ERMEWA : Un leader de la gestion d’actifs de transport au sein du Groupe SNCF

Dossier : Dossier FFEMagazine N°710 Décembre 2015
Par Étienne FALLOU

Êtes-vous un loueur de wagons, citernes ou un transporteur de marchandises ?

Le groupe Erme­wa ne trans­porte pas de mar­chan­dises. Il loue des wagons, des conte­neurs et des loco­mo­tives. Il assure éga­le­ment une acti­vi­té de main­te­nance de ses wagons, voire de ceux de ses concurrents.

Pouvez-vous revenir sur l’histoire de votre groupe ?

En 1956, Erme­wa nait en Suisse. La socié­té trans­porte du vin dans ses wagons-citernes. Ses acti­vi­tés res­tent modestes jusqu’au début des années 80.

En 1989, l’entreprise prend une dimen­sion plus impor­tante en rache­tant les 10 000 wagons du groupe Sati. Trois ans plus tard, le groupe SNCF rentre à son capi­tal, en tant qu’actionnaire minoritaire.

Enfin en 2010, le trans­por­teur fer­ro­viaire fran­çais rachète la tota­li­té du groupe Erme­wa et confie à l’entreprise la ges­tion de la tota­li­té des wagons de SNCF Fret.

Pour quelle raison principale la SNCF est-elle entrée dans le capital de votre groupe ?

Erme­wa est un outil inté­res­sant de flexi­bi­li­té et de cap­ta­tion de la valeur. Il évite à la SNCF de se retrou­ver en per­ma­nence avec du maté­riel sur les bras ! Il a per­mis au départ d’optimiser sa flotte en louant le maté­riel fer­ro­viaire inuti­li­sé ou sta­tion­né sous entre­pôt. L’activité a depuis lar­ge­ment pris son envol par rap­port au groupe.

Que pouvez-vous transporter dans vos wagons ?

Il y a de tout ! Nous trans­por­tons des pro­duits inter­mé­diaires et des pro­duits finis dans les sec­teurs de la chi­mie, de la métal­lur­gie, de l’énergie (pétrole, gaz) et de l’alimentaire (le lait, l’eau ou la bière par exemple).

Le poids, le volume et la dan­ge­ro­si­té des mar­chan­dises néces­sitent sou­vent le pas­sage par le rail.

Faites-vous du sur-mesure ?

Erme­wa est en mesure de le faire, oui. Il peut adap­ter les conte­neurs et les wagons, par exemple sur les moda­li­tés de déchar­ge­ment. Nous nous adap­tons aux besoins des clients de manière intel­li­gente en fonc­tion des stan­dards de notre matériel.

En tant que loueurs, nous devons cepen­dant res­ter le plus stan­dard pos­sible afin d’être en mesure de repla­cer les actifs non loués.

Avez-vous l’intention de vous développer dans d’autres secteurs d’activités par exemple l’automobile ?

Erme­wa n’est pas sur ce mar­ché parce que le trans­port fer­ro­viaire auto­mo­bile ne répond pas à ses cri­tères de stan­dar­di­sa­tion. Les wagons autos doivent s’adapter en per­ma­nence aux dési­dé­ra­tas des clients. Ils doivent être modu­laires, cou­verts ou non. Ils doivent por­ter des voi­tures petites ou grandes.

Les wagons porte-autos sont aujourd’hui déte­nus par des entre­prises de logis­tiques auto­mo­biles. Dans l’organisation de SNCF Logis­tics, STVA est notre spécialiste.

Votre stratégie est ailleurs…

Notre stra­té­gie est de nous déve­lop­per géographiquement.

Notre acti­vi­té sur la loca­tion du conte­neur est ain­si déjà mon­diale (5 % du chiffre d’affaires en France). Nous cher­chons des mar­chés dans de nou­veaux pays où nous ne sommes pas for­cé­ment très pré­sents comme en Amé­rique latine.

Nous vou­lons aus­si déve­lop­per de nou­veaux usages pour les conte­neurs-citernes. En effet, les indus­triels n’ont pas tou­jours le réflexe d’avoir recours aux conte­neurs-citernes pour leurs usages !

Et pour les wagons, qu’en est-il ?

Nous avons une grosse acti­vi­té en France, mais nous devons conti­nuer à nous déve­lop­per en Europe cen­trale et en Europe de l’Est.

Dans ces pays, l’activité indus­trielle est plus forte, et les entre­prises natio­nales détiennent des wagons vieillis­sants et n’auront pas tou­jours les moyens de les renou­ve­ler. Elles devront recou­rir à la location.

Votre dimension est clairement européenne pour la location des wagons. Et pour les locomotives…

Notre ambi­tion géo­gra­phique est clai­re­ment euro­péenne ! Pour les deux acti­vi­tés, nous avons l’ambition de conqué­rir l’Europe, avec quelques excep­tions où nous ne pour­rons guère nous implan­ter : en Rus­sie et en Espagne où les écar­te­ments de rails sont plus impor­tants que les nôtres et en Angle­terre où les gaba­rits des wagons anglais sont adap­tés aux tun­nels et aux virages serrés !

Tous vos convois peuvent-ils être exploités en Europe ?

Aucun pro­blème pour nos wagons, en revanche, c’est plus com­pli­qué pour les loco­mo­tives. Nos motrices fran­çaises ne fonc­tionnent pas comme les Alle­mandes, les Danoises ou les Ita­liennes. Elles n’ont pas la même élec­tri­ci­té, le même sys­tème de sécu­ri­té, la même signa­li­sa­tion, ni les mêmes conducteurs.

En Europe, les com­pa­gnies pri­vées peuvent cir­cu­ler à condi­tion d’avoir le bon cer­ti­fi­cat de sécu­ri­té, le bon maté­riel et un conduc­teur ayant le droit de rouler !

Comment surpassez-vous le problème ?

D’une part, nous inves­tis­sons dans des loco­mo­tives mul­ti­sys­tème (France, Alle­magne, Ita­lie par exemple).

Par ailleurs, nos clients peuvent chan­ger de loco­mo­tive et/ou de conduc­teur lors du pas­sage la fron­tière. Ce sont sim­ple­ment des manoeuvres, des points de rup­ture et de l’organisation sup­plé­men­taires. Cette situa­tion ne faci­lite évi­dem­ment pas notre business.

En Europe, le trans­port fer­ro­viaire n’est pas encore assez stan­dar­di­sé par rap­port à l’avion et au camion.

La répartition de vos sites vous permet-elle une certaine proximité à vos clients ?

Erme­wa s’adapte aux mar­chés en déployant ses effec­tifs en fonc­tion de ses clients. Nous avons réduit la voi­lure en Suisse. En revanche, nous aug­men­tons notre acti­vi­té en Alle­magne et dans les Pays de l’Est, aux États-Unis et en Asie. La proxi­mi­té a tou­jours été impor­tante pour nous.

À la dif­fé­rence des loueurs pure­ment finan­ciers, nous sommes dans une logique de loca­tion opé­ra­tion­nelle avec les ser­vices asso­ciés de maintenance.

Vos wagons transportent-ils des matières dangereuses ?

Oui, des matières chi­miques par exemple. Nous ne fai­sons pas en revanche le trans­port de déchets nucléaires, mais il nous arrive d’assurer la main­te­nance des essieux des wagons d’Areva.

Comment assurez-vous la maintenance de vos wagons ?

Notre main­te­nance est assu­rée par nos ate­liers pour les wagons et par la SNCF pour une par­tie de nos locomotives.

Sur chaque pro­blé­ma­tique, notre appar­te­nance au groupe SNCF nous donne accès à un cata­logue de connais­sances tech­niques incom­pa­rable par rap­port à nos concurrents.

Wagons ERMEWA

Pourquoi la maintenance est-elle si importante ?

Nous avons une obli­ga­tion de résul­tat quand nous trans­por­tons des matières dan­ge­reuses ! Il est essen­tiel de contrô­ler l’intégralité de la chaîne de maintenance.

La sécu­ri­té est incon­tour­nable pour nous et c’est pour­quoi nous sommes cer­ti­fiés ECM (Enti­té en charge de la main­te­nance) sur les wagons et sur les loco­mo­tives, ce qui nous per­met de pilo­ter nous même notre maintenance.

La France et l’Europe, privilégient-elles le transport ferroviaire ?

Oui et non, à mon sens. Il y a par exemple des réflexions en cours sur l’amélioration de l’entretien du réseau capil­laire qui est néces­saire dans le trans­port fer­ro­viaire de marchandises…mais la volon­té est par­fois dif­fi­cile à mettre en oeuvre financièrement.

Au-delà de la France, en Europe, il y a une vraie volon­té d’harmoniser les sys­tèmes de sécu­ri­té et élec­triques et d’organiser des grands cor­ri­dors. Le fer­ro­viaire, c’est le futur. La preuve : de grands groupes finan­ciers s’intéressent de près au ferroviaire.

Quelles sont vos ambitions ?

L’ambition est de res­ter lea­der dans notre métier en pour­sui­vant nos inves­tis­se­ments et en trou­vant si besoin des par­te­naires financiers.

Nous sommes le numé­ro 1 mon­dial dans la loca­tion de conte­neurs- citernes, numé­ro 2 dans la loca­tion de wagons en Europe et numé­ro 1 dans la loca­tion de loco­mo­tives de fret en Europe.

Actuel­le­ment, nous pré­pa­rons par exemple une grosse opé­ra­tion finan­cière pour res­ter lea­ders dans le sec­teur de la loca­tion de loco­mo­tive, qui est un mar­ché en forte croissance.

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