L'École ISAE-SUPAÉRO vue d'avion

Des écoles au cœur de l’industrie aéronautique, spatiale et de défense

Dossier : Les 50 ans du Corps de l'armementMagazine N°734 Avril 2018
Par Olivier LESBRE (85)

Pen­dant qu’elle fusion­nait les corps, la DMA a lancé une ratio­nal­i­sa­tion des for­ma­tions avec 3 écoles qui sont main­tenant : l’Isae-Supaéro à Toulouse, l’EN­S­TA Paris­Tech à Saclay, l’EN­S­TA Bre­tagne. L’en­seigne­ment a évolué en per­ma­nence pour assur­er l’excellence et répon­dre au choc de la mondialisation. 

En même temps qu’elle créait le corps des IA en 1968, la Direc­tion min­istérielle pour l’armement avait lancé une ratio­nal­i­sa­tion des for­ma­tions d’ingénieurs du min­istère de la Défense, qui s’est traduite par de grandes manœu­vres à la fin des années 60. 

Ces manoeu­vres débu­tent en 1968 par le démé­nage­ment de Supaéro de Paris à Toulouse. Elles se pour­suiv­ent en 1970 avec la créa­tion de l’Ensta qui regroupe les écoles du Génie mar­itime, des Poudres, de l’Armement et des Hydro­graphes de la Marine, et s’installe dans les locaux libérés par Supaéro boule­vard Victor. 

Elles se con­clu­ent en 1971 par la créa­tion à Brest de l’Ensieta, à par­tir des écoles des arse­naux de la Marine. 

REPÈRES

Les trois écoles issues de la fusion des divers corps de l’armement forment chaque année près de 1 200 ingénieurs et diplômés, dont environ 30 % d’étrangers, qui nourrissent les secteurs aéronautique, spatial et de défense.
Leurs associations d’anciens comptent environ 35 000 personnes.

UN LIEN FORT AVEC LE CORPS DE L’ARMEMENT

Pen­dant les cinquante années qui ont suivi, ces trois écoles ont for­mé la plu­part des IA : pour Supaéro ou l’Ensta, en école d’application de l’X ou en for­ma­tion ini­tiale des « recrutés directs » ; pour l’Ensieta, en for­ma­tion ini­tiale d’ingénieurs des études et tech­niques d’armement qui devien­dront ensuite IA au cours de leur carrière. 

Récipro­que­ment, les ingénieurs de l’armement ont tenu une place essen­tielle dans la tutelle et les équipes de direc­tion de ces écoles. Sans être des spé­cial­istes du domaine de l’enseignement supérieur, ils ont su s’appuyer sur leurs qual­ités de man­agers et leur con­nais­sance du monde indus­triel pour les faire évoluer et les dévelop­per considérablement. 

UN ENSEIGNEMENT D’EXCELLENCE

Aujourd’hui, sous des noms légère­ment dif­férents mais tou­jours sous la tutelle du min­istère des Armées et de la DGA, l’Isae-Supaéro, l’Ensta Paris­Tech et l’Ensta Bre­tagne assurent encore la for­ma­tion de la plu­part des IA – mais surtout, beau­coup plus large­ment, ces écoles con­tribuent forte­ment à la var­iété et à l’excellence de l’offre française en matière d’enseignement supérieur scientifique. 

PRÉPARER L’AVENIR

En effet, ces trois écoles répon­dent aujourd’hui à des besoins qui dépassent large­ment ceux de leur min­istère de tutelle et irriguent des pans essen­tiels de l’industrie française : aéro­nau­tique, espace, nucléaire, naval… 

“ Ces trois écoles ont formé la plupart des ingénieurs de l’armement ”

For­mer des ingénieurs d’excellent niveau, c’est pos­er les bases de l’innovation et du développe­ment indus­triel des décen­nies à venir. 

Avec les développe­ments tech­nologiques et la stratégie indus­trielle, c’est là une autre expres­sion du pen­chant des ingénieurs de l’armement pour les investisse­ments de long terme – et l’ensemble con­stitue un tout suff­isam­ment cohérent pour que les résul­tats suiv­ent : les secteurs indus­triels asso­ciés aux écoles de la DGA sont à la pointe mondiale. 

Alors même que le cœur de méti­er « arme­ment » a souf­fert de la baisse des bud­gets mil­i­taires depuis la chute du mur de Berlin, les nom­breux groupes indus­triels à car­ac­tère dual, voire essen­tielle­ment civils, qui en sont issus (Air­bus, Ari­ane­Group, Safran, Thales, Das­sault Avi­a­tion, Das­sault Sys­tèmes…), et dont l’encadrement tech­nique est com­posé en grande par­tie de diplômés de ces trois écoles, ont con­nu un développe­ment remar­quable et sont recon­nus aujourd’hui comme des joy­aux de l’industrie nationale et européenne 

FAIRE FACE À LA MONDIALISATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

On sait sans doute moins que ces écoles ont égale­ment beau­coup évolué cette dernière décen­nie. Ceux qui y sont passés comme étu­di­ants gar­dent le sou­venir d’un monde sta­ble, mais il suf­fit qu’ils revi­en­nent dix ou vingt ans après pour se ren­dre compte de l’ampleur des transformations. 

ISAE-SUPAÉRO

Leader mondial de l’enseignement supérieur pour l’ingénierie aérospatiale, l’Isae-Supaéro offre une gamme unique de formations : ingénieur Isae-Supaéro, ingénieur par apprentissage Cnam-Isae, mastère Aero- space Engineering enseigné en anglais, 5 mastères orientés recherche, 15 mastères spécialisés®, 6 écoles doctorales.
Il rassemble près de 120 enseignants et chercheurs permanents et 1 700 étudiants dont plus de 200 doctorants, et s’appuie sur 1 800 enseignants vacataires.
Plus de 30 % de ses 650 diplômés annuels sont étrangers. Son réseau compte plus de 20 000 alumni.
1909
Créa­tion à Paris de Supaéro,
1ere école d’ingénieurs aéronautique
au monde
1945
Créa­tion au sein de Supaéro de l’Enta, qui devien­dra l’Enica puis l’Ensica
1961–1968
Démé­nage­ments de l’Enica puis de Supaéro à Toulouse
1975
Habil­i­ta­tion à délivr­er le doctorat
2007
Fusion de l’Ensica et de Supaéro au sein de l’Isae- Supaéro
2012
Créa­tion du Groupe Isae avec l’Isae-Ensma, l’Estaca et l’École de l’air
2015
Regroupe­ment géographique
sur le campus
de Toulouse Rangueil
2018
Élar­gisse­ment du Groupe Isae à Supméca

OFFRE DE FORMATION ET FLUX DE DIPLÔMÉS

Pour répon­dre aux attentes des employeurs, la taille des pro­mo­tions et la diver­sité des par­cours de for­ma­tion pro­posés aug­mentent chaque année : par exem­ple, l’Isae- Supaéro pro­pose plus de trente cur­sus de for­ma­tion et a vu la taille des pro­mos d’ingénieurs Supaéro presque dou­bler en quinze ans. 

RECHERCHE ET PARTENARIATS

À l’activité his­torique de for­ma­tion s’adjoignent désor­mais des activ­ités de recherche très impor­tantes et un fort développe­ment de l’innovation (val­ori­sa­tion de la recherche, entre­pre­neuri­at des étudiants). 

Les parte­nar­i­ats se sont mul­ti­pliés, avec les homo­logues académiques (lab­o­ra­toires partagés avec les uni­ver­sités et les organ­ismes de recherche), comme avec l’industrie via le développe­ment de chaires de recherche et de for­ma­tion sous le régime du mécénat. 

OUVERTURE INTERNATIONALE

L’internationalisation des cur­sus et du corps étu­di­ant est aujourd’hui une réal­ité : tous les élèves ingénieurs français doivent pass­er plusieurs mois à l’étranger pour obtenir leur diplôme, et nos cam­pus accueil­lent près de 30 % d’étrangers du monde entier. 

L'École ENSTA PARISTECH vue d'avion

ENSTA PARISTECH

L’Ensta ParisTech forme des ingénieurs à forte composante technique, futurs responsables de projets techniques complexes, et mène des recherches dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’ingénierie des systèmes complexes, pour les applications terrestres et maritimes.
L’offre de formation : cycle ingénieur Ensta ParisTech, 24 mastères recherche, 5 mastères spécialisés®, 5 écoles doctorales.
Près de 1 000 étudiants dont 30 % d’étudiants étrangers et plus de 120 doctorants, 130 enseignants- chercheurs et chercheurs permanents.
Un réseau de plus de 10 000 alumni.
1741
Créa­tion de l’École des ingénieurs-con­struc­teurs de vais­seaux roy­aux, qui devient ensuite l’École nationale supérieure du Génie maritime
1970
Fusion avec trois autres écoles d’application de l’École poly­tech­nique pour créer l’École nationale supérieure de tech­niques avancées (Ens­ta)
1991
Créa­tion de l’association des
« Grandes écoles d’ingénieurs de Paris » qui devient Paris­Tech en 1999
2012
L’Ensta Paris­Tech emmé­nage dans de nou­veaux locaux sur le cam­pus de Paris-Saclay
2014
Créa­tion de l’Université Paris-Saclay inté­grant l’Ensta ParisTech
2017
Le Prési­dent de la République entérine la créa­tion d’une alliance de grandes écoles com­prenant Poly­tech­nique, l’Ensta Paris­Tech, l’Ensae Paris­Tech, Télé­com Paris­Tech et Télé­com SudParis

RESTRUCTURATIONS

Les périmètres et les cam­pus ont forte­ment évolué, et vont con­tin­uer à le faire : à Toulouse, l’Ensica et Supaéro ont fusion­né en 2007 au sein de l’Isae-Supaéro, créant ain­si le leader mon­di­al de la for­ma­tion supérieure à l’ingénierie aérospa­tiale ; l’Ensta Paris­Tech a démé­nagé en 2012 de Paris à Palaiseau, sur le cam­pus de Poly­tech­nique ; cette même année, l’Isae-Supaéro a créé le Groupe Isae avec trois autres écoles aéro­nau­tiques ; en 2015, l’Isae-Supaéro a regroupé toutes ses activ­ités sur son cam­pus de Toulouse Rangueil… 

UN MONDE EN MOUVEMENT

Et les trans­for­ma­tions vont se pour­suiv­re : en 2017 ont ain­si été annon­cés un rap­proche­ment de l’Ensta Bre­tagne avec l’IMT Atlan­tique, la sélec­tion de l’Isae-Supaéro par l’Agence nationale de la recherche pour créer une école uni­ver­si­taire de recherche avec l’Onera et l’Énac, et la par­tic­i­pa­tion de l’Ensta Paris­Tech à la créa­tion d’un grand pôle d’enseignement supérieur sci­en­tifique autour de l’École polytechnique. 

RÉPONDRE AU CHOC DE LA MONDIALISATION

Ces évo­lu­tions qui s’accélèrent répon­dent au choc de la mon­di­al­i­sa­tion, qui touche forte­ment les meilleurs étab­lisse­ments d’enseignement supérieur depuis les années 90. 

Elles s’accompagnent d’une trans­for­ma­tion du mod­èle économique : la sub­ven­tion éta­tique ne pou­vant pas suiv­re le rythme de crois­sance imposé par la com­péti­tion, les écoles dévelop­pent à marche for­cée leurs autres ressources – con­trats de recherche, mécé­nat indus­triel, mais aus­si frais de sco­lar­ité (aujourd’hui entre 2 000 et 3 000 euros par an pour les non-bour­siers) et appel à la générosité des alumni. 

Autant de petites révo­lu­tions cul­turelles qu’il est essen­tiel de réus­sir pour l’avenir du mod­èle français de for­ma­tion d’ingénieurs général­istes à haut poten­tiel, dont la per­ti­nence est aujourd’hui recon­nue dans la Sil­i­con Val­ley comme chez Air­bus, et de notre indus­trie aéro­nau­tique, spa­tiale et de défense ! 

L'École ENSTA BRETAGNE

ENSTA BRETAGNE

L’Ensta Bretagne forme à Brest des ingénieurs des études et techniques de l’armement et des ingénieurs civils généralistes au service du monde industriel dans plusieurs domaines d’excellence : ingénierie navale, sécurité des systèmes numériques, systèmes d’observation intelligents, hydrographie, robotique, architecture de véhicules, pyrotechnie…
Elle contribue à la croissance bleue et au développement de systèmes complexes, militaires et civils, à dominante numérique et mécanique.
Elle rassemble 100 enseignants et chercheurs et 930 étudiants dont 110 doctorants, et s’appuie sur 300 enseignants vacataires. Plus de 20 % de ses 250 diplômés annuels sont étrangers.
Son réseau compte plus de 4 000 alumni.
1819
Créa­tion des écoles des arse­naux de la Marine
1936
Habil­i­ta­tion à délivr­er le diplôme d’ingénieur
1971
Créa­tion de l’Ensieta suite à la créa­tion du corps des IETA
2005
Inau­gu­ra­tion du cen­tre de recherche, doté de moyens expéri­men­taux inédits
2010
Exten­sion du cen­tre de recherche, qui accueille aujourd’hui 200 chercheurs et doctorants

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