Du projet européen – Contribution pour une nouvelle génération de bâtisseurs de l’Europe

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°558 Octobre 2000Par : Olivier LLUANSI (89)Rédacteur : Philippe KNOCHE (89)

Comme un psy­cho­logue, l’auteur analyse la “ crise d’adolescence ” récente de l’Europe, qu’il a vécue de l’intérieur.

Il en démonte sans com­plai­sance les mécan­ismes généraux, revers de la médaille d’une con­struc­tion unique en son genre, basée sur l’ouverture des marchés et une cer­taine accu­mu­la­tion juridique. Les champs de com­pé­tences de l’Europe d’aujourd’hui sont en par­ti­c­uli­er impar­faite­ment délim­ités. Le marché unique a logique­ment, mais sur cer­tains dossiers de façon non opti­male, investi entre autres les poli­tiques de l’environnement et de la san­té publique, au moyen de comités dont on ne perçoit pas tou­jours le rôle nor­matif, de con­cer­ta­tion ou d’exécution.

La pos­si­bil­ité d’une charte européenne, préférée à la con­sti­tu­tion au cen­tre de cer­tains débats actuels, est présen­tée comme la con­struc­tion solide néces­saire pour aller de l’avant. L’auteur, plaidant pour la clarté, décrit ce qui devrait en être le cœur, en présen­tant non seule­ment l’évolution pos­si­ble des insti­tu­tions, mais surtout la répar­ti­tion des pou­voirs entre ceux pro­pres aux États et ceux qui devraient être exclu­sive­ment assumés par l’Union.

La présence d’une caté­gorie inter­mé­di­aire, dite con­cur­rente, ne laisse, sur le mod­èle alle­mand, inter­venir l’échelon européen que dans le cas où une telle action va dans le sens de l’intérêt général. Le principe de sub­sidiar­ité est ain­si expliqué et appliqué, à la seule caté­gorie inter­mé­di­aire, sur la base de listes lim­i­ta­tives issues de choix politiques.

L’auteur dresse surtout pour l’Europe adulte un cer­tain nom­bre de pro­jets, visant à retrou­ver une dynamique en phase avec l’intérêt général. Ses propo­si­tions sont con­crètes et sim­ples, mais non dépourvues d’ambition. S’il est par exem­ple mis en évi­dence la force poli­tique qui a été néces­saire pour évac­uer tout doute des marchés sur la par­ité des mon­naies lors de l’introduction de l’euro, c’est pour mieux regret­ter qu’une telle volon­té dynamique ne soit plus mobil­isée aujourd’hui.

Après avoir analysé les moyens humains et budgé­taires de l’Union, et relevé par exem­ple le suc­cès de la poli­tique régionale, l’auteur appelle de ses vœux, à l’heure de la prési­dence française, une poli­tique de puis­sance économique d’une part, une poli­tique étrangère d’autre part.

La pre­mière s’appuie sur quinze propo­si­tions élé­men­taires, dans les domaines entre autres de la recherche, des négo­ci­a­tions inter­na­tionales, de la nor­mal­i­sa­tion, des cur­ricu­lums com­muns, de la con­cur­rence ou de l’esprit d’entreprise. Une poli­tique de puis­sance économique qui pour­rait être égale­ment citoyenne, par une poli­tique plus active de labels où le con­som­ma­teur européen recon­naî­trait d’autres critères que le seul prix.

S’appuyant sur des principes iden­ti­taires com­muns, au sein desquels comptent la lib­erté, la démoc­ra­tie, mais égale­ment une cer­taine respon­s­abil­ité col­lec­tive et un mod­èle social, l’auteur développe pour l’Europe les axes d’une poli­tique étrangère, exam­i­nant les prin­ci­pales zones du monde, la poli­tique de défense com­mune et les struc­tures à met­tre en place.

Un livre engagé donc, européen cer­taine­ment, mais non dénué de nuances et même d’un cer­tain humour ali­men­té d’anecdotes.

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