con­seil européen de l’innovation (CEI) ver­ra le jour en 2021. Il vise à soutenir des inno­va­tions européennes de rup­ture. Exit donc les inno­va­tions incrémentales.

“L’innovation est l’affaire des entreprises.”

Comme pour l’ERC, la rup­ture fut d’abord con­ceptuelle. L’Union déci­da de financer (grant ou sub­ven­tion avec prise de par­tic­i­pa­tion) des pro­jets indi­vidu­els pro­posés par des entre­pris­es et sélec­tion­nés dans une com­péti­tion ouverte. Un nou­veau par­a­digme ! L’évolution est claire. Les réseaux ini­ti­aux du PCRD ne pou­vaient, par essence, mobilis­er que des lab­o­ra­toires exis­tants. Cela con­cer­nait surtout les indus­tries tra­di­tion­nelles, pas celles du futur. Bien sûr, cela a per­mis d’incorporer les tech­nolo­gies émer­gentes : infor­ma­tique dans l’automobile, biotech­nolo­gies dans la phar­ma­cie, etc. L’ambition, nou­velle pour l’Union, est de faire croître sur son ter­ri­toire les start-up afin que quelques-unes devi­en­nent les majors de demain. Enfin ! Les autres res­teront dans le sché­ma clas­sique de l’absorption par les grands groupes. Comme ces start-up sont sou­vent créées par les chercheurs eux-mêmes, la mobil­ité des per­son­nes est in fine un puis­sant moteur de l’innovation.

Et la suite ? 

En matière de recherche, l’UE fait aujourd’hui face à trois défis : les nou­velles fron­tières de la sci­ence, le départ des Bri­tan­niques et la crise finan­cière induite par l’épidémie de coro­n­avirus. Alors, quelles sont ces nou­velles fron­tières ? Sans doute faut-il s’affranchir des dis­ci­plines pour abor­der des ques­tions com­plex­es. Il faut favoris­er les syn­er­gies. L’ERC a com­mencé à le faire. Ou mieux, adapter les for­ma­tions en amont pour une nou­velle généra­tion de chercheurs. La car­togra­phie des con­nec­tions synap­tiques du cerveau (con­nec­tome) est un bon exem­ple. C’est fait pour le lom­bric, c’est en cours pour la mouche. Puis vien­dra la souris et peut-être com­pren­dra-t-on un jour ce qui fait que l’homme est homme. Quel sera le rôle de l’Europe dans cette aventure ? 

Plus générale­ment, la com­mu­nauté sci­en­tifique doit porter de nou­velles ambi­tions et l’UE doit lui fournir des moyens adéquats. Le départ du Roy­aume-Uni va laiss­er un vide. C’est le pays le plus per­for­mant qui a entraîné les autres dans les pro­jets coopérat­ifs et les a stim­ulés dans les com­péti­tions. Avec un Brex­it dur, les Bri­tan­niques pour­ront encore par­ticiper, à leurs frais, aux pro­grammes coopérat­ifs mais seront exclus des pro­jets individuels.

“La communauté scientifique doit porter de nouvelles ambitions.”

Le défi pour la France sera de ne pas décrocher par rap­port à une Alle­magne qui va con­tin­uer de mon­ter en puis­sance. En ter­mes de bud­get, les prévi­sions se sont dégradées avec la crise économique récente et les négo­ci­a­tions sur le plan de relance. Au début, les rêveurs imag­i­naient un dou­ble­ment de moyens pour le futur pro­gramme « Europe Hori­zon ». En mai, le Con­seil pro­po­sait un mon­tant de 100 mil­liards d’euros. Après la crise, cette somme est ramenée à 81 mil­liards, un niveau équiv­a­lent à celui du pro­gramme précé­dent. Mais, comme les Bri­tan­niques (qui absorbaient au moins 20 % des ressources) ne seront plus là, il y a un réel bonus pour ceux qui restent. Et puis le Par­lement a son mot à dire. 

La ges­ta­tion fut longue et semée d’entraves liées à la nature même de la con­struc­tion européenne. Il fal­lut respecter les com­pé­tences des pays mem­bres, et donc réa­gir à des pres­sions externes plutôt que d’anticiper. Mais l’EER s’est fait quand même, en par­ti­c­uli­er depuis sa base. Et des out­ils comme l’ERC ou le CEI ani­ment aujourd’hui de saines com­péti­tions au niveau du con­ti­nent. C’est à ce niveau qu’il faut jouer, pour con­tin­uer d’exister entre les États-Unis et la Chine. C’est par la sélec­tion et le sou­tien des meilleures équipes, où qu’elles soient, que l’Europe grandira. 


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