Courrier des lecteurs à propos des start-ups et de la création d’emploi

Dossier : ExpressionsMagazine N°623 Mars 2007Par : Hervé LEBRET (84) et Alain TRIBOULET (48)

À propos de l’article de Jean-Michel Yolin et Bernard Zimmern,

La Jaune et la Rouge, n° 619, novembre 2006
 par Her­vé LEBRET (84)

Ce qui manque vrai­ment aux start-ups européennes

À propos de l’article de Jean-Michel Yolin et Bernard Zimmern,

La Jaune et la Rouge, n° 619, novembre 2006
 par Her­vé LEBRET (84)

Ce qui manque vrai­ment aux start-ups européennes
C’est avec beau­coup d’in­té­rêt que j’ai lu l’ar­ticle « Créa­tion d’en­tre­prises et Busi­ness Angels » de Jean-Michel Yolin et Ber­nard Zim­mern dans La Jaune et La Rouge de novembre 2006. Voi­ci une dizaine d’an­nées, j’ai quit­té la France et la fonc­tion publique pour plon­ger dans le monde des start-ups et du capi­tal-risque. Aucune frus­tra­tion à cela, le hasard, tout sim­ple­ment et aus­si la chance d’a­voir aupa­ra­vant pas­sé deux ans dans la Sili­con Val­ley. Et depuis dix ans, je lis régu­liè­re­ment des ana­lyses sur les rai­sons des fai­blesses de l’Eu­rope par rap­port aux États-Unis dans ce domaine. J’ai­me­rais don­ner dans cet article une vision pas vrai­ment nou­velle mais qui me semble pour­tant méri­ter d’être à nou­veau exprimée.

Je suis d’ac­cord avec les auteurs de l’ar­ticle sur un point : nous souf­frons d’un manque de créa­tion d’en­tre­prises et en par­ti­cu­lier de gazelles. Je teste sou­vent mes inter­lo­cu­teurs avec l’exer­cice sui­vant. Citez-moi dix entre­prises amé­ri­caines de haute tech­no­lo­gie qui n’exis­taient pas il y a qua­rante ans. L’exer­cice est tel­le­ment simple que la liste pour­rait sans doute atteindre la cen­taine sans grande dif­fi­cul­té. Intel, Micro­soft, Apple, Oracle, Sun, Cis­co, Dell, Ama­zon, Yahoo, eBay et Google me viennent natu­rel­le­ment à l’es­prit. J’ai pris le temps il y a un an envi­ron d’a­na­ly­ser un peu plus en détail ces socié­tés. La table 1 montre par exemple les années de créa­tion, d’en­trée en Bourse, leur capi­ta­li­sa­tion bour­sière et leur nombre d’employés.

Quelques exemples de start-ups américaines
Socié­té Création IPO Capitalisation Employés
Microsoft 1975 1986 $ 266 B 61 000
Intel 1968 1971 $ 163 B 85 000
Cisco 1984 1990 $ 120 B 38 000
Dell 1984 1988 $ 95 B 55 000
Google 1998 2004 $ 80 B 3 000
Oracle 1977 1986 $ 68 B 50 000
eBay 1995 1998 $ 45 B 8 100
Yahoo 1994 1996 $ 47 B 7 600
Apple 1976 1984 $ 30 B 15 000
Amazon 1994 1997 $ 13 B 9 000
Sun Microsystems 1982 1986 $ 12 B 31 000
Moyenne 1984 1989 $ 85 B 33 000
Com­pi­la­tion per­son­nelle à par­tir de Yahoo Finance, sept 2005


Je n’ai pas sou­hai­té actua­li­ser les chiffres et le lec­teur inté­res­sé pour­ra véri­fier le dyna­misme de cer­taines start-ups comme Google qui a plus que dou­blé ses effec­tifs depuis un an. Outre les chiffres impres­sion­nants en termes de capi­ta­li­sa­tion bour­sière et d’ef­fec­tifs, un autre point d’in­té­rêt est le laps de temps écou­lé entre créa­tion et entrée en Bourse. Cinq ans en moyenne ; on peut par­ler véri­ta­ble­ment de sprints de gazelles.

Mais lorsque je passe à l’Eu­rope, le test est plus déli­cat. Je laisse quelques lignes s’é­gre­ner pour don­ner un peu de temps au lec­teur… Je connais quelques noms dont je ne suis pas sûr que le grand public ait jamais enten­du par­ler. Et bien sou­vent ces socié­tés ne furent pas des start-ups mais des divi­sions de grosses socié­tés ayant pris leur indé­pen­dance. SAP, bien sûr, Busi­ness Objects, Logi­tech, ARM, Gem­plus, Soi­tec, voire Das­sault Sys­tèmes ou ASML. Il y a eu aus­si Skype ou Kel­koo, rache­tées res­pec­ti­ve­ment par eBay et Yahoo. La com­pa­rai­son entre les tables 1 et 2 est assez édi­fiante. Je n’ai d’a­bord pu trou­ver que sept socié­tés euro­péennes, en étant même lâche sur les cri­tères : une capi­ta­li­sa­tion supé­rieure au mil­liard de dol­lars, des socié­tés ven­dant un pro­duit (y com­pris sur Inter­net) et non un ser­vice qui est en géné­ral loca­li­sé géo­gra­phi­que­ment (les nou­veaux opé­ra­teurs télé­pho­niques ne satis­fai­saient pas à mon critère).

Sans doute la liste pour­rait-elle être aug­men­tée, mais l’ex­pé­rience faite de nom­breuses fois m’a confir­mé la dif­fi­cul­té à construire une telle liste. Je n’ai pas ici envi­sa­gé les bio­tech­no­lo­gies, mais l’exer­cice que j’ai fait par ailleurs n’est pas fon­da­men­ta­le­ment modi­fié. Moins de 10 000 emplois en moyenne, une capi­ta­li­sa­tion presque dix fois moindre qu’aux États-Unis et presque dix ans entre la créa­tion et l’en­trée en Bourse. Bien sûr, il ne s’a­git que d’exemples et une ana­lyse sta­tis­tique serait néces­saire. Je pour­rais être contre­dit par les chiffres bien que mon expé­rience per­son­nelle me donne une cer­taine confiance quant à la vali­di­té de mes vues.

Mon désac­cord avec les auteurs de l’ar­ticle est sur l’ar­gu­ment : « Le manque de gazelles est pour l’es­sen­tiel dû à l’ab­sence de Busi­ness Angels. » Je ne suis pas convain­cu que l’ab­sence de gazelles soit liée à une carence du « sys­tème » dans une seule de ces com­po­santes et j’ai­me­rais pou­voir immé­dia­te­ment géné­ra­li­ser mon désac­cord face à une série d’ar­gu­ments que j’ai sou­vent lus ; l’Eu­rope n’au­rait pas mis en place les élé­ments d’in­fra­struc­ture néces­saires au sou­tien à l’in­no­va­tion et j’en­tends par infra­struc­ture l’en­semble des méca­nismes et outils qui sont cen­sés aider les entrepreneurs.

Pour­tant, qu’ils soient légaux, admi­nis­tra­tifs, juri­diques, fis­caux, comp­tables, finan­ciers, voire plus maté­riels grâce à l’ap­pa­ri­tion de nom­breux parcs scien­ti­fiques et autres incu­ba­teurs, les sou­tiens ima­gi­nés par l’U­nion euro­péenne ou cha­cun de ses États depuis dix ou vingt ans n’en finissent plus. La situa­tion s’est-elle pour autant amé­lio­rée depuis la créa­tion de Busi­ness Objects en 1990 ?

Quelques exemples de start-ups européennes
Socié­té Création IPO Capitalisation Employés
SAP 1972 1988 $ 52 B 32 000
Das­sault Systèmes 1981 1994 $ 5,4 B 4 400
Busi­ness Objects 1990 1993 $ 2,5 B 3 800
ARM Holding 1990 1998 $ 2,2 B 1 200
Logitech 1981 1990 $ 1,4 B 6 900
Gemplus 1988 2000 $ 1,3 B 5 500
ASML 1992 1994 $ 0,8 B 8 200
Moyenne 1984 1993 $ 9,3 B 8 800
Com­pi­la­tion per­son­nelle à par­tir de Yahoo Finance, sept 2005

À cette époque, je ter­mi­nai mon Mas­ter of Science à l’u­ni­ver­si­té de Stan­fordLa Sili­con Val­ley connais­sait une vraie crise en par­tie due à la fer­me­ture de nom­breuses bases mili­taires, en par­tie en rai­son de la féroce concur­rence japo­naise. Trou­ver du tra­vail n’é­tait pas aus­si simple qu’au­jourd’­hui dans la région. Pas d’in­cu­ba­teurs, pas de parcs scien­ti­fiques à ma connais­sance. Et pour­tant, dans les labo­ra­toires, on par­lait de créer des start-ups, de ce à quoi pour­rait bien ser­vir tel résul­tat de recherche. Les pro­fes­seurs, mais sur­tout les étu­diants. Mes class­mates allaient par­fois cher­cher du seed money au fin fond de l’I­da­ho tant la situa­tion était deve­nue déli­cate. J’ai par­fois l’im­pres­sion que l’é­cla­te­ment de la bulle Inter­net a au contraire dimi­nué l’es­prit entre­pre­neu­rial en Europe.

Je ne crois pas que l’ab­sence de gazelles en Europe soit due à l’ab­sence de Busi­ness Angels ou à des règles, lois et infra­struc­ture mal adap­tées à l’in­no­va­tion. Je crois que l’ab­sence de gazelles est due à un manque de role models, de suc­cess sto­ries qui frappent l’i­ma­gi­na­tion de jeunes entre­pre­neurs que nous n’a­vons pas su for­mer ou sus­ci­ter. Je crois que l’ab­sence de gazelles est due à un manque de jeunes entre­pre­neurs qui ont envie de suivre ces modèles. Je crois que l’ab­sence de gazelles est due à un éco­sys­tème qui n’existe pas. L’in­fra­struc­ture est en place, mais le sys­tème ne vit pas.

Mais au fond, pour­quoi par­ler de la France plu­tôt que de l’Al­le­magne, du Royaume-Uni, ou même de la Suisse où je vis depuis dix ans. Je crois que la situa­tion est très simi­laire un peu par­tout en Europe, au moins conti­nen­tale. Et le Royaume-Uni, qui semble si en avance, a‑t-il de plus belles gazelles que le conti­nent. Le pays de Tony Blair a cer­tai­ne­ment connu une révo­lu­tion éco­no­mique et la région de Cam­bridge est sou­vent citée en exemple. Je ne suis pas sûr que la France avec ses Busi­ness Objects, Soi­tec ou autres ait beau­coup à envier aux ARM, CSR et autres start-ups bri­tan­niques, et ce mal­gré la quan­ti­té de Busi­ness Angels anglais.

Lais­sez-moi vous don­ner une der­nière liste que j’ai mis un peu de temps à bâtir (et qui, je m’en excuse, com­porte peut-être des erreurs). La table 3 pré­sente une liste de fon­da­teurs de start-ups très célèbres, mon­trant leur âge au moment de la créa­tion de leur entre­prise et cette liste ne cor­res­pond pas seule­ment à la période de la bulle Inter­net à laquelle on a sou­vent repro­ché des excès. La moyenne d’âge de ces 23 fon­da­teurs est de… 27 ans.

Quelques exemples de start-ups européennes
Socié­té Création Fondateur Age
Microsoft 1975 Bill Gates 20
Microsoft 1975 Paul Allen 22
Oracle 1976 Lar­ry Ellison 33
Apple 1976 Steve Jobs 21
Apple 1976 Steve Wozniak 26
Cisco 1984 Len Bosack 29
Cisco 1984 San­dra Lerner 29
Sun 1982 Vinod Khosla 27
Sun 1982 Bill Joy 28
Sun 1982 Andy Bechtolsheim 26
Google 1998 Lar­ry Page 25
Google 1998 Ser­gey Brin 25
eBay 1995 Pierre Omidyar 28
eBay 1995 Jeff Skoll 30
Yahoo 1995 David Filo 29
Yahoo 1995 Jer­ry Yang 27
Netscape 1994 Marc Andreesen 23
Intel 1968 Robert Noyce 21
Intel 1968 Andy Grove 41
Amazon 1994 Jeff Bezos 30
HP 1939 Bill Hewlett 26
HP 1939 David Packard 27
Dell 1984 Michael Dell 19

Dans un excellent ouvrage inti­tu­lé Unders­tan­ding Sili­con Val­ley, the Ana­to­my of an Entre­pre­neu­rial Region édi­té par M. Ken­ney, S. Evans et H. Bah­ra­mi, auteur du cha­pitre « un recy­clage flexible », énu­mèrent les cinq ingré­dients essen­tiels au suc­cès d’un éco­sys­tème entre­pre­neu­rial. Selon eux, il faut tout d’a­bord des uni­ver­si­tés et un centre de recherche haut de gamme. Il faut ensuite une indus­trie du capi­tal-risque. Les auteurs y agrègent finan­ciers ins­ti­tu­tion­nels et inves­tis­seurs pri­vés. Le troi­sième élé­ment est une offre de ser­vices sophis­ti­quée incluant avo­cats, chas­seurs de têtes, spé­cia­listes de rela­tions publiques et de mar­ke­ting, audi­teurs, etc. Des pro­fes­sion­nels des domaines de la haute tech­no­lo­gie qui puissent appor­ter leur expé­rience consti­tuent la qua­trième com­po­sante. Que l’on prenne la région pari­sienne, dans une moindre mesure celle de Lyon-Gre­noble, celle de Cam­bridge ou à plus petite échelle la Suisse romande entre Genève et Lau­sanne, je crois que ces quatre ingré­dients y coexistent. À Paris cela ne fait aucun doute, tant la France a su concen­trer ses talents pen­dant des siècles. Pour chaque pro­fes­sion, il est facile de citer des noms de grande qua­li­té. Mais j’ai à des­sein omis de men­tion­ner le cin­quième ingré­dient. Un ingré­dient intan­gible et pour­tant cri­tique comme le défi­nissent les auteurs. Un esprit de pion­nier qui encou­rage la culture entre­pre­neu­riale. Et l’Eu­rope n’est pas la seule à souf­frir de cette carence. En exa­gé­rant à peine, je pour­rais dire que seule la Sili­con Val­ley a réus­si le déli­cat mélange des cinq com­po­sants de la recette. Comme l’a bien mon­tré Anna­Lee Saxe­nian, il y a déjà plus de dix ans, dans son livre Regio­nal Advan­tage, Culture and Com­pe­ti­tion in Sili­con Val­ley and Route 128, la région de Bos­ton a rela­ti­ve­ment échoué dans sa capa­ci­té à créer un éco­sys­tème vivant. Israël a pro­ba­ble­ment bâti un envi­ron­ne­ment inté­res­sant, mais une ana­lyse appro­fon­die serait néces­saire et ce n’est pas l’ob­jet de cet article. Si vous reve­nez à ma liste des start-ups amé­ri­caines, com­bien ne sont pas issues de la Sili­con Valley ?

Tolé­rer la prise de risque et l’é­chec qui peut en décou­ler ne peut pas venir uni­que­ment d’une offre d’in­fra­struc­ture favo­rable à l’en­tre­pre­na­riat. Cette tolé­rance doit être digé­rée, inté­grée par des indi­vi­dus très for­te­ment moti­vés à chan­ger les choses par leurs actes. Cela ne s’en­seigne pas mais se pra­tique. Pour autant, se lan­cer sans savoir-faire, sans expé­rience est infi­ni­ment dan­ge­reux. Dilemme de la poule et de l’œuf. Ce qui manque c’est un envi­ron­ne­ment humain favo­rable à tout cela. Où pour­raient être ces Busi­ness Angels et coen­tre­pre­neurs avec le peu de suc­cess sto­ries vécues par les Euro­péens. Est-ce en sim­pli­fiant les règles que l’on va créer cet envi­ron­ne­ment favo­rable ? Je ne le crois pas. N’ou­blions pas que les Amé­ri­cains n’aiment pas l’é­chec, ils pré­fèrent le suc­cès. Je ne suis pas convain­cu qu’en récu­pé­rant des pertes sous forme de dimi­nu­tion d’im­pôts dans le cas d’un échec, on encou­rage à aller vers la seule moti­va­tion qui mérite d’exis­ter, réus­sir dans ces objec­tifs avec l’ef­fet induit de gains substantiels.

Mais, je ne suis au fond pas en désac­cord avec Yolin et Zim­mern. Eux-mêmes disent que la gazelle a besoin d’hommes, pas de struc­ture. Je n’ai mal­heu­reu­se­ment pas de recette toute faite. Dans un second et plus récent ouvrage, The New Argo­nauts, Anna­Lee Saxe­nian montre de manière très convain­cante le double béné­fice tiré de la pré­sence d’im­mi­grants dans la Sili­con Val­ley. La région a accueilli une popu­la­tion très bien for­mée et très moti­vée, non seule­ment en pro­ve­nance d’Inde et de Chine, mais à doses plus homéo­pa­thiques de tous les pays de la pla­nète. Brin est né à Mos­cou, Yang venait de Tai­wan, Grove de Hon­grie, Bech­tol­sheim d’Al­le­magne et Omi­dyar de Paris et les exemples sont mul­tiples. (Évi­dem­ment, les États-Unis sont un pays de migrants et cela ne date pas de qua­rante ans seule­ment et je triche un peu car cer­tains de ces migrants arri­vés enfants aux États-Unis ont été for­més sur place.) Mais de sur­croît, il semble qu’au­jourd’­hui la Chine, Tai­wan et l’Inde béné­fi­cient à leur tour de ces popu­la­tions que l’on aurait pu craindre per­dues pour leur pays d’o­ri­gine. Des débuts d’é­co­sys­tème semblent se mettre ain­si en place dans des régions pour­tant dépour­vues d’in­fra­struc­ture solide, pour ne pas men­tion­ner les fortes bar­rières légales de ces régions.

J’ai­me­rais pou­voir conseiller à tout jeune ambi­tieux d’al­ler pas­ser un an ou deux dans la Sili­con Val­ley mais je vois déjà les répliques agres­sives de défai­tisme face à l’A­mé­rique. Ce sont pour­tant mes deux années cali­for­niennes qui m’ont confor­té dans cette pas­sion pour l’in­no­va­tion et pour les valeurs uniques de la Sili­con Val­ley. Aujourd’­hui je vis en Europe en essayant à mon modeste niveau d’en­cou­ra­ger un chan­ge­ment de men­ta­li­té. J’ai­me­rais entendre plus sou­vent le même dis­cours qui comme je l’ai dit ne me semble pas si ori­gi­nal mais dont je suis convain­cu qu’il est une des pierres si ce n’est la pierre essen­tielle de l’édifice.

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À propos de l’article de Philippe d’Iribarne (55), Forum social, p. 49,

La Jaune et la Rouge, n° 616, juin-juillet 2006

par Alain TRIBOULET (48)

Peut-on réel­le­ment créer des emplois ?
L’ar­ticle de Phi­lippe d’I­ri­barne, paru dans le numé­ro de juin-juillet 2006, inti­tu­lé « L’a­ven­ture du CPE », m’ap­porte confir­ma­tion de la diver­si­té des ana­lyses aux­quelles un même fait de socié­té per­met de se livrer.

J’a­jou­te­rai une pro­po­si­tion per­son­nelle : dans une situa­tion éco­no­mique don­née et pour une situa­tion démo­gra­phique don­née, peut-on réel­le­ment, glo­ba­le­ment, « créer des emplois » ? L’emploi créé quelque part, CPE ou autre, n’est-il pas impli­ci­te­ment com­pen­sé par une perte équi­va­lente d’emploi autre part ?

Si le CPE avait été por­teur de créa­tion d’emplois pour les jeunes, ou pour cer­tains jeunes, n’au­rait-il pas été aus­si por­teur d’ef­fets secon­daires comme l’aug­men­ta­tion de RMIstes ou de tra­vailleurs à temps partiel ?

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