Le travail précurseur de H. Poincaré sur l’inertie de l’énergie

Dossier : ExpressionsMagazine N°614 Avril 2006Par : Pierre Le GALL (48)

Quand l’as­tronome anglais Edding­ton, lors de l’é­clipse de soleil de 1919, trou­va les étoiles déplacées der­rière le soleil, traduisant une inflex­ion de la lumière au pas­sage de l’as­tre et donc l’ex­is­tence d’une iner­tie de la lumière, tout le monde (y com­pris Langevin) cria : vive Ein­stein ! à cause de sa for­mule E = mc2 de 1905.

En fait, ce pau­vre H. Poin­caré (pro­mo 1872) avait eu la malchance de mourir pré­maturé­ment en 1912, alors qu’il avait fait une œuvre impor­tante de précurseur en 1900 sur ce sujet [1], dans le cadre d’un arti­cle (en français) peu lu, car pub­lié dans un fas­ci­cule hol­landais pour le 25ème anniver­saire de la thèse de Lorentz (céré­monie très en vogue dans ce pays, dans les auberges de jadis).

Il y con­sid­ère des matières molles, à la lim­ite com­posées d’ions et d’élec­trons, avec les ondes élec­tro­mag­né­tiques asso­ciées (selon Lorentz). Il prou­ve la rela­tion m = K0E, où K0 est la con­stante des équa­tions de Maxwell reliant le champ d’in­duc­tion élec­trique (et non le champ élec­trique) au champ mag­né­tique. Lorentz avait déjà don­né son expres­sion : K0 = (1/v2), où v est la vitesse de l’onde élec­tro­mag­né­tique asso­ciée. De sorte qu’il en résulte la rela­tion fon­da­men­tale reliant l’én­ergie E de l’onde à son iner­tie m (~ sa masse) : E = m v2. Il s’en­suit qu’il en est de même à l’in­térieur de la matière molle.

Dans cet arti­cle, H. Poin­caré n’a jamais explic­ité la for­mule E = mc2 qui cor­re­spond seule­ment au cas du vide pur, alors que son arti­cle est con­sacré au cas d’un envi­ron­nement général.

Or, l’U­nivers mod­erne nous appa­raît main­tenant avec un vide inex­is­tant [2] : 95 % de l’U­nivers se cacherait dans ce vide sous forme de “matières som­bres”, invis­i­bles et indé­tecta­bles car non chargées élec­trique­ment, de sorte que les puis­sants champs élec­tro­mag­né­tiques du CERN ne peu­vent con­cen­tr­er ces par­tic­ules. De même, les ondes asso­ciées cor­re­spon­dent à v < c ou v > c, ce qui rend ces par­tic­ules som­bres invis­i­bles (même lors de réac­tions nucléaires), restées telles qu’à l’époque du “big bang”. Par con­tre, 4,5 % de l’U­nivers est en tran­si­tion par col­li­sions à haute énergie (étudiées au CERN) et seule­ment 0,5 % de l’U­nivers cor­re­spond aux nom­breuses galax­ies vis­i­bles, soumis­es à la clas­si­fi­ca­tion de Mendeleïev.

Il serait donc temps d’ap­pli­quer les résul­tats de H. Poin­caré pour expli­quer l’ex­pan­sion de l’U­nivers, car avec Ein­stein on est ren­fer­mé dans un Univers rie­man­nien. Qu’à cela ne tienne, les astro­physi­ciens ne s’embarrassent pas de cartésian­isme : ils préfèrent con­serv­er la rela­tion E = mc2 quitte à renier l’ex­is­tence du big bang et des matières som­bres, et à inven­ter des éner­gies imag­i­naires “noires” et répul­sives pour expli­quer l’ex­pan­sion de l’U­nivers. Évidem­ment, on ne peut invo­quer H. Poin­caré, car cette “énergie noire” devrait alors avoir une masse entraî­nant l’ef­fon­drement de l’U­nivers ! Alors, on invoque l’én­ergie quan­tique : sans masse, due aux déplace­ments d’élec­trons entre les niveaux d’én­ergie autour de l’atome, et cor­re­spon­dant seule­ment à 0,5 % de l’U­nivers (pour expli­quer l’in­flu­ence de 95 % de l’Univers !).

Finale­ment, n’y a‑t-il pas un lieu pour défendre H. Poin­caré et le cartésian­isme, et deman­der aux astronomes de mesur­er le taux d’ac­croisse­ment de vitesse des étoiles se déplaçant de façon anor­male­ment vite en bor­dure des galax­ies, là où il y a une dis­symétrie dans les arrivées des par­tic­ules som­bres pour pro­duire un effet ? Car le cartésien a besoin de voir avant de déduire et con­clure : il se passe d’hy­pothès­es, ce qui est con­forme à l’an­née de la physique. 

BIBLIOGRAPHIE
[1] Poin­caré, H. La théorie de Lorentz et le principe de réac­tion. Œuvres de H. Poin­caré, IX, p. 464–488 (1900) ; Insti­tut H. Poin­caré (Paris).
[2] Turn­er, M. S. More than meets the eye. The Sci­ences, Académie des sci­ences de New York, 40, n° 6, nov.-déc. 2000, p. 32–37.

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