Environnement de travail en ligne la performance au défi de la sécurité avec eXo Platform

Dossier : Cloud, Data & IAMagazine N°773 Mars 2022
Par Veronika MAZOUR (99)
Par Dominique LUZEAUX (84)

Créée en 2003, eXo Plat­form pro­pose un envi­ron­nement de tra­vail en ligne sécurisé et très fonc­tion­nel. Sa cofon­da­trice, Veroni­ka Mazour-Mes­tral­let (99), nous explique l’ambition de son entre­prise devant l’hégémonie gran­dis­sante de Microsoft 365.

Pourquoi avez-vous créé eXo Platform ?

Depuis quelques années, et la crise COVID a accen­tué encore le phénomène, les organ­i­sa­tions font de plus en plus de place au télé­tra­vail. Aujourd’hui, il fait par­tie du quo­ti­di­en. Mais la plu­part des sociétés ou des admin­is­tra­tions se tour­nent naturelle­ment vers la solu­tion Microsoft 365, qui tend à devenir hégé­monique. Or, cette sit­u­a­tion pose un cer­tain nom­bre de problèmes.

Vous voulez parler du Cloud act ?

C’est en effet la pre­mière prob­lé­ma­tique. Cette loi fédérale améri­caine pro­mul­guée en 2018 impose aux acteurs du numérique améri­cains de met­tre à dis­po­si­tion des autorités leurs don­nées, même si elles sont stock­ées à l’étranger pour le compte de tiers, et ce sur sim­ple demande judi­ci­aire. Beau­coup d’organisations y voient une perte de sou­veraineté menaçante.

“Le digital workplace eXo couvre tous les domaines de travail collaboratif et du télétravail en entreprise, tout en offrant des garanties fortes de sécurité.” 

Et par ailleurs, à plus long terme, com­ment ne pas crain­dre une dom­i­na­tion améri­caine dans l’espace dig­i­tal de demain ? Inve­stir dans une tech­nolo­gie non européenne creuserait encore notre dépen­dance vis-à-vis des États-Unis, alors que nous avons les cartes en main pour faire émerg­er une indus­trie du numérique forte et indépen­dante en Europe.

Dans cette situation, que propose votre plateforme de travail ?

À un niveau fonc­tion­nel, le dig­i­tal work­place eXo cou­vre tous les domaines de tra­vail col­lab­o­ratif et du télé­tra­vail en entre­prise, tout en offrant des garanties fortes de sécu­rité. La plate­forme pro­pose des out­ils à des­ti­na­tion des com­mu­ni­cants : actu­al­ités, com­mu­nautés, ges­tion de con­tenu, etc. Bien évidem­ment, nous four­nissons égale­ment des out­ils col­lab­o­rat­ifs : espaces, chat, visio­con­férence, ges­tion des tâch­es, co-édi­tion de doc­u­ments. Les col­lab­o­ra­teurs peu­vent réa­gir aux infor­ma­tions et les partager comme ils le souhait­ent. La ges­tion des con­nais­sances est un aspect impor­tant de cet out­il, qui per­met de l’organiser sous forme de doc­u­ments, de notes, avec un accès facil­ité pour l’utilisateur, par une recherche unifiée. Enfin, nous avons veil­lé à don­ner les moyens d’accroître la pro­duc­tiv­ité et l’engagement des col­lab­o­ra­teurs, par une per­son­nal­i­sa­tion, des appli­ca­tions, une gam­i­fi­ca­tion, des mécan­ismes favorisant la reconnaissance.

Quelle est la capacité d’adaptation de cette plateforme par rapport aux spécificités de vos clients ?

C’est un point cap­i­tal pour nous. Le pro­jet ETVI du min­istère des Armées, con­duit par Dominique Luzeaux, est très par­lant à cet égard. Répon­dant à un appel d’offres, nous avons su nous adapter avec nos parte­naires pour munir le min­istère des Armées d’un espace de tra­vail numérique, hébergé dans un cloud privé fab­riqué sur mesure, sécurisé pour les besoins du ministère.

De manière générale, si la sécu­rité est essen­tielle dans nos pro­jets, dig­i­tal work­place eXo se dis­tingue aus­si par sa capac­ité d’intégration aux appli­cat­ifs métiers, grâce aux nom­breuses APIs open­source, qui per­me­t­tent aux entre­pris­es de main­tenir les investisse­ments qu’elless ont déjà fait dans d’autres logi­ciels. Cette sou­p­lesse se reflète aus­si dans l’attention que nous por­tons à l’expérience util­isa­teur : un envi­ron­nement de tra­vail doit avant tout avoir une grande facil­ité d’usage. eXo est vrai­ment cen­tré sur le col­lab­o­ra­teur et c’est un point qui nous dis­tingue vrai­ment des espaces de tra­vail clas­siques : nous atta­chons une grande impor­tance au fait que l’utilisateur puisse se retrou­ver dans son envi­ron­nement de tra­vail, ne pas se per­dre dans ses appli­cat­ifs, et que l’ensemble soit per­son­nal­isé autour de lui.


Dominique Luzeaux (84) est directeur de l’Agence du numérique de défense. Il nous explique la mise en place récente d’un espace de tra­vail en ligne pour le min­istère des Armées, impli­quant la solu­tion eXoPlatform.

Dominique Luzeaux, dans quelles conditions l’Agence du numérique de défense a‑t-elle lancé le projet ETVI (environnement de travail virtuel sur internet) ?

Dès le lende­main de l’annonce du pre­mier con­fine­ment, en 2020, j’ai lancé une pre­mière con­sul­ta­tion pour avoir une solu­tion immé­di­ate­ment, de manière que les per­son­nels tra­vail­lent depuis chez eux. Il fal­lait être capa­ble de tra­vailler de manière col­lab­o­ra­tive, être capa­ble de faire de la mes­sagerie, éventuelle­ment des échanges en visio­con­férence, tout cela sur des con­tenus non clas­si­fiés. Nous avons eu cette solu­tion pen­dant six mois. À la fin du pre­mier con­fine­ment, suite aux retours d’expérience des util­isa­teurs, j’ai lancé un appel d’offres pour pou­voir échang­er avec un niveau de sécuri­sa­tion le plus proche du « dif­fu­sion restreinte », c’est-à-dire le plus haut niveau avant le niveau clas­si­fié. Le marché a été attribué, après mise en con­cur­rence, à un groupe­ment sol­idaire de sociétés français­es CYBERSECANDYOU (man­dataire et tit­u­laire de la licence de mar­que HEXATRUST DISTRIBUTION), CINES, EXO PLATFORM, METSYS et MIND TECHNOLOGIES. La fédéra­tion de plusieurs ETI et PME français­es en sous-trai­tance déclarée (NEURONES, OVHCLOUD, SYNACKTIV, TIXEO) ren­force ce dis­posi­tif et garan­tit le respect des exi­gences de sou­veraineté nationale.

“C’est la première fois qu’une solution intégrée est homologuée par le ministère des Armées quasiment au niveau des exigences de sécurité « diffusion restreinte ».” 

Aujourd’hui, nous avons une solu­tion inté­grée, homo­loguée à un haut niveau de sécu­rité, hébergée dans un cloud lui-même sécurisé. Sachant que cette solu­tion est en ligne, c’est un excel­lent niveau de sécu­rité, et c’est d’ailleurs la pre­mière fois qu’une solu­tion inté­grée est homo­loguée par le min­istère des Armées qua­si­ment au niveau des exi­gences de sécu­rité « dif­fu­sion restreinte ».

Pourquoi de telles précautions ?

C’est pour nous un enjeu de sou­veraineté numérique. Lorsqu’on utilise un out­il de tra­vail col­lab­o­ratif clas­sique, les don­nées sont poten­tielle­ment véhiculées dans le monde entier. Mêmes si elles n’étaient pas de niveau clas­si­fié, les don­nées échangées dans l’espace de tra­vail en ligne pro­jeté ne devaient pas offrir si peu de garantie quant à leur local­i­sa­tion. Dans l’appel d’offres lancé en juil­let 2020, les serveurs devaient être local­isés en France avec une oblig­a­tion de traça­bil­ité des dif­férentes don­nées sur le cloud, de manière à pou­voir s’assurer que les don­nées ne sor­tent pas du ter­ri­toire national.

Y avait-il d’autre exigences importantes, en dehors de la sécurité ?

Nous souhaitions une très bonne expéri­ence util­isa­teur pour tous les out­ils pro­posés par la solu­tion inté­grée. Par ailleurs, il y avait la ques­tion du nom­bre d’utilisateurs. Nous avons acheté plusieurs mil­liers de licences. Il fal­lait donc une disponi­bil­ité tech­nique qui per­me­tte de faire col­la­bor­er une grande quan­tité d’utilisateurs, ce qui ajoutait une con­trainte à l’élaboration de la solution.


En bref

  • Entre­prise française fondée en 2003 par Ben­jamin Mes­tral­let et Veroni­ka Mazour
  • Édi­teur pro­posant des solu­tions de dig­i­tal work­place pour les entre­pris­es et les administrations
  • Siège en France à Paris et un bureau aux États-Unis à San Fransisco
  • Env­i­ron 100 salariés

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