« Une direction hors du commun »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°770 Décembre 2021
Par Anne DUCLOS-GRISIER (93)

À la tête de la direc­tion de l’information légale et admin­is­tra­tive, Anne Duc­los-Grisi­er (93) nous fait décou­vrir la DILA et ses ambi­tions, et partage aus­si avec nous sa vision de la par­ité et de l’importance d’attirer les jeunes tal­ents pour dévelop­per son secteur cible : le numérique.

Présentez-nous la DILA, la direction de l’information légale et administrative ? 

La direc­tion de l’information légale et admin­is­tra­tive (DILA) est une direc­tion d’administration cen­trale placée sous l’autorité de la secré­taire générale du Gou­verne­ment. Ses mis­sions, visent à assur­er l’accès au droit, à offrir aux citoyens les infor­ma­tions néces­saires à leurs démarch­es admin­is­tra­tives ain­si qu’à la con­nais­sance de leurs droits et oblig­a­tions, à con­tribuer à la trans­parence de la vie publique, économique et finan­cière et à pro­pos­er des pub­li­ca­tions, numériques et papi­er, rel­a­tives au débat pub­lic ou con­tribuant à la com­préhen­sion des poli­tiques publiques.

“La DILA est assez exemplaire en matière de parité.”

Ses pro­duc­tions emblé­ma­tiques et quo­ti­di­ennes con­cer­nent la pub­li­ca­tion du Jour­nal offi­ciel et sa dif­fu­sion sur legifrance.gouv.fr, l’information des citoyens sur les règles et démarch­es admin­is­tra­tives via service-public.fr et un cen­tre d’appels inter­min­istériel, l’éclairage sur les poli­tiques publiques et le débat pub­lic à tra­vers vie-publique.fr et ses activ­ités d’éditeur (mar­que La Doc­u­men­ta­tion française). La DILA gère égale­ment des presta­tions d’imprimerie et de diffusion.

C’est une direc­tion hors du com­mun, dotée d’un bud­get annexe, employ­ant des per­son­nels de droit pub­lic et de droit privé et exerçant des activ­ités aus­si bien numériques qu’industrielles.

Quel a été votre parcours avant d’occuper vos fonctions actuelles ? 

À ma sor­tie de Poly­tech­nique (X93), j’ai inté­gré le corps de con­trôle des assur­ances, où j’ai suivi les cours de Sci­ences Po. J’ai ensuite inté­gré l’ENA et ai débuté ma car­rière pro­fes­sion­nelle en 2001, en tant qu’administratrice civile à la direc­tion du bud­get. Ma pre­mière par­tie de car­rière a été con­sacrée aux ques­tions finan­cières sous toutes leurs formes : d’abord adjointe au chef de bureau « urban­isme, loge­ment, ser­vices com­muns du min­istère de l’Équipement » à la direc­tion du bud­get, j’ai ensuite effec­tué ma mobil­ité à la SNCF en tant que cheffe du départe­ment « risques et assur­ances » auprès du directeur des opéra­tions finan­cières pen­dant 4 ans. J’ai rejoint la direc­tion du bud­get comme cheffe du bureau de la cul­ture, de la jeunesse et des sports puis j’ai occupé le poste de sous-direc­trice de la per­for­mance de la dépense publique pen­dant trois ans, qui m’a per­mis de tra­vailler sur la régle­men­ta­tion budgé­taire avec notam­ment la rédac­tion du décret de 2012 relatif à la ges­tion budgé­taire et compt­able publique, sur la maîtrise d’ouvrage des sys­tèmes d’information finan­cière, sur les opéra­teurs de l’État ou encore la per­for­mance finan­cière. En 2013, j’ai été nom­mée direc­trice, secré­taire générale adjointe du min­istère de la Jus­tice, poste sur lequel j’ai pu élargir mon champ d’action à toutes les fonc­tions sup­port et con­tribuer notam­ment à deux évo­lu­tions impor­tantes : la réforme en pro­fondeur du secré­tari­at général et l’élaboration de la loi de pro­gram­ma­tion 2018–2022 et de réforme de la jus­tice. Après six années pas­sion­nantes à la jus­tice, j’ai été nom­mée, en jan­vi­er 2020, direc­trice de l’information légale et administrative.

Quelle feuille de route avez-vous définie pour développer la DILA ? 

Notre feuille de route vient d’être fixée pour les trois prochaines années par le plan stratégique DILA 2024. Co-con­stru­it avec les agents au pre­mier semes­tre 2021, notre plan stratégique mar­que la volon­té de la DILA d’être un acteur majeur dans la rela­tion renou­velée « admin­is­tra­tion – usager » et un levi­er de la mod­erni­sa­tion de l’État. Il place l’usager au cœur de nos pri­or­ités, encore plus qu’il ne l’est déjà, c’est-à-dire en visant un stan­dard de qual­ité dans les ser­vices apportés et la rela­tion à l’usager au niveau le plus élevé, pour tous les ser­vices (Légifrance, service-public.fr,…) et en recher­chant une plus grande com­plé­men­tar­ité entre les dif­férents canaux d’accès à l’usager (site inter­net, mes­sagerie, réponse télé­phonique, réseaux sociaux…). 

Pour y par­venir, la DILA doit con­tin­uer à se trans­former, comme elle l’a fait de manière volon­tariste depuis de nom­breuses années, et ren­forcer son col­lec­tif pour que les équipes tra­vail­lent de manière moins cloi­son­née et encore plus effi­cace, en cap­i­tal­isant sur ce que les autres font de bien et en dévelop­pant les rela­tions et les parte­nar­i­ats avec d’autres admin­is­tra­tions. Cela va se traduire par des pro­jets très con­crets comme le développe­ment d’un site de référence d’information et d’orientation des entre­pris­es ou la dématéri­al­i­sa­tion de bout en bout de la pro­duc­tion normative.

Quelle importance accordez-vous à la parité au sein de votre direction ? 

La DILA est assez exem­plaire en matière de par­ité. Le pour­cent­age de femmes au sein de l’encadrement supérieur est passé de 27 % en 2014 à 57,5 % au 31 décem­bre 2020, pour une pro­por­tion de femmes dans l’effectif total de 47,4 %. Je viens de recruter un directeur adjoint pour rééquili­br­er un peu car nous étions qua­tre femmes sur cinq mem­bres du comité de direc­tion… Les écarts de rémunéra­tion entre les hommes et les femmes ont égale­ment été réduits pas­sant de 23 % en 2016 à 7 % en 2020. Par ailleurs, 100 % des recrute­ments sur postes per­ma­nents ont été effec­tués en 2020 con­for­mé­ment au guide visant au respect de la non-discrimination. 

Ces démarch­es nous ont per­mis d’obtenir, avec l’ensemble des ser­vices du Pre­mier min­istre, le label « Égal­ité pro­fes­sion­nelle entre les femmes et les hommes », délivré par l’AFNOR en 2020. Une belle recon­nais­sance pour ces mesures, des­tinées à pro­mou­voir le respect des droits des femmes et la juste représen­ta­tion des femmes dans l’administration française.

En tant qu’administration, comment faites-vous pour attirer les jeunes talents notamment dans le secteur que vous ciblez, le numérique ? 

La DILA dis­pose d’une sous-direc­tion des sys­tèmes d’information qui compte plus de 130 agents aux pro­fils infor­ma­tiques var­iés : chef de pro­jet, tech-lead, UX-design­er, ingénieur SysOps, admin­is­tra­teur réseaux, chargé de sécu­rité informatique… 

La DILA est active pour attir­er les meilleurs can­di­dats en s’appuyant sur un départe­ment des ressources humaines et une sous-direc­tion des SI très engagés et en par­tic­i­pant aux ini­tia­tives inter­min­istérielles. Elle mène des cam­pagnes dig­i­tales pour faire con­naître ses offres, par­ticipe aux actions de la sphère publique en matière de recrute­ment de tal­ents du numérique, notam­ment aux salons de recrute­ment comme le forum de l’emploi Tech de l’État. Elle intè­gre égale­ment un dis­posi­tif d’accueil de sta­giaires et d’alternants, afin de ren­dre plus vis­i­ble l’institution auprès des jeunes. Nous avons ain­si accueil­li 24 alter­nants pour la ren­trée 2021–2022, aux­quels s’ajoutent des sta­giaires tout au long de l’année.

“Notre plan stratégique marque la volonté de la direction de l’information légale et administrative
d’être un acteur majeur dans la relation renouvelée « administration – usager »
et un levier de la modernisation de l’État.”

Être attrac­t­if ne s’arrête pas au recrute­ment. L’intérêt et la vis­i­bil­ité des pro­jets con­duits est un fac­teur de moti­va­tion impor­tant : faire évoluer service-public.fr, qui devrait dépass­er les 500 mil­lions de vis­ites en 2021, pour capter des publics éloignés de l’administration ; dévelop­per les appli­ca­tions de pro­duc­tion des lois et décrets pour amélior­er l’accès au droit… Le plan stratégique DILA 2024 mon­tre que nous ne man­quons pas de pro­jets qui sont à la fois tech­nique­ment intéres­sants pour un infor­mati­cien et por­teurs de sens pour le citoyen. 

Enfin, la qual­ité de vie au tra­vail (QVT) devient égale­ment un fac­teur de plus en plus impor­tant dans les recrute­ments. Le rap­port au tra­vail des nou­velles généra­tions est en pleine muta­tion, l’attention porte, au-delà de la mis­sion pro­posée, sur le cadre de tra­vail, l’environnement. C’est pourquoi la DILA en a fait un axe majeur de développe­ment, qui asso­cie à la fois les évo­lu­tions pro­fes­sion­nelles et le bien-être au tra­vail. Par exem­ple, depuis le 1er sep­tem­bre 2021, le télé­tra­vail volon­taire a été large­ment déployé, avec près de 80 % des agents dont les activ­ités le per­me­t­tent qui en béné­fi­cient jusqu’à deux jours par semaine. 

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