Espace et nucléaire

Dossier : La DéfenseMagazine N°529 Novembre 1997Par : Michel FERRIER (62), directeur au Secrétariat général de la Défense nationale

En apparence, rien n’a changé. Et pour­tant, la sit­u­a­tion n’est plus du tout la même, et l’avenir désor­mais plein de questions.

Jusque dans les années 80, les cibles de nos armes nucléaires étaient claire­ment iden­ti­fiées, même si des pré­cau­tions de lan­gage avaient évo­qué la dis­sua­sion “tous azimuts” et même si le sol, sur lequel exploseraient éventuelle­ment cer­taines de ces armes, était objet de polémique. Or, le pacte de Varso­vie est dis­sous et la Russie n’est pas prête avant longtemps à men­ac­er d’en­vahir l’Eu­rope occi­den­tale. Le nucléaire mil­i­taire a‑t-il donc encore un sens ?

Force est de répon­dre pos­i­tive­ment car l’arme­ment nucléaire ne se développe pas en un tour de main. Il faut des décen­nies pour le met­tre au point et l’ac­qui­si­tion des capac­ités néces­saires sup­pose l’assen­ti­ment inter­na­tion­al ou la per­sévérance dans la dissimulation.

Qui peut nous garan­tir que nous n’au­rons pas à brandir une men­ace effrayante dans les cinq ou six prochaines décen­nies ? Con­tre qui, objectera-t-on ? Aucun pays n’est actuelle­ment en mesure de jus­ti­fi­er une éventuelle dis­sua­sion de notre part, soit parce que les dom­mages qu’il pour­rait nous causer ne sont pas à cette échelle, soit parce que la riposte nucléaire n’est pas la réponse appro­priée. Mais ce con­stat d’au­jour­d’hui ne vaut évidem­ment pas pour demain.

En effet, l’arme nucléaire s’est révélée per­ti­nente pour assur­er la paix dans un con­texte de con­fronta­tion Est-Ouest, alors qu’elle avait été conçue con­tre l’Alle­magne et expéri­men­tée con­tre le Japon. C’est dire que l’avenir n’é­tait pas prévis­i­ble, et qu’il ne l’est pas plus aujour­d’hui : per­son­ne ne prévoy­ait la guerre des Mal­ouines ou celle du Koweït, six mois avant leur occur­rence. Per­son­ne n’avait pronos­tiqué la chute du mur de Berlin en temps utile.

D’in­térêt majeur dans la per­spec­tive à long terme de notre sys­tème de défense, l’arme nucléaire doit le rester pour un motif rarement explic­ité dans des ter­mes très sim­ples : elle est un dis­posi­tif peu coû­teux par rap­port aux autres sys­tèmes sus­cep­ti­bles d’ap­porter des résul­tats psy­chologiques ou mil­i­taires com­pa­ra­bles. Au moment où les néces­sités économiques se font plus pres­santes, où le péril appa­raît plus loin­tain, cette con­sid­éra­tion pour­rait se fray­er un chemin explicite par­mi les raisons du main­tien de la panoplie nucléaire française.

Toute­fois, l’arme nucléaire risque de se heurter à des dif­fi­cultés accrues dans le futur, qu’elles soient diplo­ma­tiques, tech­nologiques ou morales.

Ain­si, la norme inter­na­tionale repose sur le traité de non-pro­liféra­tion. La France a longue­ment résisté avant d’en accepter les pré­con­i­sa­tions et a for­tiori d’y souscrire. Ce traité dis­tingue cinq puis­sances nucléaires, qui se trou­vent être les cinq vain­queurs de la dernière Guerre mon­di­ale, et leur con­fie un statut par­ti­c­uli­er qui les autorise à pos­séder des armes nucléaires. Mais il affirme claire­ment que leur déten­tion comme les expéri­men­ta­tions pour les con­cevoir doivent, in fine, être pro­hibées. Cet objec­tif ultime con­stitue une pres­sion con­sid­érable sur les opin­ions publiques des démoc­ra­ties occi­den­tales et a trou­vé de nom­breuses occa­sions pour se con­cré­tis­er dans des pris­es de posi­tion où les puis­sances dotées d’armes n’ont pas osé se démar­quer des autres, alors qu’elles en avaient à la fois l’in­térêt et la pos­si­bil­ité juridique. L’ac­cep­ta­tion de la con­ven­tion CTBT (Com­pre­hen­sive test ban treaty) procé­dait du même “sens his­torique” qui pousse à la dénu­cléari­sa­tion mil­i­taire. Ce mou­ve­ment est d’au­tant plus fort que les inci­ta­tions à un partage des aspects civils de l’én­ergie nucléaire, aus­si explicites dans le TNP (3), se heur­tent à des dif­fi­cultés de pro­priété indus­trielle ou de budget.

Les engage­ments français à ne procéder à aucun essai sup­plé­men­taire, s’ils préser­vent l’outil actuel de dis­sua­sion nucléaire et la con­cep­tion d’armes com­pa­ra­bles, s’ils ne fer­ment pas com­plète­ment la porte à des développe­ments ultérieurs sur la base des travaux issus de la sim­u­la­tion, con­stituent quand même un hand­i­cap con­sid­érable à des évo­lu­tions impor­tantes que la mod­i­fi­ca­tion ultérieure de notre con­texte géopoli­tique pour­rait appel­er. Le fait que nos prin­ci­paux parte­naires, c’est-à-dire nos alliés et nos anciens adver­saires, soient soumis à des con­traintes iden­tiques nous ras­sure dans l’éventuelle con­fronta­tion avec eux, mais ne con­forte pas la place de l’arme­ment nucléaire dans l’outil de défense. D’ailleurs, la France n’est peut-être pas la mieux placée dans ce car­can pour trois raisons : d’abord, les États-Unis, qui n’ont pas fer­mé leur champ de tirs du Neva­da, peu­vent tou­jours envis­ager une reprise des essais s’ils dénon­cent le CTBT. Ensuite, dans l’hy­pothèse inverse, la sim­u­la­tion s’ap­puiera chez eux sur une banque de don­nées bien plus riche que la nôtre.

Enfin, l’im­por­tance crois­sante de l’arme­ment con­ven­tion­nel les favoris­era, que ce soit à cause du nom­bre de sys­tèmes d’armes dont ce pays dis­pose et/ou de la sophis­ti­ca­tion avec laque­lle il les con­stru­it. Enfin, la sit­u­a­tion géo­graphique des instal­la­tions d’es­sai se prête plus facile­ment, chez nos parte­naires, à une inter­pré­ta­tion “large” des dis­po­si­tions du CTBT.

Mais, plus encore que par les hand­i­caps internes, le nucléaire des Nations occi­den­tales sera bous­culé par la pro­liféra­tion dans le monde. Certes, on se gar­garise des assur­ances formelles qui s’a­mon­cel­lent avec des traités de ban­nisse­ment locaux (con­cer­nant pour l’in­stant l’Amérique latine, le Paci­fique- Sud, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique), on se réjouit du renon­ce­ment crédi­ble et durable à toute ten­ta­tive d’ac­qui­si­tion d’arme nucléaire par le Brésil, l’Ar­gen­tine, le Chili, l’Afrique du Sud… et, dans la mis­ère actuelle de la Corée du Nord, on voit au moins un aspect posi­tif, l’in­ca­pac­ité à pour­suiv­re un pro­gramme nucléaire mil­i­taire. Or, bien d’autres pays n’ont pas renon­cé, à com­mencer par Israël, le Pak­istan, l’Inde, l’I­ran… Il faut voir là un véri­ta­ble dan­ger ! En effet, la sta­bil­ité d’une sit­u­a­tion inter­na­tionale basée sur la dis­sua­sion dépend, selon moi, du nom­bre de pays y jouant un rôle. Dans le passé, par­mi les cinq puis­sances nucléaires recon­nues par le traité de non-pro­liféra­tion, seuls des groupe­ments de deux voire trois pays ont pris part au “jeu de la dis­sua­sion”, ce qui rendait pos­si­ble l’étab­lisse­ment d’une rel­a­tive sta­bil­ité. Il en serait assuré­ment autrement si le nom­bre de “joueurs” venait à s’ac­croître de trois ou qua­tre pays supplémentaires.

La com­mu­nauté inter­na­tionale saura-t-elle con­tenir cette évo­lu­tion ? L’ex­em­ple irakien pousse au pes­simisme… Il démon­tre que beau­coup de respon­s­ables se sont abrités der­rière les ter­mes du TNP pour croire que ce pays ne dis­po­sait que des sites d’u­ra­ni­um enrichi déposés à Tuwait­ha sous con­trôle de l’AIEA (4). La réal­ité était tout autre. En réac­tion, après une guerre qui a fait des dizaines de mil­liers de morts et mobil­isé des cen­taines de mil­liers de com­bat­tants, les procé­dures inter­na­tionales de con­trôle se sont améliorées, notam­ment avec le pro­gramme dit “93 + 2”. Mais, cette amélio­ra­tion bien mince, qui ne per­met pas aujour­d’hui de savoir si l’I­ran a un vrai pro­gramme de fab­ri­ca­tion d’arme­ment nucléaire, est encore insuffisante.

Le nucléaire militaire dans le monde
LE NUCLÉAIRE MILITAIRE DANS LE MONDE


Un dernier élé­ment ne con­fortera pas la place du nucléaire : la dif­fi­culté à gér­er son statut éthique. À pro­por­tion de son effi­cac­ité, l’arme nucléaire a été mise à part dans le statut de l’im­agerie et, d’une cer­taine façon, dia­bolisée. Elle fait l’ob­jet d’une con­damna­tion morale de principe, même si son main­tien dans la panoplie des out­ils de défense est toléré, pour une péri­ode tem­po­raire, tant que des men­aces épou­vanta­bles ne peu­vent être con­tenues que par ce biais. Ce recours n’est certes pas exclu dans l’avenir loin­tain, mais on voit toutes les dif­fi­cultés qu’il fau­dra sur­mon­ter pour jus­ti­fi­er la per­ma­nence de ces armes pen­dant une péri­ode où elles ne seront pas, tem­po­raire­ment, néces­saires. L’im­pératif moral risque de pouss­er à des choix inévitables.

Au total, le nucléaire, qui n’a cessé de croître, tant par le nom­bre que par la sophis­ti­ca­tion, des années 50 à la décen­nie 90, est en régres­sion sur les deux points. Les accords Salt puis Start, le CTBT gèrent cette décrois­sance quan­ti­ta­tive chez nos parte­naires et la sup­pres­sion de la troisième com­posante française en est la tra­duc­tion nationale. De même, on voit se dévelop­per la doc­trine d’un “nucléaire virtuel” out­re-Atlan­tique, idée red­outable pour nos capac­ités si elle devait trou­ver un écho offi­ciel. Si la décrois­sance est inéluctable, du moins doit-elle être la plus lente pos­si­ble, car tel sem­ble être, tout sim­ple­ment, notre intérêt.

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La poli­tique spa­tiale est-elle mieux cernée ? Aux yeux du pub­lic elle fait l’ob­jet d’un con­sen­sus, que ce soit dans les péri­odes de suc­cès ou à l’oc­ca­sion des échecs que l’on a con­nus récem­ment. La com­posante mil­i­taire de cette poli­tique n’échappe pas à cette con­ver­gence : elle n’a servi de sup­port ni aux joutes politi­ci­ennes ni aux débats entre spé­cial­istes. Et pour­tant, rien ne sem­ble plus frag­ile, voire fac­tice, que cette unanimité.

Ce pronos­tic pes­simiste impose d’abord de décrire la poli­tique actuelle, quitte à la résumer.

Longtemps ignoré, l’e­space est devenu, à la fin des années 80, une des pri­or­ités de la défense, à la fois pour sa com­posante de télé­com­mu­ni­ca­tions et pour sa fac­ulté d’ob­ser­va­tion. Ces deux fonc­tions sont désor­mais perçues comme une néces­sité pour la défense de la France et pour le main­tien de son autonomie de juge­ment et d’ac­tion. C’est à ce titre que le satel­lite Hélios-1A est opéra­tionnel depuis octo­bre 1995 ; avec Hélios-1B qui sera lancé fin 1999 le sys­tème devrait con­tin­uer à fournir des images de pré­ci­sion métrique jusqu’en 2003–2004.

Hélios 2, qui ver­ra ses capac­ités améliorées, sera prêt à assur­er la relève dès 2002, et les deux satel­lites prévus devraient fonc­tion­ner jusque vers 2012.

Quant à Syra­cuse 1, il a assuré sur la plate-forme civile Télé­com-1C des fonc­tions de com­mu­ni­ca­tion mil­i­taire sus­cep­ti­bles de con­tin­uer à fonc­tion­ner même en péri­ode de crise ou de guerre, sur un mode pro­tégé. Syra­cuse 2 qui lui a suc­cédé per­me­t­tra la con­ti­nu­ité de ser­vice jusqu’en 2005.

Dans le même temps, pour d’év­i­dentes raisons budgé­taires, du fait d’un effet d’échelle omniprésent dans les affaires spa­tiales, on a choisi le cadre européen pour tout ce qui touche à l’e­space, et on souhaite que la com­posante mil­i­taire ne déroge pas à cet impératif ; on a en out­re décidé de tir­er par­ti de toutes les syn­er­gies pos­si­bles entre secteurs civ­il et militaire.

La dif­fi­culté vient de ce que tous ces objec­tifs sont con­tra­dic­toires et que les inco­hérences de l’ac­tiv­ité spa­tiale, dans tous les pays, inter­dis­ent les ratio­nal­i­sa­tions dès lors que l’on place la coopéra­tion européenne au cen­tre des objec­tifs, et que l’on érige la syn­ergie civil/militaire en dogme.

S’il fal­lait se per­me­t­tre une incur­sion vers le para­doxe, on pour­rait dire que toutes les dif­fi­cultés provenant des autres pays et des autres secteurs d’ac­tiv­ités se focalisent sur l’e­space mil­i­taire, à cause du cadre qui lui est imposé.

Quelques exem­ples suf­firont à l’illustrer :

  • l’outil d’ob­ser­va­tion réputé civ­il, Spot, bien qu’ayant essen­tielle­ment des clients mil­i­taires, réels ou dis­simulés, est pure­ment nation­al. Son homo­logue mil­i­taire Hélios 1 a été d’emblée voulu européen, et la France, seul pays d’Eu­rope à en maîtris­er la tech­nique à l’époque, a offert à ses parte­naires ital­ien et espag­nol de par­ticiper à l’aven­ture de façon très minori­taire. Dans le cadre du Cen­tre satel­li­taire de l’UEO, elle a fait la part belle aux Européens en leur con­cé­dant que le site de com­mande et d’ex­ploita­tion soit en Espagne et le directeur bri­tan­nique. Quant à Hélios 2, il est dif­fi­cile d’en­traîn­er nos parte­naires dans l’aven­ture et il sera pra­tique­ment à 100 % français et nous prévoyons d’en ven­dre (ou d’en don­ner) les images à nos anciens alliés. Le pays qui veut l’e­space et l’Eu­rope à la fois est presque con­traint de tout pay­er et d’en faire cadeau à ses voisins ;
  • la syn­ergie civil/militaire a été recher­chée sys­té­ma­tique­ment. Elle a con­duit à dis­pos­er de la même plate-forme pour Spot 4 et Hélios 1 ; elle a même été chiffrée à 1 GF pour les par­ties com­munes à Spot 5 et Hélios 2. Il reste que le coût d’Hélios 2 est d’en­v­i­ron 5 GF, mal­gré ces économies, alors que les indus­triels français sont à même de faire des propo­si­tions pour l’ex­por­ta­tion de satel­lites métriques à des prix sans com­mune mesure inférieurs. La recherche de la syn­ergie a en fait renchéri les coûts par l’al­longe­ment des pro­grammes, par le recours à des tech­nolo­gies définies de nom­breuses années aupar­a­vant, etc.


Ce tableau con­fus ne con­cerne que les fonc­tions tra­di­tion­nelles actuelles de l’e­space mil­i­taire. Il faut en out­re les péren­nis­er et les élargir. En effet, pour con­forter notre doc­trine de défense, et notam­ment notre autonomie, nous devrons avoir des capac­ités d’ob­ser­va­tion tout temps, par le recours aux satel­lites-radar, aux images infrarouges, à la ges­tion d’un flux tou­jours plus impor­tant de don­nées entre d’éventuels théâtres loin­tains et les cen­tres de déci­sion mét­ro­pol­i­tains… À cette liste, on serait sans doute bien inspiré d’a­jouter les sys­tèmes de nav­i­ga­tion par satel­lite pour lesquels le recours au GPS améri­cain n’est sans doute pas une garantie cer­taine. Les mêmes dif­fi­cultés ne man­queront pas d’être rencontrées.

Y a‑t-il une issue à ces con­tra­dic­tions ? Sauf à dilapi­der tous les efforts antérieure­ment con­sen­tis, sauf à renon­cer à l’essen­tiel de la poli­tique nationale de défense, on doit répon­dre par l’af­fir­ma­tive, quitte à obtenir réelle­ment la con­ver­gence européenne en la cher­chant moins au jour le jour, quitte à tir­er con­crète­ment prof­it des avancées civiles en dis­tin­guant plus qu’au­jour­d’hui les deux domaines pour éviter qu’ils se ser­vent d’al­i­bi réciproque.

Huit ans après la chute du mur de Berlin, on est très loin d’avoir tiré toutes les con­séquences de l’ef­fon­drement de l’URSS. L’ex­tra­or­di­naire lour­deur des équipements mil­i­taires, des­tinés à être mis en ser­vice dix à quinze ans après leur con­cep­tion puis à rester opéra­tionnels vingt à trente ans, y est pour beau­coup. Mais on aurait tort de sous-estimer les pesan­teurs doc­tri­nales. Un Livre blanc et un Comité stratégique ne suff­isent peut-être pas à faire tout l’ag­gior­na­men­to néces­saire. Un exem­ple suf­fi­ra : tant que l’URSS était un monde clos, agres­sif, capa­ble de se pro­jeter à l’im­pro­viste sur l’Oc­ci­dent pour l’asservir, la doc­trine “open skies” s’im­po­sait : elle con­siste à faire admet­tre à tous, Russ­es com­pris, que l’ob­ser­va­tion à par­tir de l’e­space était, par nature, un droit, con­traire­ment à celles réal­isées par avion, qui rel­e­vait de l’es­pi­onnage, et méri­tait que soient abat­tus les aéronefs cor­re­spon­dants, notam­ment les U2. Sur ces bases, on a érigé le principe du statut sta­bil­isa­teur de l’ob­ser­va­tion par satel­lite. Dès lors, son développe­ment était licite, presque moral et l’ex­por­ta­tion des moyens cor­re­spon­dants logique.

Or, depuis quelques années, le mono­pole améri­cain des mis­siles de croisière a été brisé et l’on a entre­vu la pos­si­bil­ité d’une cer­taine dis­sémi­na­tion de ces vecteurs dans les zones sen­si­bles. L’ob­ser­va­tion et la numéri­sa­tion du ter­rain con­stituent un des fac­teurs clé de guidage de ces mis­siles. L’ob­ser­va­tion bas­cule donc main­tenant pour devenir un fac­teur d’in­sta­bil­ité. La doc­trine n’a pas encore évolué en con­séquence, que ce soit aux États-Unis ou a for­tiori en Russie.

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(1) Le con­cept français de dis­sua­sion se définit par la volon­té et la capac­ité de faire red­outer à un adver­saire, quel qu’il soit et quels que soient ses moyens, des dom­mages inac­cept­a­bles, hors de pro­por­tion avec l’en­jeu d’un con­flit, s’il cherche à s’en pren­dre à nos intérêts vitaux. Seules les armes nucléaires ont aujour­d’hui une telle capac­ité en rai­son de leur pou­voir destruc­teur et impa­ra­ble. C’est pourquoi elles ont aus­si pour ver­tu d’empêcher la guerre générale, de “ren­dre incon­cev­able le recours à la guerre totale comme moyen act­if de la poli­tique” (Livre blanc 1972).

(2) “Le sys­tème de riposte nucléaire stratégique doit avoir une capac­ité de destruc­tion telle qu’un agresseur éventuel soit dis­suadé d’en­tre­pren­dre, con­tre notre ter­ri­toire, une action qu’il paierait d’un prix exor­bi­tant. La crédi­bil­ité mil­i­taire de cette force repose sur la puis­sance, mais aus­si sur sa sûreté et sur sa capac­ité de péné­tra­tion des défens­es advers­es” (La Défense de la France, édité par le min­istère de la Défense en 1988).

(3) Traité de non-prolifération.

(4) Agence inter­na­tionale pour l’én­ergie atomique.

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