Une alternative à la perte et au brouillage du GPS

Dossier : Dossier FFEMagazine N°709 Novembre 2015
Par David VISSIÈRE (99)

Pourquoi le GPS n’est plus suffisant ?

La démoc­ra­ti­sa­tion du GPS au monde civ­il a été une révo­lu­tion. Elle a con­crétisé la promesse de guidage pour de nom­breuses appli­ca­tions civiles ‘con­sumer’, de manière sim­ple et à un coût dérisoire.

Mais le GPS reste vul­nérable, trop peu disponible et trop impré­cis pour assumer seul cette promesse : ses lim­i­ta­tions le can­ton­nent à des appli­ca­tions sans enjeu de sécu­rité et en milieu ouvert.

Démoc­ra­tis­er la nav­i­ga­tion iner­tielle pour les appli­ca­tions légères est devenu le nou­v­el enjeu stratégique afin d’augmenter la disponi­bil­ité et l’intégrité de l’information pour le grand pub­lic et les appli­ca­tions pro­fes­sion­nelles. C’est la voca­tion même de Sysnav.

Techniquement, quels sont les risques de recevoir une position GPS erronée ?

La local­i­sa­tion GPS n’est pas disponible dans les milieux cou­verts (indoor) et sujette à des erreurs impor­tantes de mul­ti-tra­jets dues à la réflex­ion des ondes. Ceci arrive con­stam­ment, notam­ment en milieu urbain. Mais les fonc­tions de cor­réla­tion car­tographique (map-match­ing) et de fil­trage lim­i­tent la per­cep­tion de l’utilisateur à quelques « sauts de rue ».

Le rap­port sig­nal à bruit extrême­ment faible (émis­sion de 25 W à 20 000 km) génère des vul­néra­bil­ités, dont la pos­si­bil­ité de brouiller le sig­nal avec une élec­tron­ique extrême­ment sim­ple et acces­si­ble. Le brouil­lage et le leur­rage GPS sont ain­si passés d’un tabou dis­crète­ment abor­dé dans le cadre de pro­grammes mil­i­taires, à un phénomène de sécu­rité publique.

Quelles sont les évolutions observées par rapport aux failles du GPS que vous décrivez ?

En 2012, le jour­nal Le Monde par­tait aux Etats-Unis « sur la trace des brouilleurs de GPS ». Le jour­nal relatait un phénomène sai­sis­sant pour les non-ini­tiés : « L’appareil […] indique sa posi­tion grâce à un point bleu sur la carte.

Soudain, le point bleu se met à bouger, comme si le smart­phone venait d’être embar­qué dans une voiture, alors qu’il est tou­jours au même endroit. La puce GPS trans­met une posi­tion erronée, mais crédi­ble, car la pro­gres­sion sur la carte se fait à une allure nor­male, le long d’une rue ».

Depuis, le phénomène a con­nu un engoue­ment dif­fi­cile­ment maîtris­able avec l’apparition de petits sys­tèmes de brouil­lage effi­caces et acces­si­bles à tous sur Inter­net… pour une poignée d’euros.

Quelles sont les solutions pour pallier ces limitations intrinsèques à la localisation par satellite ?

Out­re-Atlan­tique, le secré­taire d’État à la Défense améri­cain avait man­i­festé le 23 avril dernier à l’Université de Stand­ford une volon­té claire de pou­voir s’affranchir du GPS qui « nous rend vul­nérables ». « Plutôt que de compter sur des sig­naux satel­lites, tous les dis­posi­tifs seront équipés dune puce microélec­tromé­canique qui com­prendrait un sys­tème de nav­i­ga­tion inertielle ».

Le principe d’un cap­teur embar­qué cal­cu­lant de manière autonome une tra­jec­toire ‘à l’estime’ est doré­na­vant plébisc­ité par les spé­cial­istes. Mais les cap­teurs iner­tiels néces­saires sont env­i­ron 1 mil­liard de fois supérieurs à ceux de l’électronique grand pub­lic. Un écart dif­fi­cile à combler sur les 10 prochaines années…

Comment fonctionne votre technologie et quels sont les profils recherchés pour la développer ?

La clé est un « cap­teur de vitesse » autonome et sans dérive, fonc­tion­nant sans infra­struc­ture. C’est la décou­verte du principe physique per­me­t­tant de créer un tel cap­teur qui a été à l’origine de la créa­tion de Sys­nav. Il exploite les équa­tions de Maxwell de l’électromagnétisme, appliquées à une zone réduite de l’espace située à l’intérieur de nos équipements, dans laque­lle nous mesurons le champ mag­né­tique local.

Reli­er l’évolution du champ mag­né­tique mesuré à l’information de vitesse est ensuite presque facile… Les ingénieurs tra­vail­lant sur ces sujets cou­vrent des domaines allant des math­é­ma­tiques appliquées à la mod­éli­sa­tion physique en pas­sant par les sys­tèmes embar­qués ou l’électronique.

Nous sommes en per­ma­nence ouverts à de nou­veaux tal­ents, avec un fort niveau d’exigence que ce soit pour un stage, une thèse ou un poste. Ce n’est pas un hasard si nous retenons moins de 5 % des can­di­da­tures et nos ingénieurs sont des pas­sion­nés qui vien­nent des grandes écoles mon­di­ales… dont près de la moitié de l’X.

Cet arti­cle vient en com­plé­ment de celui paru dans La Jaune et la Rouge n°698 octo­bre 2014 :
De la défense au grand pub­lic, localis­er sans GPS

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