Demain, la physique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°605 Mai 2005Par : Alain Aspect, Roger Balian (52), Sébastien Balibar (66), Édouard Brézin (58), Bernard Cabane (64), Stephan Fauve, Daniel Kaplan (60), Pierre Léna, Jean-Paul Poirier, Jacques ProstRédacteur : Gabriel CHARDIN

C’est à l’initiative de la Socié­té euro­péenne de Phy­sique que toutes les grandes ins­ti­tu­tions (Unes­co, Nations Unies, Union inter­na­tio­nale de Phy­sique et Appli­quée…) ont déci­dé de célé­brer le cen­tième anni­ver­saire de trois articles d’Albert Ein­stein qui, cha­cun dans un domaine dif­fé­rent, devaient mar­quer toute la science à venir.

La Socié­té fran­çaise de Phy­sique a sou­te­nu immé­dia­te­ment cette ini­tia­tive, mais avec le désir de dépas­ser la célé­bra­tion légi­time de la gloire d’Einstein, de ne pas se conten­ter de confé­rences à l’usage des phy­si­ciens, mais de ten­ter de mon­trer au public, et par­ti­cu­liè­re­ment aux jeunes, la place qu’occupe la science dans notre monde.

Quelles que soient en effet les inquié­tudes légi­times sus­ci­tées par le monde contem­po­rain, il est cer­tain que celles-ci, qu’il s’agisse de l’avenir de la pla­nète, de la san­té, de l’épuisement à terme des res­sources éner­gé­tiques fos­siles, des pers­pec­tives ouvertes par la géné­tique, etc., demandent davan­tage de recherche et non un repli funeste sur un refus de comprendre.

Dans toute la France, tout au long de l’année 2005, des ren­contres avec le public, autour d’expositions, de confé­rences, de débats, de pré­sen­ta­tions d’expériences, de pré­sen­ta­tions théâ­trales, etc., s’efforceront de mon­trer la place que tient la science dans notre socié­té, aux plans concep­tuels, appli­qués, éco­no­miques et sociaux, sans cher­cher à esqui­ver aucune des ques­tions que se posent nos conci­toyens. Nos col­lègues alle­mands avaient anti­ci­pé en fai­sant de l’an 2000 une année de la phy­sique, qui s’est tra­duite par une aug­men­ta­tion de près de 25% des orien­ta­tions uni­ver­si­taires vers les sciences. C’est donc de cet exemple encou­ra­geant que nous sou­hai­tons nous inspirer.

Sous l’égide de l’Académie des sciences, un groupe de dix phy­si­ciens s’est effor­cé, après avoir écou­té un grand nombre de cher­cheurs, de don­ner des exemples signi­fi­ca­tifs de ques­tions ouvertes en phy­sique, sans faire appel à aucun for­ma­lisme mathé­ma­tique, ou à des connais­sances pré­sup­po­sées, dans un ouvrage inti­tu­lé Demain, la phy­sique. Ils ont consta­té qu’en dépit des pro­grès accom­plis la phy­sique a encore un long che­min devant elle, qu’il s’agisse des ques­tions les plus fon­da­men­tales sur l’Univers ou la matière, des pers­pec­tives de l’information quan­tique, ou encore de la “ phy­sique en action ” dans les sciences appli­quées ou connexes, telles que l’imagerie médicale.

Que l’on songe par exemple que les décou­vertes les plus récentes des astro­phy­si­ciens nous montrent que 70% envi­ron de l’énergie conte­nue dans l’Univers est une “éner­gie du vide ”, une éner­gie du rien ! que 27 % de cette éner­gie est due à une “ matière noire ” dont nous ne connais­sons pas la consti­tu­tion. Quant aux étoiles et galaxies que les ins­tru­ments modernes révèlent à nos yeux éblouis, elles ne seraient res­pon­sables que d’un petit 3 % de l’énergie totale.

Cet ouvrage situe donc quelques-unes des incer­ti­tudes de la phy­sique d’aujourd’hui, avec l’ambition de mon­trer que les ques­tions posées ne sont pas l’effet d’un quel­conque arbi­traire mais d’une logique interne qui a conduit imman­qua­ble­ment là où nous sommes.

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