La vitrification des déchets : garantir une stabilité des déchets pour des milliers d’années (GeoMelt®) ©Veolia.

Contribuer à la sûreté de l’énergie nucléaire

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°780 Décembre 2022
Par Dominique RICHIT

Le nucléaire est une énergie qui émet peu de gaz à effet de serre : une cen­trale émet de 4 à 12 g de CO2 par kWh con­tre 820 pour une cen­trale à char­bon, 490 pour celle au gaz ou encore 11 pour l’éolien. Pour autant, cette énergie présente des risques pour l’environnement. Com­ment ren­forcer la sûreté des instal­la­tions et des déchets radioac­t­ifs qu’elle pro­duit ? Entre­tien avec Dominique Richit, Directeur Général de Veo­lia Nuclear Solutions.

Quelle peut être la place de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique global ?

Dans son dernier rap­port, le GIEC recon­naît le nucléaire — énergie peu émet­trice en car­bone — comme le 4e con­tribu­teur poten­tiel pour décar­bon­er les sys­tèmes énergé­tiques après le solaire, l’éolien et la réduc­tion de la con­som­ma­tion d’hydrocarbures. Les experts du GIEC notent que l’avenir de cette énergie dépend beau­coup de son accept­abil­ité sociale en ter­mes de sûreté et de traite­ment des déchets nucléaires. La guerre en Ukraine a par ailleurs entraîné une crise énergé­tique mon­di­ale avec des réper­cus­sions impor­tantes sur les déci­sions à pren­dre en matière de mix énergé­tique, notam­ment en Europe. Les hydro­car­bu­res y sont en grande par­tie importés de Russie. 

Dans ce con­texte, l’énergie nucléaire doit faire par­tie du mix énergé­tique, tout en ren­forçant sa sûreté et le traite­ment des déchets. Veo­lia a dévelop­pé des nou­velles tech­nolo­gies et ser­vices pour ren­forcer la sécu­rité de l’ensemble de la chaîne nucléaire et la pro­tec­tion de l’environnement tant pour la décon­t­a­m­i­na­tion et le déman­tèle­ment des instal­la­tions en fin de vie que pour le traite­ment de cer­tains déchets radioac­t­ifs. La décon­t­a­m­i­na­tion et le déman­tèle­ment des instal­la­tions nucléaires, ain­si que le traite­ment de cer­tains déchets à moyenne et forte activ­ités, exi­gent des solu­tions de manip­u­la­tion à dis­tance grâce à des bras télé­ma­nip­ulés. L’exemple le plus emblé­ma­tique sera l’introduction en 2023 dans le réac­teur N°2 de la cen­trale de Fukushi­ma Dai­ichi d’un robot artic­ulé conçu et con­stru­it par Veo­lia de 23 mètres de long muni d’instruments de mesure et d’outils de prélève­ments pour en faire une car­togra­phie électronique.

Existe-t-il des solutions qui garantissent l’innocuité des déchets nucléaires pour l’environnement sur le long terme ? 

Seul le temps per­met de traiter la radioac­tiv­ité. Les solu­tions inven­tées pour traiter les déchets doivent per­me­t­tre d’éviter la dif­fu­sion des déchets notam­ment par lix­ivi­a­tion. C’est l’intérêt de la vit­ri­fi­ca­tion qui per­met de réduire forte­ment les vol­umes. La grande majorité des déchets nucléaires ont une activ­ité faible. A l’inverse, moins de 2 % des déchets con­cen­trent plus de 98 % de la radioac­tiv­ité totale des déchets. Si cer­tains déchets peu­vent être sim­ple­ment stock­és dans des cen­tres adap­tés après con­di­tion­nement (sta­bil­i­sa­tion dans un coulis de béton, stock­age dans une enceinte béton ou aci­er) d’autres doivent être vit­ri­fiés soit du fait de leur réac­tiv­ité (ex à l’eau — déchets sodés) soit du fait de leurs fortes activ­ités. De plus, cer­tains déchets restent orphe­lins de fil­ières d’où l’importance de les stock­er tem­po­raire­ment sur site dans des con­di­tions sta­bles et pérennes. La vit­ri­fi­ca­tion le permet.

Pour les déchets exigeant une sta­bil­i­sa­tion avant stock­age, soit qu’ils soient très réac­t­ifs (par exem­ple les déchets sodés face au risque de lix­ivi­a­tion), soit qu’ils présen­tent des pol­lu­tions mixtes (comme les déchets dan­gereux et radioac­t­ifs) ou de par leurs fortes activ­ités, Veo­lia a dévelop­pé une solu­tion de vit­ri­fi­ca­tion des déchets par batch. La for­ma­tion de ver­res spé­ci­aux à des tem­péra­tures supérieures à 1 200°C, per­met de mod­i­fi­er la struc­ture des déchets. Les ver­res for­més, 10 fois plus résis­tants que le béton, offrent une réduc­tion par 8 des vol­ume des déchets. Les ver­res fruits du vol­can­isme ou de chocs de météorites sont sta­bles depuis des cen­taines de mil­liers d’années. C’est cette sta­bil­ité, clé pour la pro­tec­tion des sols et des nappes phréa­tiques, qui a guidé notre choix. 

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