élève en sciences expérimentales

Être une fille en prépa scientifique

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016
Par Sylvie BONNET

Le prob­lème est celui de la moti­va­tion des filles pour s’ori­en­ter vers des études supérieures sci­en­tifiques. Il peut y avoir des freins psy­chologiques, les femmes doivent tou­jours en faire davan­tage que les hommes pour se sen­tir à la hau­teur, comme des freins matériels, par exem­ple l’ex­is­tence d’in­ter­nat dans les prépas.

Des pro­grès ont été faits sur le ter­rain de l’ouverture des inter­nats aux filles en pré­pa. En 2015, le por­tail Admis­sion post­bac per­met de véri­fi­er que presque tous les inter­nats de lycées à pré­pa pro­posent des places aux filles. Tous, sauf trois : Stanis­las à Paris, Blaise-Pas­cal à Cler­mont-Fer­rand et Jean-Per­rin à Lyon.

REPÈRES

Avant d’y enseigner, j’ai été une fille en prépa scientifique. Après avoir été la seule de ma Terminale C (aujourd’hui S), j’ai suivi ma prépa dans des classes où les filles étaient majoritaires et où les professeurs de sciences étaient tous des femmes. Au moins, je n’avais pas à chercher loin pour trouver des figures de femmes inspirantes.
Mais ce lycée était une exception dans le paysage des prépas scientifiques. J’étais arrivée là parce que le proviseur de mon lycée de province avait cherché un lycée parisien qui offre des places d’internat aux filles en prépa. Or, tous les lycées, sauf un, n’offraient d’internat qu’aux garçons.
Et celui qui avait répondu positivement n’avait en fait pas d’internat du tout. Il envoyait ses filles internes au Foyer des lycéennes de la rue du Docteur-Blanche, à l’autre bout de Paris.


En 2015, le prob­lème n’est pas tant celui de la par­ité que du main­tien d’une offre glob­ale suff­isante. La demande de places d’internat de la part des familles d’élèves de lycée est très forte. Les régions, qui doivent arbi­tr­er entre les dif­férents besoins, ten­dent à priv­ilégi­er ces derniers.

Un choix jus­ti­fié par le fait qu’en pré­pa, les jeunes sont étu­di­ants et que l’enseignement supérieur ne relève pas de leur responsabilité.

Par­al­lèle­ment, le dis­posi­tif des inter­nats d’excellence n’a pas été accom­pa­g­né de la con­struc­tion de nou­velles places d’internat. Les étab­lisse­ments cherchent des solu­tions pour élargir leur offre d’hébergement, mais le con­texte de restric­tions budgé­taires ne favorise pas le déploiement d’une poli­tique ambitieuse de loge­ment étu­di­ant pour les prépas.

Une relative parité

Et le corps pro­fes­so­ral ? En maths et physique-chimie, sa com­po­si­tion a évolué.

“ Les femmes représentent quelque 30 % des professeurs de disciplines scientifiques ”

Les femmes représen­tent actuelle­ment quelque 30 % des pro­fesseurs de dis­ci­plines sci­en­tifiques. Les étu­di­ants sont donc témoins d’une rel­a­tive par­ité, même si les femmes sont plus représen­tées dans les dis­ci­plines expéri­men­tales qu’en math­é­ma­tiques, et d’autant moins que les estrades sont prestigieuses.

La dis­til­la­tion qui fait pass­er le pour­cent­age de femmes pro­fesseurs de math­é­ma­tiques de 20 % toutes pré­pas con­fon­dues à 9 % en MP* relève des mêmes mécan­ismes que ceux qui régis­sent l’ensemble de l’enseignement supérieur scientifique.

Toujours la médecine

30 %, c’est aus­si le pour­cent­age de filles en pré­pa sci­en­tifique, alors que les bache­liers S qui ali­mentent ces class­es sont à par­ité filles et garçons. Ce faible pour­cent­age dérange. Où vont les bache­lières S ?

On les trou­ve mas­sive­ment en médecine. Pourquoi cette dis­symétrie ? Le pla­fond de verre a‑t-il explosé dans les hôpi­taux ? L’équilibre vie privée-vie pro­fes­sion­nelle y est-il plus facile à trou­ver ? Les femmes y seraient-elles plus à leur place que dans l’entreprise ?


Les femmes sont plus représen­tées dans les dis­ci­plines expéri­men­tales qu’en mathématiques.

Poster un commentaire