Editorial

Dossier : MécaniqueMagazine N°574 Avril 2002
Par Michel HENRY (59)

Mécanique : sciences, techniques, industries

Mécanique : sciences, techniques, industries

Un numéro sur la mécanique en 2002 : pourquoi ? En est-il encore temps ? Alors que la cul­ture man­u­fac­turière tend à s’estom­per dans tous les pays dévelop­pés et que, notam­ment en France, il est de bon ton, faute de mieux, de priv­ilégi­er les ser­vices sup­posés plus promet­teurs. Et pour­tant ! Un acteur économique de dimen­sion mon­di­ale, dans un récent col­loque à Bercy, s’él­e­vait con­tre cette opin­ion poli­tique­ment cor­recte ” l’ère postin­dus­trielle est-elle arrivée ? “. Faux, a‑t-il répondu.

Cette dis­tinc­tion a‑t-elle d’ailleurs encore un sens alors que l’in­té­gra­tion des ser­vices aux pro­duits est, depuis quelques années, un axe de développe­ment naturel com­mun à toute l’in­dus­trie ? Cette évo­lu­tion de l’en­tre­prise mécani­ci­enne vers une société de ser­vices lui per­met d’of­frir des solu­tions glob­ales et de répon­dre aux exi­gences des clients grâce à sa créa­tiv­ité, sa capac­ité à s’en­gager et sa réactivité.

Les arti­cles com­posant ce numéro ten­tent par des éclairages divers de mon­tr­er les ten­dances de cette branche dans un trip­tyque con­sacré à la mécanique et en s’ap­puyant sur la Fédéra­tion des indus­tries mécaniques (FIM), dont le prési­dent, Mar­tine Clé­ment, écrit l’introduction.

Georges Mord­chelles-Rég­nier, ancien directeur général de la Société Bertin, et Michel Com­barnous (60), pro­fesseur et ancien prési­dent de l’u­ni­ver­sité Bor­deaux I sci­ences tech­nolo­gies, prési­dent du Haut comité mécanique (HCM) depuis 1997, définis­sent les domaines cou­verts par la mécanique mod­erne et Philippe Raulin (64), ancien secré­taire général de Fram­atome ANP et prési­dent du Syn­di­cat des con­struc­teurs de matériels énergé­tiques lourds, sur­v­ole l’his­toire des indus­tries mécaniques en par­tant de son expéri­ence et des archives de l’a­cadémie Bour­don au Creusot.

Mau­rice Robin, récent DGA Recherche de l’É­cole, expose la con­cep­tion nou­velle du ” départe­ment ” regroupant recherche et enseigne­ment indis­so­cia­bles dans cette dis­ci­pline et laisse les pro­fesseurs Emmanuel de Lan­gre (78) et Bernard Halphen (67), prési­dent et vice-prési­dent du départe­ment, dévelop­per leurs idées sur la nou­velle mécanique française, loin­taine descen­dante de la mécanique ” rationnelle ” des années vingt et ses trois branch­es tra­di­tion­nelles : ciné­ma­tique, dynamique, sta­tique. Un témoignage de Mansur Zhakupov (2000), élève kaza­kh, évoque l’u­ni­ver­sité Bau­man de Moscou.

La recherche indus­trielle et le trans­fert de tech­nolo­gies sont traités par Chris­t­ian Sayet­tat, nou­veau prési­dent d’une société savante ” l’As­so­ci­a­tion française de mécanique “, AFM, récent regroupe­ment de dix-sept asso­ci­a­tions his­toriques et équiv­a­lent, toutes pro­por­tions gardées, de l’Amer­i­can Soci­ety of Mechan­i­cal Engi­neers, ASME.

Plusieurs exem­ples de PME méri­tantes com­plè­tent ce panora­ma qui ne se veut pas exhaus­tif puisqu’il oublie les grands mécani­ciens des trans­ports : auto­mo­bile, fer­rovi­aire, aéro­nau­tique, mar­itime, sauf dans leur activ­ité de don­neurs d’or­dre aux sous-trai­tants de la FIM qui ne pré­tend, dans son domaine, à aucune exclu­siv­ité ni exclusive.

L’ac­tiv­ité inter­na­tionale, enfin, est le sujet d’Alain Poix, directeur général de la FIM.

Rien de tout ce qui suit n’au­rait pu être entre­pris et encore moins mené à bien, sans l’ac­tion per­sévérante et la com­pé­tence dévouée du coor­don­na­teur du thème Marc Baÿ (59), prési­dent de CEMECA et qui fut directeur général de la FIM jusqu’en 2001.

P.-S. : à l’oc­ca­sion de cette pub­li­ca­tion, qu’il soit per­mis, en ce vingtième anniver­saire de sa dis­pari­tion, de ren­dre hom­mage à l’un des plus attachants pro­fesseurs de l’É­cole, dans la longue lignée des savants qui se sont suc­cédé dans cette chaire de mécanique, Jean Man­del (26) (1907–1982), qui fut le maître des douze pro­mo­tions impaires de 1951 à 1973, lui dont Louis Brun (56), dans une nécrolo­gie qu’il faudrait citer en entier, écrivait
… Sous nos yeux émer­veil­lés, les for­mules se trans­for­maient, les fig­ures évolu­aient, cha­cune se trou­vant occu­per, comme par enchante­ment et sans hési­ta­tion, l’emplacement qui devait lui revenir au moment voulu. Aucune place n’é­tait lais­sée à l’im­pro­vi­sa­tion avec les risques que celle-ci fait courir au respect de l’ho­raire. Nous ne soupçon­nions pas alors le soin qu’il avait dû apporter à la pré­pa­ra­tion de cha­cun de ses amphis, mon­té comme une représen­ta­tion théâ­trale de la Mécanique de nature à frap­per nos jeunes esprits. De retour dans les ” caserts “, le con­tact avec le cours écrit était, pour ceux d’en­tre nous qui s’é­taient cru libérés, comme par magie, de la néces­sité de l’ef­fort per­son­nel, l’oc­ca­sion d’un dur rap­pel à la réal­ité…

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