Clavier de traduction

Des technologies linguistiques sécurisées pour faire parler les Big Data

Dossier : Dossier FFEMagazine N°711 Janvier 2016
Par Arnaud DUFOURNET

Il existe un marché pour les tra­duc­tions automa­tiques, rapi­des, sécurisées et donc payantes.. Cer­tains tra­duc­teurs gra­tu­its se réser­vent le droit d’u­tilis­er à leur guise les textes transmis.

Combien de langues vos logiciels de traduction automatique peuvent-ils traduire ?

SYSTRAN pro­pose un peu plus de 45 langues dans son cat­a­logue en sachant que notre groupe en développe régulière­ment pour le compte de clients tra­vail­lant dans la défense.

Quelle dernière langue avez-vous ajouté à votre catalogue ? Et pourquoi ?

Le pach­toune. Nos clients ne vont jamais nous dire dans le détail à quoi nos solu­tions vont servir !

Mais les langues demandées nous font toute­fois penser que nos tra­duc­tions sont prob­a­ble­ment util­isées sur des théâtres d’opérations au Moyen et au Proche Orient.

Votre technologie pénètre-t-elle de nouveaux marchés ?

Nos solu­tions étaient his­torique­ment util­isées pour répon­dre aux besoins du ren­seigne­ment. Les débouchés pour nos tech­nolo­gies se sont diver­si­fiés au milieu des années 90 vers le monde de l’entreprise.

Pour les entreprises, que pouvez-vous proposer ?

Dans le cadre de leurs activ­ités pro­fes­sion­nelles, les col­lab­o­ra­teurs ont de plus en plus besoin de traduire des doc­u­ments dans dif­férentes langues et de faciliter ain­si les con­tacts avec leurs clients, leurs col­lègues ou encore leurs four­nisseurs étrangers.

Vos solutions sont-elles sécurisées ?

Nos clients types sont des grandes sociétés du CAC 40 (BNP, Groupe PSA Peu­geot-Cit­roën et Miche­lin). Ils peu­vent déploy­er nos logi­ciels sur leurs pro­pres serveurs der­rière leur pare-feu et ain­si assur­er la con­fi­den­tial­ité des tra­duc­tions à leurs collaborateurs.

Ce n’est pas un hasard si nous avons de belles références dans des indus­tries « sen­si­bles » (auto­mo­bile et aéro­nau­tique, phar­ma­ceu­tique) et dans le monde ban­caire comme la Société Générale, HSBC, BNP Paribas.

Dans le monde spécifique de la Défense, comment la sécurité est-elle assurée ?

Le logi­ciel peut être déployé sur n’importe quel sys­tème et sur n’importe quel serveur appar­tenant aux agences de défense.

Il peut fonc­tion­ner sans con­nex­ion Inter­net. Ce qui fait notre spé­ci­ficité et ce qui fait que SYSTRAN est bien implan­té dans le monde de la Défense.

Pourquoi est-il dangereux d’utiliser la traduction automatique sur Internet ?

Nous ne pou­vons pas accuser les ser­vices en ligne comme Google, Bing et d’autres de mau­vais­es inten­tions. Mais le dan­ger est réel, car ces ser­vices n’offrent aucune confidentialité.

En out­re, les col­lab­o­ra­teurs peu­vent nav­iguer sur des sites moins con­nus pro­posant des ser­vices plus dou­teux en ter­mes de sécurité.

Où est le danger ?

Au-delà de la con­fi­den­tial­ité, il y a le risque de fuite de don­nées. Lorsqu’un inter­naute télécharge un doc­u­ment pour le traduire, il trans­met – en plus du doc­u­ment – des infor­ma­tions per­son­nelles que des hack­ers peu­vent exploiter pour d’autres usages.

Parce que la tra­duc­tion automa­tique est de plus en plus util­isée, elle représente un bon moyen de piéger les gens.

Vos logiciels concernent-ils uniquement les écrits ?

Dans nos per­spec­tives de développe­ment, il y a d’autres types de con­tenus que nous souhaitons ren­dre traduis­i­bles, et pour lesquels nous dévelop­pons des technologies.

Nous pen­sons pro­pos­er à nos clients la pos­si­bil­ité de traduire des con­tenus audio, vidéos ain­si que des images.

Avez-vous un exemple à donner ?

Nous dévelop­pons actuelle­ment une appli­ca­tion mobile, à des­ti­na­tion des touristes, qui sera capa­ble à par­tir d’une pho­to d’extraire le texte d’une carte de menu et de le traduire dans votre pro­pre langue.

Cette appli­ca­tion devrait sor­tir dès le début de l’année prochaine.

Pourquoi les logiciels de traduction automatique sont-ils utiles au renseignement militaire ?

La somme d’informations à gér­er est aujourd’hui telle que l’humain ne peut y faire face. La machine est la seule option pos­si­ble pour analyser et traiter tout ce qui peut être collecté.

À quel niveau intervenez-vous ?

Pour com­pren­dre, agir et décider, il est par­fois néces­saire de traduire des don­nées. Nos solu­tions répon­dent à ce besoin. Elles sont rapi­des, robustes, et capa­bles de traiter du volume.

Quelles sont les sources que vos logiciels peuvent être amenés à traiter ?

Elles sont de deux types. L’ « Open Source Intel­li­gence » ou ren­seigne­ment d’origine source ouverte est l’écoute de tous les con­tenus Web pour y trou­ver des infor­ma­tions cri­tiques et y détecter des sig­naux faibles.

Le COMINT est le ren­seigne­ment dont les sources d’information sont des com­mu­ni­ca­tions. Pour ces deux prin­ci­pales sources, la tra­duc­tion automa­tique est une néces­sité au regard de la volumétrie d’informations à traiter et du nom­bre impor­tant de langues à comprendre.

Les services de renseignements n’ont donc pas toujours les compétences linguistiques…

Dans les dif­férents ser­vices de ren­seigne­ments, il n’y a pas for­cé­ment un spé­cial­iste pour chaque langue.

Nous avons claire­ment des man­que­ments sur les langues du Moyen-Ori­ent et du Proche- Ori­ent qui, con­jugués au prob­lème de la volumétrie, oblig­ent de pass­er par des machines pour tri­er et analyser les infor­ma­tions collectées.

En quoi vos logiciels peuvent-ils être des outils efficaces contre la cybercriminalité ?

Les agences en charge de la lutte con­tre le blanchi­ment d’argent et le finance­ment du ter­ror­isme utilisent des plate­formes d’analyse avec lesquelles SYSTRAN s’intègre par­faite­ment. Ces plate­formes sont util­isées pour iden­ti­fi­er des infor­ma­tions, détecter les men­aces et analyser des cir­cuits financiers suspects.

Nous inter­venons dans leur proces­sus pour ren­dre intel­li­gi­bles et traduis­i­bles un grand nom­bre de sources divers­es comme des fichiers pro­fes­sion­nels, des tran­scrip­tions audio ou encore des mails.

Quelles sont vos ambitions dans les prochaines années ?

Nous avons voca­tion à croître dans le secteur de la Défense et de la Sécu­rité. Nous avons déjà quelques références impor­tantes en France et en Europe, mais nous avons encore un vrai poten­tiel de développe­ment dans cette région.

Il en va de même pour le Moyen-Ori­ent où nous aime­ri­ons être plus présents.

Quels sont vos atouts dans le secteur de la Défense ?

Depuis deux ans, nous avons une per­son­ne référente en charge de l’industrie de l’armement au sein de notre groupe qui s’est attachée à dévelop­per un réseau de partenaires.

Par ailleurs nous sommes mem­bres du GICAT (Groupe­ment des Indus­tries Français­es de Défense et de Sécu­rité Ter­restres et Aéroter­restres) et par­ticipons régulière­ment à des salons (Milipol, Eurosato­ry) pour accroitre notre notoriété.

Mais par-dessus tout, SYSTRAN est l’un des rares acteurs mon­di­aux à pro­pos­er des tech­nolo­gies de tra­duc­tion per­for­mantes qui peu­vent s’installer et fonc­tion­ner sans con­nex­ion inter­net, tout en offrant un large cat­a­logue de langues.

Quelles sont vos perspectives dans le monde de l’entreprise ?

Notre ambi­tion prin­ci­pale est d’aider les entre­pris­es à mieux com­mu­ni­quer et col­la­bor­er à l’international. Pour cela, nous voulons éten­dre la tra­duc­tion au-delà du texte, pour offrir des fonc­tion­nal­ités de tra­duc­tion d’images et de la voix.

Avez-vous d’autres pistes de travail ?

Une autre appli­ca­tion du Big Data, l’investigation élec­tron­ique, est un marché en plein développe­ment sur lequel SYSTRAN s’est posi­tion­né depuis un an et demi.

L’eDiscovery con­siste à récolter des preuves élec­tron­iques (mails, doc­u­ments pro­fes­sion­nels…) chez la par­tie adverse dans le cadre de con­tentieux com­mer­ci­aux par exemple.

CHIFFRE CLÉS

Date de création : 1968
CA consolidé 2014 : 17 M$
170 collaborateurs répartis entre la France,
la Corée et les USA
25 % du CA consacré à la R&D qui est essentiellement localisée en France.

Cette procé­dure se développe énor­mé­ment aux États-Unis et en Angleterre, mais aus­si dans les pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne en rai­son de la crois­sance des lit­iges internationaux.

En quoi vos solutions sont-elles utiles sur ce marché ?

Les infor­ma­tions col­lec­tées, qu’il s’agisse de mails, doc­u­ments pro­fes­sion­nels, pro­fils et com­men­taires sur les réseaux soci­aux, sont de plus en plus multilingues.

ll faut pou­voir les analyser dans des temps records et de façon con­fi­den­tielle. Comme pour le ren­seigne­ment, nos solu­tions per­me­t­tent de le faire.

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