Descartes & Mauss

Descartes & Mauss : comprendre aujourd’hui, le monde de demain

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°781 Janvier 2023
Par Maurice N’DIAYE (X05)

Descartes & Mauss se définit comme une StraT­e­ch dont l’ambition est d’apporter une vision nou­velle de la stratégie d’entreprise en s’appuyant sur l’IA et la mod­éli­sa­tion sys­témique. Son CEO et fon­da­teur, Mau­rice N’Diaye (X05) nous en dit plus sur le posi­tion­nement nova­teur de son entre­prise et sur sa propo­si­tion de valeur dans un con­texte où, comme l’a écrit l’universitaire améri­cain Peter Druck­er, « la meilleure manière de prédire le futur, c’est de le créer ». 

Quel est votre cœur de métier ? 

Dans un con­texte incer­tain et insta­ble, les dirigeants sont con­fron­tés à une plu­ral­ité d’événements qui se super­posent et impactent leur capac­ité à pren­dre des déci­sions stratégiques : pandémie, crise économique, infla­tion, insta­bil­ité géopoli­tique, frénésie technologique…

Face à cette nou­velle réal­ité, Descartes & Mauss a pour ambi­tion d’offrir aux direc­tions générales une nou­velle grille de lec­ture, non plus basée sur l’analyse d’événements passés, mais sur l’anticipation. Pour ce faire, nous cap­i­tal­isons sur une exper­tise et une capac­ité avérée à mod­élis­er l’ensemble des paramètres qui vont façon­ner le futur d’une entre­prise grâce à l’IA. Con­crète­ment, nous aidons les dirigeants à mieux se pré­par­er au futur et à dé-ris­quer leur prise de déci­sion afin de garan­tir la résilience et la crois­sance de leur organisation.

Dans un contexte de forte instabilité, comment l’IA peut-elle donc aider à la prise de décision en entreprise ?

L’IA et les algo­rithmes per­me­t­tent de traiter et d’exploiter des don­nées afin de faire des cal­culs et des mod­éli­sa­tions que le cerveau humain ne pour­rait pas réalis­er seul. Dans le con­texte actuel, les dirigeants doivent pren­dre en compte un nom­bre tou­jours plus impor­tant de paramètres, qui, en plus, sont insta­bles et mou­vants. En cette péri­ode mar­quée par l’inflation, par exem­ple, seule l’intelligence matricielle peut analyser de manière croisée et simul­tanée la manière dont évolu­ent les prix en mag­a­sin, les coûts de l’énergie, les taux des ban­ques cen­trales, le com­porte­ment des con­som­ma­teurs, et ceci par caté­gorie d’individus, par géo­gra­phie… C’est cette approche qui peut per­me­t­tre aux dirigeants de repenser la manière dont ils définis­sent la stratégie de leur entre­prise. Nous sommes, en effet, con­va­in­cus qu’aujourd’hui les dirigeants doivent recourir à ces tech­nolo­gies dès la con­cep­tion de leur plan d’actions, et non plus unique­ment pour les met­tre en œuvre. 

Dans cette démarche, comment une utilisation pertinente de la data peut-elle aider les entreprises à être plus résilientes ?

Si le mar­ket­ing va s’intéresser prin­ci­pale­ment aux don­nées rel­a­tives aux con­som­ma­teurs, la finance aux datas finan­cières, les affaires publiques aux data régle­men­taires, le dirigeant, dans un monde en crise per­ma­nente, doit avoir une approche mul­ti-dimen­sion­nelle de la data. Pour­tant, la data est encore très silotée dans les organ­i­sa­tions. Chaque méti­er va tra­vailler sur sa don­née et pro­duire une lec­ture uni­di­men­sion­nelle qui ne va pas ren­dre compte de la com­plex­ité du con­texte et des dif­férents fac­teurs qui peu­vent impacter l’entreprise. Or pour penser la stratégie d’une entre­prise au ser­vice de sa crois­sance et de sa résilience, il est impératif de pren­dre en compte toutes les don­nées de manière ttransversale.

Forts de ces con­stats, nous avons mis en place dans nos analy­ses la notion de clé d’entrée pour analyser les phénomènes aux­quels les entre­pris­es sont exposées et mieux com­pren­dre leurs caus­es. En effet, l’identification des don­nées et la manière de les cor­réler et de les crois­er sont déter­mi­nantes pour dévelop­per une analyse sys­témique qui va per­me­t­tre de mieux se pré­par­er et anticiper ce qui vient et qui n’est pas encore advenu. 

Au-delà, le recours à l’IA transforme également le métier du conseil en stratégie. Pourquoi et comment ?

L’opposition entre l’Homme et la tech­nolo­gie n’a pas lieu d’être à mon sens. En effet, il y a eu un pre­mier âge de « l’augmentation » du con­seil en stratégie par l’IA qui por­tait essen­tielle­ment sur le recours aux sci­ences algo­rith­miques pour met­tre en œuvre les stratégies.

Aujourd’hui, notre objec­tif est de met­tre l’IA au ser­vice de l’élaboration et de la déf­i­ni­tion de straté­gies. En effet, l’IA doit inter­venir plus en amont, dès la con­cep­tion de la stratégie afin que l’élaboration de celle-ci ne repose plus sur l’expérience et l’analyse du passé, car ce que nous vivons à l’heure actuelle est inédit.

“Nous allons assister à l’émergence d’une nouvelle matière et de nouveaux acteurs : la StraTech, c’est-à-dire des sociétés qui mêlent « by design » une approche technologique nourrie par l’IA et une approche humaine nourrie par l’expertise métier.”

Si l’IA per­met un gain de pro­duc­tiv­ité et de temps sur les tâch­es chronophages et manuelles, elle va surtout per­me­t­tre d’optimiser la pro­duc­tion de scé­nario et de plan­ning qui sont la base de toute stratégie. Les méth­odes tra­di­tion­nelles qui per­me­t­tent de pro­pos­er un nom­bre lim­ité d’hypothèses et de scé­nar­ios ne sont plus adap­tées à un con­texte aus­si mou­vant. L’enjeu est donc d’outiller les dirigeants afin qu’ils puis­sent s’appuyer sur des scé­nar­ios et des hypothès­es qui vont véri­ta­ble­ment leur per­me­t­tre de se pré­par­er et de se pro­jeter sur le moyen et long terme. À par­tir de là, nous avons dévelop­pé une plate­forme qui développe et pro­duit de manière semi-automa­tisée et à l’échelle des scé­nar­ios relat­ifs à l’évolution d’un marché. Enfin, à cela s’ajoute la néces­sité de com­pléter le con­seil en stratégie par des capac­ités tech­nologiques de mod­éli­sa­tion nou­velles qui per­me­t­tront de dévelop­per une analyse sys­témique aujourd’hui indis­pens­able pour appréhen­der toute la com­plex­ité du monde dans lequel nous évolu­ons. 

Sur ces sujets et enjeux, quelle est la valeur ajoutée de la modalisation systémique développée par Descartes & Mauss ?

Nous allons assis­ter, à mon sens, à l’émergence d’une nou­velle matière et de nou­veaux acteurs : la StraT­e­ch, c’est-à-dire des sociétés qui mêlent « by design » une approche tech­nologique nour­rie par l’IA et une approche humaine nour­rie par l’expertise méti­er. Et aujourd’hui, Descartes & Mauss est fier de se posi­tion­ner et de se présen­ter comme la pre­mière StraTech.

En effet, la promesse de la mod­éli­sa­tion sys­témique repose sur la capac­ité à com­pren­dre le monde tel qu’il est aujourd’hui, mais surtout tel qu’il sera demain en iden­ti­fi­ant les oppor­tu­nités et les risques de son marché à deux, trois ou cinq ans pour mieux s’y pré­par­er et, in fine, en tir­er profit. 

Dans cette démarche, nous pro­posons aux entre­pris­es une infra­struc­ture dédiée, une plate­forme, qui va pro­duire des élé­ments de mod­éli­sa­tion en croisant des don­nées de sources et de natures dif­férentes afin de met­tre en place un aligne­ment qui va apporter de la clarté sur les enjeux et prob­lé­ma­tiques aux­quels sont con­fron­tés les organ­i­sa­tions. Notre plate­forme peut aus­si très rapi­de­ment être mise à jour si un change­ment ou un nou­v­el événe­ment se pro­duit. En effet, l’intégration de l’analyse sys­témique dans la plate­forme per­met non seule­ment d’évaluer une sit­u­a­tion, mais aus­si d’adapter très vite une tra­jec­toire. Cette approche per­met aus­si d’introduire des élé­ments de métrique afin de hiérar­chis­er les hypothès­es et donc d’éclairer la prise de déci­sion des dirigeants. Enfin, ces derniers vont pou­voir s’appuyer sur une com­préhen­sion plus com­plète du marché et ain­si iden­ti­fi­er des ter­ri­toires d’innovation, d’investissement… et déploy­er en con­séquence des actions plus ciblées et spécifiques.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ? 

Dans le secteur de l’alimentaire, jusque-là, imag­in­er le futur de celui-ci con­sis­tait à étudi­er les dif­férentes ten­dances de con­som­ma­tion et leur évo­lu­tion dans le temps. Aujourd’hui, nous pou­vons analyser de façon simul­tanée des mil­liers d’informations émanant de par­ties prenantes très dif­férentes et bâtir un sys­tème unique qui intè­gre les attentes des ménages en matière d’origine, de com­po­si­tion ou de prix des pro­duits mais aus­si la disponi­bil­ité des matières pre­mières néces­saires au pack­ag­ing, l’évolution du coût du trans­port ou encore les change­ments régle­men­taires en matière de procédés de fab­ri­ca­tion ou d’empreinte carbone.

En par­al­lèle, la mod­éli­sa­tion sys­témique peut être util­isée pour appréhen­der tous les grands change­ments mon­di­aux, comme la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Sans une approche sys­témique por­tant sur l’ensemble des fac­teurs sous-jacents au réchauf­fe­ment de la planète, il est illu­soire de pré­ten­dre lut­ter effi­cace­ment con­tre celui-ci. Dévelop­per la voiture élec­trique sans dévelop­per des solu­tions pour lim­iter la pol­lu­tion liée à l’extraction des métaux néces­saires à son développe­ment est une aber­ra­tion. Dans ce cas pré­cis, le recours à la mod­éli­sa­tion sys­témique doit per­me­t­tre d’empêcher que le développe­ment durable ne soit un jeu à somme nulle.

Sur ce marché, comment vous projetez-vous ? quelles sont vos perspectives de développement ? 

Grâce à notre approche dif­féren­ciante, nous avons réus­si, en un peu plus d’un an, à nous faire une place dans le marché très com­péti­tif du con­seil en stratégie. Nous sommes très fiers d’accompagner les direc­tions générales de lead­ers mon­di­aux comme McDon­ald, Danone ou L’Oréal et sommes en dis­cus­sion avec plus d’une cinquan­taine d’autres entre­pris­es d’envergure com­pa­ra­ble. Pour soutenir ce développe­ment, nous avons récem­ment fait une lev­ée de fonds d’amorçage qui va nous per­me­t­tre de ren­forcer notre équipe de data sci­en­tists. Notre objec­tif est aus­si d’accroître en 2023 notre présence aux États-Unis et d’ouvrir un bureau en Asie.

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