Énergie 2005–2015 en Europe : virage vers de nouvaux rivages

Dossier : Entreprise et managementMagazine N°618 Octobre 2006
Par Alain CHARDON (88)

Défi pétrole

Défi pétrole

Avant d’abor­der les ques­tions de nou­veaux rivages et de virages de société et d’en­tre­prise — qui ne vont pas de soi lorsqu’on est dans la con­duite au quo­ti­di­en des affaires — il est utile de pren­dre quelques lignes pour s’impré­gner de la force du con­texte à venir, qui nous paraît vite éloigné dans la vie quo­ti­di­enne des affaires. La sit­u­a­tion la moins prob­a­ble est que les choses con­tin­u­ent linéaire­ment comme elles l’ont fait dans les vingt dernières années.

La dépendance énergétique et l’accès plus difficile au pétrole et au gaz nous posent un premier défi.

La Com­mu­nauté européenne craint que son taux de dépen­dance énergé­tique ne passe de 50 % aujour­d’hui à 70 % en 2030, avec les con­séquences que l’on sait sur la fac­ture énergé­tique (encore plus fortes à terme). Les max­i­ma de pro­duc­tion ont été passés en pét­role au Roy­aume-Uni, en Norvège, et en gaz au Roy­aume-Uni et aux Pays-Bas ; seule la pro­duc­tion gaz­ière norvégi­en­ne est appelée à croître.

Dans le monde la ten­sion entre la demande et l’of­fre s’est accrue ces deux dernières années. Le bar­il de pét­role atteignait 77 dol­lars à l’heure où nous écriv­ions ces lignes à la mi-juil­let. Ils résul­tent à la fois d’une demande qui a dépassé les prévi­sions (crois­sance aux USA, en Chine, en Inde, crois­sance mon­di­ale qui a dépassé les 5 % plusieurs années de suite), d’un sous-investisse­ment dans les années qua­tre-vingt-dix dans l’ex­plo­ration — pro­duc­tion comme dans le raf­fi­nage, des ten­sions géopoli­tiques (con­flit en Irak, en Iran, au Proche-Ori­ent, atti­tudes nation­al­istes au Venezuela, en Bolivie, en Russie) et de plusieurs oura­gans dont Kat­ri­na qui ont réduit les capac­ités de pro­duc­tion du golfe du Mexique.

Enfin la com­péti­tion pour l’ac­cès aux ressources tant pétrolières que gaz­ières s’a­vive entre l’Eu­rope et des pays comme les États-Unis et les puis­sances asi­a­tiques, voire même avec la Russie, sans men­tion­ner l’émer­gence des com­pag­nies pétrolières nationales ayant voca­tion à mieux con­trôler l’exploi­ta­tion de leurs pro­pres ressources, par oppo­si­tion aux majors inter­na­tionales historiques.

Les investisse­ments con­sen­tis en ce moment dans les tech­nolo­gies de pro­duc­tion (smart oper­a­tions), d’ex­plo­ration, de raf­fi­nage font que les écon­o­mistes de l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie (OCDE) ain­si que l’En­er­gy Infor­ma­tion Admin­is­tra­tion (USA DOE) prévoient une hausse sig­ni­fica­tive des vol­umes et une baisse par­tielle des prix actuels jusqu’en 2010, puis à nou­veau une hausse pro­gres­sive et désor­mais con­tin­ue des prix.

Tou­jours est-il que Thier­ry Des­marest prévient qu’il est peu prob­a­ble que le bar­il redescende à 25 $ (c’est une litote). Il anticipe égale­ment le peak-oil (max­i­mum de pro­duc­tion, avant une baisse inéluctable) d’i­ci quinze à vingt-cinq ans, avec une pro­duc­tion mon­di­ale supérieure de 30 % à la pro­duc­tion actuelle. De leur côté les « pes­simistes » situent le peak-oil dès 2010–2020 (voire en ce moment pour les plus pes­simistes d’en­tre eux). Rap­pelons que la crois­sance de la pro­duc­tion ralen­ti­ra avant l’at­teinte du « pic » (qui sera peut-être un plateau bosselé sur plusieurs années) : la ten­sion offre-demande, donc les « chocs-prix » liés au peak-oil précéderont de plusieurs années celui-ci. Au rythme actuel, le peak-gas suiv­rait d’en­v­i­ron une ving­taine d’an­nées le peak-oil, donc là aus­si du vivant de nom­bre d’en­tre nous.

Le recours mas­sif au char­bon est donc ten­tant. Il est abon­dant, avec la crois­sance actuelle il peut cou­vrir cent ans de con­som­ma­tion mon­di­ale. Il est déjà la pre­mière source d’én­ergie pour la pro­duc­tion de l’élec­tric­ité, même en Europe (40 % de l’élec­tric­ité mon­di­ale : 35 % pour l’Eu­rope hors de France, 50 % pour les États-Unis, 75 % pour la Chine). Mais il émet des quan­tités de gaz à effet de serre supérieures de 40 % à 100 % par rap­port au pét­role et au gaz pour le même ser­vice ren­du. Ce qui nous amène à la deux­ième con­trainte majeure que nous aurons à anticiper dans cha­cun de nos secteurs économiques.

Défi climat

La lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique con­stitue le sec­ond défi — non le moins redoutable.

Le GIEC1 est la référence mon­di­ale en matière de syn­thèse sci­en­tifique sur la con­nais­sance du cli­mat et de son évo­lu­tion, sur les impacts du change­ment qui est à l’œu­vre sur le globe et les activ­ités humaines et enfin sur les émis­sions de gaz à effet de serre ain­si que les moyens de les dimin­uer. Cet organ­isme est placé à la fois sous l’égide de l’ONU et de l’Or­gan­i­sa­tion météorologique mon­di­ale. Il a été créé à la demande du G7 en 1988, et tous les pays mem­bres de l’ONU en sont adhérents. Le GIEC pub­lie tous les cinq ans un rap­port de syn­thèse de la con­nais­sance dont chaque mot est soigneuse­ment pesé.

Il résulte de cette syn­thèse que le change­ment cli­ma­tique est déjà là avec cer­ti­tude. La tem­péra­ture moyenne glob­ale a aug­men­té de 0,6° en un siè­cle. Les min­i­ma noc­turnes aug­mentent encore plus vite (c’est d’ailleurs l’im­pos­si­bil­ité de récupér­er la nuit qui a causé la mor­tal­ité en 2003), les satel­lites pho­togra­phient la diminu­tion de la cou­ver­ture des glaces arc­tiques, le nom­bre d’événe­ments cli­ma­tiques extrêmes par décen­nie est passé de 13 pour les années soix­ante à 72 pour les années qua­tre-vingt-dix, avec des coûts mul­ti­pliés par dix en dol­lars constants.

L’Or­gan­i­sa­tion météorologique mon­di­ale a en out­re souligné récem­ment que les années 2001–2005 sont les cinq années les plus chaudes après 1998 depuis que les sta­tis­tiques de tem­péra­tures ont été créées en 1850.

Mais surtout les scé­nar­ios éval­u­ent une hausse des tem­péra­tures sup­plé­men­taire d’i­ci 2100 dans une fourchette 1,4° à 5,8°, selon le type d’évo­lu­tion économique et socié­tale de la planète, soit plusieurs fois ce qui a été observé jusqu’i­ci. Or il ne s’ag­it que de moyennes annuelles glob­ales, qui cachent des hauss­es plus impor­tantes par exem­ple aux hautes lat­i­tudes en hiv­er, dans les lat­i­tudes inter­mé­di­aires en été, sur les ter­res par oppo­si­tion aux océans, la nuit par oppo­si­tion au jour.

Quelles con­séquences le GIEC con­sid­ère-t-il comme moyen­nement à forte­ment prob­a­bles ? Dans le bas de la fourchette, des effets posi­tifs ou négat­ifs appa­rais­sent locale­ment. Dans le haut de la fourchette, ils sont prob­a­ble­ment mas­sive­ment négat­ifs. Selon que l’on se situe dans le bas ou le haut de la fourchette, la diver­sité des espèces biologiques devrait se réduire dans quelques pays ou dans une majorité de pays. En effet il leur sera dif­fi­cile d’évoluer aus­si rapi­de­ment que le change­ment cli­ma­tique. La fréquence des événe­ments extrêmes (inon­da­tions, tem­pêtes, sécher­ess­es…) devrait s’ac­croître, voire forte­ment s’ac­croître au-delà des niveaux actuels, avec des impacts sur la san­té et la richesse.

Con­cer­nant les inon­da­tions dues à des tem­pêtes côtières, le GIEC éval­ue par exem­ple que le nom­bre d’i­nondés pour­rait pass­er de 40 mil­lions de per­son­nes par an actuelle­ment à 100 mil­lions si des mesures de pro­tec­tion sont pris­es, voire 250 mil­lions en l’ab­sence d’in­vestisse­ments sup­plé­men­taires. Les impacts sur l’a­gri­cul­ture sont déli­cats à éval­uer, posi­tifs ou négat­ifs selon les zones pour une aug­men­ta­tion faible des tem­péra­tures, plus cer­taine­ment négat­ifs pour les pays en développe­ment (et pour l’ensem­ble des pays pour des hauss­es fortes). Du point de vue de la san­té, les mor­tal­ités hiver­nales devraient baiss­er (moins d’hivers rudes), en revanche plus de mor­tal­ité serait observée en été. Selon des sim­u­la­tions de Météo France, dans le cas d’un scé­nario moyen un été sur deux en 2100 cor­re­spondrait au fameux mois d’août 2003. Les impacts sur l’eau seraient négat­ifs (qual­ité hygiénique dégradée du fait de la tem­péra­ture, demande accrue, disponi­bil­ité forte­ment changée selon les zones).

Enfin, plus on fonc­tionne dans des scé­nar­ios de type « Busi­ness as Usu­al », plus la prob­a­bil­ité de voir des phénomènes à seuils ou des phénomènes vio­lents appa­raître est pos­si­ble voire prob­a­ble. Le GIEC cite notam­ment le risque accru de voir les cir­cu­la­tions océaniques être per­tur­bées si la tem­péra­ture monte trop, alors qu’elles jouent un rôle de régu­la­tion impor­tante à l’échelle du globe.

Une par­tie des sci­en­tifiques estime que nous avons une fenêtre de tir de dix à vingt ans pour ini­ti­er des mesures cor­rec­tri­ces con­séquentes, après quoi les phénomènes de seuils et d’in­er­tie aug­menteraient forte­ment le risque de ren­dre les change­ments irréversibles.

Même combat

Le défi de l’indépen­dance énergé­tique et le défi cli­ma­tique se rejoignent en ce sens que l’én­ergie pèse pour 80 % des émis­sions glob­ales en Europe, la pro­duc­tion élec­trique pesant à elle seule pour 38 % des émis­sions de CO2.

À part la ten­ta­tion du recours au char­bon, ils parta­gent qua­si­ment les mêmes leviers de solu­tion (effi­cac­ité, mix­es énergé­tiques, sobriété) quels que soient les secteurs (indus­trie, ser­vices, bâti­ments, trans­ports, pro­duc­tion d’én­ergie). Répon­dre à la ques­tion du cli­mat per­met de répon­dre à la ques­tion de la sécu­rité énergé­tique, même si cette dernière est sans doute mieux com­prise et plus pri­or­i­taire dans l’a­gen­da des acteurs économiques et politiques.

Nouveaux rivages

Dans ce con­texte notre obser­va­tion des marchés européens de l’én­ergie et les travaux de prospec­tive que nous avons pu men­er avec nos clients nous per­me­t­tent de dégager sept ten­dances de long terme, qui sont déjà appar­entes aujour­d’hui en Europe (la France, avec son parc nucléaire qui pro­duit 80 % de l’élec­tric­ité a ses spé­ci­ficités). Ces ten­dances touchent non seule­ment le secteur de l’én­ergie, mais aus­si l’ensem­ble des secteurs économiques par ricochet.

Sept tendances pour un nouvel ordre énergétique jusque chez les particuliers et les entreprises

1) Aug­men­ta­tion des prix de l’én­ergie. Quoi qu’il arrive (et au-delà d’une éventuelle baisse par­tielle momen­tanée en cette fin de décen­nie) les prix de l’én­ergie sont appelés à aug­menter pour l’une ou l’autre des deux raisons suiv­antes. Soit c’est le prix intrin­sèque de l’én­ergie qui fait l’aug­men­ta­tion du prix glob­al, parce que les poli­tiques de préven­tion des chocs énergé­tiques ou cli­ma­tiques ont été insuff­isantes pour lim­iter la demande. Soit c’est l’aug­men­ta­tion du prix du CO2 qui fait l’aug­men­ta­tion du prix com­plet de l’én­ergie, du fait d’ob­jec­tifs con­traig­nants sur les marchés CO2 (ou via d’autres instru­ments de poli­tique publique comme la tax­a­tion) : cela dimin­ue la demande. Le prix intrin­sèque d’achat aux pays pro­duc­teurs a moins aug­men­té, les réserves sont con­som­mées moins rapi­de­ment, le peak-oil est retardé et lis­sé. Dans les deux cas, les util­isa­teurs privés comme les entre­pris­es doivent s’atten­dre à une aug­men­ta­tion con­tin­ue… et durable du prix de l’én­ergie, avec en principe une meilleure vis­i­bil­ité dans le sec­ond cas, donc une meilleure capac­ité des agents à anticiper et une meilleure sta­bil­ité sociale et économique.

2) Ten­dance à la fusion des opéra­teurs en Europe (élec­triciens, gaziers), pour attein­dre les tailles cri­tiques per­me­t­tant de faire face aux fortes con­traintes d’in­vestisse­ment et d’obtenir un meilleur pou­voir de négo­ci­a­tion en matière d’ap­pro­vi­sion­nement sur la scène internationale.

3) Retour de l’in­ter­ven­tion­nisme pub­lic, parce que les marchés seuls ne peu­vent répon­dre aux défis de l’indé­pen­dance énergé­tique et de la lutte con­tre le cli­mat. La dérégu­la­tion a démar­ré dans les années qua­tre-vingt-dix lorsque l’én­ergie n’é­tait plus un sujet stratégique. Le retour des ten­sions énergé­tiques sur le devant de la scène va amen­er les pou­voirs publics à exercer un rôle plus fort, a min­i­ma en ter­mes d’ori­en­ta­tions et de soutiens.

4) Forte pri­or­ité à l’ef­fi­cac­ité énergé­tique et à la maîtrise de la demande en énergie. Les « Négawatts » (énergie économisée pour un même ser­vice ren­du) con­stitueront en quelque sorte une des pre­mières « sources d’én­ergie » des pays, des par­ti­c­uliers et des entre­pris­es. Délais­sée dans les années qua­tre-vingt-dix, cette « source d’én­ergie » revient en force, avec l’a­van­tage de fournir une meilleure vis­i­bil­ité que les éner­gies clas­siques : à par­tir d’un investisse­ment con­nu, le même ser­vice est ren­du avec moins d’én­er­gies clas­siques, donc moins d’in­cer­ti­tude sur le coût final de l’usage, qu’il con­cerne le bâti­ment, les trans­ports, ou la pro­duc­tion de biens et de services.

5) Mix­es énergé­tiques plus var­iés pour la pro­duc­tion des éner­gies de réseau (cen­tral­isée et décen­tral­isée). La dou­ble con­trainte du cli­mat et de la dépen­dance énergé­tique est telle qu’il fau­dra savoir faire feu de tout bois. Dans les usages cen­tral­isés, le recours aux éner­gies fos­siles devrait avoir ten­dance à se faire plus var­ié, sans qu’il nous soit pos­si­ble de pari­er plutôt sur le char­bon ou le gaz à ce stade. D’i­ci vingt ans, la pos­si­bil­ité de cap­tur­er et stock­er sous terre les émis­sions de CO2 en sor­tie d’u­sine élec­trique pour­ra chang­er la donne. La part du nucléaire s’ac­croî­tra sans doute par néces­sité, dans des pro­por­tions d’au­tant plus grandes que l’ac­cep­ta­tion des citoyens sur le sujet sera grande et que seront faibles les efforts que la société dévelop­pera en matière de solu­tions effi­caces et de maîtrise de la demande.

Les éner­gies décen­tral­isées (réseaux de chaleur, grands renou­ve­lables comme l’éolien, la bio­masse indus­trielle) se dévelop­per­ont, ain­si que de nou­veaux équili­bres entre les cogénéra­tions de chaleur, froid, élec­tric­ité. Enfin à plus long terme l’hy­drogène pour­ra se dévelop­per. Il n’est toute­fois qu’un « vecteur », comme l’élec­tric­ité, et non une énergie naturelle : son béné­fice dépend de la façon dont nous le pro­duirons. Il apporterait néan­moins plus de sou­p­lesse que l’élec­tric­ité. Il est en effet plus facile­ment stock­able et il peut être util­isé dans les bâti­ments comme pour les transports.

6) Plus d’én­er­gies renou­ve­lables pour la pro­duc­tion de chaleur et d’élec­tric­ité à large échelle et dans les usages fin­aux dif­fus (bâti­ments), ain­si que pour les transports.

7) Plus d’én­er­gies répar­ties ou dif­fus­es chez les clients fin­aux (entre­pris­es, par­ti­c­uliers, admin­is­tra­tions). La solu­tion énergé­tique s’éla­bor­era désor­mais sur place chez le client, et elle sera com­pos­ite. Fin prob­a­ble du « tout élec­trique », du « tout fuel » ou du « tout gaz », délivrant mas­sive­ment de l’én­ergie « en ouvrant le robi­net ». La solu­tion con­juguera une ratio­nal­i­sa­tion du besoin (cf. 2), la pro­duc­tion d’én­ergie sur place (énergie renou­ve­lable par exem­ple solaire, pompe à chaleur, petite, mini ou micro-cogénéra­tion, récupéra­tion d’én­ergie fatale, c’est-à-dire d’én­ergie pro­duite sur le site pour d’autres raisons qu’én­ergé­tiques et habituelle­ment per­due, etc.) et le com­plé­ment avec une énergie clas­sique qui apporte la sou­p­lesse. Là encore l’in­vestisse­ment sera une ques­tion de rentabil­ité, de vis­i­bil­ité des coûts à long terme et de maîtrise du risque.

Per­me­t­tons-nous à ce stade une incise toute poly­tech­ni­ci­enne. Nous avons ten­dance à val­oris­er comme seules solu­tions effi­caces les solu­tions très cen­tral­isées, dont le nucléaire est un bon exem­ple, con­séquence sans doute de notre édu­ca­tion jacobine et tech­ni­ciste. N’ou­blions pas la puis­sance des marchés de masse. Quand les con­di­tions de marché sont mûres et les fil­ières de dis­tri­b­u­tion con­sti­tuées, ce qui est petit peut devenir nom­breux (!) donc rel­a­tive­ment mas­sif et effi­cace (atteinte de parts de marché sig­ni­fica­tives en quelques années).

Plus de technologie, de services, de financement

En con­séquence le marché de l’én­ergie ne sera plus un marché de kilo­wattheures ou de molécules à con­som­mer, mais de plus en plus un marché de « ser­vice énergé­tique » opti­misé car­ac­térisé par :

• plus de technologie

Hier on dis­po­sait d’une énergie fos­sile abon­dante, peu chère et util­is­able sans mod­éra­tion, avec des appareils dont on cher­chait à lim­iter d’abord le coût (chauffage, moteurs…). Demain sat­is­faire son besoin énergé­tique requiert plus de tech­nolo­gie à la fois pour éviter les pertes inutiles d’én­ergie (iso­la­tions, com­man­des du bâti­ment, comp­tage intel­li­gent des con­som­ma­tions appelé aus­si smart meter­ing), ain­si que pour pilot­er un appareil­lage énergé­tique plus com­plexe et plus com­pos­ite (énergie renou­ve­lable et clas­sique, cogénéra­tion, appareils, véhicule hybride…).

• plus de services

La mise en œuvre de solu­tions mul­ti-éner­gies ain­si que d’ac­tions en amont de maîtrise du besoin énergé­tique exige des com­pé­tences plus pointues, donc plus de ser­vices chez le client, dans des seg­ments qui sont actuelle­ment séparés : d’un côté le bâti­ment, de l’autre les chauffag­istes, du troisième les ges­tion­naires de biens, du qua­trième les vendeurs de matériels indus­triels, infor­ma­tiques et commu­ni­cants, enfin les opéra­teurs énergé­tiques. Qui emportera le morceau ?

• plus de financement

Dans le con­texte d’une énergie qui se renchérit, inve­stir dans des solu­tions plus tech­nologiques aug­mente le besoin de solu­tions de finance­ment pour les entre­pris­es et les par­ti­c­uliers. Qui le fourni­ra et sous quelle forme (à part, inté­gré à la fac­ture énergé­tique, sous forme d’abon­nements ou de packs de ser­vices…) ? Les ban­cas­sur­ances, les instal­la­teurs, les nou­veaux acteurs du ser­vice énergétique ?

Facteur 4

La ques­tion des ordres de grandeur de ces évo­lu­tions est d’im­por­tance. Sta­bilis­er à +2° la tem­péra­ture glob­ale en 2100 sup­pose de divis­er par deux les émis­sions mon­di­ales de gaz à effet de serre en 2050. Compte tenu de la crois­sance des pays en voie de développe­ment, cela amène nos pays indus­triels à divis­er leurs émis­sions par quatre.

L’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie prévoit au con­traire une aug­men­ta­tion de 30 % des émis­sions européennes d’i­ci 2050 (fac­teur 0,75).

L’ob­jec­tif « Fac­teur 4 » a été repris par Jacques Chirac (et Tony Blair). En France il a été inscrit dans la loi sur l’én­ergie du 13 juil­let 2005. Il n’est pas pour autant facile­ment atteignable : en Europe il sup­pose que cha­cun d’en­tre nous rame­nions nos émis­sions pro­fes­sion­nelles et per­son­nelles de 6–8 tonnes à 2 tonnes de CO2 par an. Deux tonnes cor­re­spon­dent par exem­ple à 10 000 km en voiture OU une demi-sai­son de chauffage au fuel ou au gaz d’une mai­son indi­vidu­elle OU un aller retour transat­lan­tique. On mesure là le défi.

Cela sup­pose de réori­en­ter pro­fondé­ment les sys­tèmes de pro­duc­tion d’én­ergie, d’aug­menter à des niveaux supérieurs à ceux des années 70–80 les efforts d’ef­fi­cac­ité énergé­tique, de faire rénover et isol­er forte­ment par leurs pro­prié­taires les bâti­ments exis­tants à un rythme plusieurs fois plus élevé que le rythme actuel, à faire évoluer pro­fondé­ment les véhicules, les modes de trans­port et la quan­tité de déplace­ments nécessaires…

Virage

Crédi­ble, pas crédi­ble ? Quelles con­di­tions pour un virage dans les dix ans ?

Des change­ments de cette ampleur sont néces­saires d’un point de vue sci­en­tifique pour éviter de réels désagré­ments… mais ils parais­sent a pri­ori peu crédi­bles à l’hori­zon de notre vie pro­fes­sion­nelle tant ils sem­blent con­séquents. Ils sup­posent surtout des déci­sions poli­tiques fortes à l’échelle de l’Eu­rope ou des pays mem­bres, que ne pour­ront pren­dre les per­son­nels poli­tiques que s’il y a à la fois une pres­sion économique (prix de l’én­ergie) et une pres­sion socié­tale importantes.

Que peut-il arriv­er en 2005–2020 qui fasse que la « réal­ité physique » des impacts énergie et cli­mat ait autant de poids que la « réal­ité courante » économique (CAC 40…) et sociale (le CPE, la Coupe du Monde…) ?

L’ac­croisse­ment de la dépen­dance énergé­tique, une dif­fi­culté accrue à s’ap­pro­vi­sion­ner en pét­role et en gaz à prix sup­port­able, des crises géopoli­tiques qui se répè­tent sont l’élé­ment de réponse a pri­ori le plus pesant.

Néan­moins la con­nais­sance sci­en­tifique à l’oc­ca­sion de la pub­li­ca­tion des rap­ports du GIEC en 2007 puis vers 2013 peut égale­ment jouer, en pré­cisant la local­i­sa­tion et la quan­tifi­ca­tion des effets prob­a­bles du réchauf­fe­ment cli­ma­tique sur nos économies, sans nég­liger les com­plé­ments d’infor­ma­tion sur les « mau­vais­es sur­pris­es » pos­si­bles que l’on entrevoit aujour­d’hui con­cer­nant par exem­ple la réac­tion des océans (peu de bonnes sur­pris­es pour l’instant !).

Enfin les pre­miers effets ponctuels peu­vent égale­ment faire pren­dre con­science du car­ac­tère majeur de l’en­jeu : événe­ments aux USA ou en Asie (tem­pêtes, sécher­ess­es, pluies, canicules) ou en Europe, via des effets ponctuels affec­tant sig­ni­fica­tive­ment un ou plusieurs secteurs économiques ou soci­aux (agri­cul­ture, habi­tat, eau). Comme cela est arrivé pour les pluies acides, les États-Unis peu­vent égale­ment réus­sir à dévelop­per des brevets qui leur four­nissent un avan­tage com­péti­tif (séques­tra­tion du CO2, économie de l’hy­drogène, éner­gies décar­bonées…) et qui les amè­nent à pass­er de freins à accéléra­teurs sur les dis­po­si­tions de type Kyoto, du fait des marchés que cela crée.

En résumé : nous ne sommes pas à l’abri d’une vraie accéléra­tion en matière de déci­sions poli­tiques et régle­men­taires à l’hori­zon de cinq à quinze ans. Elle toucherait d’abord le secteur rési­den­tiel et ter­ti­aire, pour lequel les pro­grès sont les plus acces­si­bles et les plus créa­teurs de ser­vices. L’évo­lu­tion du secteur des trans­ports est encore trop liée à la crois­sance, il com­porte de fortes iner­ties et exige des évo­lu­tions très struc­turantes : il n’évoluera sans doute forte­ment qu’après et sous une pres­sion accrue. L’in­dus­trie et l’én­ergie pour­suiv­ront leurs actions d’ef­fi­cac­ité, qu’elles n’ont jamais aban­don­nées même dans les années qua­tre-vingt-dix pour des raisons d’ef­fi­cac­ité économique.

Foison d’opportunités dès maintenant

Les dix années qui vien­nent de pass­er ont été celles de la restruc­tura­tion du marché de l’én­ergie — en fait le marché des opéra­teurs his­toriques — selon la chaîne bien établie pro­duc­tion-trans­port-dis­tri­b­u­tion-com­mer­­ci­a­li­sa­­tion, ce qui n’a pas fon­da­men­tale­ment changé la façon d’abor­der l’én­ergie, mais plutôt de la commercialiser.

Sous l’ef­fet des ten­dances de long terme ci-dessus, les dix années qui vien­nent vont voir une restruc­tura­tion beau­coup plus pro­fonde, floue et créa­tive, accen­tu­ant le pas­sage du marché de la four­ni­ture énergé­tique à celui du ser­vice énergé­tique. Cette évo­lu­tion est d’ores et déjà engagée sous le triple effet :

de la dérégu­la­tion qui s’achève et qui offre un accès plus ouvert aux clients fin­aux, tant pour les opéra­teurs (chute du principe de spé­cial­ité, qui leur per­met d’of­frir des ser­vices « au-delà du comp­teur »), que pour les entre­pris­es. Par exem­ple les entre­pris­es d’in­stal­la­tion et main­te­nance remon­tent vers le ser­vice énergé­tique « inté­gré » aux col­lec­tiv­ités locales ;
des tech­nolo­gies inno­vantes et moins chères (éner­gies renou­ve­lables, mais aus­si tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion dévelop­pées par les con­struc­teurs de matériels et par les opéra­teurs télécoms) ;
 du développe­ment des mécan­ismes de sou­tien à l’én­ergie durable : oblig­a­tions régle­men­taires, inci­ta­tions fis­cales et tar­ifs de rachats, marchés à cer­ti­fi­cats pour les gaz à effet de serre (cer­ti­fi­cats noirs), les éner­gies renou­ve­lables (cer­ti­fi­cats verts), les économies d’én­ergie (cer­ti­fi­cats blancs), les bio­car­bu­rants, qui créent de nou­velles opportunités.

Jeu des acteurs : cela bouge, bien au-delà des opérateurs historiques

Dans ce foi­son­nement les acteurs sont amenés à bouger les lignes pour se saisir d’op­por­tu­nités, cha­cun avec ses atouts.

Les opéra­teurs énergé­tiques sont intéressés par le développe­ment du ser­vice en aval du comp­teur. Ils ont pour eux la légitim­ité de la four­ni­ture d’én­ergie, la force de la rela­tion client peu intense mais de masse (plusieurs mil­lions de clients). Ils doivent en revanche évoluer forte­ment sur la rela­tion client de prox­im­ité et l’an­i­ma­tion en pro­pre de réseaux de vendeurs, d’in­stal­la­teurs, étrangères à leur cul­ture de ser­vice indus­triel de masse qui n’é­tait en con­tact avec les clients qu’à l’oc­ca­sion de la fac­tura­tion ou des réclamations.

Les ESCO (ener­gy ser­vice com­pa­nies) ont le savoir-faire de rela­tions clients fortes (col­lec­tiv­ités locales, entre­pris­es, rési­den­tiel col­lec­tif), de ges­tion de con­trats fondés sur le ser­vice énergé­tique et les gains d’ef­fi­cac­ité dans la durée. C’est leur méti­er d’animer des réseaux d’a­gences qui gèrent à la fois le tech­nique et le com­mer­cial (ser­vice de prox­im­ité). Le marché de l’évo­lu­tion des mix­es énergé­tiques, de l’én­ergie dif­fuse, de la maîtrise de la demande énergé­tique sem­ble donc fait pour eux. Pass­er le saut quan­ti­tatif du « Fac­teur 4 » sup­pose néan­moins de trou­ver com­ment éten­dre leurs presta­tions de ges­tion des sys­tèmes ther­miques à la ges­tion glob­ale des besoins énergé­tiques, y com­pris l’élec­trique et surtout les straté­gies d’op­ti­mi­sa­tion du besoin. Elles touchent au bâti­ment et aux compor­te­ments des occu­pants : il y a là un saut de savoir-faire.

Les sociétés de main­te­nance et d’in­stal­la­tion élec­trique remon­tent vers les con­trats de per­for­mance (meilleure ges­tion des con­som­ma­tions), dans une logique d’ESCO, ain­si que vers les métiers de dis­tri­b­u­tion et de pro­duc­tion décen­tral­isée (renou­ve­lables).

Les indus­triels et fab­ri­cants de matériels remon­tent vers le ser­vice à la façon d’IBM qui est passé de la pro­duc­tion de matériels au con­sult­ing et l’aide à la mise en place de solu­tions méti­er chez le client. L’én­ergie appelle des solu­tions plus com­plex­es et suit le même chemin que l’in­for­ma­tique (Schnei­der, Siemens s’en­ga­gent dans des con­trats de per­for­mance énergétique).

Les entre­pris­es de télé­com­mu­ni­ca­tions investis­sent égale­ment le seg­ment du ser­vice énergétique.

Des gise­ments d’ef­fi­cac­ité se trou­vent dans l’in­tel­li­gence et le pilotage du bâti­ment, de la mai­son et des installations.

Les col­lec­tiv­ités locales enfin ont un rôle impor­tant à jouer en matières d’é­conomies d’én­ergie (dis­posi­tif de cer­ti­fi­cats d’é­conomies d’én­ergie) sur leurs pro­pres con­som­ma­tions et par leur action à l’échelle du ter­ri­toire auprès des entre­pris­es et des particuliers.

La transformation des entreprises : apports d’un cabinet de conseil

Il résulte d’abord de la dis­cus­sion précé­dente que les entre­pris­es et les pou­voirs publics sont déjà con­fron­tés à des ques­tions stratégiques et opéra­tionnelles sur trois marchés très con­crets : celui des cer­ti­fi­cats noirs (émis­sions CO2), le busi­ness to busi­ness vert (grands renou­ve­lables), les marchés blancs (économies d’én­ergie et petits renouvelables).

Cela amène Capgem­i­ni Con­sult­ing — cab­i­net de con­seil en man­age­ment pour lequel je tra­vaille — à inter­venir sur ces ques­tions tout d’abord sur des actions opéra­tionnelles clas­siques (définir les nou­veaux proces­sus et l’or­gan­i­sa­tion con­cer­nant par exem­ple la ges­tion des émis­sions de CO2, des cer­ti­fi­cats bio­car­bu­rants, ou des kWh renou­ve­lables, jusqu’à la mise en place des solu­tions infor­ma­tiques cor­re­spon­dantes). Néan­moins ces marchés blancs, noirs, verts ont cha­cun leurs pro­pres com­plex­ités. Il con­vient de bien les con­naître, ce qui néces­site un investisse­ment cer­tain car ils con­stituent à eux seuls un univers.

Un exem­ple type de pro­jet opéra­tionnel amu­sant qui requiert égale­ment à la fois des com­pé­tences spé­ci­fiques au sujet et des com­pé­tences de ges­tion de pro­jet clas­siques pour un grand cab­i­net : main­tenant que vous, lecteur, êtes sen­si­bil­isé au sujet de la dépen­dance énergé­tique et de la lutte con­tre le cli­mat, vous pour­riez exiger de votre directeur financier et de votre directeur développe­ment durable qu’ils pilo­tent le prochain pro­jet de maîtrise des coûts avec une compt­abil­ité en euros, kg CO2 et kWh économisés : tant d’eu­ros de déplace­ments en avion économisés équiv­a­lent à tant d’émis­sions évitées. Idem pour la con­som­ma­tion d’élec­tric­ité de la pho­to­copieuse ou des postes fix­es lais­sés allumés 24 h/24 h. Cela per­met d’i­den­ti­fi­er les gise­ments tant économiques qu’én­ergé­tiques et CO2 de l’en­tre­prise, d’a­gir con­crète­ment « pour le cli­mat », de motiv­er les troupes pour une util­ité éthique, de féliciter les équipes les plus per­for­mantes, voire de val­oris­er des certificats…

Plus sérieuse­ment lorsqu’on en vient aux ques­tions stratégiques, le fait de con­naître les enjeux liés à l’én­ergie et au cli­mat, ain­si que les logiques des marchés blancs, noirs, verts per­met d’abor­der dif­férem­ment les ques­tions types telles que :

 com­ment ces marchés sont-ils appelés à se dévelop­per, quelle stratégie d’en­trée sur ce marché, où dans la chaîne de valeur ?
 com­ment les logiques de cer­ti­fi­cats dématéri­al­isés inter­fèrent-elles avec mes busi­ness clas­siques ? Sont-elles de nature à les mod­i­fi­er ou ne sont-elles qu’un à côté ?
 à terme, quelles sont les men­aces et les oppor­tu­nités que peu­vent faire peser sur les activ­ités de mon entre­prise le change­ment cli­ma­tique ou les crises énergétiques ?
 quand ces « virages » peu­vent-ils arriv­er (avant 2010, pas avant 2020) ? quelle veille stratégique met­tre en œuvre ?
 la nature des poli­tiques qui seront mis­es en place dans les pays étant incer­taine et vari­able, quel est l’éven­tail de scé­nar­ios aux­quels je dois me pré­par­er ? Com­ment une approche quan­ti­ta­tive peut-elle nous faire touch­er du doigt les enjeux ?
 quelles déci­sions robustes pren­dre quel que soit l’avenir, quels paris pren­dre, com­ment éviter les con­tre­sens, surtout pour des investisse­ments lourds ?
 quelle atti­tude pren­dre à court terme pour mes choix d’in­vestisse­ments à longue durée de vie, dont la rentabil­ité pour­rait être mise en péril par une mod­i­fi­ca­tion de l’ac­tiv­ité à par­tir de 2015–2020 ?
 com­ment gér­er au mieux le fac­teur temps ? la crois­sance puis la décrois­sance sur telle ou telle activ­ité ? L’en­trée dans une activ­ité dont on sent qu’elle est inéluctable mais pas encore tout à fait mûre ?

Le rôle d’un cab­i­net de con­seil en stratégie et trans­for­ma­tion est de présen­ter les élé­ments sur ces défis tels qu’ils se présen­tent actuelle­ment à la con­nais­sance. Il est pos­si­ble que ces défis con­ti­en­nent des rup­tures qui soient en léger décalage avec la vision linéaire et sécurisante qu’ap­pré­cient les marchés. Mais le pro­pre d’une entre­prise est de ne pas avoir d’a pri­ori philosophique par rap­port à des muta­tions prévis­i­bles ou prob­a­bles, pourvu qu’elle trou­ve des clients à servir et des ser­vices à fournir.

Conclusion

La péri­ode qui vient ouvre de grandes pos­si­bil­ités d’in­no­va­tion et de trans­for­ma­tion, aus­si pas­sion­nantes que lorsqu’à l’après-guerre nos aînés recon­stru­i­saient l’Eu­rope, les bar­rages élec­triques, les lignes hautes ten­sion, pleins de con­fi­ance dans le progrès !

L’en­jeu est aujour­d’hui de savoir con­stru­ire un monde viable à moyens fos­siles et émis­sions lim­ités. Il s’ag­it tou­jours d’én­ergie, d’œu­vr­er pour notre bien-être et celui de nos conci­toyens et de per­me­t­tre l’évo­lu­tion sans désagré­ments de nos économies et de nos entreprises.

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