Éolienne en mer vue par EDF

EDF, acteur engagé dans la transition énergétique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°730 Décembre 2017
Par Claude NAHON (73)

Comment votre groupe appréhende-t-il la transition énergétique ?

La tran­si­tion énergé­tique va bien au-delà des ques­tions du car­bone et du cli­mat. C’est un mou­ve­ment de société très fort, ren­du pos­si­ble par les nou­velles tech­nolo­gies où cha­cun d’entre nous, à un niveau indi­vidu­el ou col­lec­tif, veut devenir un acteur de sa pro­pre énergie et de son ter­ri­toire ; être acteur de sa con­som­ma­tion d’énergie, voire aus­si de sa pro­duc­tion d’énergie.

Dans un monde de plus en plus glob­al­isé, émerge cette ten­dance à vouloir con­trôler en par­tie soi-même les choses ! L’énergie n’échappe pas à cette envie. 

La transition énergétique n’est pas seulement tournée vers les émissions de carbone…

Le bas car­bone est le sujet dont on par­le le plus, mais ce n’est pas le seul ! La tran­si­tion énergé­tique ren­voie d’abord à la ques­tion de la trans­for­ma­tion du monde de l’énergie.

“ L’ÉLECTRICITÉ DE DEMAIN SERA COMPLEXE, SYSTÉMIQUE, MODULAIRE, INTERACTIVE ET DÉCENTRALISÉE ”, explique Claude NAHON.

Il est impos­si­ble d’envisager l’avenir sans le numérique, les sys­tèmes coopérat­ifs d’offres d’électricité, ou l’ubérisation que per­met aujourd’hui la créa­tion de plate­formes… Nous allons être créat­ifs au ser­vice de ce mouvement. 

On entend beau­coup dire aus­si que le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables et des éner­gies décen­tral­isées, c’est l’opposé de notre mod­èle cen­tral­isé et nucléaire. Non, la pro­duc­tion cen­tral­isée va ren­dre pos­si­ble ces évo­lu­tions, grâce à un sys­tème flex­i­ble, qui s’appuie en France sur notre parc nucléaire et notre parc hydraulique. 

Venons-en aux émissions CO2.
Comment vous situez-vous ?

Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le cli­mat, nous avons beau­coup de chance en France : nous dis­posons d’une pro­duc­tion d’électricité essen­tielle­ment d’origine nucléaire et hydraulique. C’est-à-dire presque sans CO2.

Nous sommes le groupe le moins émet­teur en car­bone sur le ter­ri­toire mét­ro­pol­i­tain, avec 16 g de CO2 émis pour pro­duire 1 kWh. C’est une per­for­mance qua­si­ment unique, au regard de notre taille. 


© EDF – Philippe Eranian

Avez-vous des éléments de comparaison à nous donner ?

Pensez que la moyenne européenne du secteur se situe au-dessus de 300 g/kWh et la moyenne mon­di­ale au-dessus de 500 g. Si au lieu de 16 g, nos émis­sions se situ­aient au niveau de la moyenne européenne, elles auraient été de 160 mil­lions de tonnes. 

À met­tre en per­spec­tive avec les 460 mil­lions de tonnes émis­es par la France, tous secteurs con­fon­dus. Donc si j’étais dans la provo­ca­tion, je dirais qu’EDF est la per­for­mance car­bone de la France. 

Avez-vous tout de même la volonté de « décarboner » encore plus ?

Oui, nous devons con­tin­uer à dimin­uer nos émis­sions de CO2 en France (un peu plus de 8 mil­lions de tonnes) et à l’échelle de notre groupe dans le monde (47 mil­lions de tonnes). 

Dans les deux cas, ce sont des vol­umes impor­tants même si notre per­for­mance de pro­duc­teur d’électricité est assez unique. 

Comment comptez-vous faire ?

À l’échelle mon­di­ale, nous allons nous sépar­er d’un cer­tain nom­bre d’actifs « char­bons » et amélior­er les per­for­mances de nos autres actifs. 

Plus nos moyens de pro­duc­tion seront per­for­mants, moins nous émet­trons de CO2 pour pro­duire de l’électricité.

Cherchez-vous à développer des énergies nouvelles ?

Per­son­ne ne le sait, mais nous sommes le pre­mier pro­duc­teur d’énergies renou­ve­lables en Europe ! 

“ NOUS SOMMES TELLEMENT PRÉSENTS DANS LE NUCLÉAIRE QUE LES GENS OUBLIENT SOUVENT NOTRE ACTION DANS LE DÉVELOPPEMENT DES RENOUVELABLES ”

Nous sommes telle­ment présents dans le nucléaire que les gens oublient sou­vent notre action dans le développe­ment des renouvelables. 

Nous sommes présents dans l’hydraulique, le solaire, l’éolien, l’hydrolien et la bio­masse depuis de très longues années. 

Comment investissez-vous dans les énergies nouvelles ?

Nous dépen­sons 2 Md€ par an sur les éner­gies renou­ve­lables, autant que sur le nou­veau nucléaire. 

Et nous investis­sons dans la recherche, en expéri­men­tant des solu­tions dans le stock­age des éner­gies renou­ve­lables (régu­la­tion de leur variabilité). 

Le succès de votre transition tient-il plus dans les investissements dans les énergies renouvelables que dans le pilotage de la consommation individuelle ?

Nous n’avons pas le choix. Nous ne pou­vons pas nous per­me­t­tre de laiss­er de côté une piste… 

Nous avons besoin d’efficacité énergé­tique et de dévelop­per beau­coup de sou­p­lesse sur nos con­som­ma­tions. Nous en avons besoin parce que la tran­si­tion énergé­tique est une néces­sité. Tout est au rouge sur la planète ! 

Vos actionnaires vous incitent-ils à prendre en compte cette transition énergétique ? 

Nous sommes poussés par beau­coup d’acteurs : les investis­seurs (je passe 20 % de mon temps à répon­dre à leurs ques­tions), les action­naires, l’État (notre action­naire prin­ci­pal) et puis bien enten­du les organ­i­sa­tions non-gou­verne­men­tales, les médias et le grand public. 

Vous n’êtes pas simplement contraints et forcés…

Notre engage­ment a tou­jours été au prof­it de l’intérêt général. J’ai ain­si la con­vic­tion pro­fonde que la tran­si­tion énergé­tique fait par­tie de notre ADN ! 

En responsabilisant les consommateurs, ils vont devenir des acteurs, voire des producteurs.
Comment EDF va-t-il accompagner cette transition ?

Nous avons aujourd’hui une offre d’autoconsommation col­lec­tive et indi­vidu­elle, qui ren­con­tre un grand suc­cès ! Les citoyens ont envie d’être acteurs pour pro­duire une par­tie de leur électricité. 

L’ÉLECTRICITÉ DE DEMAIN

“ L’électricité de demain sera complexe, systémique, modulaire, interactive et décentralisée. Elle va connaître une révolution numérique (gestion de l’électricité depuis le Smartphone…), une révolution technologique (baisse du prix des capteurs photovoltaïques…) et une révolution sociologique (approche coopérative de l’énergie, équité devant les territoires).
Tout cela sera rendu possible par un système centralisé et flexible, qui s’appuie, en France, sur notre parc nucléaire et notre parc hydraulique “, explique Claude Nahon

Nous allons désor­mais vers un mod­èle où nous devrons con­cili­er la pro­duc­tion d’électricité cen­tral­isée et décen­tral­isée : je suis con­va­in­cue que cette évo­lu­tion portera une trans­for­ma­tion de notre busi­ness modèle. 

Quel est le modèle qui se dessine ?

Les gens veu­lent par­ticiper à la con­cep­tion des pro­jets, voire à leur finance­ment. Nous allons nous retrou­ver dans un mod­èle com­plète­ment dif­férent. Nous ne serons plus ceux qui appor­tent la solu­tion, mais nous serons plutôt ceux qui aideront à con­stru­ire la solution. 

Quelles seront les conséquences pour les salariés du groupe ?

Ce sera une vraie révo­lu­tion pour le per­son­nel d’EDF, mais je pense que ce sera plutôt exci­tant et fasci­nant de par­ticiper à une telle trans­for­ma­tion du monde de l’énergie.

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